Marseille 15e - Eglise Saint-Louis
- département : Bouches-du-Rhône
- commune : Marseille
- appellation : Eglise Saint-Louis
- adresse : 22 avenue du Rove
- auteurs : Jean-Louis SOURDEAU (architecte), Carlo SARRABEZOLLES (sculpteur)
- date : 1935
- protection : Inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 14 décembre 1989
- label patrimoine XXe : Circulaire du 1er mars 2001
Affaibli par la loi de séparation de l’église et de l’État en 1905, le pouvoir religieux doit également affronter après la guerre de 1914 un contexte difficile d’anticléricalisme et de désaffection populaire. L’Église engage alors une politique visant à rajeunir son message et à s’implanter dans les banlieues ; cette volonté de renouveler l’art sacré se traduit par la création d’un art religieux de son temps qui associe l’architecture et les arts appliqués tout en recherchant des solutions modernes, économiques et rationnelles.
Marseille n’échappe pas aux nouvelles données des grandes villes. Le développement économique lié notamment aux activités portuaires a provoqué depuis le XIXe siècle un fort accroissement de la population. À Saint-Louis, de nombreux immigrés, majoritairement italiens et espagnols, s’ajoutent à la main d’oeuvre locale employée aux activités traditionnelles du secteur : abattoirs, sucreries, huileries, savonneries.
Le quartier est proche des ports d’où lui parvenaient les matières premières ; situé le long de la route d’Aix, il bénéficiait aussi, jusqu’à la création de l’autoroute, de sa situation d’accès unique à Marseille par le nord.
Pour reconquérir la population des quartiers ouvriers de Marseille, Monseigneur Dubourg réorganise l’activité diocésaine : sous son épiscopat (1928- 1936) sont créées plusieurs paroisses, neuf églises et trois chapelles.
L’église du quartier Saint-Louis, construite au XVIIe siècle, fut jugée vétuste et exigüe à la fin du XIXe siècle. Un premier projet de reconstruction en 1915 est abandonné pour cause de guerre. En 1933, l’abbé Pourtal, en charge de cette paroisse de 15 000 habitants, retient l’équipe Sourdeau, Brémond et Huot pour édifier une nouvelle église. La paroisse étant pauvre, le financement proviendra essentiellement de souscriptions et de dons du patronat local. Le terrain, situé face au cimetière, est alors enclavé parmi des usines et des entrepôts. La parcelle irrégulière ne permet pas une implantation traditionnelle perpendiculaire à la rue.
La carrière et la production de Jean Sourdeau (1889-1976) sont encore mal connues. Sa nécrologie fournit cependant quelques informations. Originaire du nord de la France, il est diplômé en 1922 de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il est d’abord architecte en chef du Pas-de-Calais où il édifie l’église de Rocquigny. En 1928, il s’installe à Marseille. Il construit des écoles, des immeubles, de nombreux logements sociaux, dont le hameau de la Garde à La Ciotat, pour les ouvriers des chantiers navals. Il a été architecte en chef du Ministère de la Reconstruction, président honoraire du Conseil régional de l’Ordre des Architectes et en tant qu’ancien déporté, président du Comité départemental de Libération des Bouches-du-Rhône.
Le nom de la paroisse viendrait d’une étape qu’y fit le roi saint Louis revenant de croisade. Ce thème détermine les choix iconographiques, architecturaux et décoratifs. "L’église affecte dans son ensemble la forme d’un navire. L’ange à la couronne en est la figure de proue. Le Christ au tabernacle reposera à la poupe de ce véritable vaisseau de pierre..." (J. Sourdeau).
L’architecte utilise au mieux la parcelle : l’entrée, conçue comme un parvis couvert, est située sous la tour-clocher, mais l’axe de l’église est oblique par rapport à la rue ; l’emploi du béton armé permet de dégager un vaste espace central sans point d’appui couvert d’une coupole. Le long de la rue, la chapelle de la Vierge pouvait être isolée par des cloisons coulissantes.
La tour d’angle sert d’articulation aux façades. Leurs surfaces sobres, discrètement teintées, présentent un même rythme tripartite. Réalisés selon une technique originale de sculpture sur béton frais, le grand relief du Christ et la statue longiligne de l’archange Gabriel tourné vers la mer en constituent les points forts.
L’ambiance et la lumière intérieures doivent beaucoup aux vitraux en "béton translucide", constitués de pavés de verre qui rappellent des pierres précieuses et apparentent l’église à une châsse à reliques : le thème de la couronne d’épines rapportée par saint Louis est l’élément privilégié du décor. Celui-ci comporte des créations remarquables comme le grand lustre en ferronnerie ou la chaire. Au-dessus du chemin de Croix, deux représentations monumentales (1945-50) inspirées d’images pieuses et réalisées par des affichistes de cinéma, rendent hommage aux prêtres-ouvriers dont la paroisse fit très tôt l’expérience.
- Rédacteur : Sylvie Denante, drac paca crmh, 2000
- Source : Sophie Audibert, L’église Saint-Louis à Marseille (et les chantiers de Mgr Dubourg. 1929-1936)., mémoire de maîtrise sous la direction de Claude Massu, Université de Provence Aix-Marseille I, 1994
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