Le sport, on le voit depuis quelques semaines avec notre feuilleton sur l’Olympiade Culturelle, constitue une source d’inspiration inépuisable pour le monde culturel. De la Biennale de danse de Lyon au château de Malbrouck, en passant par les Archives de Bordeaux, la Scène nationale de Châteauroux, la MC2 Grenoble et le musée national du sport à Nice, l’intérêt – et l’enthousiasme – de nos institutions culturelles pour l'univers de la compétion sportive n’est plus à démontrer.
Le sport est aussi synonyme de défi – et de toutes les valeurs qui y sont attachées : audace, imagination, persévérance – pour les créateurs. C’est le cas cette semaine de trois événements labellisés Olympiade Culturelle qui sollicitent plusieurs expressions artistiques : la photographie avec les « Photaumnales » à Beauvais, les arts appliqués avec l’exposition « Mode et sport, d’un podium à l’autre » au musée des Arts décoratifs et les arts plastiques avec l’installation de la rampe cycloïdale de Raphaël Zarka à Rouen. Tour d’horizon.
Le sport dans l’œil des photographes
40 expositions, 20 lieux différents, une centaine de photographes exposés… Avec « Hors Jeux, les photographes regardent le sport », les « Photaumnales », le grand rendez-vous photographique de l’Oise qui se tient jusqu'au 31 décembre, ont vu les choses en grand. Avant même le coup d’envoi des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024, c’est en effet tout un territoire situé en région Hauts-de-France qui vit déjà à l’heure du sport : la ville de Beauvais bien sûr, mais aussi neuf petites communes de son agglomération où le festival renforce sa présence en milieu rural, ainsi que le Clermontois et les villes limitrophes dont Amiens. Un sport célébré à travers une grande diversité d’approches : événements, sociologie des pratiques, paysages sportifs, exaltation du corps, portraits…
Parmi les nombreuses expositions qui donnent envie de prendre un billet sur le champ pour les « Photaumnales », signalons « La Chute » de Denis Darzacq, série dans laquelle le photographe met en scène des jeunes saisis l’instant d’un saut sans aucun recours – la prouesse est à noter – au collage numérique ; « Mon Sport », présentée à Amiens, carte blanche offerte à plus de 120 photographes qui ont accompagné le festival au cours de ses différentes éditions - parmi lesquels Camille Millerand, Aurore Bagarry, Guillaume Herbaut, Mathieu Pernot, Françoise Huguier ou encore Hortense Soichet – de se plonger dans leurs archives à la recherche d’une image qui leur évoque une certaine idée du sport ; « Reines du ring » de Théo Saffroy sur les lutteuses de la Lucha Libre (lutte mexicaine) devenues, dans ces arènes autrefois réservées aux hommes, de super-héroïnes ; ou encore, à Creil, en partenariat avec l’Institut français, et en marge de la thématique générale, « Corner, five perspectives on images from Iran » qui présente cinq approches photographiques de la scène artistique contemporaine en Iran.
D’un podium à l’autre
Grands noms de la couture participant aux Jeux Olympiques en créant les costumes officiels, défilé spectacle d’Yves Saint Laurent au stade de France pour l’ouverture de la coupe du monde de football en 1998, champions devenus égéries de marques, ou encore sneakers en passe de devenir des chaussures de ville… Les échanges entre la mode et le sport sont à ce point fructueux qu’on en oublierait presque leur histoire. C’est précisément celle-ci, de l’Antiquité à nos jours, qu’explore l’exposition « Mode et sport, d’un podium à l’autre » présentée jusqu’au 7 avril 2024 par le musée des Arts décoratifs de Paris, révélant en particulier comment deux univers a priori éloignés participent d’enjeux sociaux similaires autour du corps.
Aux 450 pièces de vêtements et accessoires réunies pour l’occasion s’ajoutent photographies, croquis, magazines, affiches, peintures, sculptures, et vidéos qui, formant un ensemble passionnant, mettent en lumière l’évolution du vêtement sportif et son influence sur la mode contemporaine. Les pionniers Jean Patou, Jeanne Lanvin, Gabrielle Chanel et Elsa Schiaparelli, dont les créations se sont inspirées de l’univers sportif dès l’entre-deux-guerres, sont bien sûr à l’honneur. Tout au long d’un parcours où la question du confort est un fil conducteur, l’exposition montre aussi comment le sportswear a détourné le vêtement sportif de son usage spécifique pour l’intégrer au vestiaire quotidien.
A noter, la richesse des ressources proposées par le musée sur son site internet, et le film sur l’exposition réalisé par Sacha Teboul, jeune artiste réalisateur accueilli en résidence au musée des Arts décoratifs dans le cadre d’un partenariat entre l’établissement et la Femis.
Spot rêvé des skateurs
Sport, culture… et science ! C’est en s’inspirant des instruments de Galilée - visibles aujourd’hui au musée Galilée d’histoire de la science de Florence - qui ont nourri la réflexion du savant sur la chute des corps que le plasticien et mordu de skate Raphaël Zarka a créé sa rampe cycloïdale conçue pour être la plus rapide du monde.
Tout à la fois donc œuvre d’art et rampe de skateboard, celle-ci fait partie d’un programme de commandes d’œuvres monumentales à protocole initié en 2015 par le Centre national des arts plastiques (Cnap). Les modes d’emploi de ces œuvres susceptibles d’être reconstruites sont précieusement conservés par l'établissement. Avec un objectif : offrir la possibilité de repenser un espace public pour quelques années.
Activée pendant la Fiac 2018, la rampe a ensuite été installée sur le parvis des Abattoirs à Toulouse. Depuis septembre, elle est implantée sur le parvis de l’Hôtel de ville de Rouen, place emblématique et centrale de la ville. Nul doute que tous les skateurs de la ville s’y donnent déjà rendez-vous.
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