De la nation moderne, telle que le siècle des Lumières l’engendre, ont été retenus deux actes fondateurs. Le premier ancre l’appartenance dans des références communes, une tradition reconnue, un patrimoine. Le second écarte plus ou moins de ce partage les non-originaires, voire les citoyens de second rang. Engendrer ses ancêtres et désigner ses étrangers sont les gestes qui inscrivent la nation au cœur de nos sociétés. Aujourd’hui les bouleversements qui touchent l’Europe ont soudain ravivé un débat dans lequel l'ethnologie se trouve forcément embarquée. Ses mots les plus courants — culture, ethnie, tradition, patrimoine — ne sont-ils pas parfois devenus des armes ?
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