Ces Huit femmes que François Ozon filme dans le ton acide et grinçant qui
n’appartient qu’à lui, ce pourrait être vous qui êtes rassemblées aujourd’hui
à l’occasion de cet hommage aux femmes qui font et honorent la culture,
dans toute sa diversité. En écho à cette composition savante, vous formez
toutes aujourd’hui un bouquet de talents, multiples, variés, éclectiques, des
talents essentiels dans chacune de vos professions, de l’architecture à l’art
lyrique, du cinéma à la littérature sans oublier la chanson, cette expression
de la culture populaire si importante dans les combats des femmes et dans
la construction de l’image de la femme aujourd’hui.
Chère Jacqueline Dulac,
Si vous me le permettez j’aimerais commencer en citant celui qui fut votre
maître, celui qui vous a révélé à la chanson, et avec qui vous partagez un
amour éperdu, un émerveillement pour la vie, celui que l’on surnommait le
« fou chantant », Charles Trenet : « Bleue, bleue, notre enfance fut un
paradis : on s’en aperçoit bien trop tard aujourd’hui ». Je me penche avec
une tendre nostalgie sur les musiques des sixties qui ont façonné ma
sensibilité, et me souviens ce que j’appréciais par-dessus tout dans vos
chansons : le mariage subtil de grâce et de simplicité, de profondeur et de
douceur, d’images d’Epinal et de poésie.
Très jeune, vous découvrez avec Charles Trenet votre vocation des
chanteuse. Cependant, il vous faut répondre à l’inquiétude de vos parents
et vous décidez de suivre des cours de peinture et de dessin, que
finalement vous délaisserez pour travailler votre voix et emprunter les
coulisses des cabarets parisiens. C’est à force de détermination, qu’en
1962, vous décrochez des engagements dans les cabarets de la Rive
gauche comme Le Cheval d’Or, l’Echelle de Jacob, où encore Le Caveau
de la Bolée, lieu assidument fréquenté par Baudelaire et les écrivains du
« fantastique ».
1963 marque le début d’une carrière triomphante avec la sortie de votre
premier « super 45 tours » chez Barclay Je crois en toi, année où vous
partagez la scène de Bobino avec le poète Georges Brassens, sur laquelle
vous vous produirez régulièrement une fois le succès assis, et partez en
tournée avec une autre icône de sixties, tout aussi rayonnante que vous,
Françoise Hardy. L’automne 1965 a été un tremplin dans votre carrière,
vous êtes révélée au public grâce à l’émission Le Palmarès des chansons,
présentée par Guy Lux et Anne-Marie Peysson, ce qui vous amène sur la
scène de Bobino en première partie de Charles Trenet. C’est alors qu’Eddy
Marnay vient vous proposer sa chanson Ceux de Varsovie avec laquelle
vous remportez la Rose d’Or d’Antibes le 27 juin 1966 devant Michel
Delpech et Michel Polnareff, entre autres.
Après ce succès, Michèle Senlis et la regrettée Claude Delécluse, à qui
l’on doit entre autres les Amants de Vérone, C’est beau la vie ou le
Bonheur interprétées par Jean Ferrat, viennent vous présenter un opus qui
fut votre titre-phare, Lorsqu’on est heureux, et qui vous permit d’enregistrer
votre premier album 33 tours Contre Jour, récompensé en 1968 par le
grand prix de l’Académie Charles Cros. De cette heureuse collaboration
naissent de véritables joyaux comme Venise sous la neige, les Chevaux
ou encore ce si bel opus L’aube n’est pas qu’un cri.
Puis un accident particulièrement singulier et traumatisant vient assombrir
votre vie. Le 27 juin 1969, trois ans jour pour jour après la Rose d’Or
d’Antibes, au cours d’un gala en Bretagne, vous acceptez d’entrer seule
dans une cage avec quatre lions pour vous y faire photographier en leur
présence, espérant, très généreusement, aider le dompteur boudé par les
cirques. Les lions vous attaquent, et vous ne devez la vie qu’à votre
impresario venu à votre secours. S’ensuit une longue et douloureuse
période d’hospitalisation, une épreuve de courage et d’humilité qui renforce
votre amour de la vie.
Une fois rétablie, vous reprenez avec fougue vos tournées internationales,
et sortez de très nombreux albums aux titres éloquents : C’est merveilleux
de vivre, Mosaïque ou Besoin des autres.
Vous avez travaillé avec les plus grands artistes de votre génération, je
pense à Jean Ferrat, Francis Lai, Dominique Pankratoff, Michel Bernard,
Eddy Mitchell qui vous écrit S.O.S Amitiés en 1981, pour n’en citer que
quelques uns.
Chère Jacqueline Dulac, votre passion pour la vie, votre voix vibrante et
votre sensibilité font de vous une grande dame de la chanson française.
Au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous
sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’ordre de la Légion
d’honneur.
Madame Michèle Armand, Chère Mimi Barthélémy,
Quand je pense à vous, à votre histoire, je ne peux m’empêcher d’avoir à
l’esprit cette phrase de Victor Segalen dans Les Immémoriaux : « C’est
mauvais signe lorsque les mots se refusent aux hommes que les dieux ont
désignés pour être gardiens des mots ». Vous êtes à mon sens une
gardienne des mémoires de la Caraïbe, une voix retrouvée de l’imaginaire
et de la mythologie d’Haïti. Vous avez répandu partout le souffle des
contes populaires, vous à qui le désir d’adaptation en métropole avait
littéralement coûté la voix. Votre travail sur le conte chanté de tradition
haïtienne a légué à la culture francophone un nouveau type de conte
musical. La voix et l’identité sont pour vous parties liées, c’est pourquoi
lorsqu’étudiante à Paris votre aspiration à être une française comme les
autres, étouffe dans l’oubli votre culture d’origine, la perte d’identité,
l’aliénation totale comme vous le dîtes, vous fit perdre les aigus dans la
voix.
Après une enfance passée à Port-au-Prince, vous poursuivez vos études
supérieures à Science Po et à l’université Paris X où vous obtenez une
licence puis une maîtrise en lettres espagnoles. Curieuse d’autres
civilisations, vous ne résistez pas à l’appel du large et partez en
République du Honduras. C’est là que vous allez à la rencontre des
indiens caraïbes noirs, les Garifunas. Cette rencontre fut d’une importance
capitale, car elle vous a permis, par leur biais, de mieux pénétrer votre
propre culture, de relier la Caraïbe à l’inconscient de ses ancêtres
africains. En effet vous travaillez avec les Garifunas à un spectacle,
Loubavagu ou L’autre rive lointaine dans lequel ils se réapproprient leur
histoire oubliée après leur déportation au XVIIIème siècle. Vous retournez
ensuite en France, enrichie d’une expérience « miroir » et vous
entreprenez une thèse sur la valorisation des minorités par le théâtre.
C’est à l’occasion d’une rencontre que vous aviez organisé à l’Alliance
Française de Rabat pour accueillir le chanteur Jo Archer en tournée au
Maroc, où votre premier époux était en poste d’attaché culturel, que vous
vous êtes mise à réciter. C’est grâce à la curiosité des Marocains que vous
vous êtes posée la question de votre identité et de votre patrimoine
culturel. Vous avez trouvé vos voix/es. Vous vous mettez à conter en
puisant dans la tradition orale haïtienne, vous tissez avec vos deux
langues, le français et le créole, des contes dans le souci de transmettre et
de faire don de la richesse culturelle de la Caraïbe.
Depuis le fin des années 80, vous contez des histoires, celles que les
bonnes vous racontaient enfant, ou encore celles recensées par les
ethnologues des Caraïbes, seule ou avec des musiciens dans des centres
culturels, des bibliothèques, des appartements privés, des écoles, des
prisons et des hôpitaux. Vos spectacles reflètent deux axes principaux : la
rencontre, sous une forme théâtrale, de l’écriture scénique et de l’oralité,
l’évocation d’une histoire personnelle et d’une histoire collective comme en
témoignent La cocarde d’ébène, Soldats-Marrons, La dernière lettre de
l’amiral, qui reçut en 1992 le prix Arletty de l’Universalité de la langue
Française ou encore Jeux de cailloux. Et dans un second temps, un travail
sur la tradition chantée du conte avec L’oranger magique, La reine des
poissons à qui le 3ème festival d’Acteurs d’Evry décerna le Becker d’Or en
1989, mais encore Tendez chanter l’amour ou Voyage en papillon.
Votre compagnie Ti Moun Fou - nom qui à l’origine était le surnom dont on
vous avait affublé car vous étiez très différente des enfants de votre milieu
social - désireuse d’un contact avec la population créole, regroupe des
artistes tels que Serge Tamas, Amos Coulanges ou Elodie Barthélémy,
votre fille artiste peintre et plasticienne avec qui vous avez partagé la
scène en duo gestuel dans votre pièce Une très belle mort.
Au-delà des épopées du souvenir, des récits des misères actuelles, vous
considérez le conte comme une des expressions les plus vivaces de la
culture haïtienne, comme un moyen pour les peuples des Caraïbes de
ressaisir leurs mythes fondateurs et comme une refondation de la parole
populaire dans ses dimensions imaginatives et patrimoniales.
Après le terrible séisme qu’a connu Haïti, vous vous êtes fortement
impliquée pour venir en aide à vos concitoyens. Dans votre spectacle Ma
planète après le 12 janvier, on y retrouve des récits originaires de la
Caraïbe qui parlent de renaissance, de dépassements, du bon usage de la
parole mais aussi de l’amour de la nature.
Chère Mimi Barthélémy, je suis particulièrement heureux de rendre
hommage à votre oeuvre qui est un modèle de générosité et un appel à
l’enchantement du monde. Je souhaite saluer tous ceux qui, à vos côtés,
ont contribué à faire exister les langues minoritaires dans la francophonie,
et saluer la mémoire de votre second mari, Guillermo Cardet, qui a été
d’un précieux soutien dans cette quête. Je suis ému d’honorer aujourd’hui,
jour de célébration de toutes les femmes, non seulement la petite-fille du
Président haïtien Louis Borno, la fille du feu Dr Maurice Armand, officier de
la Légion d’Honneur, mais aussi et surtout d’honorer en votre personne la
muse de la culture haïtienne.
Chère Mimi Barthélémy, au nom du Président de la République et en vertu
des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans
l'ordre de la Légion d'honneur.
Chère Véronique Gens,
Vous me permettrez d’être irrévérencieux, moi dont la vie a été traversée
par l’opéra, moi qui aspire tant à faire de ce moment de grâce un lieu
accessible au plus grand nombre. Car qu’est-ce que l’opéra ? Si l’on veut
bien suivre l’ironie provocatrice de Georges Bernard Shaw : « un opéra,
c’est une histoire où un baryton fait tout pour empêcher un ténor de
coucher avec une soprano ».
Vous l’aurez compris, c’est pour moi une grande joie et un immense
honneur de vous accueillir dans les salons du ministère de la Culture et de
la Communication. Je suis en effet très heureux de rendre hommage à une
des plus grandes personnalités françaises de la scène lyrique, à une
artiste qui a su incarner avec précision, modernité et profondeur, révéler
l’intimité des rôles les plus connus du répertoire lyrique, mais aussi de
saluer la qualité de vos interprétations qui ont participées à la promotion de
la musique baroque.
Votre carrière a toujours été placée sous le signe des rencontres et de la
raison. Votre histoire c’est aussi celle du passage sous les feux de la
rampe d’une choriste qui aime se déguiser. Originaire d’Orléans, vous
débutez le chant à l’âge de 3 ans avec votre soeur aînée dans un choeur
d’enfants. Alors en classe au Conservatoire d’Orléans, un de vos
professeurs vous fait rencontrer William Christie, Bill comme vous
l’appelez, pionnier dans la redécouverte de la musique baroque, qui à
partir de 1985 vous confie un rôle dans le choeur d’Atys de Lully avec
Hervé Niquet ; à côté de vous Marc Minkowski jouait du basson et
Christophe Rousset était au continuo. Forte de la confiance que vous
accorde le chef, vous êtes amenée à interpréter progressivement des rôles
plus importants Phébée dans Castor et Pollux de Rameau ou dans The
Fairy Queen de Purcell et êtes embarquée dans les tournées
internationales des Arts Florissants.
Après une dizaine d’années passées dans le répertoire baroque, vous
réalisez que votre voix avait besoin d’un peu plus d’amplitude, c’est alors
que vous acceptez les rôles mozartiens que vous propose Jean-Claude
Malgoire : Chérubin, pour commencer et ensuite la Comtesse, toujours
dans les Noces de Figaro, Fiordiligi dans Cosi fan tutte ou Vitellia, votre
rôle préféré, dans la Clémence de Titus. Votre triomphe dans le rôle de
Donna Elvira dans Don Giovanni, tour à tour Carmen capiteuse et Adjani
vengeresse de l’Eté meurtrier, avant de trouver pour Zerline les plus
touchants accents de tendresse protectrice, comme l’a bien résumé le
journaliste Eric Dahan, sous la direction de Claudio Abbado et dans une
mise en scène de Peter Brook. Vous avez retrouvé le naturel pour entrer
dans un personnage de sorte qu’il sonne juste, marque un tournant décisif
dans votre carrière et vous conduit sur les plus grandes scènes
européennes : sur les planches du Concertgebouw d’Amsterdam, de la
Scala, du Queen Elizabeth Hall, de la Philarmonique de Berlin.
Une fulgurance s’est produite dans le monde lyrique et elle porte le nom de
Véronique Gens. Vous parcourez le monde avec les orchestres de haute
autorité et enchantez des chefs d’orchestres que nous ne présentons plus,
je pense à Myung-Whun Chung, Jean-Claude Casadesus, Marc
Minkowski, Daniel Harding ou Sir Neville Marriner. Cantatrice et
tragédienne, vous consacrez également votre talent avec la troupe de
Christophe Rousset à interpréter autant les airs les plus connus que les
plus méconnus du grand public des tragédiennes de l’opéra français, de
Lully à Berlioz.
Je n’oublie pas la longue liste d’albums que vous enregistrez et dont
nombreux ont été récompensés par des prix internationaux mais je ne
peux pas tous les citer, je retiendrais donc les Airs de Mozart, les Cantates
de Haendel et les Mélodies françaises. L’étendue de votre répertoire égale
celle de votre voix et force l’admiration, vous êtes d’ailleurs élue Artiste
Lyrique de l’Année 1999 aux Victoires de la Musique. Je sais que vous
rêvez de chanter certains rôles : Desdémone, de Verdi, Poppée de
Monteverdi, et la Maréchale de Strauss, je vous souhaite très sincèrement
d’y parvenir.
Chère Véronique Gens, je reconnais en vous une artiste immense,
passionnée et prudente, réfléchie et rigoureuse, fine et profonde et je tiens
à rendre hommage chaleureusement à votre style, tout en nuances et
reliefs, qui s’est distingué par l’apport d’une sensibilité hors du commun.
Au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous
sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’ordre de la Légion
d’honneur.
Chère Jacqueline Ada,
« Un film n’est pas seulement une histoire que le cinéma vend, mais aussi
une culture, un pays, un autre type de consommation ». Cette citation de
Bertrand Tavernier illustre particulièrement l’action que vous menez au
CNC depuis 1991. En même temps, elle souligne le rôle du cinéma dans la
diffusion des cultures étrangères, mission que vous n’avez de cesse de
développer et à laquelle vous contribuez si efficacement.
Née en Algérie, à Blida, vous êtes contrainte de quitter votre pays natal,
avec votre famille, en 1962. Après un bref passage à Paris, vous vous
installez à Avignon où vous effectuez votre scolarité. Vous obtenez par la
suite un DEA de sociologie à l’université de Montpellier, qui porte sur les
travailleurs immigrés. Vos racines multiples, à la fois arabes, juives et
françaises, et votre expérience, dès l’enfance, de l’immigration influencent
naturellement le choix de votre sujet de recherche. Très vite, vous vous
montrez désireuse de travailler sur les cultures de l’autre, et notamment
sur la rencontre entre ces cultures.
Après un début de carrière professionnelle prometteur au centre
universitaire d’Avignon, vous choisissez de vous installer au Maroc, avec
votre mari et votre fille ; une façon de retourner « chez vous » dites-vous.
Vous y enseignez la sociologie pendant huit ans avant de retourner en
France, en 1984, et d’entrer au Ministère de la Culture au service du
personnel. Mais dès 1991, vous intégrez le CNC comme chargée de
mission pour le Fonds Sud, au service des relations extérieures, à la
Direction des affaires européennes et internationales. Créé en 1981, le
Fonds Sud cinéma a la particularité d’être interministériel. Il est cofinancé
et cogéré par le ministère de la Culture et de la Communication et le
ministère des Affaires étrangères et européennes. En 2007, vous êtes
nommée chef du département de la coopération à la Direction des affaires
européennes et internationales.
Cette étape décisive vous offre l’opportunité de promouvoir les cultures
étrangères à travers le cinéma. Vous êtes ainsi chargée de mettre en
oeuvre les objectifs du Fonds, qui consistent notamment à favoriser
l’expression de la diversité culturelle par le soutien apporté à la
cinématographie. Cette tâche d’envergure a été menée avec audace et
ténacité grâce à votre engagement sans faille. Pour avoir moi-même
présidé, pendant deux mandats successifs, la commission chargée du
Fonds Sud, j’ai pu constater l’ampleur du travail à fournir et la nécessité
d’un investissement personnel considérable.
Grâce au Fonds Sud, vous avez pu favoriser la création artistique et la
rencontre entre des professionnels du cinéma français et étrangers. Le
Fonds Sud a révélé de nombreux talents dans une collaboration
permanente et nécessaire avec la France et contribue à renforcer le
dialogue entre les pays et les cultures. Comme le rappelle Jean-Claude
Brialy dans Le Ruisseau des singes, « Le cinéma a cette vertu de combler
votre curiosité, par toutes sortes de rencontres qui peuvent transformer
votre vie ».
Parmi les oeuvres que vous avez soutenues, nombreuses ont été
plébiscitées par la critique et récompensées par de nombreux festivals, je
citerai entre autres Le Destin et Alexandrie encore et toujours de Youssef
Chahine, Les gens de la rizière de Rithy Panh, Terres et cendres d’Atiq
Rahimi, Intervention divine d’Elia Suleiman, Caramel de Nadine Labaki, ou
encore Central do Brasil de Walter Salles. La palme d’or du dernier
Festival de Cannes, Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies
antérieures de Apichatpong Weerasethakul, est née et a emporté
l’adhésion du public grâce au soutien du Fonds Sud, grâce à votre travail.
Vous avez également tenu à développer la mise en place de partenariats
et d’actions destinées à renforcer la coopération entre les professionnels
du cinéma. En favorisant la création, la diversité et la circulation des
oeuvres, vous rendez compte au mieux d’une conception ouverte de la
culture, vécue comme un espace de libre-échange, fait de rencontres,
traversant les territoires géographiques.
Chère Jacqueline Ada, au nom du Président de la République, nous vous
faisons Chevalier dans l’ordre national du Mérite.
Chère Gaëlle Lauriot-Prevost,
Votre trajectoire professionnelle déroule brillamment son fil, depuis plus de
vingt ans, étroitement mêlée à celle de Dominique Perrault. Il est
impossible de ne pas vous associer à cette identité si particulière qui se
dégage de ses bâtiments puisque, depuis 1989, vous concevez,
aménagez et partagez avec lui les joies et les doutes du métier
d’architecte, en tant que directrice artistique de son agence. Cette « griffe
Perrault » est aussi la vôtre, puisqu’elle est le fruit d’une réflexion que vous
nourrissez et faites évoluer ensemble depuis de nombreuses années.
Votre engagement à ses côtés prend sa source dans la formation que vous
suivez à l’école Camondo, qui joue un rôle clef, depuis plus de soixante
ans, pour l’évolution des métiers de l’architecture intérieure et du design
auxquels elle prépare, au sein de l’institution des Arts Décoratifs. A la fin
des années 1980, vouloir devenir architecte d’intérieur n’a rien d’une
évidence tant la légitimité de la discipline, qui relève pourtant et des arts
décoratifs et de l’architecture, a été tardive. Cela montre l’audace et la
passion qui vous animaient déjà.
En 1989 déjà, un an après l’obtention de votre diplôme, vous vous
engagez aux côtés de Dominique Perrault, pour ne plus le quitter. Vous
l’accompagnez dans la conception de projets prestigieux, qui ont permis de
faire connaître l’exigence rationaliste, la simplicité élégante et l’originalité
conceptuelle de son architecture : la Bibliothèque nationale de France,
projet-phare pour l’agence qui a laissé une empreinte inimitable dans le
ciel parisien ; le Vélodrome et la Piscine olympique de Berlin ; la Cour de
Justice européenne ; le Centre olympique de tennis de Madrid ou encore
l’Université féminine de Ewha, à Séoul, récompensée par de multiples prix.
Les aménagements intérieurs que vous faites naître invitent à cette
plongée introspective au coeur du bâtiment que ne reflète pas toujours les
extérieurs. Ils donnent à voir les intentions de l’architecte dans leur
dimension intime, sa volonté de faire du beau dans l’utile, de penser son
architecture dans l’usage quotidien des hommes qui l’habitent. En tant que
directeur artistique, vous êtes le maillon clef de la qualité du projet
architectural de l'agence, dont les exigences sont autant techniques
qu’artistiques et humaines. Au bout de la chaîne des compétences, c’est à
vous que revient la responsabilité de l‘apparence et de la cohérence
finales.
En tant que designer, vous savez marier le rationnel et le poétique,
conjuguer le fonctionnel au confortable, faire dialoguer les espaces et les
lumières, comme vous l’avez formidablement réussi, par exemple, à
travers l’intimité aérienne et dorée de la Cour de Justice européenne. C’est
dans ces «détails», qui n’ont rien d’insignifiants, que se reflètent aussi le
visage du bâtiment fini, son identité et la personnalité toute entière de son
architecte.
Mais votre regard dépasse le domaine du design et de l'architecture
d'intérieur. L’usage que vous faites de la maille métallique en est l’exemple
le plus brillant. Vos projets dans le domaine du design, comme la Chaise
Lemma éditée par Sawaya et Moroni en 2009 ou le Fauteuil Tricot en 2008
chez Poltrona Frau, attestent de vos recherches précises sur la maille. Dès
la construction de la Bibliothèque nationale de France – où vous travaillez
de concert avec un homme que j’ai la chance de compter à mes côtés, le
Directeur général des Patrimoines, Philippe Bélaval – vous décidez de
tendre 30 000 mètres carrés de fils argentés qui viennent habiller les
parois, les sols et les plafonds. Issue d’un produit industriel souvent
considéré comme froid et rigide, la maille métallique trouve avec vous une
nouvelle fonction : elle devient structure autonome, elle dématérialise les
volumes, crée des espaces intermédiaires, joue avec la lumière, repense
la notion de séparation ou de cloisonnement. Dorée ou argentée, elle est
parure, drapé ou bijou. Aujourd’hui, nous ne comptons plus les nouveaux
édifices qui s’inspirent de votre travail.
Chère Gaëlle Lauriot-Prevost, vous naviguez avec une aisance
déconcertante du détail aux grandes structures. Cela m’est apparu de
manière évidente en août dernier, lors de l’inauguration du Pavillon
français de la Biennale d’architecture de Venise, où vous avez
magnifiquement mis en scène, avec Dominique Perrault, la difficile
problématique de la métropole du XXIe siècle à travers un travail de
scénographie remarquable.
Ce que vous avez réussi à accomplir, chère Gaëlle Lauriot-Prevost, c’est
l’alliage de la rigueur et de l’audace, de la géométrie et de la finesse, et en
faire des sources d’inspiration pour les aménagements futurs. J’y vois une
chance immense pour l’architecture française, surtout à l’heure du Grand
Paris. Le rôle de mon ministère dans ce projet, vous le savez, est de veiller
à la qualité architecturale de sa réalisation et à cette « intelligence du
paysage » qui est un principe autant qu’un guide pour l’action.
Chère Gaëlle Lauriot-Prevost, au nom du Président de la République, nous
vous faisons Chevalier dans l’ordre national du Mérite.
Chère Anne-Françoise Jumeau,
Il y a quelques semaines à peine, je recevais ici-même David Trottin, l’un
des membres fondateurs de « Périphériques », association composée
d’architectes qui partagent leurs compétences et leur enthousiasme pour
mettre en oeuvre une architecture forte de méthodes nouvelles.
Aujourd’hui, c’est vous que j’accueille avec autant de plaisir. L’O.V.N.I.
architectural « Périphériques », constitué sur la base de trois binômes,
vous a enrichi d’un esprit de partage, de complicité, et surtout d’une
importante réflexion théorique sur l’architecture. La foi dans les bienfaits de
la mutualisation vous a aussi poussés à susciter et à intégrer le collectif
« French Touch ». L’architecture selon la « French Touch », c’est d’abord
une aventure partagée, une envie commune de produire des bâtiments
ancrés dans le quotidien, un « optimisme », terme dont vous avez fait votre
devise, et qui est si caractéristique de l’inventivité, de l’excellence de la
création française.
Au sein de l’agence, chère Anne-Françoise Jumeau, vous évoquez vousmême
des « jeux créatifs ». Je me rappelle que Max Jacob disait : « l'art
est un jeu. Tant pis pour celui qui s'en fait un devoir ! » Ces jeux ont tout de
même pour cadre un « laboratoire de pensée » actif, car vous aimez voir la
pensée « chahutée ». Parmi les réalisations du collectif, je me souviens
d’abord du « Café Musiques » de Savigny, tout en cubes et en couleurs ;
du Centre régional des Musiques actuelles à Nancy, l’« Autre Canal »,
autre cube, évidé celui-ci, marqué par son fronton rouge vif ; c’est enfin le
cas du complexe musical de l’association Banlieues Bleues à Pantin. Vos
travaux ont été récompensés, notamment avec la mention spéciale de
l’Equerre d’Argent 2006 pour la construction de l’Atrium du campus de
Jussieu, admirable « origami architectural », comme vous l’avez qualifié.
Chère Anne-Françoise Jumeau, votre contribution à la visibilité et à la
réussite de « Périphériques » ne vous empêche pas de conserver votre
indépendance. Diplômée de l’école d’architecture Paris-Villemin depuis
1987, vous vous êtes rapidement distinguée en obtenant plusieurs prix
importants. En 1996, vous ajoutez une corde à votre arc avec un certificat
d’études paysagères de l’Ecole du Paysage de Versailles, traduction de
votre constant souci du dialogue entre disciplines.
Toujours sensible aux formes et usages des équipements culturels, vous
êtes à l’origine de la mue du Café Charbon en Nouveau Casino, dans le
quartier Oberkampf, qui est devenu une salle de concert reconnue pour
ses qualités esthétiques, acoustiques et sa programmation. Séduite par les
décorations intérieures nimbées de design contemporain mais aussi
d’atmosphères XIXe siècle, vous réalisez également, toujours avec Louis
Paillard, le « Delaville Café », café-restaurant-discothèque atypique sur les
Grands Boulevards parisiens. Plus original encore, vous avez habillé les
quais François Mauriac d’un étonnant complexe musical flottant, le
« Jonx », doté d’une salle de concert et de studios d’enregistrement.
Seule ou avec « Périphériques », vous n’avez pas hésité à produire des
logements collectifs nouveaux, comme ceux de la ZAC (Zone
d’aménagement concerté) Cardinet, rue Frémicourt ou rue Rebière à Paris.
Cette dernière a vu se développer un magnifique projet « Autrement à
Rebière » sous l’impulsion de l’Office public d’aménagement et de
construction de Paris, pour lequel vous avez joué un rôle d’architecte
coordonnateur. Vos compétences en matière d’habitat sont reconnues : de
la Haute qualité environnementale au lotissement composé de maisons
individuelles, vous inventez, vous innovez, vous expérimentez.
Vous avez toujours veillé à respecter les contextes urbains, sociaux et
culturels, parfois en quête d’une identité nouvelle ou de lieux d’expression
capables d’y insuffler une dynamique. Je reste persuadé que la première
qualité d’une construction est de s’insérer avec harmonie et pertinence
dans son cadre environnemental.
Chère Anne-Françoise Jumeau, parce que vous représentez cette
architecture originale, intelligente et porteuse d’espoirs pour demain, au
nom de la République française, nous vous faisons Chevalier dans l'ordre
des Arts et des Lettres.
Chère Véronique Nora-Milin,
Petite fille de l’artiste peintre Eugène Carrière, vous êtes une femme dont
la vie a été traversée par l’art. Journaliste, vous êtes aussi productrice et
réalisatrice de magazines et documentaires audiovisuels. Car, enfant de la
télévision, immergée dans la « société du spectacle », l’image-mouvement
vous fascine.
Vous débutez votre carrière dans les années 70 dans l’édition comme
rédactrice-conceptrice. Puis vous devenez, deux ans plus tard,
responsable du service de presse des éditions Jean-Jacques Pauvert, puis
des éditions Calmann-Lévy, vous la petite fille du peintre ami de Verlaine,
de Mallarmé, mais aussi d’Anatole France.
Mais c’est à la radio et à la télévision, ces médias qui ont façonné la
société des Trente Glorieuses, que vous vous destinez. Vous faites alors
partie de ces pionniers qui inventent les codes des médias de masse. En
effet, vous participez avec Louis Dandrel au lancement de la nouvelle
formule de France musique puis, en 1976, vous intégrez la rédaction de
Paris-Ile de France sur FR3 - informations générales et culture - avant de
vous occuper de la rubrique « Culture » dans les journaux nationaux : Soir
3 et 19/20. Vous y exercerez vos talents pendant huit années, mettant
votre amour de l’art au service d’une pédagogie destinée au plus grand
nombre ; vous démontrez ainsi que l’audience et la qualité peuvent être
conciliées et faire bon ménage.
Vous travaillez alors avec Pierre Grimblat. Vous devenez productrice et
réalisatrice du magazine culturel consacré aux arts plastiques, « Plastic »,
diffusé sur Antenne 2 entre 1990 à 1991.
Lorsqu’il est mis fin à ce magazine, vous décidez de quitter le service
public pour devenir auteur et réalisatrice indépendante.
Vous réalisez alors de nombreux documentaires, pour les chaînes de
télévision où le goût du voyage et des terres lointaines coexiste avec votre
goût prononcé pour la peinture et les arts. Du Vietnam au Sénégal, de la
Birmanie à l’Inde en passant par le Tibet, vous parcourez le monde à la
recherche de l’indice qui révèle, du paysage qui transfigure, de la
personnalité qui séduit et fascine. Vous travaillez avec National
Geographic, vous êtes plusieurs fois sélectionnée dans un festival
prestigieux comme le Festival international des programmes audiovisuels
de Biarritz, vous collaborez avec le magazine « Reportages » sur TF1,
mais aussi avec Canal Plus et l’audiovisuel public qui apprécient votre oeil
et votre art de la mise en récit. Vous n’oubliez pas les arts visuels et
réalisez des documentaires remarqués sur Marina Picasso, sur l’écrivain
Raymond Roussel, sur le peintre Balthus. Vous savez saisir l’humanité de
l’artiste en même temps que la création en train de naître et de
s’accomplir. Vous avez ainsi contribué à éduquer nos regards au monde, à
faire entrer l’art dans « l’étrange lucarne », dans un souci de transmission,
avec une exigence sans cesse renouvelée.
Vous avez aussi entrepris un travail considérable - qui vous a demandé
huit années de recherches dans le monde - comme auteur du Catalogue
Raisonné d’Eugène Carrière. Celui qui fut l’ami de Rodin et des poètes
symbolistes, celui à qui l’on doit plusieurs cycles à l’Hôtel de ville de Paris
et à la Sorbonne, celui qui fut aussi engagé avec détermination dans le
combat dreyfusard, aux côtés de Bernard Lazare et de ces jeunes
normaliens qui écoutaient la voix forte et autorisée du bibliothécaire,
Lucien Herr devient un « compagnon de route » familier.
Vous travaillez actuellement à l’écriture d’une biographie de cet arrière
grand-père maternel que vous affectionnez tant, ce peintre que l’on dit
souvent officiel, qui inspira dans ses monochromes clair-obscur plusieurs
grands noms des avant-gardes. C’est cette figure qui vous rattache à une
fibre artistique que vous n’avez jamais cessé de mettre en oeuvre dans vos
différents métiers.
Aussi, chère Véronique Nora-Milin, au nom de la République française,
nous vous faisons Chevalier dans l’ordre des Arts et Lettres.
Chère Aline Vidal,
Lorsque Andy Warhol déclare que « L'art des affaires est l'étape qui
succède à l'art », il clame haut et fort la nécessité de la valeur marchande
de l’art, qui permet à l’artiste d’espérer une reconnaissance et surtout de
trouver un public. Vous étiez prédestinée à l’art et à son univers, avec un
père ingénieur architecte, inventeur d’un matériau de construction de
surcroît, et une mère artiste peintre.
Après des études à l’Institut d’Art et d’Archéologie de Paris 4 et à l’Ecole
du Louvre, vous êtes inscrite sur la liste d’aptitude à la fonction de
conservateur des musées. Ainsi, avant d’être une galeriste avertie,
spécialiste de l’art contemporain, vous vous orientez vers une carrière
d’historienne de l’art comme en témoignent votre collaboration à Beaux-
Arts Magazine en 1984, et la publication de votre guide Tout ce que vous
avez voulu savoir sur les musées sans oser le demander, si original, paru
en 1985.
C’est à l’occasion de votre séjour à New-York, en 1985, que votre carrière
professionnelle prend une nouvelle direction. A cette époque, de jeunes
galeries très prometteuses ouvrent leurs portes, comme celles de Léo
Castelli et Illéana Sonnabend notamment, et des artistes incontournables,
tels Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, auquel une magnifique
exposition a été consacrée tout récemment au Musée d’Art Moderne de
Paris, renouvellent les pratiques artistiques et les codes esthétiques. Ce
séjour sera décisif et vous amène non pas à promouvoir l’art par
l’intermédiaire du musée, c’est-à-dire après une reconnaissance publique
et institutionnelle de l’oeuvre ou de l’artiste, mais plutôt à partir à la
recherche de nouveaux artistes, inconnus ou émergents, et ainsi
contribuer à la diffusion de l’art contemporain et à l’écriture de son histoire.
En vous inspirant de toute cette scène artistique qui caractérise le « lower
east side » new-yorkais, vous ouvrez votre propre galerie dans un lieu aux
accents underground, un atelier d’artiste du 14ème arrondissement. Votre
profond intérêt pour l’art et votre grande connaissance de celui-ci vous
rendent accueillante aux pratiques émergentes. C’est en partant à la
rencontre de nouveaux artistes dans des foires, expositions et biennales
d’art que vous enrichissez progressivement le fonds de votre galerie. Ces
voyages entretiennent votre enthousiasme et attestent de votre
professionnalisme, puisque vous n’avez de cesse de vous tenir informée
des nouveautés.
En 1989, le succès est tel que la galerie s’installe au 70 rue Bonaparte
dans le 6ème arrondissement. Vous y présentez votre première exposition
personnelle, consacrée à Andy Goldsworthy, un jeune artiste écossais issu
du Land Art et rencontré à la Biennale de Venise. Vous choisissez par la
suite de proposer deux grands types d’expositions : celles consacrées à
des artistes - vous accordez alors une large place à des artistes belges - et
d’autres, au contenu thématique et réunissant divers artistes, comme
« coloriage » ou « cuisine et dépendances », pour n’en citer que quelquesunes.
Devenue une référence dans ce « petit monde de l’art
contemporain », dont le romancier David Lodge aurait pu faire son miel,
vous poursuivez votre tâche de promotion des artistes talentueux.
La galerie Aline Vidal apparaît ainsi comme un répertoire toujours
renouvelé des pratiques artistiques contemporaines. Elle reflète les
tendances actuelles, quand elle ne joue pas simplement un rôle de
précurseur et de guide. Mondialement reconnue, votre galerie participe aux
grandes foires d’art contemporain depuis 1991 comme la FIAC, Art
Brussels, Loop, Paris Photo, ou encore Art Basel, avec François Morellet
en 2009.
Outre sa fonction de promotion de l’art contemporain, votre galerie
s’intéresse également au design et à l’architecture, sans oublier votre
activité de conseil auprès de collectionneurs et auprès de professionnels
de l’art.
Membre du conseil d’administration de la Fondation NSM Vie pour la
photographie de 1998 à 2008 et, tout récemment, membre de la
commission de l’aide à la première exposition et au premier catalogue du
Centre National des Arts Plastiques (CNAP), vous oeuvrez également pour
une présence plus forte de la création contemporaine dans les politiques
publiques.
Parce que je souhaite aujourd’hui récompenser votre action qui à la fois
participe au rayonnement culturel de la France à l’étranger et à la
promotion de la scène française des arts visuels, chère Aline Vidal, au nom
de la République française, nous vous faisons Chevalier dans l’ordre des
Arts et des Lettres.