Philharmonie de Paris, Palais de Tokyo, Bibliothèque nationale de France, Radio France… le forum n’a pas commencé qu’au premier étage de la Maison de la Radio fourmillant de monde, les 36 exposants de la Mission Vivre ensemble sont déjà à pied d’œuvre. Aux petits soins pour leurs « relais », ainsi que l’on désigne les bénévoles et travailleurs sociaux qui encadrent les sorties des publics éloignés de la culture dans les établissements culturels, autant qu’attentifs à en conquérir d’autres. « Une étude réalisée l’an dernier a montré que nos relais étaient très demandeurs de supports lors des visites. J’ai donc décidé d’axer 2018 sur ce type de créations », confie Claire Munuera-Ducoq, chargée d’action culturelle à la Cité de l’architecture et du patrimoine. « Le but de ce forum est aussi de se faire connaître de nouveaux publics, poursuit-elle. J’espère que de nouveaux relais vont venir à nous aujourd’hui. La grande force de la Mission Vivre ensemble, c’est son réseau. Les relais reçoivent des informations sur l’ensemble des établissements culturels. Cela leur donne parfois des idées. On peut être relais culturel pour plusieurs établissements culturels, si on le souhaite ! ».

La grande force de la Mission Vivre ensemble, c’est son réseau

A la découverte de l’architecture

Justement, une visiteuse s’avance vers le stand. Infatigable militante de l’accès à la culture quand elle était éducatrice spécialisée à Nanterre, Anne-Marie Mercier l’est plus que jamais depuis qu’elle est à la retraite. « J’accompagne des groupes environ deux fois par mois dans des musées. En février, ce sera au musée Picasso et au musée de l’Orangerie », s’enthousiasme-t-elle. Et si elle n’a pas encore emmené de groupes à la Cité de l’architecture et du patrimoine, elle compte bien y remédier au plus vite… moyennant une petite préparation. « En histoire de l’art, on ne craint pas de prendre la parole parce qu’on exprime un ressenti. C’est différent avec une institution comme la Cité de l’architecture ou du patrimoine. Je dois préparer la visite en amont ». Après avoir malicieusement glissé que la découverte de l’architecture peut aussi provoquer de grandes émotions, Claire Munuera-Ducoq confirme : « L’architecture est une discipline technique qui peut faire peur. Les supports sont aussi une manière de rassurer nos relais ». 

Une émission de radio grandeur nature

Direction l’atelier radiophonique « France Info Junior » qui ouvre le bal d’une journée aussi riche qu’éclectique où alternent, à côté de mini-sessions d’apprentissage, des visites de la Maison de la Radio, des enregistrements d’émissions en public, une présentation de la Mission Vivre ensemble, ainsi que la rencontre sur l’éducation aux médias. Occupé à quelques ultimes réglages derrière la console, Paul Percheron, technicien à France Bleu, ne cache pas sa surprise au moment de l’arrivée du groupe. « D’habitude, le public de cet atelier est essentiellement composé d’élèves. C’est la première fois que j’accueille un groupe d’adultes. C’est cela la radio, il faut s’adapter en temps réel ! » Le jeune technicien qui pilote la partie technique de cet atelier depuis seulement trois semaines y a d’ailleurs vite pris goût : « Faire découvrir notre métier à des publics variés est très gratifiant et permet aussi de prendre du recul ».

Ce dont ces jeunes ont surtout besoin, c’est de retrouver confiance en eux

Sous la houlette et le professionnalisme teinté d’humour de Karine Porier, conférencière à la Maison de la Radio, les participants – exclusivement des femmes, un hasard – se répartissent les rôles. Technicienne, présentatrice, journaliste… bientôt deux groupes travaillent dans la joie et la bonne humeur – « c’est un atelier où l’on dédramatise et où l’on rit beaucoup », confirme Karine Porier – à la préparation d’un petit magazine de huit minutes. Mais au moment de passer derrière le micro, le sérieux, autant qu’une pointe d’appréhension, sont naturellement de mise. « Bonjour à tous et bienvenue sur France Info Junior ! ». Autant dire que les apprenties journalistes – issues au civil des rangs des établissements culturels de la Mission Vivre ensemble mais aussi d’une grande variété d’institutions du champ médical ou social (hôpitaux, Centre d’action sociale, Mission locale) – s’en sortent très bien. « À coté de notre accompagnement en matière de formation et de recherche d’emploi, nous essayons de mettre en place des activités très variées sur le plan culturel, visites de musée, découverte d’un quartier de Paris, atelier tel que celui auquel nous participons aujourd’hui… ce dont ces jeunes ont surtout besoin, c’est de retrouver confiance en eux, qu’on les considère comme des adultes en devenir. Pour certains, parfois, c’est la première fois qu’ils poussent la porte d’un musée. Il y a encore beaucoup de travail, mais c’est passionnant ! » confie Anne Bayle, bénévole à la Mission locale de Paris.