Cette exposition d'envergure, qui emprunte son titre à une phrase tirée de la littérature allemande du 19e siècle de Ludwig August Hülsen, est centrée sur différents rapports à l'image photographique et filmique: photographie, vidéo, installation. Dans le sillage de son programme de résidences et des prospections menées depuis une dizaine d'années, l'exposition organise des rencontres fécondes entre oeuvres pratiquement inédites en France. Elle met à l'honneur 26 artistes extra-européens aux profils très divers, avec de jeunes talents émergents, mais aussi de nombreux auteurs majeurs. Elles évoquent les rapports à l'image, la perception du monde et la représentation de soi, celle du paysage et des territoires, ou la réappropriation du récit historique et politique.
Lek Kiatsirikajorn, tirage issu de la série Lost in Paradise, 2012 – 2013
Le parcours s'ouvre sur l'oeuvre spectaculaire SIXSIXSIX du Camerounais Samuel Fosso, composée de 666 autoportraits en Polaroïd. Samuel Fosso apparaît ailleurs dans l'exposition avec African spirits, où il incarne avec divers chapeaux et coiffures des personnalités célèbres: Angela Davis, Malcom X, Aimé Césaire, Seydou Keita et bien d'autres. Les séries photographiques suivantes poursuivent cette idée de la photographie comme prélèvement du réel. Des pièces plus plastiques figurent dans la deuxième partie, à l'instar des oeuvres de Santu Mofokeng et d'Oscar Muñoz.
La troisième partie s'intéresse à la vidéo et à l'image en mouvement. Y figure également l'installation monumentale (30 mètres de long) de l'Australien Brook Andrew, une pièce produite il y a quelques années comme un grand néon, réinterprétée ici avec la collection de films du musée. Ainsi que l'oeuvre composée de tirages photographiques suspendus de Dinh Q. Lê, Crossing the Father Shore, dans laquelle l'artiste évoque son expérience de réfugié après l'invasion khmère rouge au Vietnam en 1978. Ayant perdu toutes ses photos de famille lors de son exode, il a réalisé des sortes de huttes constituées de milliers de photos en réseau.
Sammy Baloji, Essay on urban plannning, 2013. Tirages numériques, texte, 328 x 367,5 cm
La quatrième partie est consacrée aux artistes enquêteurs tels Mario Garcia Torres ou Sammy Baloji. La pièce Essay on urban planning de ce dernier piste le maintien des structures coloniales mises en place dans les années 30 dans la ville de Lubumbashi. L'artiste égyptienne Heba Y. Amin évoque pour sa part avec trois pièces importantes l'histoire des voyages et des migrations.
Le rapport au temps constitue le sujet de la dernière section, notamment à travers la pièce Paso del Quindio I du grand artiste colombien Alejandro Restrepo qui réitère le voyage entrepris dans un paysage montagneux par le naturaliste, géographe et explorateur allemand Alexander von Humboldt, qui a fondé les bases des explorations scientifiques. On y découvre aussi les oeuvres de Yoshua Okón et d'Alexander Apostol.
Commissaire de l'exposition : Christine Barthe, Responsable de l'unité patrimoniale des collections photographiques du musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris.
Exposition du 30 juin au 1er novembre 2020. Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Galerie Jardin, 37 quai Branly - 75007 Paris. Tél.: 01 56 61 70 00. Ouverture du mardi au dimanche de 10h30 à 19h.
Partager la page