16.Colloque "Le Patrimoine Culturel Immatériel : de l'inventaire à la gouvernance" du 15 au 17 mai 2014
La notion de Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) introduite par l’UNESCO en 2003 a amené à repenser la place des témoins et des chercheurs dans la construction des objets scientifiques. La France ayant ratifié la « Convention pour la sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel » en juillet 2006, cette nouvelle notion a progressivement trouvé un écho au sein du tissu associatif français et dans les dispositifs publics et les organigrammes des collectivités territoriales et des services déconcentrés du Ministère de la Culture dans les régions (DRAC). C’est dans cette dynamique qu’a été mis en œuvre, dès 2008, un Inventaire du PCI en Aquitaine par le Laboratoire ITEM de l’UPPA et l’Ethnopôle InOc Aquitaine, comptant parmi les toutes premières expériences en France.
Ce colloque sera plus particulièrement l’occasion de revenir sur ces sept années d’expérimentation de la notion d’Inventaire et de les mettre en perspective avec d’autres entreprises conduites en France et dans le monde.
L’expérience aquitaine qui ne prétend pas à une quelconque exhaustivité mais à une exploration des méthodes relevant à la fois du travail ethnographique, de l’analyse anthropologique et des protocoles d’inventaire, révèle d’une part l’imbrication – au sein de systèmes – de pratiques diverses regardées – ou non – comme autant de patrimoines, soulevant également un certain nombre de questions.
La notion de transmission étant centrale dans la définition du PCI, l’inventaire aquitain s’est développé dans une optique dynamique prenant les faits observés comme des manifestations contemporaines, révélant dès lors en premier lieu l’actualité de pratiques et savoir-faire faisant sens dans un territoire donné. La notion de PCI invitant à travailler sur les pratiques sociales et culturelles aux plans synchronique et diachronique et à leur contextualisation, le chercheur est alors amené à prendre en considération les espaces, les bâtiments et les objets qui participent de ces pratiques. Quant aux processus de transmission, ils induisent un ensemble de connaissances qui relèvent des patrimoines linguistiques et oraux, le tout étant placé dans un cadre intergénérationnel. Ces pratiques et savoir-faire, qu’ils soient exceptionnels ou ordinaires s’inscrivent, en outre, aussi bien dans des sphères publiques que privées. Les interrogations portées sur les espaces et les savoir-faire font, quant à elles, émerger des pratiques coutumières inscrites dans le temps long qui par certains de leurs aspects peuvent rentrer en conflit avec les nouveaux usages de ces mêmes espaces.
Dès lors, si les notions de PCI et d’inventaire réinterrogent tout à la fois le patrimoine ethnologique avec une implication notable des groupes et des communautés, elles réinterrogent les différents dispositifs règlementaires ou de soutien au patrimoine culturel et naturel. De même, si la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel requiert un encadrement juridique et des dispositifs dans la mise en application du texte dès lors qu’un état membre la signe, quelles instances de gouvernance sont aujourd’hui à même de réguler l’action de ces différents dispositifs ?
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