Permettez-moi, avant de commencer, de saluer la mémoire du grand historien Jean-Paul Roux, qui nous a quittés hier.
A travers ses nombreux ouvrages et les deux expositions phares qu’il avait organisées à l’Orangerie en 1971 ainsi qu’au Grand Palais en 1977, il avait su partager sa passion pour la culture islamique, pour la Turquie, sa mythologie et son histoire, avec un très large public. Il avait également beaucoup œuvré pour la création du département des Arts de l’Islam au Louvre en 2003. Je tiens à lui rendre hommage, au moment de lancer officiellement, à vos côtés, la saison de la Turquie en France.
Je voudrais remercier chaleureusement mon homologue turc et nouvel ami, M. Ertugrul Gunay, d'avoir fait le déplacement depuis Ankara, et de nous avoir beaucoup aidé dans la réalisation de cette grande entreprise commune.
A l’aube du XIXe siècle, déjà, Chateaubriand écrivait : « On a tant de relations de Constantinople, que ce serait folie à moi de prétendre encore en parler » - il en parla pourtant, racontant dans de magnifiques pages son arrivée dans la ville, qui lui fit l’effet d’un « coup de baguette d’un génie ».
Il est vrai que la fascination de la France pour votre pays, Monsieur le Ministre, pour votre civilisation, votre histoire, votre culture, plonge ses racines dans les siècles. Elle a été nourrie par les récits de nos plus grands écrivains et poètes. Hugo, Lamartine, Flaubert… pour tous, le voyage en Orient représentait un bain de jouvence culturel et artistique. Voire même un véritable salut, pour Gérard de Nerval qui perdait la raison à Paris. On le vit ainsi, dans les Jardins du Palais-Royal, ici-même, sous ces fenêtres, et peu de temps avant son départ pour l’Orient, promener un homard en laisse…
Cette fascination pour votre pays n’a jamais cessé.
Je ne parle pas seulement des chefs-d’œuvre de nos peintres orientalistes, qui envoûtent toujours autant de visiteurs dans nos plus grands musées. Ni même de votre patrimoine extraordinaire, témoin d’un passé de légende, qui attire chaque année de nombreux touristes français sur les routes de Turquie. Je parle aussi du visage contemporain de votre pays, de sa créativité, de son dynamisme dans tous les domaines. Ce visage que nous peint si bien, par exemple, le réalisateur allemand d’origine turque Fatih Akin dans son film Crossing the bridge, celui d’un pays où la culture vit, bouillonne, dans une saisissante diversité, se permettant toutes les audaces, toutes les avant-garde.
C’est ce visage que nous avons souhaité mettre à l’honneur pendant cette Saison. C’est pourquoi nous avons tenu à miser résolument sur la jeunesse, sur les jeunes créateurs et les étudiants. Ils sont l’avenir de l’amitié franco-turque. Ils seront au cœur des échanges programmés par la Saison de la Turquie.
Cette manifestation, décidée par les Présidents Chirac et Sezer [chef de l'Etat turc jusqu'en 2007] puis confirmée par les Présidents Sarkozy et Gul, est la plus importante jamais organisée par la Turquie à l'étranger.
Elle proposera plus de 400 événements dans 77 villes et de nombreuses collectivités territoriales.
Avec des manifestations phares :
Dès demain, 1er juillet, un feu d’artifice d’événements, de Nantes à Strasbourg, de Montpellier à Lille, ouvrira cette Saison de la Turquie qui va illuminer la scène culturelle française pendant les neuf mois qui viennent.
Samedi prochain, Mercan Dede et la troupe Anadolu Atesi frapperont les trois coups de la Saison avec un spectacle exceptionnel au Trocadéro.
A partir du 17 juillet, les promeneurs du jardin des Tuileries pourront pousser les portes du Café turc conçu par l’architecte Han Tümertekin. Ils y découvriront une programmation pluridisciplinaire qui exalte la beauté et la diversité des arts turcs, avec des expositions de photographies, des spectacles et de nombreux concerts.
Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006, sera l’invité du Théâtre de l’Odéon début octobre, au moment même où la Tour Eiffel scintillera aux couleurs de la Turquie.
Du Louvre aux Maisons Folies de Lille, du Centre Georges-Pompidou au festival « Aux heures et cætera… » de Nantes, du Grand Palais au Conservatoire de Nice, de la Cité de la musique aux Transmusicales de Rennes, nos institutions les plus emblématiques, nos plus hauts lieux de culture célèbreront la vitalité de vos arts et de votre pays.
Le grand écrivain et poète Yasar Kemal – qui sera l’invité de la BnF en novembre – dit que « l’acte de création est certainement le phénomène le plus important de l’humanité ». C’est cela que nous voulons donner à voir pendant la Saison de la Turquie en France.
Je laisse le soin aux deux commissaires de la saison de vous donner les détails de cette programmation foisonnante.
A travers elle, c'est la Turquie nouvelle que les Français vont apprendre à mieux connaître, sous toutes ses facettes.
Cette Saison aura en effet également une forte dimension économique, scientifique, universitaire et technologique.
Je tiens d’ailleurs à remercier les nombreux partenaires qui se sont engagés pour donner à cet événement le rayonnement qu’il mérite.
Ainsi que les organisateurs qui se sont montrés particulièrement inventifs et dynamiques.
Je voudrais saluer tout particulièrement AXA et son président Henri de Castries, pour son implication personnelle et son soutien sans faille. Vous avez accepté de présider le Comité d’Organisation, pour la partie française, et vous avez su fédérer non moins de 13 entreprises autour de ce très beau projet. Vous vous êtes engagé sur le volet économique, mais aussi sur les nombreux débats d’idées qui seront organisés jusqu’en mars prochain.
Je salue aussi Necati Utkan, président turc de cette Saison, grand amoureux de la France et très fin connaisseur, je crois, de notre littérature et de nos arts.
Et j’adresse un très grand bravo aux deux commissaires généraux, Stanislas Pierret et Görgün Taner, ainsi qu’aux deux opérateurs qui ont orchestré d’une main de maître ce rendez-vous : IKSV, la Fondation pour l’art et la culture d’Istanbul, et Culturesfrance.
Cette Saison nous permettra, j’en suis certain, de progresser dans la connaissance et la compréhension mutuelles de nos deux pays et de renforcer encore les liens qui nous unissent depuis des siècles. C’est le vœu que je forme pour cette Saison qui a vocation à se prolonger bien au-delà de mars 2010.
Les collaborations franco-turques qu'elle aura suscitées seront ainsi programmées à Istanbul et Marseille, capitales européenne de la culture en 2010 et en 2013.
J’en suis particulièrement heureux. Parce qu’à travers ces échanges, c’est notre longue histoire commune que nous honorons et que nous poursuivons ; cette histoire qu’ouvrirent François 1er et Soliman le Magnifique en nouant une alliance qui fit scandale à l’époque, mais qui jeta les bases d’un dialogue solide et durable entre nos civilisations.
Je souhaite une très grande réussite à cet événement, à la mesure de l'amitié entre la France et la Turquie !
Je vous remercie.
Teshekur ederim