Cher Michel Colardelle,
Vous me pardonnerez pour commencer un détour par l’histoire de la révolution
française et des temps héroïques qui voit naître l’idée de musée. Les combats de
l’abbé Grégoire, cet évêque républicain héritier des Lumières et pourfendeur de
l’esclavage, ont érigé en principe de gouvernement l’idée d’une « République des
savants ». Il me semble que votre parcours et votre carrière traduisent à
merveille cette ambition et cette vision.
Car avant d’être un directeur de musée avisé et un grand serviteur de l’Etat, vous
êtes avant tout un savant et un grand chercheur, à la reconnaissance
internationale. Historien du haut Moyen Age, archéologue confirmé, spécialiste
des temps mérovingiens, vous avez conduit et dirigé de nombreux chantiers de
fouille, parmi lesquels celles consacrées au lac de Paladru – qu’une actrice a
illustré dans un doctorat devenu célèbre dans l’histoire du cinéma français des
dernières années - mais aussi à l’habitat lacustre de Charavines dans l’Isère.
Votre présence dans de nombreuses sociétés savantes, dans de nombreux
Conseils, mais aussi au sein de la section française de l’ICOMOS témoigne de
ce goût prononcé pour les chemins de la mémoire et pour le patrimoine
archéologique auquel vous avez dédié une large partie de votre brillante carrière
scientifique et académique.
Vous êtes aussi un grand serviteur de l’Etat, un grand commis de la République,
à travers vos nombreuses fonctions dans le domaine des musées, des
monuments historiques et du patrimoine à très haut niveau. Conservateur en
chef des musées de France, vous avez dirigé la Caisse nationale des
Monuments historiques et des sites avant de travailler à la Direction des Musées
de France. Vos qualités scientifiques, votre connaissance des collections, votre
engagement personnel ont forcé l’admiration de vos collaborateurs et de tous
ceux qui ont travaillé à vos côtés. En 1996, vous avez été nommé à la tête du
Musée des Arts et Traditions populaires, cette création du Front Populaire si
importante dans la promotion des cultures matérielles et du patrimoine
ethnologique.
Vous avez alors engagé une politique de rénovation profonde de l’établissement,
l’ouvrant aux sciences sociales et l’ouvrant aux cultures du monde. Vous avez
alors réorienté la politique scientifique et culturelle de ce lieu chargé d’histoire
pour créer un musée des civilisations de la France et de l’Europe modernisé et
rénové. Parallèlement, soucieux de la visibilité internationale de l’établissement,
vous avez lancé deux concours internationaux pour lesquels deux grands noms
ont été choisis, notamment Rudy Ricciotti, grand prix d’architecture en 2007.
Depuis octobre 2009, vous avez été chargé par mon Ministère d’une
mission permanente destinée à valoriser les richesses culturelles de
l’Outre-Mer. C’est à ce titre que vous avez fortement contribué, dans la
continuité des Etats génraux de l’Outre-Mer à la préparation du plan
que je présente aujourd’hui en Guyane. Là encore vos compétences
scientifiques, votre connaissance de l’administration culturelle et vos
qualités de négociateur ont nourri l’action du Ministère de la Culture et
son rayonnement sur l’ensemble des territoires de la République.
Aujourd’hui, la Guyane peut se réjouir d’avoir un Directeur régional des
Affaires culturelles sensible à l’épaisseur de l’histoire et aux cultures
matérielles et immatérielles, fort de son expérience incontestée à la tête
de grands établissements culturels mais aussi porté par votre force de
travail et de conviction. Ce sont elles qui m’ont conduit aujourd’hui à
vous rencontrer ici, à Cayenne, bravant les incertitudes du moment et
les contraintes de l’agenda métropolitain !
Aussi est-ce avec un très grande plaisir que je m’apprête à vous
promouvoir, au nom de la République française, au grade de
Commandeur des arts et des lettres.
Discours
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l’occasion de la cérémonie de remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre national des Arts et Lettres à Michel Colardelle.
Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de laCommunication, prononcé à l’occasion de la cérémonie de remise desinsignes de Commandeur dans l’Ordre national des Arts et Lettres à MichelColardelle.
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