département : Bouches-du-Rhône
commune : Marseille
appellation : Maison dite Gaston Castel
adresse : 2 rue Croix de Régnier
auteurs : Gaston CASTEL (architecte départemental, maître d'ouvrage), Edgar BRANDT (ferronnier)
date : 1924, 1930
protection : Inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 2 mars 1981
label patrimoine XXe : Circulaire du 1er mars 2001

C'est au moment où il acquiert un statut de notable, avec sa nomination comme architecte en chef du département, que Gaston Castel décide de construire sa maison-atelier en centre ville. 

Comme l'architecte Pierre Puget bien avant lui, vers 1680, et en professionnel avisé, il choisit une parcelle d'angle pour exploiter les possibilités fonctionnelles et plastiques de cette situation. Le ferronnier d'art le plus fameux du style Art-déco, Edgar Brandt, est mis à contribution pour le mobilier et le décor de la salle à manger principale.  

Gaston Castel (1886-1971) obtient le premier second Grand Prix de Rome à l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts en 1913. Après la guerre, et deux années passées au Brésil, il est nommé, en 1922, architecte en chef du département des Bouches-du-Rhône. Il occupe ce poste jusqu'en 1941. Durant cette période, il traite essentiellement des commandes publiques : équipements (opéra de Marseille, prison des Baumettes, annexe du Palais de Justice, etc.), monuments commémoratifs et cités d'habitations à bon marché (H.B.M.). Il rassemble dans deux ouvrages, Marseille et l'Urbanisme (1932) et Marseille Métropole (1934), ses articles publiés dans la célèbre revue Les Cahiers du Sud dirigée par Jean Ballard. En 1952, il est nommé professeur dans le cadre de l'antenne régionale de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. 

La première construction, en 1924, est réalisée à partir d'un édifice existant. La surélévation en 1930 donne à ce véritable immeuble urbain d'angle, des proportions convenables et aussi une certaine élégance parisienne, due sans doute à la présence du grand pan de verre de l'atelier d'artiste, inusité à Marseille. Le programme fonctionnel se développe selon un axe vertical qui distingue la vie professionnelle et publique : agence d'architecture en rez-de-chaussée et appartements de réception au 1er étage ; de la vie privée : salon-séjour, chambres et atelier d'artiste aux 2ème et 3ème étages. L'esprit de l'architecture est celui du style Art-déco qui triomphe à l'exposition internationale des arts décoratifs de Paris en 1925. Le jeu plastique des volumes est habilement traité par l'architecte sur la façade d'angle, comme une série de retraits successifs qui expriment les principales fonctions et les espaces correspondants. Il est servi par le répertoire décoratif classique : soulignement des modénatures, ferronneries ouvragées, sculptures en bas-reliefs, treilles, jarres... traité ici avec discrétion.

• Rédacteur : Jean-Lucien Bonillo, ensa Marseille, 2002
• Source : 20 monuments du XXème siècle, exposition patrimoine moderne en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, eaml, 2002