Programmes de recherche
La recherche pluridisciplinaire autour du PCI est soutenue par la direction générale des Patrimoines. Découvrez ici les principaux programmes en cours.
Le projet franco-letton Osmose a pour objet d’étudier, dans une perspective de droit comparé, les différentes expériences nationales relatives au Patrimoine culturel immatériel (PCI).
Le projet est piloté par Anita Vaivade, chercheur et professeur assistant à l’Académie de la culture de Lettonie et Marie Cornu, directeur de recherche à l’Institut des sciences sociales du politique (ISP-CNRS).
Il s’attache tout particulièrement à élaborer une méthode et un cadre de réflexion communs, pour comprendre, d’une part, la façon dont le droit saisit la notion de PCI et, d’autre part, l’influence exercée par la Convention pour la sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel sur le droit au niveau national et local.
Il réunit autour de débats académiques les chercheurs, jeunes chercheurs et professionnels qui s’intéressent, sous des perspectives différentes, au droit du PCI.
Le projet Osmose a bénéficié de financements de la part du programme de coopération franco-letton Osmose, du programme de recherche national letton Habitus et du ministère français de la Culture (direction générale des Patrimoines, département du Pilotage de la recherche et de la Politique scientifique).
Télécharger le rapport de synthèse présenté lors de l'AG de la Convention Unesco de 2003, le 6 juin 2018 (PDF)
WikiPatrimoine : gestion collaborative du Patrimoine culturel sur le web
Le projet WikiPatrimoine vise à étudier et à encourager les nouvelles formes de gestion collaborative en ligne du patrimoine culturel. Ce projet est financé par le LabEx Les passés dans le présent, avec le soutien du ministère de la Culture.
Ce projet part d'un double constat :
- De nombreuses institutions culturelles en France et à l’étranger ont lancé des expérimentations pour transformer les inventaires documentant leur patrimoine dans des documents transparents, ouverts et participatifs disponibles sur le Net à travers des outils de crowdsourcing et des plates-formes de type Wiki (ex. Wikipédia).
- La prise de conscience de la part des professionnels du patrimoine et des citoyens des possibilités offertes par ces expérimentations de gestion collaborative en ligne est encore réduite.
Le projet vise donc à :
- définir le cadre théorique de la gestion collaborative en ligne du Patrimoine culturel et faire un état des lieux pour la France, avec une attention particulière pour le périmètre du LabEx, et selon une approche comparative avec l’expérience à l’étranger ;
- étudier l’impact des démarches de gestion collaborative en ligne sur la définition même de patrimoine à travers une étude empirique autour de nouvelles pratiques professionnelles collaboratives et des écritures numériques qu’elles génèrent ;
- construire un réseau de réflexion et de partage d’expériences entre les partenaires du LabEx à propos de la gestion collaborative du patrimoine sur le web, en facilitant les échanges entre chercheurs et professionnels du patrimoine et définir une feuille de route commune sur ce sujet ;
- intégrer dans des formations d'UPN et dans la formation continue pour les professionnels du patrimoine, des modules sur la gestion collaborative du patrimoine sur le web et démarrer une réflexion qui portera à la création d’un master sur la thématique du projet.
Consulter la journée d'étude "Amateurs et institutions. Des Académies aux plateformes numériques", Université Paris Nanterre, le 29 mai 2018 (PDF)
Responsable du projet
Marta Severo, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, msevero@parisnanterre.fr
Observatoire des réseaux numériques des acteurs du PCI en France
La valorisation du PCI est assurée par un réseau complexe d’institutions, d’associations et de personnes agissant en groupes ou individuellement, qui produisent et transmettent de manière quotidienne les pratiques culturelles.
Aussi est-il important d’identifier ces acteurs et d’approfondir notre connaissance de leur organisation et de leurs interactions.
En s’appuyant sur de telles connaissances, la sauvegarde du PCI pourra être appréhendé selon une approche "bottom-up", telle qu’elle s’exprime dans la Convention de l’Unesco de 2003.
En France, en réponse à ces questions, le ministère de la Culture a financé en 2015 et 2016 un projet de cartographie des réseaux numériques des acteurs du PCI.
L’objectif de ce projet est de comprendre quels en sont les acteurs principaux et la manière dont ils interagissent, afin de créer un programme intégré de sauvegarde.
Cette analyse est complexe, du fait de l’ampleur et de l’hétérogénéité des réseaux associés à la sauvegarde du PCI.
Non seulement ces réseaux impliquent la participation de douzaines, parfois de centaines d’acteurs répartis sur plusieurs villes et plusieurs régions, mais ils regroupent aussi des acteurs aux motivations multiples, des associations de bénévoles, des institutions internationales, des établissements culturels, des entreprises à vocation économique, et enfin des spécialistes et chercheurs universitaires.
Méthodologie du projet
La cartographie du web a été identifiée comme la méthodologie la plus adaptée à cette analyse. Cette méthode, qui a prouvé son efficacité et sa pertinence dans l’identification de réseaux sociaux complexes, s’appuie sur l’idée sous-jacente que les hyperliens peuvent être utilisés en tant que représentations de liens sociaux.
Étudier les hyperliens entre des sites Internet dédiés au PCI permet donc de mieux connaître les réseaux mêmes de ces acteurs.
En d’autres termes, en déterminant comment les sites en ligne sont hyperliés entre eux, on peut savoir comment les acteurs sont connectés entre eux hors du web.
En créant une carte des connexions entre les sites web des acteurs du PCI, nous pourrons donc comprendre les relations entre ces acteurs, les rôles de chacun et, peut-être plus important encore, la manière dont ils travaillent ensemble.
Pour mener à bien l’objectif principal de notre étude, l'analyse s’est découpée en trois étapes :
- L'identification des sites Internet : identification préalable des principaux acteurs du PCI en France, puis étude des connexions entre leurs sites grâce à un crawler automatique et un autre semi-automatique (Navicrawler et Hyphe). Ceci en tenant compte de tous les liens qu’ils contiennent et qui ont permis de découvrir d’autres sites intéressants.
- La classification des sites Internet : classement de chaque site selon le type d’acteur représenté (institution, association ou individu), et selon l’échelle de leur action (international, national, local), en s’aidant des informations recueillies sur les sites.
- La visualisation des sites Internet : analyse et visualisation des réseaux ainsi créés à l’aide d’un logiciel de manipulation de graphes (Gephi). Celui-ci permet d’identifier une topologie spécifique associée des réseaux du système PCI en France qui répond à ses problématiques : Quels acteurs ont un rôle central et lesquels ont un rôle périphérique ? Dans quels cas et comment les sites sont-ils regroupés en clusters distincts ? Quels sont ceux, dans ces réseaux, font figure d’autorité ?
L’interprétation correcte des images ainsi créées implique de comprendre les règles qui ont guidé leur conception :
- La position des nœuds est très importante et dépend de leurs connexions. Tous les réseaux qui ont été représentés dans cette étude sont spatialisés selon un algorithme face-vecteur : si deux nœuds sont proches l’un de l’autre dans le graphe spatialisé, ils sont reliés au même groupe de nœuds.
- La taille des nœuds sert à les classer. Ainsi, les nœuds ont été classés selon leur visibilité au sein du réseau, calculée à partir du nombre de liens qu’ils reçoivent d’autres nœuds (leur « degré entrant »).
- Nous représentons la catégorie à laquelle appartient chaque nœud par sa couleur. Les sites sont classés selon leur type (points bleus : institutions ; points verts : associations ; points rouges : individus et groupes) et selon leur champ d’action (points rouges : acteurs à l’échelle internationale ; points bleus : acteurs à l’échelle nationale ; points verts : acteur à l’échelle locale).
Carte 1
Réseau d’acteurs du PCI en France. Crawl de juillet 2015. Algorithme : Force Atlas 2. La taille des nœuds est proportionnelle au degré entrant des sites.
Une première cartographie, réalisée en juillet 2015 autour d’un corpus de 255 sites Internet, a été présentée lors du séminaire international du CFPCI « PCI et numérique : transmission, participation, enjeux ».
Cette visualisation identifie quatre groupes d’acteurs.
1. Organismes nationaux
Le premier de ces groupes, au centre du graphe, est composé des institutions centrales et des associations en charge du PCI.
Ce type de représentation montre que l’action du ministère de la Culture n’est pas celle d’un acteur unique, mais résulte de la synergie de plusieurs structures aux fonctions bien définies.
2. Recherche et valorisation
À droite du graphe, un cluster très dense est constitué principalement par des établissements de recherche comme la Bibliothèque nationale de France (via son portail de ressources Gallica), le musée du Quai-Branly, le MuCEM, quelques centres universitaires et les sites Internet de quelques revues spécialisées et projets thématiques.
Nous y trouvons des institutions nationales étroitement liées entre elles et toutes reliées à l’administration centrale.
Nous n'observons toutefois aucune relation directe avec des producteurs de patrimoine ou à d’autres acteurs liés à des pratiques patrimoniales spécifiques.
3. Acteurs de terrain
La présence de structures dont le but est d’archiver et de mettre en valeur le patrimoine culturel est tout de suite remarquable. À l’instar des archives sonores de la MMSH, de DASTUM association de sauvegarde du patrimoine oral de Bretagne, et de la Fédération des associations de musiques et danses traditionnelles (FAMDT), ce type d’acteurs se pose garant du lien entre les organes administratifs et les entités de recherche ainsi que les acteurs de terrains (associations et individus) dispersés sur l’ensemble du territoire.
4. Candidatures
En partie supérieure du graphe, un quatrième groupe représente les liens observés entre acteurs associés aux listes de l’Unesco ou à l’Inventaire national du PCI.
Parmi eux, certains éléments sont déjà inscrits à l’Unesco (équitation de tradition française, compagnonnage…), d’autres font référence à des candidatures en cours d’examen (savoir-faire liés au parfum en pays de de Grasse).
Enfin, quelques acteurs se sont impliqués dans la constitution d’un inventaire, comme le Parc naturel régional des Vosges du Nord.
Cartes 2 et 3
Carte 2 (hypothèse A). Réseau d’acteurs du PCI en France. Crawl de février 2017. Algorithme : Force Atlas 2. La taille des nœuds est proportionnelle au degré entrant des sites.
Carte 3 (hypothèse B). Même réseau, avec suppression de points permettant une meilleure lisibilité.
En février 2017, une seconde cartographie a été réalisée afin d’étudier les éventuels changements dans la structure du réseau.
Le corpus a été enrichi d’une centaine de sites représentant principalement des acteurs liés à de nouvelles propositions d’inclusion à l’Inventaire national ou d’inscription aux listes de l’Unesco.
Les quatre groupes décrits comme "supra" peuvent être facilement repérés. Cependant, leur topologie est affectée par quelques transformations importantes.
1. Organismes nationaux
La configuration interne de ce groupe n’a pas changé. On y retrouve les acteurs liés au ministère de la Culture qui garantit la liaison avec le monde de la recherche, et le CFPCI, en relation avec les acteurs du terrain.
Cependant, en haut du graphe, un nouvel acteur tisse des connexions avec le groupe des candidatures : Wikipédia qui, à travers ses pages dédiées aux éléments de l’Inventaire national et en particulier ceux inscrits sur les listes de l’Unesco, génère des liens avec les sites des acteurs porteurs des candidatures ou avec les organismes nationaux.
2. Recherche et valorisation
L’élément le plus frappant de cette cartographie nouvelle est la densité acquise par ce groupe. Les institutions et associations engagées dans l’étude du PCI sont attirées par un noyau central constitué par le Lahic, la revue Terrain et la revue Ethnographiques.org. Nous pouvons également observer l’émergence des ethnopôles, tel que le musée de Salagon.
La reconfiguration des connexions de ce secteur est aussi due à un rapprochement du monde de la recherche au ministère de la Culture, qui retrouve un rôle de liant entre les différents groupes d’acteurs.
3. Acteurs de terrains
Le groupe des acteurs du terrain est sûrement le plus stable. Comme en 2015, on y retrouve les associations et institutions liées à l’archivage, notamment du patrimoine occitan et breton.
Le changement d’extension pour les sites bretons (.bzh) ne semble pas avoir eu d’effet sur le réseau des hyperliens.
Le déplacement du cluster des Parcs régionaux du groupe des candidatures au groupe des acteurs de terrain est plus neuf. En effet, les parcs (en particulier le Parc des Ballons des Vosges) ont été protagonistes dans le passé d’un essai d’inscription à l’inventaire du PCI et d’autres activités de sensibilisation à ce type de patrimoine, qui se sont arrêtées en 2016.
4. Candidatures
Ce groupe est destiné à grandir dans les années, enrichi par de nouveaux acteurs associés à de nouvelles candidatures et par les éléments déjà inclus à l’Inventaire national et inscrits sur les listes Unesco.
Cependant, l’inclusion de nouveaux sites n’a pas touché la structure globale. Les sites liés aux pratiques artisanales, comme les métiers d’art, le compagnonnage et la charpente, ont acquis une nouvelle centralité et se sont rendus autonomes des institutions centrales (« lesartsdecoratifs », « art-et-metiers », etc.).
De nouveaux éléments (carnaval de Granville, fêtes de l’Ours en Haut-Vallespir, fêtes de la Saint-Jean dans les Pyrénées…) ont intégré le réseau.
Pour en savoir plus sur le projet
Responsable du projet
Marta Severo, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, msevero@u-paris10.fr
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