JPI-CH : Un réseau européen pour la recherche en sciences du patrimoine

Les travaux portant sur les sciences du patrimoine vont au-delà du cadre national. En effet, les problématiques et les besoins sont souvent proches entre les pays européens qui partagent une même histoire. C’est pour cela que la Commission Européenne et les entités nationales en charge de la recherche et du domaine culturel (dont le ministère de la Culture), ont fait émerger des dispositifs européens tels que le JPI-CH.

Le JPI-CH est un dispositif européen de programmation conjointe sur le patrimoine culturel. Il s’agit d’un réseau constitué d’une vingtaine de pays représentés par leurs entités ministérielles en charge de la Culture et de la Recherche, mais également par les principales agences de financement de cette dernière. Créée en 2010 à l’initiative de l’Italie, il est présidé par la France depuis novembre 2018.

Ce réseau a pour objectif de stimuler et soutenir les sciences du patrimoine et leurs différents acteurs en mettant à disposition une plate-forme d’échange et d’information (le Heritage research hub ) et en lançant des appels à projets.

La JPI-CH met également en œuvre diverses activités : il organise des conférences scientifiques et politiques, des ateliers, des activités de diffusion, il coordonne l'alignement des politiques entre les partenaires et établit des relations avec d'autres réseaux, programmes ou initiatives régionaux, européens et internationaux.

Découvrir les Appels à Projet de la JPI
 

Un nouvel Agenda stratégique de la recherche et de l’innovation (SRIA)

Le JPI-CH identifie les besoins et les thématiques d’avenir. Ce dernier point a donné lieu à une réflexion entre les pays membres qui a permis l’élaboration d’un nouvel Agenda stratégique de la recherche et de l’innovation. Ce document reflète les changements politiques, économiques, socioculturels et technologiques de ces dernières années et a pour ambition de dessiner les grands axes de la recherche au niveau européen, pour les 10 ans qui arrivent. Il s’organise autour de 4 domaines prioritaires eux-mêmes déclinés en plusieurs thèmes.

Domaine prioritaire 1 : Un patrimoine réflexif pour une société résiliente

Ce premier domaine aborde le patrimoine culturel comme phénomène dynamique et évolutif dans un monde extrêmement changeant. Il s’agira notamment d’explorer les manières dont les relations entre le patrimoine culturel et les sociétés peuvent favoriser l’émergence de nouveaux modèles de citoyenneté, de nouveaux modes de transmission et de partage des valeurs démocratiques.

D’autres recherches pourront à contrario étudier comment certains types de relation au patrimoine culturel contribuent au détournement de ces valeurs. Elles pourront encore analyser de manière critique les différentes interprétations du patrimoine dans des sociétés pluriculturelles aux identités multiples.

Domaine prioritaire 2 : Une gestion pérenne du patrimoine culturel

Ce deuxième domaine prioritaire porte sur la gestion durable du patrimoine culturel en faisant du public un acteur associé aux prises de décision. Il s’agit d’élaborer des stratégies permettant de placer le patrimoine culturel au cœur des politiques publiques mais également de développer de nouvelles méthodes et technologies pour la conservation des biens culturels.

Domaine prioritaire 3 : Le patrimoine culturel dans un contexte changeant

Dans tous les pays européens le patrimoine est confronté à l’évolution rapide des contextes physique, démographique, social, environnemental, économique, politique et culturel. Il s’agira par exemple d’étudier l’impact sur les paysages culturels de phénomènes tels que l’agriculture extensive, la déforestation, la construction de grandes d’infrastructures, la surpopulation ou la désertification de certains territoires.

Domaine prioritaire 4 : Le patrimoine culturel face aux changements climatiques et environnementaux

Il s’agit ici de faire face au changement climatique et à son impact de plus en plus important sur le patrimoine culturel et naturel. Il s’agit notamment de montrer que le patrimoine est une ressource pour le développement durable et qu’il peut contribuer à la lutte contre le changement climatique. D’autre part, de nouvelles stratégies de conservation et de restauration respectueuses de l’environnement doivent être imaginés. Cela peut passer par exemple par la revitalisation de savoir-faire traditionnels.

Grâce à l’action de la JPI-CH, ces quatre grandes priorités de la recherche en sciences du patrimoine sont désormais largement partagées au niveau européen et influencent positivement les politiques nationales de recherche en les faisant converger. Elles vont guider à moyen et à long terme la JPI-CH et ses partenaires dans leurs nombreuses actions en faveur de la recherche.
 

Heritage research hub : une plateforme pour et sur la communauté de recherche du patrimoine culturel

Le Heritage Research Hub est une plateforme collaborative gratuite géré par l'Initiative de programmation conjointe sur le patrimoine culturel (JPI CH).

La plateforme a pour objectifs de :

• présenter la JPI-CH et de mettre à jour son actualité et ses activités ;
• permettre aux différents acteurs du patrimoine de partager et de chercher différents types de contenus, y compris des actualités, des événements, des opportunités de financement et de formation ;
• informer sur le contexte général de la recherche en sciences du patrimoine en présentant les politiques de recherche, les différents acteurs impliqués ou les projets de recherche associés ;
• rassembler et diffuser des ressources en ligne sur et pour la recherche sur le patrimoine culturel.

European Research Infrastructure for Heritage Science - E-RIHS : Une approche européenne de la recherche sur le patrimoine.

E-RIHS est une infrastructure de recherche dédiée à l’étude des matériaux du patrimoine culturel et naturel. Elle cherche à répondre aux problèmes que posent la connaissance et la conservation des matériaux du patrimoine (collections des musées et muséums, ensembles monumentaux, sites archéologiques, fonds d’archives, de bibliothèques, etc.).

Pour ce faire, elle met en place un accès international à des technologies de pointe et à des archives scientifiques, ainsi qu’aux méthodes associées. Elle favorise également les projets s’inscrivant dans un temps long (au moins trois ans), nécessitant des accès multiples, et impliquant des équipes pluridisciplinaires.

Au niveau européen, l’infrastructure est entrée dans sa phase préparatoire en février 2017 (projet européen E-RIHS PP). Sa création d’un point de vue juridique est prévue pour 2023. Au niveau français, différents partenaires se sont engagés à œuvrer conjointement pour, en parallèle, mettre en place l’infrastructure E-RIHS France.

L’infrastructure a cinq principaux champs d’actions.

1. Donner accès à des équipements et à une expertise de pointe, en développant et en facilitant les accès à différentes plateformes :

• FIXLAB : accès à des équipements fixes permettant des analyses synchrotron, par faisceaux d’ion, lasers, etc.
• MOLAB : accès à des équipements mobiles destinés à étudier les matériaux in situ
• ARCHLAB : accès au réseau d’archives scientifiques de musées et d’institutions culturelles
• DIGILAB : accès à une infrastructure numérique pour le traitement des données quantitatives, mettant en œuvre une politique sur la (ré)-utilisation des données, sur le choix des formats de données, etc.
• EXPERTLAB : panels d’experts se déplaçant sur le terrain pour l’initiation de projets d’étude portant sur des biens patrimoniaux et intégrant une expertise pluridisciplinaire
   

2. Développer des méthodes prenant en compte les propriétés générales des matériaux anciens. Ces développements comportent plusieurs volets :

• créer de nouveaux outils ;
• réaliser des développements instrumentaux ;
• progresser sur le traitement des données, aussi bien quantitatives que qualitatives ;
• constituer des entrepôts interopérables permettant l’utilisation et la réutilisation des données.
   

3. Développer des formations favorisant un meilleur accès aux services de l’infrastructure
 

4. Renforcer les collaborations internationales
 

5. Mettre en place toutes les opérations de structuration et de communication permettant l’animation de la communauté E-RIHS France
 

En 2016, la France s’est dotée  d’un « nœud national » appelé E-RIHS.fr, avec la volonté de saisir l’opportunité de ce projet européen pour structurer une communauté hexagonale des futurs fournisseurs d’accès, c’est-à-dire des laboratoires susceptibles de réaliser des analyses de haut niveau, mais aussi une communauté dite des « utilisateurs », professionnels du patrimoine, conservateurs, archéologues, paléontologues, etc.

Horizon Europe : un soutien de la commission européenne aux projets de recherche culturelle

Horizon Europe est un programme-cadre de l'Union européenne pour la recherche et l'innovation.

La recherche et l'innovation étant une priorité  européenne, Horizon Europe a pour objectif de les ancrer plus profondément en mettant l'accent sur une science ouverte et un accès aux résultats et aux données des recherches.

Ce nouveau programme de recherche et d'innovation de l'UE est prévu pour une période de sept ans : allant de 2021 à 2027. Il disposera d'un budget d'environ 95,5 milliards d'euros, ce qui en fait le programme de recherche et d'innovation le plus ambitieux au monde.

Les objectifs généraux du programme Horizon Europe consistent à :

• renforcer les bases scientifiques et technologiques de l'UE ;
• stimuler sa compétitivité, y compris celle de son industrie ;
• concrétiser les priorités politiques stratégiques de l'Union ;
• contribuer à répondre aux problématiques mondiales, dont les objectifs de développement durable.

Ce projet culturel possède dans le programme cadre un domaine d'intervention spécifique à l'intérieur du cluster 2. «Culture, créativité et société inclusive» dans le pilier 2. «Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne» du programme.

Le patrimoine culturel est un domaine important et stratégique de la recherche et de l'innovation européenne. La conservation, la sauvegarde, la restauration, l'interprétation et l'exploitation de tout le potentiel de notre patrimoine culturel, et l'accès à ce dernier, constituent des défis majeurs à l'heure actuelle ainsi que pour les générations futures.

En effet, le riche patrimoine culturel de l'Europe reflète notre passé, façonne notre présent et construit notre avenir. Une meilleure compréhension de notre patrimoine culturel et de la manière dont il est perçu et interprété est essentielle pour créer une société ouverte à tous en Europe comme dans le monde.

Le patrimoine culturel  est également une force motrice des économies européenne, nationales, régionales et locales et une puissante source d'inspiration pour les industries créatives et culturelles. Il peut aussi constituer un vecteur de diplomatie culturelle et un facteur d'identité et de cohésion culturelle et sociale.

Hors, l'action commune de recherche et d'innovation (R&I) de l’Europe pour protéger, conserver, restaurer et réparer son important patrimoine culturel, promouvoir son utilisation et créer une prise de conscience plus large, a encore une portée et un impact trop limité. La production culturelle européenne (en particulier cinématographique et musicale) est également en retard en termes de compétitivité internationale malgré sa qualité et sa quantité élevée.

A cela s'ajoute un patrimoine culturel matériel et immatériel européen de plus en plus confronté à un certain nombre de défis :  le changement climatique, la pollution, les catastrophes naturelles ou d'origine humaine, le pillage et le trafic illicite, le manque de financement ou une valorisation insuffisante...

La recherche et l'innovation dans le domaine des sciences sociales, des sciences humaines et des arts, ainsi que dans les secteurs de la culture et de la création, jouent un rôle fondamental pour relever ces défis et atteindre les objectifs de l'U.E.

Celle-ci doit promouvoir le développement d'un modèle de croissance inclusive et durable tout en exploitant les avantages des avancées technologiques, en favorisant l'éducation, en luttant contre les inégalités, la discrimination, en préservant les droits de l'homme, en promouvant la diversité culturelle et le patrimoine culturel européen ainsi qu'en donnant aux citoyens les moyens d'agir grâce à l'innovation sociale…

Le programme Horizon Europe prévoit donc que les activités européennes de Recherche et d’Innovation puisses apporter une contribution importante dans tous ces domaines en renforçant les connaissances et l’expertise communes. Elles viseront à surveiller, sauvegarder et transmettre le patrimoine culturel en promouvant la diversité culturelle et en favorisant des méthodes scientifiques durables.

Comme c'était le cas pour le précédent programme, les activités d'Horizon Europe seront réalisées par le biais d'appels à propositions ouverts et concurrentiels. Découvrir les appels.