1.Patrimoine de la traite négrière et de l'esclavage - Présentation
Présentation de l'action transversale pluriannuelle
Cette opération transversale est conduite par le Département du pilotage de la recherche et de la politique scientifique, et elle s’applique à l’ensemble des services patrimoniaux du ministère de la Culture et de la Communication.
Il s’agit d’amener les professionnels des différents domaines (archéologie, architecture, archives, inventaire, monuments historiques, musées, patrimoine immatériel) à collaborer sur une thématique commune, en mettant l'accent sur des champs de recherche délaissés ou plus rarement ciblés par les actions patrimoniales.
Cette opération répond également aux demandes formulées par le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CPMHE) et aux attentes du monde associatif, porte-parole de populations souhaitant que soit brisé le silence sur l’esclavage au sein des histoires nationales, tant celle de la France, que celle des autres pays concernés.
Loi mémorielle, la loi Taubira a favorisé le développement des études et de la recherche historique. A la marginalité des recherches sur la traite et l’esclavage s’est donc substitué un intérêt croissant pour l’étude de ce domaine qui a ressurgi dans le contexte de la dernière décennie.
De nombreux travaux d’historiens éclairent désormais ce sujet d’un jour nouveau et contribuent à lui donner sa juste place dans l’histoire nationale. Dans ce débat entre mémoire et histoire, il appartient aux différents domaines du patrimoine d’investir ce champ d’étude afin d’alimenter la réflexion et la recherche par l’apport de sources diversifiées et de ressources documentaires inédites.
La confrontation ou la combinaison des éléments de patrimoine relevant de différents domaines nourrit la multiplicité des approches, autorise l’élargissement de la définition même des sources relatives à l’histoire de l’esclavage et enrichit la recherche. La perspective d’échanges croisés entre l’objet mémoriel, le champ historique et la sphère patrimoniale permet ainsi d’analyser des dynamiques sociales et économiques, d’identifier des problématiques pertinentes, et d’engager de nouvelles pistes de recherche.
Le Guide des sources de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, réalisé par la direction des Archives de France en association avec les services d'archives des ministères des Affaires étrangères et de la Défense, et ceux des chambres de commerce des grandes villes portuaires, recense ainsi l'ensemble des fonds d'archives disponibles, tant publics que privés du XVIIe siècle à 1848.
L’apport de l’archéologie funéraire alimente la connaissance des conditions de vie des esclaves, par les fouilles des cimetières d’esclaves et permet d’élaborer une cartographie des quartiers d’esclaves. Des opérations en archéologie coloniale pratiquées par exemple sur l’Habitation de Loyola en Guyane autant que les études menées par les monuments historiques et les services de l’inventaire, comme celles sur l’Habitation Beauséjour en Martinique, améliorent la connaissance de cet univers.
Dans les musées, les problématiques de représentation mises en lumière par la création contemporaine ou des œuvres telles que « Le portrait d’une femme noire » de Marie-Guillemine Benoist (1800), conservé au Louvre, ouvrent le champ des études iconographiques et légitime la poursuite d'un inventaire dans les collections nationales et régionales. Le patrimoine oral, la transmission de pratiques musicales et dansées et les productions filmographiques témoignent eux, de la grande part immatérielle du patrimoine lié à l’histoire de la Traite négrière et de l’esclavage.
L’action transversale sur « Les patrimoines de la Traite négrière et de l’esclavage » aborde l’espace transatlantique, mais aussi l’Afrique, l’océan indien et l’Europe.
Les contextes différents de traite et de structures esclavagistes que sont la traite orientale et l’esclavage en Afrique australe, dans la région du Cap, présentent des caractères qu’il est intéressant de mettre en perspective. Il s’agit par ailleurs de contribuer à corriger les fausses représentations, de s’interroger sur les enjeux politiques de la patrimonialisation et du tourisme culturel et d’analyser les tentations de relecture et de réinvention du passé.
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