3.Définition du PCI pour les musées
Les catégories thématiques
Au plan thématique, la Convention de 2003 porte sur les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers, et les savoir-faire de l’artisanat traditionnel. Le texte embrasse aussi « les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés » (art. 2 Définitions).
Au sein des musées (enquête 2018), le PCI est défini par :
- les savoir-faire artisanaux (85,7% des réponses) ;
- pratiques artisanales (76,5%) ;
- les arts et traditions populaires (77,5%) ;
- les expressions orales (73,5%) ;
- les pratiques festives (66,3%) ;
- les arts du spectacle (36,7%) ;
- les musiques actuelles (32,6%).
Mais les réponses renvoient aussi à des notions non évoquées par la Convention Unesco : la mémoire (85%), les archives orales (75,5%) ou encore les archives numériques (22,5%). Le folklore (63,3%), qui a longtemps documenté les traditions ancrées, est aussi massivement cité, alors que le PCI propose un champ de réflexion plus large, stimulé et dynamisé par les transformations dues à l’adaptation à la vie contemporaine et au dialogue culturel.
Immatériel / Matériel
Depuis 2003, les cinq typologies (pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire) qualifiées d’immatérielles par l’Unesco ont été mises à l’épreuve de la discipline ethnologique et des questionnements épistémologiques et pratiques posés par la séparation artificiellement induite entre les dimensions matérielle et immatérielle. Parmi les musées (enquête 2008), certains trouvent la définition de l’Unesco peu claire : ils s’interrogent sur ce qui différencie le contexte des objets ethnographiques et le domaine propre au patrimoine immatériel, récusent la trop grande présence de l’immatériel et le flou introduit par la notion de PCI au sein des collections.
En exposant dans le même texte les pratiques et les instruments associés, la Convention amène à ré-articuler le matériel (bâti, outils, objets, etc.) et l’immatériel (gestes, savoirs, tours de main, art, rituels, discours, transmission, etc.). Les champs des savoir-faire techniques de l’artisanat traditionnel, sujet classique de la technologie culturelle (élevage, pêche, tissage, bâti, facture instrumentale, etc.), sont naturellement plus propices à cette convergence : techniques liées à des matériaux spécifiques (bois, verre, métal, cuir et végétal, etc.), techniques agricoles ou du bâti, savoir-faire du goût, pratiques maritimes et halieutiques, artistiques, textiles et vestimentaires, etc.
Cette présence des objets, dans un instrument portant sur le PCI, a été relevée déjà comme inévitable :
« L’antinomie fondatrice, revendiquée d’ailleurs comme un véritable outil heuristique, consiste, alors, dans l’exigence de raccorder cette logique symbolique à des indices concrets ou à des traces matérielles, qui puissent simultanément figer, conserver, rendre explicite et transmissible la fluidité " immatérielle " des biens identifiés comme patrimoine de l’humanité. » (Ciarcia, 2006 : 5).
La fiche-type pour l’inventaire du PCI en France prévoit un champ pour décrire les « éléments matériels liés à la pratique » : patrimoine bâti ; objets, outils, matériaux supports (partie I.7.). Les éléments matériels ainsi pris en compte y sont les corrélats d’une action individuelle et collective, qui replace dans un contexte particulier le geste qui anime l’objet et la chaîne opératoire qui lui donne son sens : Qui sont ses producteurs ? Comment sont-ils organisés ? Quelle représentation se font-ils de leurs savoir-faire ? Quelle conscience ont-ils de sa fragilité ? Quel sens donnent-ils à sa transmission ?
Les critères d’éligibilité au PCI
Les rapports annuels d’activités du Comité intergouvernemental de sauvegarde du PCI établissent les critères de définition des pratiques culturelles immatérielles selon l’Unesco :
- vivantes, non figées et constamment recréées par les communautés ;
- transmises de génération en génération ;
- propices au développement durable ;
- conformes aux instruments internationaux sur les droits de l’homme ;
- favorables à la diversité culturelle, au dialogue et au respect mutuel ;
- étrangères à toute notion de conflit, de guerre ou de violence, entre êtres humains et entre êtres humains et animaux.
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