9.Colloque : Regards croisés sur les processus de transmission des musiques traditionnelles de la francophonie
S’interroger sur les processus de transmission des musiques traditionnelles de la francophonie n’est pas sans soulever de nombreuses questions. Du passage de savoirs conduits sur la chaine des générations à ceux portés par un corps enseignant institutionnalisé, le transmetteur et son acte sont au cœur des préoccupations : qui transmet ? que transmettre ? comment ? pourquoi ? Il importe alors de repenser les contextes propres à ces musiques mais aussi d’envisager les spécificités musicales, fonctionnelles, symboliques… du matériau afin de comprendre au mieux leur positionnement au regard des processus de transmission des répertoires dit savants de l’Occident ; ces derniers étant posés en vis-à-vis dans la question de l’institutionnalisation de l’enseignement et de l’accès aux formations professionnalisantes.
Cette approche conduit à ne pas négliger la dimension politique : de leur manipulation à des fins propagandistes à leur valorisation dans les élans socialistes, ces musiques ont, tour à tour, suscité profond rejet et fascination démesurée. Aussi, il est nécessaire de cerner l’étendue de cette gamme d’élans afin d’approcher en quoi et comment les musiques traditionnelles peuvent répondre aux préoccupations musicales mais aussi sociétales actuelles. Dès lors, comment aborder le rapport à l’institutionnalisation qu’il soit pour favoriser le rapprochement ou, à l’inverse, pour maintenir une forme de distanciation ?
Si le transmetteur occupe une place centrale dans les processus de transmission, la façon dont il assume son acte ne peut être dissociée de choix revendiqués : d’un répertoire à redonner sur un plan technique à un contenu plus porteur de sens, d’une volonté de copier la source à une forme d’émancipation en vue d’une démarche créative, l’acte de transmission peut, également, se penser en réelle prise de position sociale.
C’est alors toute la question de la relation aux sources qui se doit, également, d’être posée. De « l’homme-source » à l’archive sonore livrée sur le Net, le passage n’est pas sans conséquences tant ces autres supports de tradition sont devenues indissociables de l’acte de transmission. Il s’agit alors d’examiner la place et le rôle de ces supports.
Quand au vocable de francophonie utilisé dans l’intitulé, il ne doit pas être compris dans une acception stricte ni excluante : il n’a d’autre ambition que celle d’interpeller avec souplesse les espaces hors Hexagone (Canada francophone, Louisiane, Antilles) où, en lien avec les mouvements d’hommes, nos répertoires de musiques traditionnelles trouvent un écho direct.
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