Le patrimoine, ça déménage !, 2013
3ème journées professionnelles de la conservation-restauration les 14 et 15 mai 2013, Auditorium de la Cité de l'architecture et du patrimoine. Manifestation organisée par la Direction générale des patrimoines, ministère de la Culture et de la Communication en partenariat avec la Cité de l'architecture et du patrimoine.
Accueil, Allocution
Guy Amsellem, Président de la Cité de l'architecture et du patrimoine ; Bertrand-Pierre Galey, Directeur, adjoint au directeur général des patrimoines, chargé de l’architecture ; Pascal Liévaux, Chef du département de la politique scientifique et du pilotage de la recherche, Direction générale des patrimoines.
Introduction générale
Marie-Dominique Parchas, Bureau des traitements et de la conservation, Service interministériel des archives de France, Direction générale des patrimoines.
Emménager dans un nouveau bâtiment
Présidence : Mireille Grubert, directrice du Centre des hautes études de Chaillot, Cité de l'architecture et du patrimoine.
Intervenant : Agnès Magnien, directrice des Archives nationales : 1986-1990 : Ecole nationale des chartes, diplôme d'archiviste paléographe. Thèse sur « les frères Keller, fondeurs de canons et de statues sous Louis XIV »- 1990-1994 : Archives nationales, section des missions : en charge des relations avec les grands corps de l'Etat, les établissements publics, les ministères de l'environnement et des PTT, chargée de la Mission des Archives nationales auprès des ministères sociaux, - 1994-1999 : Directrice des Archives départementales de la Seine-Saint-Denis, conservateur des antiquités et objets d'art - 2000-2008 : Directrice générale adjointe des services départementaux de la Seine-Saint-Denis, en charge des collèges, de la culture, de la jeunesse, du sport, des crèches départementales et des archives.- 2008-2010 : Direction des archives de France, chef du bureau des missions. - 2011- : Directrice des Archives nationales.
Résumé de l'intervention : Installées depuis deux siècles dans le quartier du Marais à Paris, bénéficiant d'une nouvelle implantation à la fin des années 1960 en forêt de Fontainebleau, les Archives nationales sont néanmoins saturées depuis les années 1990.
En 2001 le Gouvernement décide de créer un troisième site dont l'implantation est décidée sur la commune de Pierrefitte-sur-Seine en 2004. S'ouvre alors pour les Archives nationales une période de longue refondation et de transformation : nouveau système d'informatisation, dématérialisation des instruments de recherche, nouveau projet scientifique, culturel et éducatif, nouvelle organisation, enfin, chantier des fonds devant préparer le déménagement des archives en fonction de la répartition des 300 kilomètres linéaires d'archives entre les trois sites.
Le déménagement des archives, d'une ampleur sans précédent (200 kilomètres linéaires d'archives, soit 66% des fonds conservés par les Archives nationales, à redéployer en 18 mois) est le résultat de cinq années de préparation. Préparation matérielle (chantiers des fonds : récolement, code-barrage, reconditionnement, développement d'un système d'information propre), préparation intellectuelle dans le choix de répartition des fonds. Ont été pour cela pris en compte plusieurs données et principes : le respect des fonds conservés, les critères chronologiques et typologiques, les attentes des lecteurs, la disponibilité des espaces de stockage et leurs caractéristiques, la fréquence des communications des fonds tant en salle de lecture qu'auprès des administrations versantes.
Le prestataire choisi selon un cahier des charges très exigeant respectant la fragilité des documents comme les contraintes des lieux, le bâtiment de Pierrefitte-sur-Seine une fois livré aux Archives nationales en mai 2012, le déménagement a pu être lancé. Par « chaînes de déménagement » qui regroupent des données intellectuelles et matérielles, les archives sont donc prélevées, « tracées », transportées, réinstallées et enregistrées en temps réel dans le système informatique de suivi. Mieux, elles ne restent inaccessibles que quelques semaines afin de ne pas pénaliser les lecteurs ou rompre la continuité de la communication. Mieux encore, pendant toute la durée du déménagement les nouveaux versements provenant des administrations sont accueillis, et, le 21 janvier 2013, la salle de lecture de Pierrefitte-sur-Seine a ouvert au public, le site accueillant déjà la moitié des fonds d'archives lui étant destinés.
De nombreux défis donc : gestion de la conservation, de la sécurité, de la traçabilité, de la co-activité d'une part, reconstitution de chaînes thématiques, prise en main d'un nouveau site, de « nouveaux » fonds d'archives d'autre part. Une aventure exceptionnelle où toutes les compétences de l'institution sont requises et mobilisées, une aventure qui en entraîne d'autres : faire vivre chacun des trois sites des Archives nationales une fois le déménagement achevé.
Redéploiement du musée Baron Gérard au sein de l’ancien palais des évêques de Bayeux (Calvados)
Antoine Verney, conservateur en chef des musées de Bayeux.
Intervenant : Ancien élève de l’Ecole du Louvre, titulaire d’un diplôme de 3e cycle de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne (Ethnologie-archéologie) - Conservateur territorial du patrimoine issu de la 3e promotion (1990) de l’Ecole du Patrimoine. - Depuis 1991, Conservateur en chef assumant la direction de « Bayeux museum », marque regroupant les trois musées gérés par la ville de Bayeux : La Tapisserie de Bayeux (Mémoire du monde de l’Unesco), Musée d’art et d’histoire Baron Gérard (MAHB), Le Musée mémorial de la Bataille de Normandie.
Résumé de l'intervention : Le 23 mars 2013 a ouvert le musée d’art et d’histoire Baron Gérard (MAHB). Douze années de travail, quatre ans de travaux et 9,5 millions d’euros auront été nécessaires pour permettre le redéploiement complet du musée au sein de l’ancien palais épiscopal de Bayeux.
Il s’agit de l’aboutissement d’un projet qui a eu une triple ambition : assurer la restauration fondamentale de l’édifice, doter l’établissement des conditions optimales en matière de conservation préventive et renouveler l’approche des collections.
La scénographie intègre près de 5 000 œuvres sélectionnées parmi les 35 000 que comptent les inventaires. Elle se déploie en 14 séquences sur plus de 1 700 m², de la préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine. S’y associent 800 m² de locaux administratifs et techniques, parmi lesquels cinq espaces de réserves répartis au sein de l’édifice. L’une des grandes réussites de l’équipe lauréate du concours de maîtrise d’œuvre (cabinet d'architectes Millet et Chilou, en association avec le cabinet Le Conte et Noirot pour la scénographie) a été la réponse apportée aux deux principales orientations émanant du programme. La première consistait à mettre en adéquation la valeur patrimoniale des volumes intérieurs de la résidence épiscopale avec les étapes clefs d’un parcours muséographique résolument chronologique, la seconde à faire abstraction des divers champs traditionnels de classification dont relèvent les collections : archéologie, beaux-arts (peinture, sculpture, art graphique), arts appliqués (dentelle et porcelaine de Bayeux), histoire naturelle, ethnographie.... L’une des contraintes majeures imposées à l’équipe scientifique pour la mise en œuvre du projet aura été le transfert complet des activités du musée dans un autre édifice pendant toute la durée de l’opération entre 2001 et 2013 (de la phase d’étude, jusqu’à la phase de livraison du bâtiment aux entreprises de scénographie). Durant cette période, outre l’élaboration et le suivi de la réalisation du programme muséographique, elle a ainsi eu à gérer, à deux reprises, le mouvement de la totalité des œuvres de toutes natures qui composent les collections et de la documentation qui leur est associée. Pour accompagner le premier transfert a été élaboré un vaste plan préalable de récolement physique associé à des constats d’état sommaires réalisés par une équipe de restaurateurs. Cette démarche initiée dans le cadre de l’élaboration du chantier des collections a eu pour objectif de définir les protocoles de conditionnement et de conservation des collections dans la structure d’accueil transitoire.
Ce travail s’est accompagné de l’informatisation des inventaires augmentée d’une base de données documentaires. Conçue sous une forme classique, elle a été développée en interne, l’objectif étant de permettre tout au long de l’opération d’intégrer de nouveaux champs dédiés aux interfaces avec les entreprises extérieures (restaurateur, agenceur, socleur, encadreur, transporteur, graphiste…). Le retour des collections au sein du nouveau musée étant en voie d’achèvement, nous pouvons affirmer que la stratégie adoptée a constitué un élément efficient en matière de programmation et de suivi de gestion. Celle-ci est certes étroitement liée aux contraintes propres au projet du MAHB, mais peut être aisément adaptée. Aussi, il nous semblait utile de pouvoir faire bénéficier le plus grand nombre de cette expérience.
Paris-Marseille, le transfert des collections du MuCEM
Bruno Suzzarelli, directeur du MuCEM.
Intervenant : Bruno Suzzarelli est président de l’établissement public du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) depuis sa création en mars 2013. Il avait auparavant, depuis 2009, dirigé l’association de préfiguration du musée qui doit ouvrir à Marseille en juin 2013 et avait, parallèlement, assumé la direction du Service à compétence nationale du MuCEM dans la phase la plus active du chantier des collections et de la préparation de leur transfert vers Marseille. Ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, il a effectué la plus grande partie de sa carrière au ministère de la Culture, tant à la direction des musées de France qu’à la délégation aux Arts plastiques et a été, de 1998 à 2001, directeur général de l’Union centrale des Arts décoratifs. Il a été ensuite nommé directeur de l’Administration générale du ministère, avant de rejoindre l’Inspection générale des Affaires culturelles de 2004 à 2009.
Résumé de l'intervention : En juin 2012, le MuCEM a choisi d'externaliser ses chantiers des collections afin de préparer dans les meilleures conditions possibles le déménagement de l'intégralité de ses fonds de Paris à Marseille. Progressivement, les 250 000 objets, 130 000 estampes, dessins, affiches, audio visuelles sont référencés, récoltés, pointés, dépoussiérés et photographiés, le cas échéant, et conditionnés avant leur départ. Pendant plus de deux ans et demi, 60 agents extérieurs vont travailler à côté des équipes du musée pour préparer ce déménagement de grande ampleur. Les procédures mises en place dépassent la seule logique de chantier des collections pour prendre en compte le transfert et adapter les méthodes de travail à cet objectif.
Depuis septembre 2012, quelques jours après la réception par le MuCEM de son nouveau centre de conservation et de ressources (CCR), les premiers convois quittent Paris, 140 semi-remorques sont prévus sur une durée de 10 mois. Débute en parallèle un nouveau chantier, celui du redéploiement des collections dans les nouvelles réserves, qui doit se poursuivre jusqu'en juillet 2014
Déménagement, transfert et installation des collections dans le cadre de l'ouverture du Musée de la Grande Guerre à Meaux (Seine-et-Marne)
Johanne Berlemont, attachée de conservation, régisseur des collections.
Intervenant : Johanne Berlemont est titulaire d'un DEA d'Histoire (Lille 3 – 1999). Elle a travaillé pendant 6 ans comme déléguée à la Mémoire Combattante au sein de l'Office National des Anciens Combattants.
En 2007, elle intègre l'équipe en charge de la réalisation du Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux. Elle a suivi les différentes phases du projet : inventaire et gestion des collections, définition du discours en lien avec le conseil scientifique, programmation muséographique, mise en œuvre et le suivi du chantier des collections, suivi des études muséographiques.
Elle est aujourd'hui responsable du service de la conservation du Musée de la Grande Guerre.
Résumé de l'intervention : Le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux a ouvert ses portes au public le 11 novembre 2011 après construction d'un bâtiment neuf. La construction a duré 18 mois. Il se déploie aujourd'hui sur une superficie de 7 000 m² dont 300 m² consacrés aux expositions permanentes et temporaires.
Le projet scientifique du musée est de proposer une nouvelle approche du conflit au travers de la mise en regard de la bataille de la Marne de 1914, qui rappelle la guerre de 1870 et de la bataille de la Marne de 1918 qui impose les avancées techniques et technologiques que l'on retrouvera dans tous les conflits du XXe siècle.
Les collections du musée, acquises en 2006 par la collectivité, sont réparties en trois catégories : textiles (uniformes, accessoires textile, drapeaux), objets 3D ethnographiques (objets divers du quotidien, pièces d'équipements, cuirs, coiffes, armes...) et collections 2D (peintures, affiches, estampes, dessins, photographies et imprimés).
Les collections étaient stockées dans des locaux temporaires en périphérie de Meaux. Ces locaux comprenaient réserves et bureaux administratifs.
De nombreux dépôts d'autres institutions ou de musées (Fondation Berliet à Lyon, Musée de l'Armée à Paris, Mémorial de Verdun, Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget...) complètent et enrichissent le discours : pièces d'artillerie, camions, avions, maquettes, tableaux de grands formats...
Le transfert des collections vers le bâtiment neuf s'est déroulé en deux temps :
1/ Septembre – Octobre 2011 : arrivée, installation et stockage des collections dans le parcours permanente
2/ Mars 2012 : déménagement des collections non exposées dans les réserves in situ du musée
L'intervention entend exposer, après un rappel de l'historique du projet, les problématiques rencontrées, les solutions adoptées lors du déplacement, de l'arrivée et de l'installation de ces collections dans le parcours permanent de l'exposition.
Débat - Allocution de Bertrand-Pierre Galey, Directeur, adjoint au directeur général des patrimoines, chargé de l'architecture
Réemménager in situ après travaux
Présidence : Isabelle Pallot-Frossard, directrice du Laboratoire de recherche des monuments historiques.
De la protection des œuvres au chantier des collections in situ : l’expérience du château de Champs-sur- Marne
Agnoko-Michelle Gunn, chef du service conservation-restauration au Centre des monuments nationaux.
Intervenant : Originaire du Togo, Agnoko-Michelle Gunn a débuté sa vie professionnelle comme professeur de sciences physiques en Côte d’Ivoire. Après une thèse de doctorat en chimie sur l’utilisation des métaux carbonylés comme marqueurs de substances biologiques à des fins de dosage en 1992, elle rejoint le Centre de recherche des musées de France en 1996 puis, en 2001, le chantier du musée du quai Branly comme responsable de l’unité anoxie. Après l’ouverture du musée, en juin 2006, elle est chargée d’expertise chimique et biologique et des analyses physicochimiques. Elle s’occupe en même temps de la conservation préventive dans les domaines de l’éclairage, du climat et des infestations. En 2009 elle intègre, au Centre des monuments nationaux, la nouvelle direction scientifique, comme chef du service conservation et restauration au sein du département de la conservation des collections.
Résumé de l'intervention : Le château de Champs-sur-Marne est fermé depuis 2006 suite à l'effondrement d’un plafond fragilisé par un champignon lignivore.
Après plusieurs années de fermeture, afin de redonner la possibilité au public de profiter du château et de ses collections, le Centre des monuments nationaux a entrepris des travaux sur le bâtiment et a élaboré un projet de présentation des collections constituées par les Cahen d’Anvers, derniers propriétaires du château (19ème et début 20ème siècles), selon l’inventaire dressé au moment de la donation du monument à l’Etat en 1935. Pour des raisons de budget, le choix d’un stockage de la collection in situ, a été privilégié par rapport à un stockage externe. Cela concerne quelques 3 000 biens culturels constitués de mobilier, d’objets d’art, de peintures, dont certains sont d’une rareté et d’une qualité insignes. Des protections par emballage et coffrage ont été mises en œuvre par une équipe de transporteurs. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux les collections ont dû être déplacées de pièce en pièce et d’étage en étage par le personnel du château et le département des collections parfois aidés de manutentionnaires.
C’est dans ce contexte qu’un chantier des collections a débuté mi-janvier 2013 pour une ouverture du château au public fin juin 2013. Le délai de 6 mois étant très court pour une opération de cette envergure, un planning des opérations est élaboré de façon rigoureuse. Celui-ci ne laisse aucune marge de manœuvre.
De même, la réinstallation des collections après la mise hors poussière des décors s’avère délicat à cause de la multitude d’opérations à mettre en œuvre en flux tendu, tâche qui demande une parfaite communication entre les différents corps de métier et les différentes directions du CMN, une planification et une cohérence rigoureuses de toutes les opérations.
Rénover un musée : tout comme Pénélope
Hélène Moulin-Stanislas, conservateur, directrice du Musée des beaux-arts de Valence.
Renouveau de l'Herbier du Muséum : déménagement, reconditionnement et nouvelle installation dans le même bâtiment
Odile Poncy, botaniste, coordinatrice du projet rénovation de l'Herbier, Muséum national d'histoire naturelle, Direction des Collections.
Intervenant : Docteur en botanique tropicale, spécialiste de Légumineuses arborescentes de la forêt guyanaise, a réalisé de nombreuses missions de prospection et d’inventaire botanique en Guyane et dans plusieurs autres régions tropicales. Membre de l’équipe des chargés de conservation de collections à l’Herbier du Muséum national d'histoire naturelle. Les sept dernières années ont été consacrées au projet de rénovation de l’Herbie.
Résumé de l'intervention : Le projet d’entreprendre une rénovation en profondeur de l’Herbier du Muséum remonte au début des années 2000, le bâtiment qui l’héberge depuis 1935 ayant dès les années 1970 révélé ses insuffisances tant en espace disponible qu’en fonctionnalités. A cette époque, un projet de faire construire un nouveau bâtiment sur les terrains de l’arboretum de Chèvreloup ne s’est pas concrétisé. L’actuel projet a été conçu dès le départ comme une restructuration du bâtiment existant. La phase préparatoire a débuté en 2005 par une réflexion approfondie sur tous les sujets touchant à la conservation et à la gestion des collections, afin de fournir au futur maître d’œuvre les spécifications attendues en termes d’accroissement du volume pour ranger les collections, d’optimisation fonctionnelle des locaux, de conditions environnementales.
Le projet global consiste en trois opérations distinctes et complémentaires : des travaux de rénovation des locaux affectés à l’herbier et à la bibliothèque ; un chantier des collections d’herbiers ; la restructuration des collections documentaires. Les travaux proprement dits, conduits par la maîtrise d’œuvre désignée par le Musée national d'histoire naturelle début 2008, ont commencé mi-2009. Ils visaient pour l’essentiel à créer une grande bibliothèque et à rénover les espaces de conservation et de consultation des herbiers, en installant des meubles mobiles permettant de doubler le volume de rangement, dans des salles mises aux normes incendie et équipées pour le traitement de l’air, dans le respect des recommandations de l’Architecte en chef des monuments historiques. Le bâtiment restant occupé par les utilisateurs, le phasage a pris en compte leurs besoins ainsi que les exigences du chantier des collections.
Ce chantier a débuté dès 2008 avec le traitement de la fraction non intégrée des collections, un programme confié à la société Grahal qui a réalisé 1 million de nouvelles planches d’herbier et leur pré-classement. Cette opération s’est déroulée sur 4 ans, au sein du bâtiment dans un espace spécialement aménagé.
Au contraire, le reconditionnement et la numérisation en chaîne de la totalité des spécimens de plantes vasculaires (près de 6 millions de planches), a été externalisé sur un site aménagé par un second prestataire, OBS-France, sur une durée de 30 mois. Celui-ci a également réinstallé les spécimens dans les nouveaux mobiliers, au fur et à mesure de la mise à disposition des salles de collections rénovées. Les changements significatifs du système de classement de l’herbier général souhaités par les botanistes ont pu être réalisés.
Troisième partenaire important du dispositif, la société Chenue (filiale Monin) a assuré plus de 10 déménagements successifs, le stockage temporaire des herbiers et leur livraison régulière à OBS sur son site, ainsi que le déménagement et le stockage temporaire des collections documentaires.
Différentes opérations de catalogage des ouvrages, manuscrits et archives, dédoublonnage, ont été pratiquées afin de permettre un meilleur accès à cette importante bibliothèque de botanique. Enfin, la décision de compléter le projet par la création d’un espace muséographique ouvert au public a été prise courant 2012. La finalisation complète est attendue pour l’automne 2013.
Déménagement d'un dépôt archéologique et prise de conscience des enjeux de la conservation préventive en vue de la création d'un centre de conservation et d'études en Poitou-Charentes
Christine Redien-Lairé, ingénieur d'études au service régional de l 'archéologie de Poitou-Charentes, Responsable des collections archéologiques, des centres de conservation et d'études et des dépôts de la région Poitou-Charentes.
Résumé de l'intervention : Dans le cadre d’un schéma cohérent de stockage et de gestion scientifique du mobilier archéologique, la Direction régionale des affaires culturelles de Poitou-Charentes a mis en place une coordination régionale regroupant trois centres de conservation et d’études : Poitiers, Saintes et Angoulême, avec un maillage territorial intégrant les musées et les divers dépôts archéologiques. Ce schéma régional a pour objectif d’apporter des solutions aux problèmes rencontrés aujourd’hui en matière de traçabilité, de suivi de l'état sanitaire et du règlement du statut de propriété du mobilier archéologique.
Le dépôt de Poitiers (propriété de l'État) est un bâtiment de 1 041 m² organisé sur 8 niveaux et 15 salles où le stockage des 12 000 contenants occupait environ 600m2. Il a donc été nécessaire d'organiser un déménagement, mission impossible en l'état, car les collections n'étaient que vaguement identifiées, les conditionnements étaient divers et variés mais surtout inappropriés, les empilements de caisses étaient acrobatiques et le lapidaire encombrait les lieux de passage.
Un chantier des collections a donc été entrepris afin de régler les problèmes de reconditionnement, d'inventaire et de conservation préventive, il a été mené par la société Archéosphère durant 13 mois par 4 personnes. Deux lieux de stockage provisoires ont été identifiés dans un premier temps, l'un pour le lapidaire et les moulages de la grotte du Roc aux Sorciers d'Angles-sur-Anglin, l'autre pour les caisses de mobilier archéologique ; ce dernier n'étant pas très grand, nous avons dû optimiser le stockage ne laissant que quelques collections accessibles. Un troisième lieu a dû être trouvé en urgence, car si les moulages pouvaient être entreposés dans le local pour lapidaire, en revanche ils ne passaient pas la porte. Le déménagement a été effectué sur une durée de 2 mois. Au préalable, il a fallu prévenir nos partenaires de l'indisponibilité du mobilier archéologique pendant un minimum de deux ans, sélectionner les caisses devant rester accessibles durant les travaux et organiser les prêts sur du long terme pour les études déjà identifiées. Les opérateurs travaillant dans la région sont dans l’obligation de garder le mobilier issu des opérations du département de la Vienne, ce qui n'est pas sans poser des problèmes logistiques pour eux et des problèmes juridiques pour nous.
Il nous faut d'ores et déjà envisager le retour de ces collections dans les futurs locaux avec l'élaboration d'un plan d’aménagement.
Rénover tout en restant ouvert aux publics : le défi du quadrilatère Richelieu aujourd'hui
Julien Brault, coordonnateur programmation et Agathe Billois, chargée d’étude et de projet, Direction des collections/Projet Richelieu, Bibliothèque nationale de France.
Intervenant : Après une licence d’Histoire de l’art et un master professionnel Sciences de l’Information et Métiers de la Culture, spécialité Musées, Agathe Billois participe en 2009 au transfert des réserves externalisées du Département des Peintures du musée du Louvre. Puis de septembre 2010 à décembre 2011, elle est chargée du chantier des collections de la Photothèque du groupe Renault. En mars 2012, elle intègre l’équipe du Projet Richelieu de la BnF en tant que responsable des transferts de collections.
Julien Brault est conservateur de bibliothèque. Il a rejoint l’équipe du Projet Richelieu à la Direction des collections de la BnF en 2007 en qualité de coordonnateur programmation ; il est responsable notamment de l’ensemble des dossiers relatifs à l’accueil des lecteurs et à la modernisation des services au public. Il est, depuis le 1er mars 2013, adjoint par intérim au chef du Projet Richelieu.
Résumé de l'intervention : Le projet de rénovation du berceau de la Bibliothèque nationale de France est l’un des principaux projets immobiliers du ministère de la Culture et de la Communication. Entré dans sa phase active depuis 2007 avec la désignation de l’architecte Bruno Gaudin, il permettra aux six départements du site Richelieu de la BnF (Manuscrits, Arts du spectacle, Cartes et Plans, Estampes et photographie, Monnaies, Médailles et antiques, Musique) de redéployer leurs collections et leurs services dans des espaces rénovés et modernisés, ouverts à un plus large public. Avec l’installation complète de la bibliothèque de l’Institut National d’Histoire de l’Art et celle de l’Ecole nationale des Chartes, ce projet va permettre l’émergence d’un pôle scientifique de premier ordre.
Pour cela, il faut préparer les 20 millions de documents à déménager. Cela passe notamment par la mise en place de chantiers de conditionnement et de restauration, mais également par le recensement précis de tous les fonds. Il faut également concevoir les chaînes de transferts et travailler à l’implantation fine de toutes les collections. A la différence du grand déménagement des 12 millions d’imprimés vers le site François-Mitterrand en 1996, où il avait fallu mettre en place une méthodologie industrielle, le projet Richelieu implique, par la variété et la préciosité des collections concernées, la mise en place d’une multitude de chaînes de transferts spécifiques à chaque type de collections.
Mais la BnF s’est aussi fixée un autre défi, celui de continuer pendant toute la durée des travaux à accueillir le public et à communiquer l’intégralité de ses collections. Il faut cohabiter avec le chantier, mettre en place des outils informatiques et des procédures qui garantissent la sécurité et l’intégrité des collections. Il faut également faire fonctionner des salles de lecture provisoires, redéfinir les circuits du document, informer les lecteurs. L’organisation des transferts de collections comme le maintien de l’ouverture au public poussent à élaborer des outils innovants qui contribuent à moderniser le quadrilatère et peuvent servir à terme l’ensemble des institutions patrimoniales.
Débat
Emprunter et exposer temporairement
Présidence : Marie Lavandier, directrice du Centre de recherche et de restauration des musées de France.
L'Inguimbertine à l'Hôtel-Dieu : transfert de la bibliothèque-musée de Carpentras (Vaucluse) dans un monument historique
Jean-François Delmas, conservateur général, directeur de la bibliothèque Inguimbertine et des musées de Carpentras.
Intervenant : Diplômé de l’École nationale des chartes et de l’École supérieure de commerce de Paris, ancien boursier André Chastel de l'Institut national d'histoire de l'art, de l'Académie de France à Rome-Villa Médicis, Jean-François Delmas est conservateur général.
Depuis 2004, il dirige la bibliothèque Inguimbertine et les musées de Carpentras. Il a été auparavant chargé d'études à la Réunion des musées nationaux et conservateur à la bibliothèque de la Sorbonne. Il est membre du Laboratoire d'histoire de l'université d'Avignon et des Pays de Vaucluse où il est chargé d'enseignement sur le patrimoine.
En 2008, il a publié «L'Inguimbertine : maison des muses» (Éditions Nicolas Chaudun).
Résumé de l'intervention : Dans un contexte urbain en pleine évolution grâce à la mise en valeur progressive de son centre ancien et de son patrimoine architectural, la réhabilitation de l'Hôtel-Dieu de Carpentras constitue une opération symbolique d'envergure pour la Ville de Carpentras.
L'Hôtel-Dieu a été conçu au XVIIIe siècle comme un « palais pour les plus démunis » par Dom Malachie d'Inguimbert (1683-1757), évêque de Carpentras. Simultanément, ce prélat a créé la bibliothèque-musée publique municipale qui porte aujourd'hui son nom, l'Inguimbertine. Ces deux fondations sont indissociables du « dessin romain » du prélat pour l'ancienne capitale du Comtat Venaissin. Le projet de réunir aujourd'hui au sein d'un seul et même édifice ces deux fondations traduit une volonté municipale ferme et continue dépassant les clivages politiques. Les délibérations relatives à ce projet ont été régulièrement votées à l'unanimité par le Conseil municipal.
Achevé en 1762, l'Hôtel-Dieu est porteur d'une mémoire collective forte pour les carpentrassiens. Favorisé par sa localisation proche du centre-ville, cet édifice – désaffecté depuis 2002 – reste toujours un lieu de manifestations très attractif. Classé en 1862 dans sa totalité au titre des Monuments historiques, ce bâtiment marque le paysage urbain par son histoire, son échelle et son architecture. La bibliothèque-musée de Carpentras constitue un établissement désormais complètement atypique dans le paysage administratif français. Gardienne des collections encyclopédiques de son fondateur, l'Inguimbertine regroupe une bibliothèque de lecture publique, des fonds patrimoniaux écrits et graphiques, les archives municipales anciennes ainsi que des collections muséales. Ces entités constituent juridiquement un seul et même service municipal. L'Inguimbertine illustre un modèle d'appropriation culturelle. La bibliothèque a été classée en 1897 en raison de la qualité exceptionnelle de ses fonds. Les collections muséales (beaux-arts, arts décoratifs, lapidaires, ethnologie) ont reçu l'appellation « Musée de France » en vertu de la loi du 4 janvier 2002.
En décidant du transfert de l'Inguimbertine à l'Hôtel-Dieu, la ville de Carpentras entend fédérer autour d'une collection unique et prestigieuse des activités de médiation (la lecture publique y sera considérée comme un moyen parmi d'autres du processus d’accession à la culture) dans un lieu emblématique. Aménager l'Hôtel-Dieu, en vue d'y accueillir l'Inguimbertine, c'est continuer la vocation originelle d'ouverture à tous de l'édifice. C'est aussi « garder la mémoire » en révélant l'ensemble monumental et en lui attribuant de nouveaux usages.
Cité de l'architecture et du patrimoine, les expositions-dossier du musée des monuments français
Hélène Perrel, responsable de la régie des œuvres du Musée des monuments français ; Denis Bouvier, adjoint à la responsable de la régie des œuvres du Musée des monuments français.
Intervenant : Architecte, Hélène Perrel a d’abord travaillé dans la protection du patrimoine bâti et naturel et dans le secteur de la formation, en particulier dans les domaines culturel et artistique.
Après l’obtention d’un Master « gestion des patrimoines » et une expérience d’organisation du déménagement des réserves d’œuvres d’un musée en province, elle a pris la responsabilité du service de la régie des œuvres du Musée des monuments français/Cité de l’architecture et du patrimoine en octobre 2004. Il s’agissait d’organiser et suivre la réinstallation des oeuvres dans le musée pendant les travaux de bâtiment.
Aujourd’hui, le service de régie des œuvres du Musée des monuments français comprend cinq personnes et est chargé de tous les mouvements d’œuvres (internes et externes), de l’organisation du récolement décennal et de la protection matérielle des œuvres. Cela inclut la gestion documentaire technique et la gestion des œuvres dans les sept lieux de réserves externes du musée.
Denis Bouvier, diplômé en restauration d’œuvres sculptées à l’école de Tours, à précédemment travaillé en entreprise de restauration de sculptures, essentiellement dans les monuments historiques.
Arrivé à la régie des œuvres au MMF en 2008, son poste consiste aujourd’hui au suivi et mouvements d’œuvres de la collection. Cela concerne les rotations d’œuvres, les mouvements pour restaurations et les présentations lors des expositions internes en prenant en compte les caractéristiques et l’environnement physique et climatique des œuvres.
Résumé de l'intervention : La première exposition-dossier organisée après la réouverture du Musée des monuments français a permis la présentation de neuf Vierges à l’Enfant sous la coupole de Cahors de la Galerie des peintures et des vitraux. Elle a aussi été à l’origine de la création d’un mobilier spécifique modulable, adapté aux collections et aux diverses contraintes du Musée et de la Cité.
Par des exemples tirés de la quinzaine d’expositions-dossiers réalisées depuis 2009, cette intervention illustrera à 2 voix ce qu’il est possible d’effectuer en interne avec des moyens humains et financiers réduits tout en prenant en compte la conservation préventive des œuvres présentées, de natures très diverses.
Les expositions temporaires du Centre national du costume de scène à Moulins (Allier)
Delphine Pinasa, directrice du Centre national du costume de scène et de la scénographie.
Intervenant : Delphine Pinasa est historienne de l’art, spécialiste du costume de scène.
Elle a travaillé au Musée de la mode et du Textile, aux Arts Décoratifs, Paris, au département Fashion and Textiles du Victoria & Albert Museum à Londres, puis à l’Opéra national de Paris de 1993 à 2005, où elle a notamment été responsable du fonds muséographique des costumes, puis chef du service Patrimoine Costumes de ce théâtre à partir de 2001. Depuis 2006, elle travaille au Centre national du costume de scène et de la scénographie à Moulins (Allier), d’abord comme directrice déléguée, puis, depuis août 2011, comme directrice.
Delphine Pinasa a été commissaire de nombreuses expositions en France et à l’étranger et a publié plusieurs ouvrages en relation avec ces expositions comme avec l’histoire des ateliers de costumes du Palais Garnier.
Résumé de l'intervention : Les collections du Centre national du costume de scène sont essentiellement constituées de textiles et ne peuvent, pour des raisons de conservation, être exposées de manière continue. A l’instar des musées de la mode et du textile en France, le Centre n’a pas de présentation permanente de ses collections mais organise des expositions temporaires sur des thèmes variés, permettant de valoriser ses fonds auprès du public. Le Centre national du costume de scène, jeune institution muséale ouverte en 2006, conserve un ensemble d’environ 10 000 costumes de scène. Sa mission est de faire découvrir ce patrimoine théâtral à un large public en organisant de façon ininterrompue deux expositions temporaires par an.
Le vêtement est un objet complexe à conserver et à exposer. Le costume de scène est souvent composé d’éléments disparates et, pour les plus récents, de matériaux contemporains rendant plus difficiles ces opérations. Leur manipulation et la création de supports spécifiques pour leur présentation relèvent de compétences spécifiques qui doivent être adaptées à chaque collection et à chaque exposition. D’autre part, le principe des rotations d’expositions au CNCS, auxquelles s’ajoute l’itinérance de certaines d’entre elles dans des musées à l’international, impose la mise en place de procédures particulières pour assurer la bonne conservation des pièces. Les contraintes du costume de scène comme objet et celles liées à sa valorisation, par une scénographie conçue pour chaque nouvelle exposition, font partie des principaux défis que le Centre national du costume de scène doit relever au quotidien.
Le déplacement d’œuvres monumentales, l'exemple du prêt de la Vierge de Chaleveau de la cathédrale de Sens au musée des Beaux-arts de Tours (Indre-et-Loire)
Michaël Vottero, conservateur des monuments historiques, Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne.
Intervenant : Docteur en histoire de l’art contemporain, il est l’auteur d’une thèse sur la peinture de genre en France sous le Second Empire et les premières années de la Troisième République 1852-1878, soutenue en 2009 à l’Université Paris IV-Sorbonne.
Ses recherches portent sur les peintres et collectionneurs de peintures de genre de la seconde moitié du XIXe siècle, ainsi que sur l’enseignement dans les ateliers privés, publiant des articles dans des revues scientifiques, des catalogues d’exposition et des actes de colloque.
Lauréat d’une bourse de la Fondation Napoléon en 2008, il est depuis 2011 conservateur des monuments historiques de Bourgogne en charge notamment de la protection et de la valorisation des objets mobiliers protégés au titre des Monuments historiques.
Résumé de l'intervention : Certaines expositions n'hésitent pas à déplacer des œuvres monumentales conservées dans les églises ou les châteaux de France. Ces œuvres, souvent protégées au titre des Monuments historiques, quittent alors, parfois pour la première fois, leurs lieux de présentation habituels pour être vues par des milliers de visiteurs.
Les directions régionales des affaires culturelles gèrent ainsi les demandes de prêts des objets protégés au titre des Monuments historiques sur leurs territoires administratifs. Si le prêt de petits objets est fréquent, il arrive que des œuvres imposantes soient déplacées le temps d'une exposition. Tel est le cas de la Vierge réalisée par le sculpteur Guillaume Chaleveau au XVIe siècle, placée dans le retable d'un autel de la cathédrale de Sens, dont le musée de Tours a souhaité le prêt pour son exposition sur le foyer artistique tourangeau autour de 1500.
L'intervention évoquera autour du déplacement de la Vierge de Chaleveau la problématique de ces déplacement sd'oeuvres très lourdes et souvent très fragiles, ainsi que les collaborations entre les directions régionales des affaires culturelles, les conservations des antiquités et objets d'art et les conservateurs de musées.
Débat
Gérer l'urgence dans le cadre d'une catastrophe
Présidence : Lieutenant-colonel Régis Prunet, conseiller prévention sécurité incendie pour les monuments historiques, département sécurité, sûreté, maîtrise d'ouvrage, Direction générale des patrimoines
Tremblement de terre en Haïti : comment sauver le patrimoine lorsqu'il n'y a plus d'infrastructure ?
Christophe Jacobs, président français du Bouclier Bleu.
Intervenant : Christophe Jacobs est consultant en ingénierie documentaire au sein de la coopérative Limonade & Co et ATER en archivistique à l’université d’Angers. Il préside le Comité français du Bouclier Bleu depuis 2009. Cette association, reconnue d’intérêt général, s’occupe de la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé ou de catastrophe majeure. Les actions menées par le CFBB portent aussi bien sur la prévention des risques que sur la réponse à l’urgence et promeut le dialogue et la coordination de tous les professionnels du patrimoine avec ceux de la sécurité civile et de la défense.
Résumé de l'intervention : Suite au tremblement de terre de 2010, de nombreuses infrastructures hébergeant du patrimoine culturel ont été détruites sinon très fragilisées. Impossible de continuer à y travailler mais que faire du personnel et des biens culturels à sauver ou menacés ? Nous reviendrons dans cette présentation sur l’organisation de la récupération et des déménagements réalisés dans l’urgence à Port-au-Prince. Ce sera également l’occasion de présenter le projet intitulé l’Arche du Bouclier Bleu, qui se propose de palier à ce manque d’infrastructure suite à une catastrophe et de son fonctionnement dans un dispositif global de réponse à l’urgence.
Les intempéries du 21 mai 2012 et ses conséquences : inondations des archives municipales de Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Daniel Peter, directeur des archives municipales de Nancy.
Intervenant : Etudes d’histoire (universités de Besançon et de Strasbourg) ; docteur ès sciences historiques.
Archiviste aux Archives départementales du Bas-Rhin (1985-1990) (1992-2004) ; archiviste de la Société Le Nickel-SLN, Nouméa (Nouvelle-Calédonie) (création du service archives, aménagement d’un bâtiment d’archives) (1991) ; directeur des Archives municipales de Nancy (depuis 2005) ; membre du bureau des archivistes municipaux et intercommunaux (2006-2013) ; président de l’Entente rhénane des archivistes des services municipaux.
Auteur de nombreux articles professionnels ou historiques publiés dans des revues françaises ou allemandes.
Résumé de l'intervention : Dans la nuit du 21 au 22 mai 2012, des pluies diluviennes s’abattent sur Nancy. De nombreux bâtiments sont inondés, les dégâts sont considérables. Les Archives municipales sont également touchées. Près de 500 ml de documents sont noyés ou touchés dans 50 cm d’eau. Les grands moyens sont déployés pour sauver les archives de leurs pires ennemies, l’humidité, puis la moisissure. Parmi les documents touchés figurent des délibérations du conseil municipal, des dossiers de personnel, des permis de construire...
La prévention des incendies et des inondations des collections patrimoniales : le cas du Maine-et-Loire
Etienne Vacquet, conservateur délégué des Antiquités et objets d'art du Maine-et-Loire.
Résumé de l'intervention : L’incendie du château d’Angers, en janvier 2009, a révélé de façon dramatique la fragilité de la protection des plus importantes collections patrimoniales angevines. Le Préfet de Maine-et-Loire a donc lancé un programme de sauvegarde des principaux sites d’Anjou, en associant le service départemental d'incendie et de secours (SDIS), l’architecte des bâtiments de France et la conservation des Antiquités et objets d’art (CAOA). Des exercices pratiques ont suivi ainsi qu’une campagne de sensibilisation de tous les intervenants. L’incendie de l’église de la Tourlandry a pu révéler l’efficacité de cette politique. Par ailleurs, une tornade qui a touché un trésor ainsi que la prévention des risques d’inondation lors des crues de la Loire et de ses affluents placent la CAOA au cœur des problèmes de sauvegarde.
1942-2012, du traumatisme à l'oubli : renaissance d'une collection à Sèvres - Cité de la céramique (Hauts-de-Seine)
Véronique Milande, chef du service de la conservation préventive et de la restauration, Cité de la céramique - Sèvres & Limoges ; Briana Feston, Samuel H. Kress Fellow in Objects Conservation.
Intervenant : Véronique Milande est docteur en pharmacie, diplômée de l’Ecole du Louvre et du master de conservation-restauration des biens culturels (Université Paris I).
Après avoir exercé le métier de pharmacien pendant plusieurs années, elle se consacre désormais à la conservation-restauration des céramiques. Elle travaille depuis 2001 à Sèvres – Cité de la céramique, où elle est responsable du Service de la conservation préventive et de la restauration. Depuis 2007, elle est membre du bureau exécutif de l’ICOM France (International Council of Museums).
Briana Feston est diplômée en archéologie et en littérature française au Bryn Mawr College et d'un double master en histoire de l’art et en conservation-restauration des objets d’art de la New York University. Elle est éditrice assistante pour le journal du groupe de restauration des medias électroniques de l'American Institute for the Conservation of Historic and Artistic Works (AIC). Elle travaille depuis sept ans comme restauratrice principale des objets archéologiques provenant de deux sites aux Emirats Arabes Unis. Elle est lauréate d'une bourse au Getty Museum de Los Angeles dans le département de sculpture et d’arts décoratifs, à partir de septembre 2013.
Résumé de l'intervention : Dans la nuit du 3 mars 1942, un bombardement anglais visant les usines Renault détruisit en grande partie les villes de Sèvres et de Boulogne-Billancourt. Les dégâts furent considérables, y compris dans le musée national de céramique situé à proximité. Aussitôt s’organisa le sauvetage des œuvres brisées, par une collecte minutieuse des tessons. Des œuvres furent prioritairement restaurées mais de manière ponctuelle et isolée. Le reste des collections endommagées, mis en caisse, resta en réserve pour de nombreuses années, subissant des déménagements successifs.
Soixante ans plus tard, en 2012, la Cité de la céramique lance, grâce à l’obtention d’une bourse de la Samuel H. Kress Foundation, une campagne d’ouverture des caisses, de tris des tessons et de remontage, ciblée sur les céramiques d’Extrême-Orient et les statuettes en biscuit de porcelaine de Sèvres. Cette communication retrace l’histoire de ce traumatisme et des chantiers afférents.
Tempête sur les collections du Musée de Sedan (Ardennes)
Melanie L'Hénoret, animateur de l'architecture et du patrimoine, Ville de Sedan.
Intervenant : En tant qu'animateur de l'architecture et du patrimoine, Mélanie L'Hénoret fait vivre depuis 2009 le label Ville d'art et d'histoire de Sedan. Sa position de responsable du service du Patrimoine l'a amenée en outre à prendre en charge les collections du musée municipal.
Dans le cadre de son précédent poste de Chargée de mission Vauban, elle a contribué à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial des fortifications de Longwy et au suivi du plan de gestion. Elle avait auparavant participé à la création d'une base de données géoréférencée (Visiaurif) portant sur le patrimoine bâti du PNR du Vexin français, au sein de la cellule de l'Inventaire du Val d'Oise.
Résumé de l'intervention : Lors de la tempête du 14 juillet 2010, tout un pan de la toiture du château fort de Sedan a été arraché. L'aile du château qui a été touchée abritait les collections du Musée municipal de Sedan, dont une partie se trouvait exposée dans le circuit de visite du château, mais dont la majorité dormait en réserve, sous les toits.
Ce sinistre est venu réveiller (et révéler) brutalement un musée qui était resté en sommeil depuis des années. Le déménagement des œuvres dans l'urgence de la tempête a remis au jour des collections relevant de différents domaines (beaux-arts, archéologie, Arts et Tradition Populaire, textiles liturgiques...), de provenance et de qualité variées, qui ont été stockées provisoirement dans la chapelle du château fort. Il s'agissait alors non seulement d'intervenir sur les centaines d’œuvres endommagées par l'eau ou les chocs mais également de réfléchir à l'avenir de l'ensemble de ces collections.
La tâche s'annonçait d'autant plus complexe que le musée ne disposait pas en interne des ressources nécessaires pour faire face à cette situation. Comment surmonter ce manque de moyens humains, financiers et d'espaces muséaux pour tenter de transformer la catastrophe en opportunité ? La tempête a en effet amené la Ville à mobiliser plusieurs services et partenaires locaux pour pallier l'absence de personnel qualifié, à solliciter des assurances une indemnité suffisante pour couvrir le maximum de restaurations et à envisager l'aménagement de nouvelles réserves.
Débat
Table ronde conclusive et débat avec la salle
Judith Kagan, Sous-direction des monuments historiques et des espaces protégés, Service du patrimoine, Direction générale des patrimoines ; Marie-Dominique Parchas, Bureau des traitements et de la conservation, Service interministériel des archives de France, Direction générale des patrimoines ; Patrick Le Chanu, conseiller pour les musées, direction régionale des affaires culturelles de Champagne-Ardenne ; Mireille Jean, directrice des archives départementales du Nord ; Emilie Dussine, chargée de la conservation aux archives départementales de Saône-et-Loire, mutualisation des plans de sauvegarde.
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