Un peu d'histoire
La politique nationale en faveur des monuments historiques trouve ses fondements durant la période révolutionnaire.
Le recensement, la protection et la conservation du patrimoine mobilier et immobilier en constituent les axes principaux.
Histoire
La prise de conscience de l'importance du patrimoine monumental français et de la nécessité de sa présentation apparaît dès l'époque révolutionnaire. La vente des biens nationaux comportait en effet un risque important d'altération ou de disparition d’éléments majeurs de notre patrimoine mobilier et immobilier. Historiquement, « monument » vient du latin monumentum, dérivé du verbe moneo (se remémorer). La notion de monument historique concerne au moment de la Révolution tout ce qui fait et doit faire mémoire et à ce titre s'applique aussi bien aux édifices, aux objets qu'aux archives. Dès les premières années de la Révolution, la préservation des monuments pour des raisons d'art et histoire tente de se mettre en place dans l'intérêt de la Nation. Dans sa lutte contre le « vandalisme », l'abbé Grégoire, député conventionnel s’oppose à la destruction de certains lieux emblématiques de l'histoire de France et préfigure le statut de « monument historique ». La commission des monuments historiques est créée en 1837. Le recensement, sous l'impulsion de Prosper Mérimée sur l’ensemble du territoire français « des ensembles architecturaux remarquables » préfigure le lancement par André Malraux de « l'Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France ». Le classement au titre des monuments historiques est en 1841 une instruction faite aux préfets des départements leur demandant de « classer par ordre de priorité » les monuments de leur territoire, prioritaires pour recevoir des aides de l’État en vue de leur conservation.
La notion de classement au titre des monuments historiques, devenue en 1887 un instrument de protection juridique, n'a cessé depuis lors de s'enrichir. La protection au titre des monuments historiques, telle que prévue par le livre VI du Code du patrimoine, reprend, pour l'essentiel, les dispositions de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques et constitue une servitude de droit public. Elle est complétée trente ans plus tard par le périmètre de protection, les « abords » autour des monuments historiques et un régime de contrôle des travaux effectués dans ce périmètre. C'est l’architecte des bâtiments de France qui sera chargé d'assurer ce contrôle à partir de 1946. Au cours du temps, les missions de protection et de conservation assurées par l’État se sont progressivement structurées autour du « service des monuments historiques ». Ce dernier a favorisé l'évolution des techniques de haut niveau propres aux métiers de la conservation. Après la Seconde Guerre mondiale, les évolutions essentielles concernent la déconcentration et sont marquées par les grandes « lois de programme » et la loi de 1970 sur les objets mobiliers.
Aujourd'hui
La modernisation des services, la décentralisation, l'adaptation au droit européen des métiers du patrimoine n'ont pas sensiblement modifié les principales missions assurées par l'État en faveur du patrimoine protégé. Cette politique concerne quelque 43 600 immeubles et 300 000 objets mobiliers protégés.
Aujourd’hui, la politique en faveur des monuments s’appuie en grande partie sur les services déconcentrés de l’État, notamment les directions régionales des affaires culturelles. Il est apparu souhaitable de maîtriser le volume annuel des protections et d'identifier les priorités nationales que sont la révision des protections anciennes et le renforcement de la cohérence de la protection. En ce qui concerne la conservation des immeubles inscrits et classés, le rapport sur l'état du parc monumental français, remis en décembre 2007 par le ministère de la Culture et de la Communication au Parlement, évalue les besoins pour la conservation des monuments historiques à 10,735 milliards d'euros. Le budget consacré à l'entretien et à la restauration des monuments historiques a bénéficié d'un montant de crédit de paiement de 312 millions d'euros en 2014, hors grands chantiers. Ainsi, en moyenne, 7 000 opérations de travaux, hors établissements publics, sont effectuées annuellement sur les monuments historiques immeubles, objets mobiliers (10 % dont orgues 2 %). Cet engagement de l’État en faveur du patrimoine est une forme d'investissement, on estime en effet que la restauration et l'ouverture au public de nos monuments entraînent des retombées économiques d'un montant de 21 milliards d'euros et représentent plus de 500 000 emplois directs et indirects. La politique en faveur des monuments historiques ne se limite pas à ces missions et comprend également de nombreuses actions de valorisation matérielle ou immatérielle. Le développement de la capacité de réutilisation des immeubles protégés est l'un des domaines explorés, il vise entre autres à favoriser l’appropriation par le grand public du « patrimoine national ».