Les politiques de lecture publique en direction de la jeunesse
La politique de la DGMIC en direction des publics jeunes vise, dans le domaine du livre et de la lecture, à faciliter l’accès à l’écrit, à valoriser la diversité des pratiques de lecture et par là à contribuer, dès le plus jeune âge, à l’éveil culturel, à l’ouverture à l’autre, à l’apprentissage de la citoyenneté et à la construction de soi. Cette politique se décline, en lien avec les DRAC, les établissements et les associations nationales, dans la diffusion de recommandations aux professionnels du livre et de la lecture, le pilotage du label national Premières Pages et le soutien aux actions des associations nationales qui œuvrent en ce sens.
Un cadre d’action : l’éducation artistique et culturelle
L’éducation artistique et culturelle (EAC) est l’un des socles de la politique culturelle en direction des jeunes publics. La circulaire interministérielle n°2013-073 du 3 mai 2013 qui fait du parcours d’éducation artistique et culturelle le cadre de déploiement des actions en direction des jeunes publics précise les modalités de mise en place de la politique d’EAC : importance du partenariat comme outil pour construire les parcours, nécessité d’une découverte de la diversité des lieux et pratiques culturels, intensification des efforts en direction des publics éloignés de la culture, réitération des trois piliers de l’EAC (apport cognitif, rencontre avec un auteur, pratique amateure du geste artistique). Plusieurs autres textes jouent un rôle dans la mise en place des politiques d’EAC en France, à commencer par la charte pour l’éducation artistique et culturelle présentée le 8 juillet 2016 par le Haut-Conseil à l’éducation artistique et culturelle (HCEAC), et qui définit l’EAC comme une éducation à l’art et par l’art, mettant ainsi l’accent sur son rôle dans l’éducation à la citoyenneté et l’émancipation personnelle.
Une enquête réalisée par la direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) en 2013-2014, et restituée en janvier 2015, a permis de mieux cerner les pratiques des bibliothèques publiques. Cette enquête a mis en évidence la forte implication des bibliothèques municipales, intercommunales et départementales dans les politiques d’EAC, bien qu’à des degrés divers. Leurs actions sont particulièrement développées en direction des 6-11 ans, mais les adolescents et en particulier les lycéens sont souvent délaissés. Les partenariats entre bibliothèques et établissements scolaires sont souvent de qualité, mais leur rare formalisation les fragilise. La question des moyens pèse également sur les établissements, en particulier pour les bibliothèques de petites villes situées en milieu rural. Si les moyens sont souvent moins abondants dans ces établissements, le maillage de bibliothèques sur le territoire joue toutefois de manière importante dans l’accès à la culture, dans de nombreuses collectivités dépourvues d’autres structures culturelles et où les problématiques de transport peuvent se poser de manière accrue.
Afin d’accompagner les établissements dans la mise en place de leurs projets, la DGMIC a publié avec cette étude un guide des bonnes pratiques en matière d’EAC à destination des bibliothécaires. La Bibliothèque nationale de France (BnF), via le département de l’action pédagogique et le Centre national de la littérature pour la jeunesse (CNLJ), contribue également à la diffusion de ces bonnes pratiques, en relayant les recommandations institutionnelles et en contribuant à la formation et à la connaissance des actions d’EAC dans le domaine du livre.
Le soutien aux associations nationales de développement de la lecture
DGMIC soutient tous les ans une dizaine d’associations agissant pour le développement de la lecture chez les jeunes :
- Plusieurs de ces associations accompagnent les professionnels du livre et de la lecture dans leurs actions, via la diffusion de travaux de recherche, la mise en place de formations et l’organisation de journées d’étude, de séminaires, de colloques et de temps de réflexion nationaux sur le développement de la lecture. C’est le cas dans le domaine de la petite enfance de l’association ACCES et de l’Agence Quand les livres relient, ainsi que pour les adolescents de Lecture Jeunesse, qui a ouvert en 2016 un Observatoire des pratiques de lecture des adolescents. Le Centre de promotion de la littérature de jeunesse (CPLJ) a également été soutenu en 2016 pour la réalisation d’une enquête sur le rapport aux livres des animateurs de centres de loisirs, partenaires fréquents des bibliothèques. Le travail accompli par ces associations profite pleinement aux professionnels des bibliothèques dans la construction de leurs projets.
- La DGMIC finance également les projets de médiation de plusieurs associations, dans l’objectif de renforcer l’accès au livre, à la lecture et à la diversité culturelle : c’est ainsi le cas des actions du CRILJ et de la Ligue de l’enseignement. Les associations Lire et faire lire et UNIOPSS, en organisant respectivement des séances de lecture pour les enfants et les pré-adolescents et la participation au prix Chronos de littérature jeunesse, encouragent le développement de liens intergénérationnels entre jeunes et seniors. L’association L’arbre des connaissances réalise de son côté des supports de jeu de rôle autour des enjeux politiques, philosophiques, éthiques et culturels des grandes questions de culture scientifique et technique. Les outils et les actions proposés par ces associations sont fréquemment utilisés en bibliothèques. Les Petits champions de la lecture organisent un concours de lecture à voix haute qui amène les enfants de CM2 qui y participent à s’approprier leurs lectures.
- La DGMIC encourage en particulier les actions menées à destination des publics éloignés du livre et de la lecture, soit en encourageant ces différentes associations à aller au-devant de ces publics (ainsi Lire et faire lire), soit en soutenant des programmes d’actions spécifiques : le programme Accompagnement vers la lecture de l’AFEV, les Bibliothèques de rue déployées par ATD Quart-Monde dans les quartiers dépourvus de lieux culturels, ou les formations sur l’accompagnement des publics migrants proposées par Bibliothèques sans frontières rentrent dans ce cadre. Enfin, le CPLJ est accompagné par le ministère pour le déploiement du dispositif national Des livres à soi, qui sensibilise les familles à la littérature de jeunesse et leur permet de se constituer leurs premières bibliothèques de livres jeunesse.
- La DGMIC a travaillé avec toutes ces associations, sur ces dernières années, à renforcer leur lien avec les bibliothèques publiques, par le développement de conventions, l’organisation de rencontres avec les associations de professionnels des bibliothèques, ou d’interventions à l’occasion des journées nationales de ces structures.
Un label national : le dispositif Premières Pages
Lancée en 2009 et pilotée par le ministère de la Culture, l’opération Premières Pages vise à labelliser des territoires, principalement des départements, pour leur politique en faveur de la familiarisation au livre dès la petite enfance (0-3 ans). S’appuyant sur les travaux de l’association ACCES, la DGMIC labellise, subventionne et valorise via le site Internet de l’opération et la participation à des journées d’étude les actions menées par les bibliothèques, en collaboration avec les services d’accueil de la petite enfance, pour faire du livre un outil de médiation entre les adultes et les tout-petits, sensibiliser les bébés et leurs familles à l’apport de la lecture à tout âge, réduire les inégalités d’accès au livre et à la culture de l’écrit, contribuer à l’éveil artistique et culturelle dès la prime-enfance, favoriser la collaboration entre professionnels du livre et de la petite enfance, et valoriser la diversité de la littérature de jeunesse, en particulier francophone.
En 2018, 41 collectivités ont été labellisés dans le cadre du dispositif, dont 31 départements : Premières Pages touche la quasi-totalité des régions françaises.
Au-delà de l’animation du site Internet de l’opération et d’une liste de diffusion dédiée aux partenaires, la DGMIC contribue à l’échange de pratiques professionnelles entre les territoires labellisés, en s’appuyant sur la diversité de leurs projets (don de livre à la naissance, lecture dans les salles d’attente de PMI, partenariats avec les CAF, organisation de salons du livre petite enfance, formations, accompagnement des collectivités de communes d’un département, colloques et journées d’étude, observatoire des pratiques des tout-petits). L’organisation tous les ans de deux séminaires et les fréquents contacts téléphoniques et rencontres avec les territoires permet le développement d’échanges concrets entre professionnels du livre et partenaires nationaux (associations livre et petite enfance, BnF-CNLJ, commission jeunesse du Syndicat national de l’édition, Union nationale des associations familiales), l’ouverture de nouveaux partenariats et le renforcement des projets existants, tant via leur inscription dans les politiques des collectivités que via l’affinement des actions menées par les bibliothèques et de leur connaissance des publics.
Rendez-vous en bibliothèque, pour repenser les accueils des publics jeunes et leur perception de la bibliothèque
Rendez-vous en bibliothèque a été lancé en 2018 pour repenser les accueils de classe en bibliothèques, améliorer la perception de ces établissements par les publics jeunes et ainsi développer leur plaisir de fréquenter les bibliothèques.
Il s’agit de susciter lors des accueils de classe l’intérêt des publics jeunes afin qu’ils appréhendent les bibliothèques, non plus comme de simples espaces de consultation de ressources et de prêt de livres mais comme des lieux culturels à part entière.
Dans plusieurs régions, à l’exemple des actions mises en oeuvre par l’Agence régionale du livre Provence-Alpes-Côte d’Azur, le ministère de la Culture soutient des structures régionales du livre et des bibliothèques pour promouvoir des accueils innovants et des approches originales.
Pour l’évaluation de ce programme d’actions et la formalisation de bonnes pratiques, le ministère de la Culture a sollicité sur la période 2018-2019 l’association Lecture Jeunesse.
Un événement annuel : Partir en livre
Pilotée par le Centre national du livre (CNL) et le CPLJ, la grande fête de la littérature pour la jeunesse Partir en livre tiendra sa cinquième édition du 10 au 21 juillet 2019. À l’occasion d’un temps fort d’une dizaine de jours, la manifestation vise à développer la présence du livre hors des lieux culturels (lieux publics, plages, parcs, campings, piscines, etc.), et en collaboration avec de nombreux acteurs s’adressant aux jeunes publics. Le site de l’opération invite l’ensemble des acteurs du livre et de la lecture à relayer les actions gratuites mises en place à cette occasion ; plusieurs événements sont labellisés par le CNL et reçoivent un soutien financier.
En 2018, la manifestation a rassemblé 700 000 participants, dans le cadre de plus de 7000 événements organisés sur l’ensemble du territoire ; le parc d’attractions littéraires éphémère installé au parc départemental de La Courneuve a été le point d’orgue de la manifestation, au côté d’un livrodrome itinérant dans plusieurs villes françaises.
Un espace de valorisation des actions de la DGMIC : le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil
La DGMIC est présente tous les ans au salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ), organisé par le CPLJ, et qui se déroule tous les ans fin novembre-début décembre à Montreuil. Durant six jours, 179 000 visiteurs dont de nombreuses classes rencontrent éditeurs, auteurs et acteurs de la médiation du livre ; la dernière journée est dédiée aux professionnels. Le salon est l’occasion pour le CPLJ de valoriser la diversité de la littérature de jeunesse, via la réalisation d’une exposition, la tenue d’un marché de la littérature de jeunesse permettant aux auteurs et aux éditeurs de rencontrer des contacts à l’étranger, et la tenue de la conférence annuelle Transbook, projet européen dédié à la transition numérique dans l’industrie du livre de jeunesse.
Le stand de la DGMIC met tous les ans en valeur ses politiques de lecture publique en faveur de la jeunesse, en présentant les dispositifs nationaux (dispositif Premières Pages, Nuit de la lecture, mais également opération « Dis-moi dix mots » pilotée par la direction générale aux langues de France et à la langue française) et en accueillant les associations nationales travaillant sur le livre et les jeunes publics ; un espace de lecture des ouvrages diffusés dans le cadre de Premières Pages, adapté aux enfants, est installé sur le stand depuis 2015. Deux table-rondes sont également organisées tous les ans, en lien avec la thématique annuelle du salon et la politique du ministère de la Culture et de la Communication en faveur des jeunes publics. La participation au SLPJ permet à la DGMIC de communiquer sur ses actions et d’échanger avec des professionnels intéressés par celles-ci.
Partager la page