1.1368/69 - Les Cyprès, Paul Trompette
la ZUP n° 1, 13e arrondissement, nord-est de Marseille
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 1368 & 1369, p 37. 2005
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Groupe Les Cyprès, rue de Marathon, quartier Malpassé 13013
Lambert 3 : latitude 3.07567 ; longitude 43.3269
bus 32 : Canebière - La Batarelle
Groupe Paul Trompette, chemin du Merlan, quartier de Saint-Jérôme 13013
Lambert 3 : latitude 3.07051 ; longitude 43.3314
Accès : métro n° 2 : Bougainville
bus 27 : Bougainville - Malpassé
propriétaire : Habitat Marseille Provence, 25 avenue de Frais Vallon, 13013 Marseille, 04 91 10 80 00
programme : Ensemble groupes d'habitations inclus dans la ZUP n° 1.
Aménageur SOMICA.
G. Gillet, architecte en chef.
Maître d'ouvrage : OPHLM Ville de Marseille.
Les Cyprès, 211 logements dont 115 pour la seule tour.
Paul Trompette, 115 logements.
dates, auteurs : PC initial : 1963. Certificat de conformité : 1968.
André Devin, N. Ciliberti, Ch. Cuviller.
Entreprise générale, Société d'entreprise René Manuel (SERMA-Aix).
site : Secteur est de la ZUP n° 1, Secteur J Malpassé et Secteur L Saint-Jérôme. Altitude 95,00 m pour les deux projets. Terrains limités à l'origine aux assiettes foncières des bâtiments.
plan de masse : Inscrit dans plan d'ensemble de Guillaume Gillet, qui prévoit dès l'origine un réseau de tour associé à des barres pliées. Les contraintes d'orientation d'implantation des Cyprès seront la qualité du sol géologique et la proximité de l'héliport de l'hôpital Laveran. Épannelage : 2 tours R+19 et une barre R+12 . Les deux tours sont distantes de 700 m, de part et d'autre de l'avenue S. Allende. Avec la figure imposée de la tour, ce dispositif de dissémination est un des principes de cette partie de la ZUP n° 1.
bâti : Construction sur refends de 4,60 m d'entraxe maximum. La préfabrication poussée n'était pas envisagée lors des études. Façade en panneaux de béton moulé sur coffrage métallique à onde grecques. Bon état général. La tour Paul Trompette paraît mieux entretenue si ce n'était un auvent de tuile inapproprié.
sources : AD : 2071 W 25 (70.589), 165 W 550
Revue Marseille n° 58, 1965
Marseille Information n° 84, 1977
La saga des projets de la ZUP n° 1 Marseille, 2000
Contexte :
Les zones à urbaniser en priorité (ZUP) sont créées en 1958 pour favoriser la construction, hors des contraintes parcellaires, de quartiers nouveaux. Logements, mais aussi commerces et équipements sont répartis selon des grilles normatives.
La ZUP n°1 de Marseille, ou ZUP du Canet, a ses prémisses dans les plans de Jean de Maillyvers 1953. C'est Guillaume Gillet qui dessinera la composition à partir de 1960. Le remembrement parcellaire propre à la ZUP conduira à utiliser les terrains acquis sur l'emprise de la seconde rocade initiée dès 1931 dans le plan Greber-Castel. La partie ouest de la ZUP sera consacrée à la résorption, par la Logirem, des grands bidonvilles occupant le site essentiellement sur la Busserine, Font Vert ou La Benausse.
Plus tardive, la partie est, Saint-Jérôme et Malpassé, propriété presque exclusive de l'Office municipal (HMP), est le résultat de la densification générale du projet. Les tours y dominent et sont disséminées sur plusieurs secteurs pour éviter une trop grande uniformité.
Description :
La tour, typologie induite par le plan de G. Gillet et identique pour les deux opérations, a été mise en œuvre avec un système élaboré de préfabrication type Costamagna. L'implantation de la tour des Cyprès sera soumise à des variations dues à la présence de l'héliport de l'hôpital Laveran et à la qualité des sols.
La structure est centrée autour du noyau de distribution assurant le contreventement de l'ensemble ; les voiles de distribution préfabriqués sont assemblés par clavetage.
Sur les loggias, les trois parois (fond et jouées) sont réalisées en panneaux tridimensionnels d'une seule pièce.
Les panneaux de façade en béton moulé, lisse de décoffrage et peint, d'une ou deux couleurs, sont creusés d'ondes régulières décrites par les auteurs comme des ondes grecques, qui assurent un rendu uniforme à l'enveloppe du bâtiment.
Les tours, de 20 niveaux, distribuent 6 appartements par étage, en demi-niveaux décalés selon le grand axe du plan. Avec une section horizontale de 25 par 22,5 m et une hauteur de 54 m le rapport 1/2 dénote d'un élancement très moyen. Les auteurs vont traiter le volume comme une sculpture où tout concours à affiner la silhouette de la tour modèle.
Les retraits des cuisines dessinent des césures qui fractionnent le volume de la tour et en augmentent l'élancement. Sur des angles opposés, le volume maître est flanqué de pièces saillantes en demi hors œuvre, sorte d'élément détaché (staccato) qui renforce les dissymétries de la tour, déjà soulignées par les percements orientés. Avec le décalage d'un demi-niveau et le jeu d'acrotère qui marque l'arrêt des profils extrudés et les limites du contour du solide principal, le volume détaché donne l'image d'un assemblage de tourelles élancées.
Cet agencement de volumes verticaux, comme assemblés en gerbe, n'est pas sans évoquer le travail d'articulation volumétrique de Paul Rudolf pour l'école d'architecture de Yale réalisée en 1964.
C'est là que l'enveloppe de béton moulé joue tout son rôle avec des stries verticales qui épurent les parois à la manière de cannelures. Architecturalement, les cannelures sont un dispositif de compensation optique contre l'effet d'irradiation des masses bâties sous la lumière qui les dévorent littéralement. Les architectes grecs contrariaient déjà ce défaut en épaississant les colonnes d'angles des temples et en les creusant de cannelures.
Les auteurs font montre de leur maîtrise du langage architectural classique, de leur savoir technique. Ils réalisent là, sur des objets non héroïques, les plus belles tours de la ZUP. La tour rejoint ici le rêve moderne du couloir vers le ciel.
Auteur :
André Devin (1905-1983),
diplômé en 1928, élève dans l'atelier Bigot.
Avant-guerre, il travaille avec E. Chirié puis Y. Bentz. Après-guerre il participe à la reconstruction du Vieux-Port réalisant par la suite à Marseille des logements et les grands hôpitaux de la ville.
Pour le logement, on retiendra particulièrement les tours :
Sulfur City, 1954,
Le Pharo, 1956,
La Résidence Beausoleil, 1959,
Le Saint-Nicolas, 1958.
Il participera aux grands programmes du Secteur Industrialisé :
La Marine Bleue, 1858,
Consolat-Mirabeau, 1962,
La Rouguière, 1963,
et Frais Vallon, 1964 où l'on retrouve les trois tours en pointe de la composition.
Fichiers associés :
- Carte du 13e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
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