Grimaud - Villa Seynave
- département : Var
- commune : Grimaud
- appellation : Villa Seynave
- adresse : domaine de Beauvallon, sentier des Forêts
- auteurs : Jean PROUVE (ingénieur), Neil HUTCHINSON (architecte)
- date : 1961
- protection : Inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 16 décembre 1993
- label patrimoine XXe : Circulaire du 1er mars 2001
Commandé par un industriel lorrain qui appréciait l'architecture d'une autre villa de Jean Prouvé au Lavandou, ce "bungalow" de vacances est construit en bordure du golf de Beauvallon pour un couple et cinq enfants. Rapidité d'exécution, coût réduit et équipement minimaliste correspondant à un usage d'été (il n'y a pas de chauffage central) sont les éléments clés de ce programme. Le mobilier d'origine, simple et fonctionnel, a été préservé ou reconstitué. Les architectes eurent de grandes difficultés à obtenir le permis de construire, leur projet ne répondant pas aux critères de l'administration pour la "préservation du caractère du littoral varois".
La paternité de la conception revient à Jean Prouvé (1901-1984) qui a œuvré toute sa vie pour promouvoir une voie inventive d'industrialisation du bâtiment. Fils de Victor Prouvé, un protagoniste de l'Ecole Art Nouveau de Nancy, il crée en 1924 son atelier de ferronnier d'art. Membre fondateur de l'Union des Artistes Modernes en 1930, il ouvre l'année suivante la S.A. Les ateliers Jean Prouvé, qui travaille pour Tony Garnier, Eugène Beaudouin et Marcel Lods. En 1936, il achète une grande presse plieuse et s'inspirant de l'aéronautique, développe l'utilisation de la tôle mince pliée dans la construction et l'ameublement.
Son nom est associé à des réalisations prestigieuses : aéro-club de Buc, Maison du Peuple de Clichy, pavillon de l'U.A.M., Palais du CNIT à la Défense, aérogare d'Orly-Sud... Il réalise des façades légères expérimentales, de nouveaux types de structures, explore les possibilités de l'aluminium, tantôt comme industriel, tantôt comme consultant, tantôt comme concepteur.
De 1957 à 1970 il enseigne son "alphabet des structures" aux étudiants du Centre national des arts et métiers.
La maison, basse et étirée en longueur, légère et transparente, affirme son élégance discrète tout en s'installant dans le site avec une infinie douceur. Sa sobriété minimaliste doit beaucoup à l'emploi de matériaux modernes : bois contreplaqué, tôle d'aluminium plissé et pans de verre. Selon Jean Prouvé "La maison individuelle, qu'elle soit principale ou secondaire doit être légère et dynamique, ce qui est l'expression de la grande série, donc caractéristique de l'industrie".
La solution constructive est d'une extrême simplicité. Des blocs préfabriqués en béton contenant cuisine, cabinets de toilettes et penderies constituent autant d'éléments porteurs disposés au cœur de la construction. Complétés par quelques poteaux en acier, ces "noyaux durs" soutiennent des poutrelles IPN longitudinales qui portent des panneaux de contreplaqué épais tenant lieu à la fois de solivage et de plafond sur lesquels isolant et tôle d'aluminium forment toiture. Maintenus par des potelets raidisseurs en aluminium, les panneaux de façade, plaqués de bois exotique, sont réalisés d'une seule pièce du sol au plafond. Ils peuvent être percés de portes ou alterner avec des châssis vitrés. L'aménagement intérieur découle directement de la solution constructive qui permet une grande fluidité de l'espace, un "plan libre" à distribution rayonnante. Les pans de verre rythment tous les parcours et rendent la nature omniprésente. La nuit chacune des zones peut prendre son indépendance grâce à des cloisons mobiles, en accordéon, qui permettent la partition de cet espace communautaire, assurant l'intimité de chacun des occupants.
- Rédacteur : Jean-Lucien Bonillo, ensa Marseille, 2002
- Source : 20 monuments du XXème siècle, exposition patrimoine moderne en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, eaml, 2002