Menées sous la maîtrise d’ouvrage de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) Hauts-de-France, les interventions de conservation et restauration de la chaire de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens ont été achevées en décembre 2021.

D’une durée de deux mois, les travaux de conservation et restauration de la chaire de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens financés par l’État, propriétaire de l’édifice s’élèvent à 33 700 € TTC. Cette opération a été réalisée avec l’accompagnement technique et scientifique du Conseil départemental de la Somme (Conservation des Antiquités et Objets d’Art).

Un meuble en bois, peint en blanc et doré, exceptionnel par son ampleur et la qualité de sa sculpture.  

 

D’un geste ample, l’ange placé au sommet de la chaire attire l’attention sur l’inscription latine figurant sur le livre de l’Evangile qu’il tient ouvert : Hoc fac et vives, « Fais ceci et tu vivras ».  L’abat-voix est traité à l’image d’un ciel animé de nuées au sein duquel se déploie la colombe du Saint-Esprit. Symboliquement, la cuve semble supportée par les figures allégoriques des vertus théologales : la Foi (au centre, portant le calice), l’Espérance (à droite, appuyée sur une ancre) et la Charité (à gauche, allaitant un enfant).  La chaire de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens est à l’échelle de l’édifice : monumentale. Elle est l’œuvre de l’architecte avignonnais Pierre-Joseph Christophle (1715-1781) et de son beau-père le sculpteur picard Jean-Baptiste Dupuis (1698-1790) qui répondirent en 1772 à la commande de Mgr d’Orléans de La Motte, évêque d’Amiens de 1734 à 1774. Ce meuble en bois, peint en blanc et doré, exceptionnel par son ampleur et la qualité de sa sculpture, venait compléter le réaménagement liturgique mené dans la cathédrale dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Un état sanitaire qui nécessitait une nouvelle intervention

La chaire n’a pas connu de modification majeure depuis son installation. Son état structurel est bon. Une intervention semble être intervenue dans le courant du XIXe siècle, consistant vraisemblablement en un rafraîchissement de la polychromie. La dernière restauration, concernant à nouveau la polychromie et la dorure, s’est déroulée en 1976-77 (ateliers Mériguet-Carrère et Lenoir).  Une nouvelle intervention s’avérait cependant nécessaire. On observait un encrassement très important et de nombreux déplacages - voire des pertes - de la polychromie, de la dorure et des préparations appliquées sur le bois. Par ailleurs, les repeints de 1976-77 avaient été réalisés dans des tons soutenus non conformes à l’esprit d’origine, et la couche de finition cireuse les recouvrant était dommageable pour la bonne conservation des polychromies.

Les travaux de ce chantier de conservation - restauration ont consisté en :

  • un dépoussiérage puis un nettoyage, après consolidation des zones de surface fragilisées. Des tests ont préalablement permis de vérifier l’efficacité et l’innocuité des traitements. Les repeints ont été retirés ou à défaut atténués ;
  • une remise à niveau des lacunes sur les éléments sculptés, et des principales fissures dues aux retraits du bois ;
  • des compléments à la gouache, à l’aquarelle et à la feuille d’or, là où des manques dans la couche picturale et la dorure s’avéraient préjudiciables à l’harmonie de la vision d’ensemble de l’œuvre.

Les travaux ont révélé tout le soin apporté à la réalisation de la chaire au XVIIIe siècle. A l’issue du nettoyage, de subtiles nuances de blanc sont apparues : blanc très clair sur les statues des Vertus, de manière à faire ressortir celles-ci sous l’ombre portée de la cuve ; légèrement rosé sur la cuve ; un peu moins lumineux sur le grand ange sommital, qui reçoit par ailleurs toute la lumière naturelle de l’édifice. Des rendus de dorure raffinés ont été redécouverts, les feuilles d’or ayant été posées, selon l’effet recherché, sur une assiette rouge ou jaune. Enfin, un travail de reparure remarquable est réapparu au revers de l’Evangile, simulant une reliure de cuir maroquin frappée au fer et dorée.

 

 

Entreprises et suivi des travaux

  • ATELIERS RD (conservation-restauration), 60 200 Compiègne
  • DE PIERRE (échafaudages), 80 450 Camon
  • Conservation Régionale des Monuments Historiques de la DRAC Hauts-de-France, site d’Amiens.