L'Hôtel de Blossac
Hôtel de Blossac
L'ensemble de l'hôtel de Blossac résulte de la combinaison de deux unités d'époques différentes : l'une construite pour la famille Loaisel de Brie en 1624, dont seul subsiste le corps de logis sur rue, l'autre édifiée entre 1728 et 1730 pour Louis de La Bourdonnaye de Blossac, Président au Parlement de Bretagne. L'auteur du projet, probablement l'architecte du roi, Jacques Gabriel, sut utiliser la forme irrégulière de la parcelle pour en tirer un parti original à deux façades juxtaposées, l'une sur cour et l'autre sur jardin.
- 1727 Achat par la famille de La Bourdonnaye de Blossac de l'ancien hôtel de Brie dont les communs ont brûlé lors de l'incendie de 1720.
- 1728 Construction d'un nouvel hôtel. Le péristyle de l'escalier est cité dès 1730 par Jacques Gabriel, comme modèle pour le vestibule de l'hôtel de Ville de Rennes
- 1732-1789 Location de l'hôtel comme résidence pour le commandant militaire de la Bretagne, représentant le roi. Ajout de communs en pans de bois dans les cours et le jardin.
Sous la Révolution, l'hôtel est divisé en plusieurs appartements. Pendant tout le XIXe siècle et jusqu'en 1957 l'hôtel reste la résidence de la famille de La Bourdonnaye et de plusieurs locataires. - 1808 Projet d'installation de la Préfecture à l'hôtel de Blossac.
- 1830 Création d'un nouveau vestibule et d'un escalier dans l'avant-corps sur jardin. Réfection des décors du premier étage.
- 1860 Aménagement de nouvelles écuries dans les communs à l'est de la cour. Démontage de la grille entre cour et jardin, en partie remployée sur la rue de Montfort. Le fronton de l'avant-corps sur jardin est remplacé par trois lucarnes.
L'hôtel de Blossac au XVIIIe siècle résidence du commandant en chef pour la Bretagne
- Un chantier permanent
L'installation dès 1732 du commandant en chef représentant le roi en Bretagne à l'hôtel de Blossac, entraîne tout au long du XVIIIe siècle, la construction dans les différentes cours puis le jardin lui-même, de communs supplémentaires édifiés en pans de bois aux frais de la ville de Rennes. Hangars et remises pour les chaises à porteur et les carrosses furent ajoutés dans l'ancienne cour de l'hôtel de Brie, une aile à l'est de la nouvelle cour pour loger le concierge, la salle à manger des officiers de la garde, une pièce dite du café, une rôtisserie, et enfin, vers 1760, une grande salle le long du jardin pour le théâtre, les concerts et les banquets donnés lors des Etats de Bretagne.
- Un air de royauté
Les différents inventaires de mobilier effectués au cours du XVIIIe siècle par la communauté de ville restituent le train de maison fastueux d'un grand seigneur dont la fonction de représentation est primordiale. La "maison" du commandant en chef ne comptait pas moins de soixante dix personnes, officiers, gardes, secrétaires, pages, valets, cuisiniers, palefreniers et cochers. Une paneterie pour le service du pain, une échansonnerie pour celui des boissons, installées derrière le nouveau portail à côté de la loge du suisse ou portier, reprenaient l'usage royal des offices de bouche hérités du Moyen-Age.
La grande quantité de plateaux sur tréteaux, les espaces réservés à la mise en place de l'argenterie, ainsi qu'au dressage des grands décors de table, confirment l'importance hautement symbolique de la bonne chère, démonstration essentielle du paraître aristocratique. Dans les pièces d'apparat du rez-de-chaussée et de l'étage, le rouge cramoisi des sièges et des rideaux, couleur officielle réservée aux princes et aux grands, accentuait cet "air de royauté" déjà perçu au siècle précédent par Madame de Sévigné. Une petite armée s'activait dans les cuisines, en particulier lors de la tenue des Etats de Bretagne pendant laquelle le commandant en chef devait recevoir une importante députation de plusieurs centaines de personnes...
La suite hiérarchique des pièces du rez-de-chaussée, réservé au commandant en chef, reproduisait en réduction l'étiquette de la Cour, avec salle des gardes, grande salle d'apparat, séparée en deux zones par trois arcades, salle d'audience pour les députations, grand salon et chambre de parade.
Le principe de réserver le premier étage à l'épouse du commandant en chef rappelait l'appartement séparé de la reine à Versailles. Dans la grande salle, de somptueuses tapisseries illustrant l'histoire de Josué et un autel avec dais formant chapelle évoquaient la dimension religieuse de la royauté...
Le Ministère de la Culture et l'hôtel de Blossac
Après classement de l'hôtel en 1947 au titre des Monuments Historiques, les premiers travaux de consolidation des planchers et de la charpente visaient à rendre les locaux utilisables. Suite à l'acquisition en 1982 par l'Etat, d'importants travaux de restauration ont permis de rendre son lustre d'antan à ce fleuron de l'architecture civile du XVIIIe siècle.
- 1948 Location d'une partie du 1er étage par l'Agence des Bâtiments de France
- 1957 Installation de la Conservation Régionale des Monuments Historiques
- 1977 Création de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne qui installe ses différents services à l'hôtel de Blossac
- 1982 Acquisition de la totalité de l'immeuble par l'Etat
- 1986 Restauration des charpentes, des toitures et de l'aile des écurie
- 1988-89 Restauration du portail et de l'escalier d'honneur
- 1989-91 Ravalement des façades et restauration des motifs sculptés et réfection du jardin
- 1990-93 Restauration des façades de l'hôtel de Brie