Isabelle Bollard Raineau, est conservatrice régionale de l'archéologie à la DRAC des Pays de la Loire. Le lendemain de l'incendie, elle a organisé la récolte des tessons de vitraux.

Que faisiez-vous le jour de l’incendie ?

J’écoutais la radio et ai entendu qu’un incendie était en cours à la cathédrale de Nantes. J’ai immédiatement contacté ma collègue conservatrice régionale des monuments historiques. Je me suis rendue disponible en cas de besoin. Cette dernière m’a proposé de lui porter main forte le lendemain au regard de mes connaissances en conservation préventive et de gestion du patrimoine archéologique.

Comment est venue l’idée de collecter les vitraux de manière scientifique et de faire appel aux archéologues de la DRAC ?

En arrivant sur les lieux le lendemain de l’incendie, en lien avec la conservatrice régionale des monuments historiques, nous avons constaté que les tessons de vitraux étaient éparpillés sur le parvis qui était alors investi par les pompiers et leur matériel. A ce moment-là, nous ne connaissions pas encore l’état de conservation de la rosace et son devenir. Mais au vue de l’ampleur de l’incendie et de ses conséquences, nous avons mis en place un protocole scientifique avec une méthode de prélèvement adaptée afin que les futures études et restaurations puissent bénéficier de plus d’informations possibles.

Les archéologues ont comme compétence des méthodes d’intervention scientifiques et rigoureuses qui permettent la localisation et la gestion de mobilier archéologique. Ils sont formés à l’exécution de prélèvement d’objets en contexte et d’assurer le bon conditionnement du mobilier.

Comment avez-vous organisé ce moment ?

Le dimanche matin lendemain de l’incendie, nous étions peu nombreux à être disponibles. Avec deux collègues, nous avons mis en place un carroyage afin de localiser l’emplacement des tessons de vitraux dans chaque carré numéroté. Nous avions priorisé l’espace du parvis le plus éloigné de la cathédrale à la fois pour des raisons de sécurité mais aussi pour préserver les vitraux des roulements des camions de pompiers. Pour des raisons de sécurité (nous ignorions si des éléments de la cathédrale pouvaient tomber sur le parvis), l’ensemble des tessons n’a pu être récupéré le dimanche. Nous sommes revenus après la sécurisation de la façade de la cathédrale, mercredi avec mes collègues de l’archéologie et des monuments historiques ainsi que deux étudiants en restauration d’œuvre d’art. Nous avons préparé l’équipe (8- 9 personnes) aux protocoles de prélèvement et de conditionnement du mobilier et nous les avons équipés de masque, gants, mini-pelle, sac. Chacun avait la responsabilité de prélever les tessons présents dans le carré qui leur était attribué. Nous avons ainsi rassemblé dans des sacs numérotés par carré l’ensemble des tessons présents sur le parvis de la cathédrale. Cette opération a duré deux jours. Elle n’a pas pu être menée à l’intérieur de la cathédrale pour des raisons de sécurité. Les éléments du vitrail (en plomb et morceaux de verre) ont été conservés temporairement dans le dépôt archéologique de la DRAC avant de partir pour étude par une restauratrice spécialisée (analyse, tri, dépollution et étude de la faisabilité de reconstitution).