Les protections au titre des monuments historiques 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes - 3eme trimestre
9.Couzon-au-Mont-d'Or (Rhône, métropole de Lyon) : église Saint-Maurice et portion de fortification de l'ancienne enceinte castrale
L'église Saint-Maurice de Couzon-au-Mont-d’Or intègre, dans une construction de grande qualité du XIXe siècle, le chœur médiéval de la première église de Couzon ainsi qu’une portion de l’ancienne fortification, vestige de l’enceinte castrale du village, ce qui forme un ensemble historique de grande valeur dans la commune.
- 12e-14e siècles (église) ; 12e-16e siècles (fortification) -
inscription au titre des monuments historiques le 23 novembre 2021 de l'église Saint-Maurice en totalité ainsi que de la portion de fortification de l'ancienne enceinte castrale du village.
© A. VERTU DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
L’église Saint-Maurice de Couzon-au-Mont-d’Or marquait l’entrée du bourg castral, prenant place immédiatement au sud de l’enceinte fortifiée du château des Comtes de Lyon et formant le segment méridional de la cour sur laquelle donnait le château. Il s’agissait anciennement d’une église de cinq travées, sans bas-côtés ni transept, dont la nef était épaulée de contreforts.
Le cadastre de Couzon montre, en 1806, que l’abside de cette église était comprise dans l’enceinte fortifiée et en composait une des tours. Au milieu du XIXe siècle, la physionomie du centre bourg fut largement modifiée par le passage de la voie ferrée.
L’église Saint-Maurice, vétuste et dans laquelle les paroissiens se trouvaient à l’étroit, fit à la même époque l’objet d’un projet d’agrandissement. L’astucieuse solution proposée par Pierre-Marie Bossan (1814-1888), projetée avec son collaborateur Wilhelm Christian Léo (1820-1891), emporta l’approbation du conseil municipal en 1855.
La nouvelle construction, axée nord-sud, parallèlement à la voie ferrée qu’elle surplombe, conserve le clocher et l’abside du XIIe siècle, devenant chapelle secondaire et entrée latérale de cette église au plan recomposé.
Le programme, réalisé selon deux phases, permit d’échelonner les dépenses et de faire travailler la main-d'œuvre locale, constituée majoritairement d’ouvriers carriers. Ce mode constructif permit en sus d’obtenir, pour un coût maîtrisé, une vaste église, dont la haute nef permit de développer un programme décoratif ambitieux.
Vue de l’extérieur, l’église Saint-Maurice se caractérise par son profil massif au dessin rigoureux, un style affirmé caractéristique de l’art de Bossan. Les baies en plein-cintre orientent l’examen vers une influence néo-romane, tandis que les lits alternés de pierres jaunes et blanches rappellent l’Italie et font la part belle à la pierre de Couzon particulièrement mise en valeur ici.
L’espace intérieur de l’église se distingue par des bas-côtés voûtés très hauts, dont les arcs débutent au même niveau que ceux de la nef, ce qui produit l’impression d’un vaisseau unique. Deux files de colonnes peintes en rouge soutiennent les voûtes d’arêtes à motif étoilé sur fond carmin, qui reposent sur des tailloirs élancés ornés de pierres peintes, les dosserets typiques du style de Bossan.
Ce dispositif reporte plus haut le départ des arcs et permet de donner de l’ampleur au décor. La grande composition historiée du chœur, peinte à la cire, est de Mathaeus Fournereau (1829-1901), élève de Louis Janmot et d’Hippolyte Flandrin.
Maître d’œuvre du programme de transformation de l’église, Pierre-Marie Bossan a en parallèle projeté l'ensemble du mobilier dont il a confié la réalisation aux artistes de son choix.
Daté de façon cohérente autour de 1870, le mobilier d’origine est remarquable et encore majoritairement en place à l’exception des lustres. L’église Saint-Maurice de Couzon-au-Mont-D’Or est une des réalisations de Pierre-Marie Bossan qui signe le passage entre la période "archéologique" de ses débuts et le style bien plus personnel, librement exprimé, de la basilique Notre-Dame de Fourvière, construite entre 1872 et 1884. Pierre-Marie Bossan put reprendre certaines des caractéristiques architecturales développées à Couzon, en particulier l’aspect fortifié de l’extérieur et l’allongement des proportions des baies qui y sont déjà remarquablement élancées, dans la suite de sa production. L’aspect des façades, élevées majoritairement en pierres dorées, ainsi que le génie créatif de Bossan, marqué par l’influence de l’art roman et plus particulièrement de l’architecture méridionale, donne à l’église de Couzon-au-Mont-D’Or un intérêt particulier.
Lors de la réévaluation de la protection au titre des monuments historiques de cet édifice et dans la perspective de régulariser une protection ancienne et partielle (seul le clocher avait été inscrit le 05/07/1927), ont été proposés à la protection l'église Saint-Maurice en totalité et celle du mur de soutènement de l’ensemble bâti.
L'ancienne fortification du bourg castral de Couzon a été jugée indissociable de l’église. Depuis l'abside romane, aujourd'hui chapelle du Saint-Coeur de Marie, ce mur longe en effet la sacristie et d'autres pièces dédiées au fonctionnement de l’église. Cette portion de rempart aboutit à la tour nord-est de la fortification, sur la parcelle C 646.