Les protections au titre des monuments historiques 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes - 3eme trimestre
13.Cogny (Rhône) : manoir d’Epeisses
Le manoir d’Epeisses présente au point de vue de l'histoire et de l'art un intérêt
suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison de son homogénéité et considérant tous les bâtiments et espaces du manoir, qu’ils soient à usage d’habitation ou à usage agricole, comme constituant un ensemble cohérent et indissociable dans le corpus des maisons-fortes.
15e-16e siècles - modifications et ajouts 18e siècle -
inscription au titre des monuments historiques le 17 décembre 2021 de la maison-forte, dite maroir d’Epeisses, en totalité, incluant son portail d’entrée sud.
© J. BOULON DRAC Auvergne-Rhône-Alpes
Cogny est une commune du sud Beaujolais, elle présente toujours un paysage rural, viticole et résidentiel. Le manoir d’Epeisse domine le bourg à l’est et il est bordé au nord par une ancienne exploitation viticole à laquelle il avait été un temps attaché, le reste de l’environnement est formé de prés et bosquets.
La terre d’Epeisse est mentionnée tardivement en 1286, le manoir semble donc avoir été érigé également tardivement, probablement à la fin du Moyen Age dans le cadre de la multiplication des anoblissements, eux-mêmes dus à l’augmentation des richesses et de la démographie en Beaujolais. Il fut peut-être construit par la première famille connue, celle des Chameyré ou au XVe siècle par les Namy. Ces derniers ont cependant fortement contribué à son apparence actuelle qui appartient au style des XVe et XVIe siècles, laissant par ailleurs leur blason sur le manteau d’une cheminée et un dessus-de-porte.
Le manoir au sein duquel a été aménagé un logis noble assez modeste semble avoir progressivement perdu de son attrait résidentiel et par ailleurs, la famille Namy disparait à la fin du XVIIe siècle.
En 1688, Jeanne Tournier, veuve d’un échevin de Villefranche et propriétaire du domaine viticole voisin de la Lucardière, rachète Epeisse pour en faire une annexe à usage de logis pour les employés. L’intérieur de la partie habitation d’Epeisse perd alors le peu d’éléments ostentatoires qu’il devait posséder encore et les plafonds y sont rabaissés dans les deux pièces principales. Néanmoins, l’aspect général n’est pas affecté, le plan restera le même également au cours de la période contemporaine jusqu’à nos jours comme en témoigne le plan ancien comparé au cadastre actuel.
Le domaine sera rattaché jusqu’à la Révolution au clos voisin désormais clos Rambion du nom de son propriétaire d’alors. Les archives de la seigneurie seront brûlées. Louis Morel de Voleine redonne au XIXe siècle sa vocation résidentielle au manoir et on peut encore voir son chiffre sur le portail en fer forgé.
Le plan du manoir se présente sous forme d’un rectangle orienté nord sud. Au nord et à l’est, les deux ailes principales, les plus anciennes abritant le logis et les pièces nobles (partiellement agrémentées de baies à croisées, d’une tour ronde et d’une poivrière.), sont inscrites au titre des monuments historiques façades et toitures auxquelles s’ajoutent deux cheminées et un escalier en vis protégés.
A l’intérieur du plan une première cour carrée et exiguë est partiellement inscrite et plus au sud, une deuxième cour carrée entourée pour l’essentiel des bâtiments des anciens communs n’est pas dans le périmètre de la protection pas plus que les bâtiments ouest et sud.
Le manoir se compose de bâtiments édifiés entre les XIVe et au plus tard au tout début du XIXe siècle qui formaient un tout dans la cohérence de fonctionnement d’un habitat rural à vocation essentiellement agricole, une protection globale semble logique et éliminerait également les difficultés d’interprétation des limites, les bâtiments étant tous solidaires.