Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture, se réjouit de la restitution, le 1er juillet 2021, d’un tableau de Max Pechstein, Nus dans un paysage, aux ayants droit de Hugo et Gertrud Simon et d’un sac à phylactères aux ayants droit d’Élie Léon et Georges Lévi-Valensin, et salue l’action des services du ministère de la Culture, du Musée national d’art moderne, du Musée d’art et d’histoire du judaïsme (MAHJ) et de la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) qui y ont œuvré.

Le tableau de Max Pechstein, Nus dans un paysage, était placé sous la responsabilité du Musée national d’art moderne et relevait de la catégorie des œuvres « Musées nationaux récupération », sous le numéro R29P. Ce tableau appartenait à Hugo Simon (1880-1950), banquier, collectionneur, mécène allemand, de famille juive, figure influente des milieux artistiques allemands pendant la République de Weimar, et soutien du mouvement expressionniste. Ayant fui l’Allemagne nazie en 1933, il s’installa à Paris où il s’engagea dans le soutien aux réfugiés allemands et aux artistes antinazis. Il parvint en 1941 à fuir la France pour le Brésil avec sa famille, contraint d’abandonner livres et œuvres d’art, dont nombre furent volés et disparurent. Il mourut en 1950 sans avoir pu retourner en Europe ni récupérer l’essentiel de ses biens.

Le tableau de Max Pechstein volé ou laissé à l’abandon chez Hugo Simon fut trouvé en 1966 dans les caves du Palais de Tokyo sans que l’on puisse expliquer le trajet qui l’y avait conduit. Compte tenu des recherches menées par le Musée national d’art moderne, en lien avec la famille de Hugo Simon, la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations a recommandé au Premier ministre, en 2020, la restitution du tableau aux ayants droit de Hugo et Gertrud Simon.

Le sac à phylactères (ou téfilines) était conservé au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. Il a été retrouvé en Europe à l’issue de la Seconde Guerre mondiale et confié à la Jewish Restitution Successor Organization (JRSO), qui rassemblait des judaica (livres, objets rituels…) dispersés à travers l’ancien Reich et l’Europe occupée. Ce sac faisait ainsi partie d’un ensemble de 114 objets cultuels juifs en déshérence, sans propriétaire connu, déposés par le JRSO à l’ancien musée d’art juif de la rue des Saules à Paris, qui l’a lui-même transféré au Musée d’art et d’histoire du judaïsme à son ouverture en 1998.

Ce sac, qui contenait les phylactères nécessaires à la prière matinale quotidienne, a été offert à Alger en août 1888 à Élie Léon Lévi-Valensin (1875-1945), à l’occasion de sa bar-mitzvah (majorité religieuse), comme l’indiquent le nom, la date et le lieu brodés sur l’objet lui-même. Le sac retrouvé sur le territoire contrôlé par les nazis a probablement été volé à Paris pendant l’Occupation chez le fils d’Élie Léon Lévi-Valensin, le docteur Georges Lévi-Valensin (1902-1987), dont l’appartement et le cabinet médical parisiens ont été pillés en 1942. Le sac a été identifié par l’arrière-petite-fille d’Élie Léon Lévi-Valensin, au moment de l’exposition du MAHJ sur les Juifs d’Algérie en 2012-2013.

La ministre de la Culture salue tout particulièrement les ayants droit des deux familles spoliées. Animés par le souvenir de leurs aïeux, ils portent une mémoire particulière : celle des Juifs et antinazis allemands ou autrichiens, forcés de quitter leur patrie puis, plus tard, la France, contraints de refaire plusieurs fois leur vie, tels Hugo et Gertrud Simon au Brésil ; celle des Juifs d’Algérie, citoyens français à part entière et pourtant déchus de leur nationalité par le régime de Vichy, présents des deux côtés de la Méditerranée, tels Élie Léon Lévi-Valensin à Alger et son fils Georges Lévi-Valensin à Paris.

Le ministère de la Culture et les musées et bibliothèques concernés poursuivent, en lien avec la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, leurs efforts pour identifier les biens culturels spoliés et leurs propriétaires, et rendre possibles de nouvelles restitutions.

Le tableau de Max Pechstein est exposé pour quelques semaines au Musée national d’art moderne dans une salle rendant hommage à son propriétaire spolié, Hugo Simon, grâce au prêt généreux proposé par ses ayants droit.