Femme libre, femme politique, femme d’écriture, Déwé Gorodey était de tous les combats, mais surtout de tous les engagements ; aujourd’hui, elle s’est éteinte en Nouvelle-Calédonie, sa terre, mais c’est bien au-delà que sa lumière persiste, puisant dans une énergie incroyable qu’elle n’aura eu de cesse de mettre au service de la culture océanienne, mais également des femmes et de l’action publique. Plusieurs vies en une, mais la militante indépendantiste et la poète ont fait cause commune, car si elle a toujours enseigné, du français au collège jusqu’à la littérature à l’Université, il faut saluer la femme, parmi les premières, qui aura été élue puis membre sans discontinuer de tous les gouvernements depuis leur mise en place en 1999. L’action est vaste, multiple, mais retenons ce qui était sa bataille de cœur, la défense de la culture et de l'identité kanak - la recherche d’identité qu’elle définissait en mouvement : « le modèle, pour moi, il est devant soi, jamais en arrière. C’est une reformulation permanente ». Si elle n’en était pas moins prévue par les accords de Matignon et Nouméa, la reconnaissance du plurilinguisme et de la diversité culturelle n’est pas toujours allée de soi et il fallait bien une œuvre littéraire, celle de la conteuse et de l’écrivain, pour accompagner les actes de sa vie publique tels la création de l’Académie des langues kanak à laquelle elle a fortement contribué et dont elle était la présidente du Conseil d’administration ou le Salon international du livre océanien. Une femme-monde qui dans L’Épave, premier roman kanak publié en 2005, dira sans fard, courageusement, le désarroi des femmes abusées, brisant le silence autour des violences sexuelles. Une femme fière et généreuse à qui rendre hommage aujourd’hui est un devoir et un honneur.

J’adresse à sa famille et à ses proches, mes plus sincères condoléances.