Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture, fait part de sa profonde émotion à l’annonce du décès du peintre français Bernard Rancillac, illustre représentant du courant de la figuration narrative.
Après avoir grandi dans les années 1930 en Algérie, Bernard Rancillac suit des études de dessin à Paris, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Alors que souffle un vent de liberté et de modernité sur la société française, le jeune artiste installe son atelier à Bourg-la-Reine en 1955 et devient instituteur. L’année suivante, une première galerie expose ses œuvres et lui offre une visibilité qui lui permet d’exposer régulièrement aux salons de la jeune peinture et des réalités nouvelles. Rapidement remarqué, il conclut un contrat avec un collectionneur, M. Audouin, qui lui donne une liberté financière précieuse. Dès 1961, le prix de peinture de la Biennale de Paris distingue son œuvre, jugée novatrice.
Ses peintures recèlent déjà les éléments qui seront les traits caractéristiques du mouvement artistique de la « figuration narrative » auquel ont pris part Hervé Télémaque, Jacques Monory, Peter Foldès ou encore Gérard Fromanger. La notion se forge à l’occasion de l’exposition « Mythologies quotidiennes », organisée par plusieurs artistes, dont Bernard Rancillac, en 1964 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Cette mouvance, qui se développe en réaction aux créations abstraites, préfigure le « pop art » en s’inspirant des objets de la vie quotidienne.
Les engagements politiques de Bernard Rancillac le conduiront à exposer ses œuvres à l’exposition « Le Monde en question : ou vingt-six peintres de la contestation » en 1966 où il dénonce la persistance de la torture dans certains pays, mais également au Salon de Mai de La Havane, à Cuba, en 1967. Il prend pleinement part au mouvement de mai 1968 en dessinant et en produisant des affiches à l’Atelier populaire des Beaux-Arts.
L’œuvre de Bernard Rancillac a marqué, pendant plus de cinquante ans, la scène picturale française par sa liberté absolue : le ton, le style, le message, les couleurs s’associent vers cette quête éternelle et omniprésente. En introduisant des références à d’autres champs artistiques (les bandes dessinées et les comics issus de l’univers de Walt Disney, le cinéma, les dessins animés ou encore les images publicitaires), l’artiste revendique son appartenance à une époque dont les symboles sont nouveaux et parfois venus d’ailleurs – notamment des États-Unis, contre l’influence desquels il lutte farouchement.
Roselyne Bachelot-Narquin salue l’apport de ce peintre majeur qui a marqué tant l’histoire de l’art français de la seconde partie du XXe siècle, par ses peintures, que l’histoire de la société, par son engagement d’artiste pleinement ancré dans le monde.