La grâce était le second prénom du danseur Michaël Denard dont la disparition laisse orphelin l’Opéra national de Paris, qui perd aujourd’hui l’une de ses plus brillantes étoiles.

Le parcours de ce jeune prodige débute à Tarbes où il découvre à 18 ans la magie des mouvements chorégraphiés. Engagé en 1963 dans le corps de ballet du Capitole de Toulouse puis en 1964 dans celui de l’Opéra de Nancy, il éblouit déjà ses camarades par l’éclat de son talent.

Son ascension fulgurante se poursuit à Paris où il fait ses premiers pas à 21 ans en suivant les cours de Solange Golovine, avant une première apparition sur les planches parisiennes avec les ballets européens de Lorca Messine. C’est là que Pierre Lacotte le repère et décèle le génie brut de celui qui intègrera l'année suivante l'Opéra national de Paris comme surnuméraire avant d'en gravir tous les échelons. Coryphée en 1967, sujet en 1968 puis premier danseur en 1969, il marque chaque année un peu plus toute la troupe de la Grande Boutique de sa fougue et de son énergie. Alors, subjugué par ce danseur qui fait tournoyer les cœurs, Maurice Béjart crée pour lui L’oiseau de feu. Ce rôle qui fut pour lui comme une seconde peau le fera passer de danseur solaire et raffiné à prince incontesté de l’art chorégraphique sur les principales scènes françaises et internationales.

La consécration n'est pas loin. Elle arrive en 1971 lorsqu'il il apprend depuis New-York sa nomination au rang d’étoile, très rapidement après avoir intégré la compagnie. Tout au long de ses années au sein de l’Opéra, il dansera pour des chorégraphes majeurs tels Balanchine, Ailey ou encore Grigorovitch et réjouira à chaque fois le public venu l’applaudir. Compagnon de route des plus grands, il participe ainsi à l’aventure de La Sylphide où il forme avec Ghilsaine Thelmar un couple de scène iconique du Palais Garnier et au-delà. Et, s’il fait ses adieux de danseur à l’Opéra de Paris en 1989, il retrouvera sa maison plus tard comme Maître de ballet et y aura à cœur de transmettre son art.

D'une scène à l'autre, Michaël Denard a été pendant des années un remarquable interprète des principaux chorégraphes du 20e siècle tels Roland Petit, Carolyn Carlson, Georges Balanchine, Merce Cunningham ou Luncinda Childs, tout en travaillant régulièrement avec des jeunes chorégraphes. Autant d’interprétations témoignages d’un danseur qui n’aura jamais cessé d’offrir des instants de beauté au public, et donnant longtemps toute la densité de son talent à des personnages de caractère telle son inénarrable Mère Simone dans La fille mal gardée. Passionné de théâtre, il monte par ailleurs sur les planches pour en jouant Un mari idéal d’Oscar Wilde dans une mise en scène signée Adrian Brine. Figure incontournable pour le ballet de la fin du 20e siècle, Michaël Denard aura été ce danseur élégant à la présence scénique flamboyante dont le souvenir continue d’animer avec émotion tous les amoureux de la danse.

J’adresse à sa famille et à ses proches mes plus sincères condoléances.