Mesdames et messieurs les parlementaires,
Monsieur le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, cher Frédéric POTIER,
Mesdames et messieurs les présidents d’associations,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Le 13 février 2006, un jeune homme de vingt-trois ans trouvait la mort en France au seul motif qu’il était juif. Il s’appelait Ilan HALIMI. Il a été assassiné sur le territoire de notre République par la barbarie antisémite. Le 13 février 2006, la haine et les actes que nous pensions appartenir au siècle passé nous rappelaient à leur intolérable actualité.
Et à la mémoire d’Ilan HALIMI s’est ajoutée, depuis, celle de dix autres de nos concitoyens, assassinés sur le sol français parce qu’ils étaient juifs.
Ils s’appelaient Myriam MONSONEGO ; Arié, Gabriel et Jonathan SANDLER ; Yoav HATTAB ; Yohan COHEN ; Philippe BRAHAM ; François-Michel SAADA ; Sarah HALIMI ; et Mireille KNOLL. Des femmes, des hommes, des enfants, des personnes âgées. Onze vies volées.
Je veux rendre hommage à leur mémoire, et à leurs proches. En évoquant ces crimes ignobles, une phrase résonne : Dans la France du XXIème siècle, on peut encore mourir d’être juif.
Dans la France du XXIème siècle, on peut encore être inquiété du fait de sa religion. Ces mots, nous les avons lus, nous les avons entendus, mais ils sont chaque fois insupportables. Parce qu’ils disent une réalité abominable.
Ils disent la résurgence d’un antisémitisme que l’on croyait disparu. Ils disent à quoi peut mener la haine des Juifs : à ces meurtres odieux, dont chacun a laissé notre pays meurtri – non pas une communauté, mais bien toute la République. L’antisémitisme est contraire à nos valeurs, contraire à la devise qui nous unit. Il est contraire à ce que nous sommes. Il est une insulte à la France, comme chacune des discriminations, des menaces, des agressions subis par des millions de Français en raison de leur nom, de leur apparence, de leur foi, de leurs opinions.
Cette haine de l’Autre n’a pas sa place dans notre pays. L’ensemble du gouvernement est uni pour la combattre, avec la plus grande fermeté et sur tous les fronts.
C’est tout le sens du « Plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme » présenté par le Premier ministre en mars dernier. Avec ce plan, nous nous attaquons à toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. Nous nous attaquons en particulier à l’impunité sur Internet, sur les réseaux sociaux.
Nous ne laisserons plus passer cette haine qui se nourrit des pires fantasmes, des stéréotypes, des préjugés. Une haine qui se construit sur l’ignorance, et grandit de la faiblesse des esprits.
La meilleure manière de la combattre, c’est de lui opposer la connaissance. C’est de lui répondre par ce qui nous unit et nous rassemble : c’est-à-dire par l’éducation, et par la culture.
Ce combat, vous y participez, toutes et tous. Je veux vous en remercier.
A la tête des associations, des établissements culturels, des lieux mémoriels, des collectivités que vous représentez, vous conduisez des projets remarquables. Des projets nécessaires. Je sais votre engagement, votre mobilisation chaque jour.
Je sais le grand festival contre le racisme qui est désormais organisé, chaque année, au Palais de la Porte Dorée, chère Hélène ORAIN;
Je sais les dispositifs pédagogiques du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, chère Marion BUNAN, chère Elise MALKA ; ou du Camp des Milles, cher Cyprien FONVIELLE – j’ai eu l’occasion de les voir à l’œuvre il y a quelques semaines…
Je sais l’énergie dédiée à la mise en place d’un réseau des lieux de mémoires, et au renouveau de la « Semaine d’éducation et d’action contre le racisme ».
Je sais le prix Ilan HALIMI qui existe déjà, en Essonne, depuis 2014. Il est une inspiration et un modèle pour celui que nous lançons aujourd’hui au niveau national. Cher Jérôme GUEDJ, cher Olivier LEONHARDT : merci d’avoir créé ce prix, merci de l’avoir accompagné, avec conviction et ténacité.
Je sais les actions menées, sur l’ensemble du territoire, tout au long de l’année, par les acteurs que vous représentez : chacune de vos initiatives est salutaire.
Je suis à vos côtés, et aux côtés de la DILCRAH – cher Frédéric POTIER. Mon ministère a obtenu l’an dernier la double labellisation Diversité-Egalité, qui reconnaît l’exemplarité de notre politique de ressources humaines et notre engagement global contre les discriminations.
Cette reconnaissance nous oblige, à une intransigeance de chaque instant :
Au sein du ministère, d’une part, et de chacune des entités qui le composent : en administration centrale, dans nos directions régionales, nos opérateurs. Mais aussi auprès des secteurs que nous accompagnons, car ce combat pour la tolérance et pour l’égalité doit infuser chacune de nos politiques.
Ce combat, nous le prolongeons ensemble aujourd’hui. Je suis fière de pouvoir lancer avec vous ce Prix Ilan HALIMI, annoncé par le Premier ministre dans le cadre du Plan national de lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
Ce Prix viendra récompenser des projets portés par des jeunes de moins de 25 ans pour lutter contre les stéréotypes racistes et antisémites. Il valorisera l’engagement des jeunes générations qui se mobilisent pour faire reculer la haine, l’intolérance ; pour prévenir les préjugés ; pour préparer la France de demain.
Le premier rempart contre la haine qui gangrène notre société se trouve au cœur de la République elle-même : dans l’engagement associatif, dans l’engagement citoyen.
Nous ouvrons ce soir l’appel à candidatures.
Un jury sera chargé de départager les candidats. Il sera présidé par Emilie FRÈCHE – que je salue chaleureusement et que je remercie pour son implication. Le Prix sera remis le 13 février prochain, en mémoire d’Ilan HALIMI, et renouvelé le 13 février de chaque année après cela. La barbarie qui a pris la vie de ce jeune homme a aussi tenté de voler sa mémoire, en profanant sa stèle – acte intolérable. Avec ce Prix, nous nous engageons pour faire vivre cette mémoire, par tous les moyens.
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Il y a 120 ans, Emile ZOLA s’insurgeait de voir l’antisémitisme faire son chemin au sein des jeunes générations : « Il y a donc des cerveaux neufs, des âmes neuves, que cet imbécile poison a déjà déséquilibrés ? Quelle tristesse, quelle inquiétude, pour le vingtième siècle qui va s’ouvrir ! » écrivait-il.
Aujourd’hui, une fois de plus, nous nous rassemblons pour contrer ce poison, en premier lieu dans le cœur de la jeunesse qui fera l’avenir de ce pays.
Merci à toutes celles et ceux qui soutiennent et qui nous ont permis de lancer aujourd’hui ce Prix Ilan HALIMI.