Bonjour à tous,

Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui pour vous présenter le projet de restauration et d’aménagement du Grand Palais.

Le monument fermera ses portes au public à partir de 2020, pour rouvrir progressivement à partir de 2023, et intégralement en 2024, pour l’accueil des Jeux Olympiques.

Ce projet est un projet d’exception, à la hauteur du lieu, à la hauteur de son histoire, à la hauteur de ses missions.

Un projet comme un siècle en compte peu.

La construction du Grand Palais, à l’occasion de l’Exposition universelle, avait accompagné l’entrée dans le XXème siècle.

Le nouveau Grand Palais doit incarner la France du XXIème siècle.

Il y a beaucoup de notre pays dans ce bâtiment.

Il y a beaucoup de notre pays, aussi, dans le choix de réaliser ces travaux.

Ce choix dit quelque chose de notre rapport à l’Histoire : de notre attention pour le patrimoine, l’héritage qui nous est laissé.

Il dit quelque chose de notre rapport au monde, puisque cette restauration attirera les visiteurs des cinq continents.

Il dit quelque chose de notre rapport à l’art, auquel nous réservons un espace d’exception, au cœur de la capitale.

Ce projet dit beaucoup de la France.

Il est en préparation depuis plusieurs années.

J’en porte aujourd’hui, avec ce ministère, la responsabilité.

Je souhaiterais vous en présenter toutes les ambitions.

Car ce chantier n’est pas seulement celui d’un pays qui veille sur ses monuments.

C’est celui d’une France en mouvement.

Celui d’une France ambitieuse, qui se transforme.

Lorsque j’ai pris en main ce dossier, j’ai vu dans ce chantier l’opportunité d’un mouvement plus large.

J’ai vu cette nouvelle donne pour le Grand Palais comme l’opportunité d’une nouvelle donne, aussi :

  • Pour la coopération entre nos grands musées ;
  • Et pour notre politique de grands projets.

Un mot de la restauration et de l’aménagement du site, pour commencer.

C’est un chantier historique.

Historique par l’ampleur des travaux engagés.

Ce sera la première grande restauration d’ensemble engagée depuis la construction du Grand Palais.

Elle a été envisagée plusieurs fois, mais toujours reportée. Nous ne pouvions plus reculer.

Le bâtiment est dans un état qui compromet sa capacité à accueillir du public et sa pérennité.

C’est un chantier historique, ensuite, par l’ampleur des financements mobilisés.

Cette restauration est un défi, une responsabilité. Si nous n’agissons pas, le Grand Palais est en péril.

L’Etat va donc engager 128 millions d’euros de crédits budgétaires sur cinq ans pour la restauration au titre des monuments historiques et de la mise aux normes du bâtiment.

L’Etat va également engager 160 millions d’euros au titre du Grand Plan d’Investissement, sur cinq ans également, pour ce projet d’exception, avec un retour sur cet investissement attendu en termes de modèle économique de la RMN-GP.

La RMN-GP va par ailleurs souscrire un emprunt exceptionnel de 150 millions d’euros.

Universcience contribuera aussi par la création d’une nouvelle muséographie.

Et enfin, le projet bénéficiera d’un apport de partenaire privé, qui sera précisé tout à l’heure par Sylvie HUBAC.

Je tiens à saluer ce partenariat.

Un mot des objectifs de ces grands travaux.

Sécuriser le monument : c’est le premier impératif. Les toitures sont vétustes. De nombreux espaces sont aujourd’hui fermés au public, faute de mise aux normes.

Offrir au Grand Palais une nouvelle splendeur, un nouvel éclat, ensuite, pour une attractivité renforcée.

Les volumes et les lumières seront réhabilités.

La capacité d’accueil va augmenter : celle de la Nef va notamment doubler ;

De nouveaux parcours de visite vont être développés ;

Les abords du Palais vont être embellis, revalorisés.

Les travaux doivent aussi permettre au Grand Palais d’être le fer de lance du dialogue entre les arts et les sciences.

La réouverture sera marquée par une relation renforcée entre les deux établissements publics qui occupent le site : la RMN-GP et Universcience, avec le Palais de la Découverte.

Il ne s’agira pas seulement d’une coexistence, mais d’une véritable alliance des Arts, des Sciences et de la Culture, avec un véritable projet d’ensemble, partagé, pour croiser les savoir-faire, conduire des initiatives inédites, et porter une nouvelle vision au service des publics.

Une Galerie des arts et des sciences pour les enfants sera créée dans le cadre des travaux : elle sera cogérée par les deux établissements.

Enfin, les travaux engagés doivent faire du Grand Palais un bâtiment d’avant-garde : en pointe sur le plan écologique, sur le plan logistique, et sur le plan numérique.

Au total, ces investissements vont permettre d’attirer des publics toujours plus nombreux, toujours plus divers.

De les accueillir dans de meilleures conditions, avec de nouveaux services, de nouveaux outils de médiation, de nouveaux espaces de vie et de rencontre.

On compte 3 millions de visiteurs par an aujourd’hui.

Nous en espérons 4 millions demain.

Nous attendons aussi de nouveaux événements d’envergure internationale : des foires artistiques, des salons, des défilés, des sommets institutionnels, des compétitions sportives bien sûr – à commencer par les épreuves de taekwondo et d’escrime des Jeux Olympiques de 2024.

Je tiens à saluer et remercier l’ensemble des équipes qui ont travaillé et continueront de travailler sur ces projets.

Je salue notamment François CHATILLON, architecte en chef des monuments historiques, responsable de la maîtrise d’œuvre pour les travaux de restauration.

Je salue également Benoit JALLON et Umberto NAPOLITANO, architectes de l’agence LAN, chargée de la maîtrise d’œuvre pour l’aménagement.

Ils prendront la parole dans un instant.

C’est une rénovation architecturale et muséographique majeure qui s’engage.

Une page se tourne pour le monument.

Je souhaite que nous en profitions pour tourner une nouvelle page, aussi, dans la coopération entre nos grands musées.

Je souhaite que cette nouvelle ère soit marquée par des relations renforcées entre l’établissement public de la RMN-GP, les musées nationaux, et plus largement toutes les institutions culturelles.

J’ai réuni, dès le 30 octobre dernier, l’ensemble des dirigeants de nos grandes institutions muséales pour les mobiliser en ce sens et poser cette ambition de coopération approfondie.

L’ambition pour les Galeries nationales du Grand Palais doit être une ambition collective, avec des programmations partagées et coordonnées entre les institutions.

Je souhaite que les savoir-faire et les capacités de rayonnement des uns puissent nourrir les autres.

Je souhaite que les Galeries rénovées puissent mettre en valeur la richesse des collections publiques pour le plus grand nombre.

La nouvelle page qui s’ouvre pour le Grand Palais doit être aussi l’occasion d’une nouvelle page pour la Réunion des musées nationaux, et la coopération entre nos grandes institutions.

Enfin, je souhaite que ce chantier soit l’occasion de tourner une page dans la politique de grands projets conduite par ce ministère.

Le financement engagé par l’Etat pour ces travaux est exceptionnel, je l’ai dit.

Il était nécessaire.

Mais il nous oblige, dans une période de contraintes budgétaires fortes, où des efforts importants sont demandés à tous les citoyens.

Cet investissement oblige le futur Grand Palais – et les musées exposés – à une action culturelle très volontariste. A se tourner vers tous les publics, et en particulier les publics les plus éloignés de ces institutions.

Cette action doit toucher la France entière, j’insiste sur ce point : c’est un projet national. Il doit servir notre pays tout entier. Y compris les publics non parisiens, non franciliens.

Je souhaite que la RMN-GP amplifie ses actions en région, nourrisse les initiatives « hors les murs », les projets de circulation d’œuvres.

Je sais pouvoir compter sur Sylvie HUBAC, Bruno MACQUART et l’ensemble des présidents et directeurs de musées, ici présents, pour avancer dans cet état d’esprit.

Cet investissement d’exception nous oblige ensuite à interroger nos choix pour l’avenir.

Je souhaite qu’il soit l’occasion d’une réflexion sur les grands projets.

Une double réflexion :

  • Sur nos modèles de financement, d’une part ;
  • Sur l’équilibre entre la région parisienne et les autres régions de France.

S’agissant de nos modèles de financement :

Toutes les sources de financement doivent pouvoir être mobilisées au service de la culture.

L’exigence de réduction des déficits publics, d’une part, et l’engagement croissant des acteurs privés, d’autre part, nous invitent à considérer toutes les sources de diversification possibles.

Le mécénat a toute sa place.

En particulier pour les projets comme celui, qui bénéficient d’une visibilité internationale, et qui ont la capacité d’attirer de grands mécènes.

Nous devons développer cette piste, en parallèle des financements de l’Etat, à chaque fois que la nature des projets en offre la possibilité.

Le mécénat s’est développé relativement tard, en France, en comparaison d’autres pays – notamment les pays anglo-saxons.

C’est une pratique qui monte en puissance et que je souhaite encourager, notamment aux profits des très petites, petites et moyennes entreprises.

S’agissant des équilibres géographiques dans les financements engagés par l’Etat, ensuite :

Des montants plus importants se sont concentrés sur la région parisienne, de longue date, car c’est là que se concentrent beaucoup de nos grands musées, monuments, institutions.

Ces derniers ont une capacité à attirer des financements complémentaires nous permettant d’agir au profit de tous les territoires, de porter des projets structurants pour les régions et l’ensemble des citoyens.

D’ores et déjà, en 2018, j’ai souhaité augmenter le niveau de crédits d’investissement déconcentrés dans les régions de 5%. Et je continuerai.

Je souhaite que nous renforcions nos engagements dans les territoires qui en ont le plus besoin, et où le patrimoine peut avoir un véritable effet de levier – économique, social.

J’ai commencé à marquer un rééquilibrage des moyens en direction des territoires, des petites communes, des centre-bourg et des villes moyennes dans le budget pour 2018.

J’ai ainsi créé un fonds spécial de 15 millions d’euros au profit des communes de moins de 10 000 habitants à faibles ressources, pour la restauration du patrimoine, en lien avec les régions.

Je rappelle aussi que nous consacrons des moyens supplémentaires à des expérimentations pour la revitalisation de 17 centres anciens.

Je multiplierai et renforcerai nos engagements vers les territoires en situation de désertification.

C’est un rôle que l’Etat doit assumer, en parallèle des grands projets qui servent notre rayonnement.

 

Mesdames et messieurs,

Je suis très fière, avec l’ensemble de ce ministère, du projet dans lequel le Grand Palais s’engage.

Un projet qui fera la fierté de la France.

La fierté des Français.

Comme tous les projets d’exception, tous les projets historiques, celui-ci nous offre un miroir : sur les choix que nous faisons, sur ce que nous portons comme ambition, sur ce que nous voulons pour l’avenir.

Ce projet sera l’un de ceux qui marqueront le XXIème siècle.

A nous de décider de ceux qui l’entoureront.

Je vous remercie.