Une première journée au Château de Versailles, monument historique engagé en faveur de l’éducation artistique et culturelle
Les auditrices et les auditeurs ont tout d’abord été accueillis au château de Versailles par Catherine Pégard, présidente de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, également membre du Comité d’orientation du CHEC. En écho au thème de la session annuelle « Tenir le cap et inventer en temps de bouleversements », elle a évoqué le défi actuel de l’établissement, confronté à une baisse drastique de sa fréquentation depuis la pandémie mondiale, en raison d’un arrêt quasi complet du tourisme mondial, suivi d’une faible reprise ces derniers mois.
Pour palier cette baisse et intéresser un public plus proche et fidélisé, le Château de Versailles continue d’expérimenter. Denis Verdier-Magneau, directeur du développement culturel, a présenté les différents projets et les temps forts menés par l’établissement : partenariats scolaires, expositions thématiques, semaine du patrimoine, œuvres interactives... Face à une demande de plus en plus importante du public d’être accompagné dans ses découvertes culturelles, la médiation, pensée de façon plurielle, permet de développer une offre accessible pour tous les publics, d’introduire le débat d’idées, l’échange entre les visiteurs, et de créer ainsi une expérience culturelle beaucoup plus riche pour chacun.
Si la médiation est essentielle pour un ensemble patrimonial aussi riche et complexe que le Château de Versailles, elle l’est aussi pour comprendre ses parcs et ses jardins. Plus largement, la sensibilisation du public aux enjeux du paysage prend aujourd’hui une acuité particulière. C’est ce qu’a pu montrer la table ronde sur l'histoire de l'invention du paysage et le rôle essentiel des paysagistes aujourd’hui, menée par Alexandra Bonnet, directrice de l’école nationale supérieure de paysage et du Potager du roi à Versailles, Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques et responsable du parc et des jardins du domaine national de Versailles ainsi que Claire Trapenard, paysagiste. En partant de l’exemple de l’École de Versailles - première école de paysage en France, créée en 1976 -, ils ont montré en quoi la fabrication et la conservation du paysage constituent une véritable démarche créative de transmission de patrimoine culturel aux futures générations.
Les auditrices et auditeurs se sont ensuite rendus à la Galerie des Carrosses situé au sein de la Grande Écurie. Emmanuelle Diolot, auditrice de la session et nouvellement désignée administratrice de l’Académie équestre nationale du domaine de Versailles, a ensuite présenté cet établissement d’enseignement, qui offre une place de choix à la transmission des savoirs liés à l’écriture de spectacles équestres. L’Académie équestre constitue une innovation majeure dans le domaine du spectacle vivant puisque Bartabas, fondateur de ce projet, a créé en 2003 sa propre compagnie de ballet, alliant danse, chant, théâtre et spectacle équestre.
Pour clore la journée, une visite du Campus de Versailles « Patrimoine & Artisanat d’excellence » a permis de découvrir l’ensemble des métiers et des pratiques propres au secteur de l’artisanat. Astrid Brandt-Grau, Pascal Gille, Lionel Romier et la directrice opérationnelle du campus Armelle Weisman, travaillant pour le Campus, ont rappelé l’importance de la revitalisation des métiers du patrimoine en voie de disparition, de l’accompagnement de l’insertion et de l’épanouissement des jeunes dans les secteurs de l’artisanat et du patrimoine.
Deuxième journée à l’Académie d’Architecture
Pablo Katz, Président de l’Académie d’Architecture, a ouvert la journée avec la présentation et les enjeux de l’Académie aujourd’hui. Si historiquement, l’Académie s’était créée pour d’organiser la profession, œuvrant pour réguler et diplômer les architectes, elle s’est dotée, quand ces missions ont été prises en charge par l’État, d’une mission d’enseignement et de reconnaissance de l’excellence architecturale, avec une quarantaine de prix et de récompenses délivrées chaque année.
La conférence de Jean-François Hébert, directeur général des Patrimoines et de l’Architecture au ministère de la Culture, a montré que les politiques du patrimoine, constituées dans une logique de conservation et de permanence, ont néanmoins besoin de se réinventer constamment, car de nouveaux enjeux animent le secteur, notamment du fait des défis écologiques.
Quelles transformations, et pour quels effets ? Antonin Margier, maître de conférences en géographie sociale à l’Université Rennes 2 et auteur de l’ouvrage Cohabiter l’espace public, a ensuite montré, à partir de ses terrains de recherches en France et au Canada, comment, dans un contexte de concurrence de plus en plus vive entre les territoires afin d’attirer les investissements, l’esthétisation des espaces publics en ayant recours à des interventions artistiques peut avoir pour conséquences l’éviction de certains catégories de population : autant de conséquences à mesurer pour accompagner au mieux les aménagements, dans une attention à tous les usages.
Benjamin Mouton, architecte en chef des monuments historiques, ainsi que membre et conservateur archiviste de l’Académie d’architecture, a ensuite fait visiter les lieux et révélé les spécificités des décors d’intérieur de cet ensemble architectural exceptionnel.
Claire Chabrol, chargée de projet du Booster du réemploi, et Hugo Topalov, ingénieur et architecte à Bellastock et partenaire du Booster du réemploi, ont abordé le réemploi des matériaux lors des constructions de bâtiments. Alors que le modèle de construction actuel est linéaire (extraction-production-consommation-déchets), l’initiative du Booster du réemploi permet de réduire considérablement les émissions carbone, en accompagnant les maîtres d’ouvrage publics et privés à réemployer les matériaux des bâtiments voués à la destruction.
En fin de journée, pour compléter les réflexions de la veille sur les politiques de médiation culturelle, un échange a été organisé entre les auditeurs et Sébastien Cavalier, président de la SAS Pass Culture, pour revenir sur les intentions initiales de ce dispositif destiné à promouvoir auprès des jeunes la plus grande diversité possible d’offres culturelles, et sur ses évolutions depuis 2017, avec notamment la mise en place d’un volet éducation artistique et culturelle en lien avec les établissements scolaires.
Les auditrices et les auditeurs se sont ensuite rendus pour la soirée à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), afin de présenter les points d’étapes des groupes de travail.
Dernière journée au musée Guimet sur les questions du patrimoine matériel et immatériel
Sophie Makariou, directrice du Musée Guimet, a ouvert cette troisième journée consacrée aux musées. Elle a notamment montré comment les personnels du musée, dans la grande diversité de leurs métiers, devaient être considérés comme ses premiers publics, pour en être les premiers ambassadeurs.
Comment un musée peut-il être de notre temps ? Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions de l’Institut du monde arabe, a exposé différents projets d’exposition menés selon la méthode désignée par le mot valise de « cocréaction », qui permet, par l’implication dès la conception du projet de multiples partenaires, de faire ressortir, d’une mise en présence d’objets patrimoniaux et d’œuvres récentes, des grilles de lectures pour comprendre notre monde contemporain. Jacqueline Eidelman, conservatrice générale du patrimoine honoraire et coordinatrice du pole muséal de la mission de préfiguration du musée-mémorial du terrorisme, est revenue sur les temporalités des musées. En particulier, la création d’un musée-mémorial du terrorisme questionne l’histoire du temps présent et la patrimonialisation de la mémoire vive.
La deuxième partie de la journée s’est articulée autour des questions du patrimoine culturel immatériel (PCI), notion établie dans les années 1970. Lily Martinet, responsable du Centre français du patrimoine culturel immatériel (ethnopôle) et Thomas Mouzard, chargé de mission Ethnologie - PCI à la direction générale des Patrimoines et de l’Architecture du ministère de la Culture, ont expliqué que le PCI met en avant la sauvegarde de savoirs et de pratiques et les communautés, lorsqu’un ensemble des personnes font vivre une pratique culturelle. Toutefois, il reste difficile de parler du PCI en termes juridiques, car chaque situation est particulière et relève de certaines conditions de transmissions.
Pour clore ce septième module consacré à l’EAC et au patrimoine, Philippe Bélaval, Président du Centre des monuments nationaux (CMN), est intervenu sur le sujet du patrimoine comme « bien pour tous dans un monde en bouleversement ». Alors que le patrimoine est un reflet fidèle de notre histoire chronologique et intellectuelle, il est nécessaire de passer de la culture de la conservation à la culture de l’usage et de la mise à disposition, pour satisfaire les besoins des habitants.
Pour terminer ce module, l’ensemble du groupe a eu la chance de visiter les espaces du musée Guimet, donnant à voir des œuvres millénaires et contemporaines du Japon, de la Chine, de la Corée et du Cambodge, et retraçant toute l’histoire artistique du continent asiatique.
Les auditrices et des auditeurs se retrouveront pour un 8e module 19, 20 et 21 mai prochains pour explorer les spécificités de la région Occitanie.
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