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Communiqué de presse

Remise de décorations à Marc Jacobs, Nathalie Rykiel et Elisabeth Ponsolle des Portes par Frédéric Mitterrand



Discours de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de laCommunication, prononcé à l’occasion de la remise des insignesd'Officier dans l'ordre des Arts et Lettres à Elisabeth Ponsolle desPortes, et de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres à MarcJacobs et Nathalie Rykiel

Publié le 22.01.2010

Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs,
Chère Élisabeth PONSOLLE DES PORTES,
Chère Nathalie RYKIEL,
Cher Marc JACOBS,
Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté…
Dans cette invitation baudelairienne au voyage, le « luxe » occupe
évidemment une place de choix. Les parures, le fard, les parfums de toutes
essences, les étoffes qui habillent les corps, les dissimulent et les révèlent,
ne sont pas seulement les ornements de la beauté, ils sont la beauté même
et le charme toujours troublant qui l’accompagne. C’est pourquoi
BAUDELAIRE a été l’un des premiers à saisir la profondeur de la mode, qui
sait allier – ne serait-ce qu’un instant, qui est un instant de grâce – la
fugacité à l’éternité. Il a pensé avec toute la profondeur qu’elles méritent, les
affinités électives de la mode et de la modernité, lui qui rêvait de « tirer
l’éternel du transitoire », de « dégager de la mode ce qu’elle peut contenir
de poétique ».

Ces vers et ces célèbres formules que chacun garde en mémoire, me
paraissent parfaitement convenir à la vocation qui anime chacune des
personnalités auxquelles j’ai choisi de rendre hommage aujourd’hui, qui
sont des emblèmes du luxe et de la mode, non seulement français
d’ailleurs, mais franco-américain : Élisabeth PONSOLLE DES PORTES,
Déléguée générale du Comité Colbert, le grand ambassadeur du luxe
français, Nathalie RYKIEL, Présidente et Directrice artistique de l’illustre
Maison Sonia RYKIEL, et – last but not least ! – Marc JACOBS, le Directeur
artistique des collections Louis VUITTON et le créateur de sa propre griffe.
J’ai voulu, par là, marquer mon attachement, celui du ministère de la
Culture et de la Communication, à ce domaine du rêve et de la beauté qui
est au coeur de ses missions de patrimoine et de création, mais aussi au
croisement de sa valorisation et de place unique dans la vie de la Cité,
autant de dimensions dont l’entrelacement intime est l’une des formes les
plus captivantes et les plus mobiles de notre modernité.
Chère Élisabeth PONSOLLE DES PORTES,
De PROUST à COLBERT : c’est ainsi que je pourrais, je crois, ressaisir
et retracer les grandes lignes de votre parcours, qui a conduit l’agrégée
de lettres et grande spécialiste de La Recherche que vous étiez à
l’origine, à devenir la Déléguée générale du Comité Colbert, qui est
aujourd’hui, après plus d’un demi-siècle d’existence, la plus grande
association – à but non lucratif, je m’empresse de le dire – chargée de
promouvoir les métiers du luxe, en France et dans le monde.
De PROUST à COLBERT, la métamorphose s’est accomplie sans
solution de continuité. Car si vous avez faite vôtre cette culture de la
manufacture et de son rayonnement qui est celle du grand ministre du
Roi Soleil, vous vous êtes constamment nourrie de votre première
passion littéraire.
C’est en effet chez PROUST, peut-être, que vous avez appris à être
sensible à la beauté singulière des choses, à cette qualité distinctive qui
les rend uniques ; chez lui que vous avez pu vous initier à l’alliance
mystérieuse de la mémoire et de son déploiement dans le présent, du
patrimoine et de ses jeux de miroir avec la modernité. Chez lui aussi que
vous avez découvert le goût de la peinture et des musées, vous qui alliez
entrer – après quelques années d’enseignement et de recherche – à la
Direction des Musées de France, ici même dans cette Maison, puis au
Conseil international des Musées, l’ICOM, dont vous êtes devenue la
Secrétaire générale, au sein de l’UNESCO : le peintre BERGOTTE, mais
aussi Charles SWANN, son étude sur Vermeer et le fragment de la
Zéphora de BOTTICELLI auquel lui fait songer Odette de Crécy – toutes
ces figures qui composent la fresque proustienne vous ont à l’évidence
inspirée.
Mais COLBERT, votre autre grande figure tutélaire, a lui aussi exercé son
influence, lui qui, en véritable visionnaire, a le premier discerné
l’importance de la mode et du luxe pour notre économie : « La mode
(écrit-il) est pour la France ce que les mines du Pérou sont pour
l'Espagne ». Car c’est, vous le savez bien, sous LOUIS XIV que Paris est
devenue la capitale de la mode qu’elle est demeurée jusqu’à aujourd’hui,
au point d’attirer jusqu’à elle et à ses lumières, les étoiles de la mode
internationale – venues de New York par exemple… : n’est-ce pas, cher
Marc JACOBS ! Pour avoir créé l’Académie de France à Rome, la Villa
Médicis, je crois d’ailleurs que COLBERT mérite bien notre
reconnaissance éternelle, celle des peintres, celle des artistes… mais
aussi celle des Ministres de Culture !
C’est, je crois, de cette longue fréquentation de la singularité d’un style, et
de cette alliance intime, dès vos années de formation, de l’esthétique et
de l’économique – du « commerce » des oeuvres à tous les sens du
terme – que vient votre intérêt passionné pour la défense de la propriété
intellectuelle et artistique. Cette exigence, vous vous en doutez, ne
saurait déplaire à un ministre qui a fait voter la loi HADOPI de régulation
du grand espace numérique que nous avons en partage. Si les pirates
auxquels vous vous êtes attaquée n’opéraient pas par simples clics sur
Internet, ils n’en étaient pas moins fort dangereux pour la création. Votre
lutte contre le trafic des oeuvres d’art vous a lancée – pour reprendre le
titre de la série que vous avez créée – à la recherche de « 100 objets
disparus » (pour ne pas dire : « A la recherche de tant d’objets perdus »).
Et ce, notamment en cas de conflits armés, puisque vous avez à la
création, en 1996, du Comité international pour le Bouclier Bleu destiné à
intervenir pour sauvegarder les collections des musées dans ces
situations de grand péril.
Vous avez toujours vu grand : Déléguée générale de l’Union des
Fabricants, vous avez créé le Global Anti-Counterfeiting Group pour lutter
contre la contrefaçon, qui constitue, nous le savons, un problème crucial
dans le domaine du luxe. Par là encore, vous avez, d’une certaine façon,
fait dialoguer PROUST et COLBERT, car cette question de la propriété
intellectuelle et du droit des auteurs était, depuis le XVIIIe siècle au moins,
un fléau dans l’édition, avant que BEAUMARCHAIS, puis BALZAC, et
d’autres à leur suite, ne s’en emparent avec brio.
Vous n’êtes jamais « prisonnière » des habitudes, de la routine des idées
reçues : comme COLBERT, vous innovez sans cesse ; vous savez, à son
exemple, allier l’ouverture sur le monde et l’exigence d’une forme
raisonnable de régulation, qui est, j’en suis persuadé, l’une des clefs
d’une mondialisation culturelle et économique harmonieuse. Vous savez
aussi mettre votre énergie à diffuser la culture là on ne l’attendait pas
toujours : je pense notamment à votre attention très scrupuleuse aux
besoins de vos collègues d'Afrique, d'Asie, des pays arabes et
d'Amérique latine en matière de musées, à l'ICOM, et je salue la
présence parmi nous du Directeur du Musée de BAMAKO, une institution
qui en est le symbole.
En somme, vous ne concevez pas votre activité sans un engagement
éthique, citoyen, et je dirais politique, au sens noble du terme. Vous
agissez au profit de l’intérêt général, en sachant faire dialoguer secteurs
public et privé.
De PROUST à COLBERT, de COLBERT à PROUST : tout au long de
votre carrière vous avez appris à reconnaître et à pratiquer ce que
j’appellerai la distinction – la distinction du luxe, la distinction des oeuvres
dans leur singularité et leur authenticité, mais aussi, bien sûr, la
distinction de la grande dame, à laquelle chacun ici, chacun de ceux qui
vous connaissent est sensible, et qui font de vous l’ambassadrice du goût
par excellence.
Chère Élisabeth PONSOLLE DES PORTES, au nom de la République
française, nous vous faisons Officier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
Cher Marc JACOBS,
Un jeune prodige, un créateur culte, un surdoué, mais aussi un travailleur
acharné : votre talent, forgé dans les plus prestigieuses écoles de New
York, votre ville natale, est reconnu de tous, de vos pairs comme du
public le plus exigeant, et a été salué par d’innombrables récompenses,
d’un prestige inégalable ; je ne me hasarderai pas à en faire la liste qui
nous occuperait toute la durée de cette cérémonie. À votre âge, cette
consécration exceptionnelle et unanime est tout simplement confondante
– heureusement, les insignes de cette décoration ne prennent guère de
place, sinon je ne sais où vous pourriez les mettre !
Mais vous êtes aussi et avant un pionnier. Car vous savez non seulement
donner forme à l’esprit du temps, mais lui insuffler le vôtre, par un style
unique, tour à tour « grunge » et, pour reprendre vos propres termes,
« funk, trash, chic », mais aussi nourri d’une inspiration rétro qui n’est pas
un retour vers le passé, mais une reformulation personnelle des
meilleures modes d’autrefois, au miroir de la modernité la plus
contemporaine.
Créateur inlassable et hors-pair d’une très grande variété de « lignes »,
de « gammes » et de « parfums », vous dessinez pour les femmes, pour
les hommes, mais aussi pour les enfants et les nourrissons : chez Perry
ELLIS, dans votre propre maison, Marc JACOBS et MARC by Marc
JACOBS, puis chez Louis VUITTON où Bernard ARNAUD – dont je salue
la présence aujourd’hui parmi nous – vous fait venir de New-York ; il vous
fait confiance et il a bien sûr pleinement raison : les premiers défilés de
prêt-à-porter femme, puis homme, il y a dix ans, mettent d’emblée sous
les feux de la rampe l’« Américain à Paris » que vous êtes devenu pour
notre plus grand bonheur.
Vous déclinez non seulement tous les âges de la vie, mais tous les
styles, tous les « looks », et vous travaillez toute sorte de matières, vous
souvenant de votre formation familiale originelle auprès de votre soeur et
de votre grand-mère qui vous ont d’abord appris le métier. Votre curiosité
insatiable vous porte vers la création de chaussures, d’accessoires, mais
aussi de parfums, de cosmétiques : de tout ce qui fait la mode la plus
moderne, la plus contemporaine dès que vous y apposez votre griffe
inimitable.
Vous savez travailler avec les artistes les plus divers et les plus
recherchés, vos complices en modernité, ceux de l’art underground pour
les sacs « GRAFFITI », ceux du pop art, tel l’artiste japonais Takashi
PURAKAMI, qui fait entrer ce style chez Louis VUITTON.
Mais la modernité, vous le montrez de manière exemplaire, c’est aussi
l’engagement dans le monde – vous savez d’ailleurs que ce mot de
monde (cosmos en grec) signifie la parure et qu’il a quelque chose à voir
avec la mode. Vous avez associé votre marque à des causes qui vous
sont chères, comme la campagne de prévention des cancers de la peau,
pour laquelle vous avez mis en scène vos amies-stars, Victoria
BECKHAM, Eva MENDES, autour du slogan « Protect your skin, you’re
in ». C’est dire que, pour vous, la « peau », ce ne sont pas uniquement
ces vêtements uniques dont vous habillez vos contemporains, mais que
vous envisagez la totalité de l’expérience humaine, dans sa dimension la
plus incarnée et la plus sensible. Je tiens à rendre hommage, cher Marc
JACOBS, à votre générosité, je le redis, exemplaire : une grande partie
des bénéfices de la Maison qui porte votre nom est en effet reversée à
des associations caritatives.
En somme, vous êtes non seulement l’un des créateurs les plus doués et
les plus inspirés, mais un humaniste de la mode, engagé dans la Cité et
dans le monde, et porteur des plus hautes valeurs de la modernité.
C’est pourquoi, cher Marc JACOBS, au nom de la République française,
nous vous remettons les insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et
des Lettres.
Chère Nathalie RYKIEL,
C’est avec un immense plaisir que nous vous recevons ici, que nous
accueillons une très grande créatrice de mode, qui incarne la femme
moderne, élégante et impertinente, que nous admirons tous.
Toujours entrepreneuse, parfois joueuse, mais aussi rêveuse, vous êtes,
plus qu’une icône de la mode, l’image même de la femme d’aujourd’hui :
une femme qui séduit, qui rit, qui vit. Mais qui sait aussi s’engager pour
une cause qui lui tient à coeur, comme pour le dépistage précoce du
cancer du sein, lors de la campagne lancée par le magazine Marie-Claire
l’an dernier.
Votre parcours résume votre engagement et votre dévouement pour la
femme d’aujourd’hui, belle et sensuelle : dès vos vingt ans, vous défilez à
la demande de votre mère, Sonia RYKIEL, qui vous fait faire vos
premiers pas, et que je tiens à saluer ici chaleureusement et même
affectueusement. Car il m’est en effet impossible d’évoquer votre
parcours sans souligner la relation particulière que vous entretenez avec
votre mère, relation dont Eliette ABÉCASSIS a admirablement parlé dans
Mère et fille et qui est le fondement même de la maison RYKIEL. Cette
grande maison, que vous dirigez depuis quinze ans, est aujourd’hui la
seule maison de couture française familiale et entièrement indépendante,
notamment grâce à la formidable collaboration que vous entretenez avec
votre mère, qui vous a transmis ses dons de création et sa passion pour
la mode.
Mère, femme et fille en même temps, créatrice et directrice, mannequin et
auteur, vous incarnez la vitalité de la femme, de toutes les femmes. Et
loin de suivre les tendances de la mode, vous avez été et vous êtes
toujours en avance sur votre temps, percevant, avant tous, les
imperceptibles changements de notre société.
C’est ainsi que vous avez créé le premier site de commerce en ligne de la
marque Sonia RYKIEL, permettant à la mode d’entrer dans la révolution
du numérique et de s’élancer dans le XXIe siècle. C’est ce même esprit
novateur qui vous a guidé, l’année passée, dans la création de votre
propre blog, permettant à toutes les femmes, de Paris et d’ailleurs, de
partager un peu de votre univers élégant, décalé et mutin, tout en
couleurs et en sourires.
Et c’est ainsi que par votre collection « RYKIEL WOMAN », vous avez
introduit, au coeur de vos boutiques de Saint-Germain-des-Prés, un
espace dédié à la sensualité, au plaisir et à la séduction. Défendre
l’indéfendable, démoder la mode pour mieux la devancer, tels pourraient
être quelques uns de vos principes créateurs.
Car vous revisitez de manière décalée, en ne vous attachant pas à la
lettre mais à l’esprit, les codes de la mythique maison Rykiel : rayures
colorées, couleur noir, pulls portant un message écrit en strass (et l’on
pourrait s’amuser à reconstituer des phrases entières avec ces quelques
mots : « elle aime », « écrire », « mentir », « le sexe » !) ; codes toujours
renouvelés mais reconnaissables entre tous.
La rigueur de votre travail et l’exigence de qualité qui est la vôtre vous
conduisent à examiner vos créations sous toutes les coutures, quitte à les
retourner ! En déstructurant les vêtements, en enlevant les doublures, en
retournant les coutures, vous supprimez tout ce qui fige la silhouette
féminine et empêche un mouvement souple et libre. Le vêtement n’est
alors plus un simple morceau de tissu porté sur le corps, il épouse les
formes du corps, il est le corps. Vos créations marquent un refus de toute
forme de contrainte, s’adaptent à toutes les circonstances et renversent
même les codes de la bienséance, comme par exemple le désormais
célèbre « jogging du soir » à inscription à paillettes. Davantage qu’une
provocation, c’est une véritable révolution dans le vocabulaire de la mode
contemporaine que vous avez initiée.
Cette modernité, vous savez l’entrelacer, de façon à la fois savante et
naturelle, avec la tradition : je pense bien sûr à votre collection « Modern
Vintage », qui propose la réédition en série limitée de modèles Sonia
RYKIEL depuis la création de la marque.
Femme de mode et de haute couture, vous faites aussi preuve d’une
grande curiosité et d’une ouverture sur le monde et sur les autres arts.
Par votre collaboration artistique avec le magasin de mode à petits prix
H&M, vous avez permis une nouvelle forme de démocratisation de la
culture, ou de ce que j’appelle la « Culture pour chacun ».
Cette nouvelle avancée est portée par une maison de renom, qui est
aussi une maison vivante où l’on sait s’amuser : le 1er décembre dernier a
ainsi été reconstitué au Grand Palais, le temps d’une folle soirée, le Paris
que vous aimez, celui de Saint-Germain-des-Prés. Ce soir-là, vos
mannequins riaient aux éclats, les dessous étaient colorés, les visages
enchantés.
Déborder les limites de votre art, ouvrir grand les portes et les fenêtres de
votre maison de couture, créer des liens entre différents langages
artistiques, voilà quelques unes de vos idées novatrices.
Comment évoquer aujourd’hui vos nombreuses et fécondes
collaborations avec d’autres artistes sans tous les nommer ? Je
souhaiterais mentionner votre contribution au – bien nommé - film de
Robert Altman, Prêt-à-porter, long-métrage tendre et cruel à la fois sur le
monde de la mode. Mais aussi votre création, pour le pâtissier Lenôtre,
d’une bûche de Noël au nom délicieux : Ma bouche… de Noël. Ou encore
votre habillage de la bouteille Coca-Cola Light, avec vos inimitables
rayures colorées : la silhouette élancée de cette bouteille comme image
du corps de la femme rêvée…
Fidèle à la tradition culturelle du quartier de Saint-Germain-des-Prés, à
vos illustres prédécesseurs qui ont fréquenté le même café que vous,
vous avez souhaité promouvoir et soutenir « Quoi de neuf ? », une
manifestation culturelle proposant à chaque rentrée dans vos boutiques
une sélection de vos découvertes culturelles en présence de leurs
créateurs.

Ainsi, vous savez mobiliser toute votre énergie pour les événements et
les personnes qui vous sont chers, comme lors du magnifique hommage
que vous avez organisé, dans le plus grand secret, pour votre mère
Sonia RYKIEL : hommage des meilleurs créateurs internationaux pour les
quarante ans de la maison Rykiel, une quadragénaire qui a su nous
toucher par son style, toujours identique mais sans cesse renouvelé…
J’évoquais pour commencer un très beau roman que votre mère et vous
aviez inspiré – mais j’avais gardé pour la fin, pour la « fine bouche
d’après Noël », cette jolie surprise que vous nous avez réservée. Dans un
premier livre absolument remarquable paru avant-hier – très personnel,
parfois provocant mais toujours pudique au fond – vous avez choisi vousmême
de vous raconter et de faire partager votre expérience de fille, de
femme et de mère. Son titre ressaisit parfaitement, je crois, votre
parcours, votre vision et l’exigence qui vous anime à tout instant : Tu
seras une femme, ma fille, une invitation qui résonne autant comme celle
de votre mère, que comme celle que vous vous adressez à vous-même,
ou à votre fille. Vous y écrivez notamment : « J’aimerais tant que tout soit
possible ». Eh bien il me semble, chère Nathalie, que savez
magnifiquement ouvrir notre vie sur d’innombrables possibles, et que
vous nous rendez, par là, plus riches, plus heureux sans doute, et
surtout : plus libres.

Chère Nathalie, par vos créations et votre dynamisme artistique, par vos
nombreuses boutiques ouvertes à travers le monde, vous contribuez au
rayonnement de notre culture.
Femme conquérante, sensuelle et libre, séduisante et impertinente, vous
incarnez véritablement la femme moderne.
Chère Nathalie RYKIEL, au nom de la République française, nous vous
faisons Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

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