Le Cambrésis, terre de bataille, terre de sang versé, rivières de barbarie ;
terre de guerre et de haute culture, où résonne encore la messe de
l’homme armé de Guillaume Dufay. Terre des cimetières de notre XXème
siècle, marquée par la mémoire des soldat venus du monde entier se
battre sur ces terres, par le souvenir des boucheries et de l’horreur pour
« ceux qui meurent comme du bétail ».
Le 4 novembre 1918, à 25 ans, un poète tombe. Une semaine avant
l’armistice, une semaine avant que sa mère ne reçoive sa dernière lettre, le
même jour que la feuille anonyme du télégramme fatidique. « Ah Dieu !
que la guerre est jolie », écrivait notre « poète bandé », Guillaume
Apollinaire, qui aura eu plus de chance que son jeune condisciple
britannique.
Evoquer la tragédie du poète martyr devant des enfants des écoles, pour
ceux qui sont nés dans un âge de paix européenne, c’est leur rappeler que
la terreur et l’absurde ne datent pas d’un passé éloigné. C’était hier.
Pourquoi créer un nouveau mémorial ? Les monuments aux morts ont
peuplé les places de nos villages de leurs armées d’ombre, de la litanie
des listes et de leur statuaire austère, à l’aune d’un souvenir encore vif.
L’art contemporain, désormais, nous donne des moyens inédits de
renouveler cette mémoire, autour de cette maison forestière et sa cave qui
servait de refuge, à la fumée des bougies, pour des soldats qui y
profitaient, dans des moments de peur et d’amitié, d’un répit éphémère.
L’oeuvre architecturale et artistique de Simon Patterson et de l’architecte
du patrimoine Jean-Christophe Denise vient admirablement revisiter l’idée
de mémorial, au profit d’un message universel.
Je tiens à saluer l’engagement remarquable de l’association Wilfred Owen
France, du Conseil général du Nord, de la communauté de communes de
Haute Sambre-Bois l’évêque et de la Fondation de France. Ils ont rendu
possible la réalisation de ce projet qui porte également la marque profonde
de l’amitié franco-britannique.
Je vous remercie.