Monsieur le ministre, cher Dinny McGinley,
Excellence, cher Paul Kavanagh,
Cher Merlin Holland,
Cher Rupert Everett,
Madame la présidente du Ireland Fund de France,
Madame la conservatrice du Cimetière du Père-Lachaise, chère Martine Lecuyer,
Mesdames et Messieurs les conservateurs et inspecteurs,
Mesdames et Messieurs,

« Je meurs au-dessus de mes moyens ». Ainsi s'exprimait Oscar Wilde, dans des propos relatés par Robert Ross, son compagnon de séduction dans les bazars nocturnes, son meilleur ami, son exécuteur testamentaire et littéraire.

Jusqu’à la fin, ce « Roi de la vie », déchu et ruiné, ne s'est jamais départi de la superbe qui fit ses succès et ses scandales. Il mourut à Paris, très au-dessus de ses moyens. C'est grâce à la fidélité de Robert Ross, et à la générosité, quelques années plus tard, d'une admiratrice, Helen Carew, que l’on doit l’érection d’une tombe à la mesure de celui qui mit « son génie dans sa vie et son talent dans son œuvre ».

En cette date anniversaire de la mort d’Oscar Wilde, le « Flying Demon Angel » sculpté par Jacob Epstein est désormais rénové, nous permettant d'admirer à nouveau ce monument dans sa beauté première, inspiré du taureau assyrien du British Museum – ce qui aurait sans doute fait sourire son occupant.

Le tombeau de l'écrivain irlandais aura en effet subi les assauts de ses admiratrices posthumes, et les graffitis, le rouge à lèvre des baisers, avaient, en gage d’affection, recouvert sa sépulture d’une enveloppe érotique qui endommageait et dénaturait le monument.

Avec le prestige de tant d'illustres qui y sont inhumés, le Père-Lachaise, en effet, n'est pas un cimetière comme les autres. Certains tombeaux font l'objet de cultes de dévotion, parmi lesquels on peut citer Allan Kardec, Jim Morrison... Et bien sûr Oscar Wilde.

C’est grâce à vous, cher Merlin Holland, et au Centre Culturel Irlandais à Paris, que le gouvernement irlandais a décidé d’apporter son aide pour conserver et protéger ce monument historique érigé en hommage à votre grand-père. Les Monuments historiques, le Cimetière du Père-Lachaise et la Ville de Paris vous ont accompagné dans cette entreprise, et je salue très chaleureusement tous ceux qui ont contribué à cette rénovation, qui rend honneur à l'une des plus grandes figures de la littérature européenne.

Parmi Abélard, Frédéric Chopin, Simone Signoret et Yves Montand, Edith Piaf, Rossini, Marcel Proust, Guillaume Apollinaire, Bizet et tant d’autres personnalités illustres, la tombe d’Oscar Wilde retrouve sa splendeur initiale, désormais protégée des assauts du superficiel.

C'est Oscar Wilde lui-même qui écrivait, dans son De Profundis : « Ce qui s’offre à ma vue, c’est mon passé. Il faut que je parvienne à le regarder avec des yeux différents, à convaincre le monde de le regarder avec des yeux différents, à convaincre Dieu à le regarder avec des yeux différents ».

Je vous remercie.