Dans notre pays, sur la question du handicap, c’est notre état d'esprit qui
doit évoluer, ce sont les mentalités qui doivent changer. C’est une
condition préalable pour mener toute action pérenne. Un travail de
pédagogie est nécessaire pour sensibiliser les professionnels de la culture,
comme ceux du milieu associatif. C'est un travail de longue haleine, un
travail exigeant ; c’est un travail que nous avons engagé.
J’ai tenu en septembre dernier, une Commission nationale Culture-
Handicap qui nous a permis, en lien étroit avec les associations
représentatives des personnes handicapées, de définir un plan d’action
et des priorités partagées. Je me suis engagé afin que la concertation
avec les associations représentative des personnes handicapées soit
renforcée. La commission nationale Culture et Handicap se réunira
désormais une fois par an et des sous-commissions seront organisés en
fonction des sujets spécifiques. Par ailleurs, le ministère de la Culture et de
la Communication entend maintenir et renforcer les temps de rencontres,
sur des sujets aussi essentiels que l’accès à l’offre culturelle ou le
développement des pratiques artistiques.
Lors de la commission nationale Culture-Handicap nous avons présenté
les trois chantiers sur lesquels les services de mon Ministère ont travaillé,
en lien les associations représentatives. Ils recouvrent les domaines de :
· l’accessibilité aux lieux culturels ;
· la formation ;
l’accessibilité aux oeuvres des industries culturelles ;*
En ce qui concerne l’accessibilité des lieux de culture, mon ministère s'est
engagé dans un plan renforcé en matière d'accessibilité des équipements
culturels. Des campagnes de diagnostics de l’accessibilité ont été menées
par les établissements publics. Des guides ont été publiés – accessibles en
braille – afin de sensibiliser un très large public à cet enjeu décisif en terme
de formation de l’individu, mais aussi de citoyenneté. Des réalisations
exemplaires ont été valorisées, notamment à travers le prix « Musée pour
tous, musée pour chacun ».
Le guide « Equipements culturels et handicap mental » a été présenté lors
de la dernière Commission nationale, signe de l’attention portée à un
handicap qui peut susciter la gêne pour qui en est le témoin mais qui est
aussi une souffrance pour qui en est porteur. Jean-Jacques Aillagon va
pouvoir témoigner de ce qu'il a engagé dans ce domaine à Versailles.
II - Dans le domaine de la formation : Notre plan d’action concerne la
formation initiale et continue des architectes et plus largement tous les
professionnels du design d’objet, d’espace, de communication et du
secteur de l’image et du son. La mise en oeuvre de cette obligation de
formation initiale à l’accessibilité au sein du réseau de ces écoles sous
tutelle du ministère de la culture donnera lieu à une évaluation, à l'issue de
sa deuxième année de mise en application, soit lors de la rentrée
2011/2012.
III - Afin d’engager la table ronde d’aujourd’hui, je souhaite aborder la
question cruciale de l'accès à l’audiovisuel et aux industries
culturelles, qui sont un horizon quotidien pour la plupart de nos
concitoyens mais pour lesquelles beaucoup reste à faire pour les
personnes handicapées
La première avancée concerne la mobilisation du centre national du
cinéma et de l'image animée (CNC), en concertation avec les
associations et l’ensemble des professionnels de la filière cinéma, pour
faciliter l’accès aux films en salle, en DVD ou en VOD. La généralisation
du numérique est une chance et un formidable tremplin pour l’accès à la
création et au patrimoine. C’est aussi l’une des conditions nécessaires à la
réussite d’une véritable politique d’accessibilité aux films pour les
personnes atteintes par un handicap sensoriel. A ce titre, je me suis
engagé à veiller à la mise en accessibilité des films du patrimoine
concernés par le plan de numérisation prévu dans le cadre du grand
emprunt. Cet engagement implique la mise en oeuvre du sous-titrage et de
l’audio-description pour les oeuvres du patrimoine (potentiellement 10 000
films). Les associations et les professionnels du secteur seront bien
entendu associés à la sélection des oeuvres rendues accessibles.
Au-delà des oeuvres du patrimoine, il est essentiel que chacun puisse avoir
accès aux films qui font l’actualité. C'est pourquoi, je souhaite que ces
films soient rendus le plus souvent accessibles à chacun dès la sortie en
salles.
En ce qui concerne l’accès aux programmes télévisuels, je souhaite
que nous tenions les objectifs fixés par la loi de février 2005. Il s’agit bien
d’adapter la totalité des programmes du groupe France Télévisions par le
développement du sous-titrage à destination des personnes sourdes et
malentendantes et de l'audio-description. M. Rémy Pflimlin, Président du
groupe France Télévisions, est particulièrement investi sur ce sujet. Il l’est
tout autant sur la question de la représentativité des personnes
handicapées au sein des programmes télévisuels. J’ai d’ailleurs tenu à ce
que ce thème soit inscrit dans le prochain contrat d’objectifs et de moyens
(COM) du groupe France Télévisions qui sera conclu d’ici à la fin 2011.
Avant de laisser la parole à nos interlocuteurs, je tiens à saluer
l’engagement et les compétences développé par le CSA comme va
l'indiquer Christine Kelly pour la mise en oeuvre de l’accessibilité des
programmes télévisuels. Il s’agit là d’un chantier de première importance
qu’il nous faut engager en lien avec nos partenaires associatifs
représentant les personnes handicapées.