Monsieur le directeur, cher Eric de Chassey,
Monsieur le président de la Fondation Total, cher Thierry Desmarest,
Monsieur le président de la Fondation du Patrimoine, cher Charles de Croisset,
Chers amis,
Sur la colline du Pincio, un cardinal issu d’une des plus illustres familles de
la péninsule fait édifier un petit pavillon donnant sur la campagne romaine,
installée dans l’une des tours de guet de la muraille d’Aurélien. Il y trouve
une retraite agréable où l’on pouvait sans doute jouer à Vertumne et
Pomone, une sortie bien commode aussi, pour quitter l’enceinte de la Villa
à l’abri des regards importuns. Le cardinal part pour Florence dix ans plus
tard. Les princes s’en vont, les chefs-d’oeuvre restent.
À Rome, les badigeons gris et uniformes des murs cachent bien souvent
des merveilles. Qui n’aurait pas aimé être à la place de ceux qui, en 1985,
ont mis à jour ce chef-d’oeuvre de la Stanza degli uccelli, qui fut alors
restaurée sous la direction de Géraldine Albers ?
Une pergola, des oiseaux, quelques rongeurs espiègles perchés sur des
branches : c’est une encyclopédie visuelle de la faune et de la flore
romaine que nous a laissé un élève de Vasari, Jacopo Zucchi, à la fin du
XVIème siècle, dans le droit fil du legs antique que l’on peut admirer
aujourd’hui au Palazzo Massimo avec le triclinium de Livia, à l’époque
même où des artistes romains comme Taddeo Zuccari et Giovanni De
Vecchi décorent la résidence d’été des Farnese à Caprarola. André
Chastel, notre maître en Renaissance italienne dont nous commémorerons
le centenaire l’année prochaine, nous aura montré dans ses ouvrages,
dans ses cours au Collège de France, les tenants esthétiques de cette
stratégie de conquête culturelle menée une famille soucieuse de faire
perdurer son emprise politique sur Rome, en y mettant en valeur, pour tous
les visiteurs, le savoir-faire florentin. Par contraste avec la Stanza
dell’Aurora voisine et ses grotesques historiées, ses fables d’Esope et ses
vedute sur la Villa et ses environs, la Salle des oiseaux offre au visiteur,
avec cette pergola peinte à l’aune de la tradition humaniste, un magnifique
traité d’ornithologie à même les murs pour les oiseaux rares de la
puissance.
L’une des beautés des métiers du patrimoine et de la restauration, c’est
aussi le croisement des échelles de temps. Le temps long de l’oeuvre
d’art ; le temps, parfois beaucoup plus court, de sa dégradation par
l’humidité ; et celui des techniques de traitement, de nettoyage. En 25 ans,
ces dernières ont beaucoup progressé. Il est donc devenu possible,
désormais, de pouvoir traiter des salles comme celle-ci dans leur
ensemble, les façades, la fenêtre, la partie basse des murs, la peinture sur
voûte qui lui donne toute son ampleur, avec ses fruits rouges et ses
feuillages automnaux. C’est ce qu’a entrepris avec un talent remarquable
Luigi de Cesaris et son équipe, auquel on doit notamment d’avoir retrouvé
le rendu des couleurs des végétaux et les moindres détails des scènes du
bestiaire.
Un magnifique travail de restauration qui s’appuie sur des choix très
heureux étayés par une documentation scientifique précise : celui
d’intégrer avec discrétion les lacunes du décor afin de restituer une vision
d’ensemble de l’oeuvre peinte ; celui de restituer par recoupement la
tenture ouvragée, avec une trame rose et une chaîne verte, sur la base
d’un décor de tissu rapporté de Perse par les Médicis au siècle,
confectionné plus tard par les maîtres florentins.
Je remercie la Fondation Total, en la personne de Mme Catherine Ferrant,
son président Thierry Desmarest, et la Fondation du Patrimoine, cher
Edouard de Royère, cher Frédéric Néraud, et son président Charles de
Croisset, pour leur soutien qui aura rendu possible cette restauration, ainsi
que les équipes de vos deux Fondations, tout particulièrement Sylvain
Gauduchon et Katherine El Okbi qui auront suivi de près le projet aux
côtés de Karim Maatoug, le très talentueux responsable du mécénat à la
Villa. Je remercie également l’administrateur délégué de Total E&P Italia,
Monsieur Thierry Normand, qui a financé le film sur la restauration ainsi
que son équipe, par ailleurs mécènes fidèles, depuis plusieurs années,
des activités musicales de la Villa.
Je tiens à remercier également Amundi asset management, mécène
principal de l’Académie, Olivier et Edwige Michon, Zilli, Veolia, et de
manière générale tous les mécènes de la Villa, pour leur fidélité et leur
accompagnement qui permettent à l’Académie de France de mener à bien
ses activités. Votre présence, votre amitié nous sont essentielles.