Messieurs « mes co-présidents » des jurys, cher Christian HAUVETTE, cher Pascal CRIBIER,Mesdames et messieurs « les éminents » membres des jurys,Monsieur le directeur général des patrimoines, cher Philippe BÉLAVAL,Monsieur le directeur chargé de l’architecture, cher Jean GAUTIER,Monsieur le président de la Cité de l’architecture et du patrimoine, cher François de MAZIERES,Mesdames et Messieurs,Chers amis,

Nous sommes réunis ce soir pour découvrir, au terme des deux jours de travaux menés par les membres du jury de cette session nouvelle, les lauréats des « Albums des jeunes architectes et paysagistes ».

Comme vous le savez, ce label, a été créé il y a 30 ans et a vocation, une fois tous les deux ans, à conférer toute la visibilité qu’ils méritent à de jeunes talents, architectes ou paysagistes, français ou étrangers. C'est pourquoi mon Ministère conscient de la gravité de sa disparition a souhaité le relancer.

Plus qu’une simple récompense, ce prix est une reconnaissance. Il est là pour désigner la relève aux maîtres d’ouvrage d’aujourd’hui, la jeune garde qui relèvera les défis de demain et notamment celui de la qualité de notre cadre de vie, dont le « Grand Paris » et tous les autres projets qu’il inspirera nécessairement sera, je le crois, le creuset. Responsabilité, conscience mais aussi innovation, ce prix vise à repérer ces qualités essentielles et à donner à une carrière qui n’en est encore qu’à ses débuts, le petit coup de pouce et le coup de projecteur sinon suffisants, du moins nécessaires à son épanouissement, surtout dans un contexte économique qui n’est pas aussi favorable que nous pourrions le souhaiter.

Je voudrais aussi profiter de cette cérémonie pour vous dire, ou pour vous redire, toute l’importance que j’attache aux architectes et à l’architecture.

J’ai voulu leur donner dans la nouvelle organisation de mon ministère une place toute particulière en nommant un directeur spécifiquement chargé de l’architecture.

Jean GAUTIER, que la plupart d’entre vous connaissent déjà, occupe cette fonction auprès de Philippe BELAVAL, dont il est l’adjoint, au sein d’une grande « direction générale des Patrimoines ». Tous deux ont, ils le savent, mon entière confiance.

Cette place centrale de l’architecture est pour moi essentielle parce que je suis convaincu, surtout au regard des mutations actuelles, que la qualité de notre vivre-ensemble dans l’espace et dans la Cité doit être notre priorité. C’est pourquoi il est capital que l’architecture soit un point focal de cette exigence. L’architecte seul me semble pouvoir incarner la force de synthèse capable de concilier les enjeux souvent concurrents du développement durable – des enjeux qui touchent à la fois à l’économie, au social, à l’environnement et, bien entendu, culturels. Nous connaissons tous, en effet, les menaces que fait peser aujourd’hui sur nos territoires une urbanisation trop souvent anarchique, sans vision d’ensemble. Notre devoir à tous, mon devoir en tant que ministre de la Culture, est précisément de veiller à la qualité d’un tissu urbain et paysager qui tant a contribué à l’attractivité de notre territoire et qui garantit une qualité de vie et de vivre-ensemble jusqu’ici unique au monde.

C’est pourquoi je souhaite que l’Atelier international du Grand Paris, qui a été récemment installé au Palais de Tokyo et qui sera prochainement inauguré par le Président de la République, soit un lieu d’échanges et de créativité ouvert à tous les talents, notamment aux jeunes.

C’est la raison pour laquelle je suis très heureux aujourd’hui de remettre ce label « albums » aux jeunes professionnels que vous êtes, architectes pour la sixième fois, rejoints, depuis trois sessions maintenant, par de jeunes paysagistes particulièrement prometteurs.

Cette cérémonie n’est pas un « hapax », ces mots rares que l’on ne rencontre qu’une fois dans les textes anciens... Elle s’inscrit au contraire sur une ligne continue d’actions et de manifestations qui affirment et confirment mon engagement et celui de mon ministère en faveur de l’architecture. Je pense d’abord au Grand Prix national de l'architecture dont j’aurai le plaisir de proclamer le lauréat à la fin de cette année. Je pense aux nombreux « Rendez-vous du Grand Paris » qui ont émaillé l'année 2009 de conférences souvent stimulantes à Paris comme en régions. Je veux aussi évoquer les Biennales internationales d'architecture et tout particulièrement celle de Venise dont nous avons confié le commissariat du pavillon français à l’architecte Dominique PERRAULT auquel j’ai remis hier le prix « Créateur sans frontières 2010 ». Je veux enfin parler de l'exposition universelle de Shanghai pour laquelle, comme vous le savez, l’architecte Jacques FERRIER réalisera le pavillon français. Tout cela dessine une continuité non seulement dans la politique qui est menée, mais aussi entre les générations d’architectes et de paysagistes.

Je profite d’ailleurs de cette occasion pour vous redire aussi combien il est, à mes yeux, important de donner à nos concitoyens, qui sont les acteurs du cadre de vie au quotidien, en particulier à nos jeunes concitoyens, une conscience aiguë et active du rôle qui est le leur dans la valorisation et dans l’élaboration de la ville du XXIe siècle. Nous sommes aujourd’hui, Internet en témoigne de façon éclatante, dans un paradigme qui met la participation de chacun au cœur des enjeux de tous et en particulier des questions urbaines. Nous sommes dans une ère de l’interactivité c’est-à-dire du partage des responsabilités. C’est cela aussi « la culture pour chacun » : une culture où « chacun porte en lui la forme entière de l’urbaine condition », pour paraphraser le mot de MONTAIGNE.

Au titre de cette responsabilisation de chacun, le Président de la République a établi, dès 2007, l’éducation à la culture comme l’une des grandes priorités de la politique éducative de notre pays. L’éducation artistique et culturelle n’est pas un luxe. C’est un véritable enjeu de société qui engage non seulement notre entrée dans « l’économie de la connaissance », mais aussi la qualité de notre vivre-ensemble, notamment dans les métropoles du XXIe siècle.

C’est pourquoi je profite de la présence de jeunes lauréats pour appeler aujourd’hui l’ensemble de la profession à contribuer, chacun à sa mesure et à sa manière, et avec toute l’énergie dont vous faites preuve au quotidien, à la formation culturelle des jeunes citoyens de demain. Certains étudiants de nos écoles nationales supérieures d’architectures sont déjà engagés dans cette aventure. Certains professionnels aguerris ont aussi pris la mesure de cette exigence et ont relevé le défi. Le chantier est immense et ne saurait se passer d’aucune force, c’est-à-dire qu’il a besoin de chacun d’entre vous.

Vous vous dites peut-être que je suis comme ces professeurs chevronnés qui font exprès de différer la remise des copies pour s’assurer de l’attention de leur auditoire… Permettez-moi donc, avant d’en venir à la remise de ces prix, d’aborder un point apparemment extérieur à ce qui nous unit aujourd’hui, mais qui, dans le fond, ne l’est pas du tout, et qui me tient, comme, je crois, à chacun d’entre vous, particulièrement à cœur.

Je souhaiterais évoquer l’actualité qui a marqué de façon tragique les semaines passées, et je voulais saluer l’action remarquable de la Fondation des Architectes de l’urgence en Haïti et aujourd’hui malheureusement aussi au Chili. Ces architectes travaillent avec compétence, patience et acharnement, au service – et au secours – des populations, pour dresser le bilan sanitaire des bâtiments, élaborer des projets d’aide à la reconstruction de centres hospitaliers, d’écoles ou de logements… C’est aussi cela, l’enjeu social, l’enjeu humain et moral de l’architecture, la dimension humaniste qui est au fondement de ce métier.

Je veux saluer une nouvelle fois l’engagement de Patrick COULOMBEL, président de la Fondation des architectes de l’urgence, qui devait faire partie de ce jury des Albums des Jeunes architectes, mais que les événements ont conduit en ce moment-même au Chili. Il est représenté ici par Monsieur JUSTIN, architecte et membre de cette Fondation que je veux assurer une nouvelle fois de mon soutien.

Venons-en maintenant à nos « copies », ou plutôt à nos « albums ». Et rendons d’abord aux jurys qui se sont réunis hier et aujourd’hui sous la présidence de Pascal CRIBIER pour les jeunes paysagistes, et de Christian HAUVETTE, grand prix national de l’architecture, pour les jeunes architectes, ainsi que de Jean GAUTIER. Ils ont procédé à l’examen de pas moins de 216 candidatures d’architectes et de 18 candidatures de paysagistes. Je suis passé tout à l’heure dans la salle des délibérations, et j’ai pu constater avec quelle rigueur et avec quel enthousiasme les membres du jury ont eu à cœur d’opérer cette sélection difficile entre tous ces talents.

Je voudrais remercier aussi les quelque 100 experts qui ont consacré un temps précieux à examiner, en amont du jury, les dossiers des candidats, afin de garantir une parfaite équité.

Les lauréats dont je vais proclamer les noms dans quelques instants, sont au nombre de 15 soit 12 jeunes architectes et 3 jeunes paysagistes. Leurs travaux seront présentés, à partir du 10 juin prochain, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, partenaire essentiel des AJAP (albums des jeunes architectes et paysagistes). En octobre, l’exposition se fera itinérante en France, et au-delà de nos frontières, grâce au double partenariat des services du ministère de la Culture et de la Communication avec la Cité de l’architecture et du patrimoine, ainsi qu’avec l’agence CulturesFrance.

Je suis sûr que les jeunes talents récompensés aujourd’hui profiteront du soutien du Cercle de parrainage, dont je salue les membres ici présents, pour s’intégrer pleinement à la vie de l’architecture et du paysagisme contemporains.

Je tiens aussi à exprimer à ceux qui ont fait le choix audacieux de la confrontation, et dont les noms ne seront pas sur la liste dressée par les jurys, toute ma sympathie et mes chaleureux encouragements pour la suite de leurs parcours. Concourir, c’est témoigner déjà de son courage, de son implication, et de l’amour que l’on porte à son métier. Aux lauréats que nous allons bientôt connaître, j’adresse mes sincères félicitations et tous mes vœux pour que ce ne soit là qu’un premier chapitre, et pour qu’ils écrivent encore beaucoup de belles pages dans les albums de l’architecture et du paysage de demain.

Après la « déclamation », place maintenant (enfin !) à la proclamation !

J’appelle maintenant les lauréats de cette session 2009-2010 et invite à venir me rejoindre :

12 équipes d'architectes :

Julien ABINAL de l’agence ABINAL & ROPARS

EST-CE AINSI / Xavier WRONA

FABRIQUES ARCHITECTURES PAYSAGES / Pierre JANIN et Rémi JANIN

FREAKS FREEARCHITECTS / Guillaume AUBRY, Cyril GAUTHIER et Yves PASQUET

Ilham LARAQUI de l’agence LARAQUI - BRINGER ARCHITECTURE

Stéphane MALKA

NP2F / François CHAS, Nicolas GUERIN, Fabrice LONG et Paul MAÎTRE-DEVALLON

OLGGA ARCHITECTES / Guillaume GRENU, Nicolas LE MEUR et Alice VAILLANT

Julien PERRAUD de l’ATELIER RAUM ARCHITECTES

Thomas RAYNAUD

Stéphanie VINCENT

Emmanuelle WEISS

3 équipes de paysagistes :

A+R SALLES PAYSAGISTES / Amélie SALLES et Rémi SALLES

PRAXYS / Thomas BOUCHER

Marion VACONSIN