Monsieur le président du GIP France Télé Numérique, cher Louis deBroissia,Monsieur le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, cher MichelBoyon,Mesdames et messieurs,
Les technologies numériques sont à l’évidence des sources de progrès
majeurs dans tous les domaines de la Culture et de la Communication.
C’est le cas pour l’accès à nos patrimoines, qu’il soit audiovisuel ou qu’il
s’agisse du livre ; cela concerne aussi l’amélioration de l’offre audiovisuelle
elle-même, en termes de contenus comme de qualité de réception. D’une
manière générale, l’accélération et la mise en cohérence des politiques du
numérique constituent, comme vous le savez, l’une des grandes priorités
de l’action de mon Ministère.
Au coeur de ces priorités figure un média qui m’est cher entre tous : la
télévision. Et je suis particulièrement heureux d’assumer les fonctions qui
sont les miennes à un moment où nous connaissons une transition
majeure pour un média roi qui a encore de très beaux jours devant lui.
Cette transition, c’est avant tout un enrichissement inédit, qualitatif et
quantitatif, de l’offre audiovisuelle. Le passage à la télévision tout
numérique, c’est aussi un grand moment démocratique pour les Français,
comme seuls les médias de masse peuvent en produire, puisqu’il concerne
chaque foyer. C’est enfin un fort engagement social pour l’Etat, qui veille à
garantir l’accès de tous à cette télévision embellie, enrichie et rajeunie, qui
vit avec le passage de l’analogique au numérique, une mue aussi
importante que le passage du noir & blanc à la couleur.
Dans le monde des médias de masse, le saut technologique est parfois
anxiogène. La peur d’être déconnecté s’accompagne d’un lexique où les
antennes râteau, si familières, sont désormais rejointes par de nouveaux
boîtiers qui annoncent l’arrêt programmé de l’analogique. Pourtant, force
est de reconnaître que le passage à la télévision tout numérique,
aujourd’hui à mi-chemin depuis son lancement il y a un an, est
particulièrement bien engagé. Aux préoccupations des premières
expérimentations a succédé une transition réussie qui concerne désormais
dix régions de France, avec deux grandes échéances qui s’annoncent
prochainement, puisqu’elles concernent des régions de forte densité
démographique : début février, ce sera le tour du Nord-Pas-de-Calais, de
la Picardie et de la Haute Normandie ; le 8 mars, ce sera l’Île-de-France et
ses 12 millions d’habitants.
Avant la fin mars prochaine, ce sont 23 millions de Français de plus qui
vont connaître cette transition qui les concerne dans leur quotidien. Le rôle
de l’Etat dans ces phases de transition, qui sont aussi sociales et
culturelles que technologiques, c’est bien sûr de s’assurer que personne
ne soit laissé sur le bord du chemin. C’est, pour le Ministère de la Culture
et de la Communication, garantir l’accès de chacun aux nouveaux savoirs
tout autant qu’au divertissement.
Le passage au numérique est pour la télévision française une chance
unique de développer simultanément l’offre de télévision et la qualité des
moyens de communication. Avec la TNT, c’est un paysage audiovisuel
pluraliste qui se dessine, plus riche en programmes puisque les
téléspectateurs se voient offrir gratuitement plus de chaînes, de meilleure
qualité tant pour le son que pour l’image, avec la possibilité d’accéder à de
nouveaux services. C’est la généralisation d’une offre audiovisuelle
enrichie et gratuite, et plus généralement la multiplication des services sur
l’ensemble des plateformes, qu’elles soient gratuites ou payantes. C’est le
triplement de l'offre des chaînes nationales gratuites en métropole, qui
passe ainsi de 6 à 19 chaînes.
À cette occasion, l'offre de chaînes publiques s'est elle aussi enrichie avec
la diffusion sur un canal plein des chaînes France 5 et ARTE, qui
partageaient jusque-là un canal analogique commun, et la diffusion de
nouvelles chaînes : France 4, France Ô, ainsi que La Chaîne
Parlementaire (Assemblée Nationale et Public Sénat).
Le 30 novembre, la TNT arrive également en Outre mer. La Télévision
numérique terrestre, c’est aussi très bientôt, la fin d’une offre réduite pour
l’Outre-mer. Ce sont désormais 8 chaînes publiques (Les TéléPremières,
ainsi que France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô, France 24, et
ARTE) qui vont rejoindre l’offre privée locale. Cela constitue en soi une
révolution du paysage audiovisuel ultramarin. C’est aussi l’occasion pour
les TéléPremières, d’évoluer pour être plus proches des territoires qu'elles
couvrent. Soucieux des spécificités locales et régionales des départements
et collectivités d'outre-mer, le Gouvernement a souhaité que les chaînes
locales aient toute leur place dans le paysage audiovisuel ultramarin, et
qu’elles puissent donc intégrer le multiplex des chaînes de la TNT qui sera
diffusé à partir du 30 novembre. Les chaînes locales d'Outre-mer
constituent un facteur déterminant de l'attractivité de l'offre audiovisuelle et
un pilier essentiel de l'identité locale et régionale. Afin de les accompagner
dans cette transition, et notamment afin de supporter les surcoûts
transitoires de la diffusion en numérique, j’ai été particulièrement attentif,
avec ma collègue Marie-Luce Penchard, à ce qu’un dispositif temporaire
soit mis en place, afin que ces chaînes aient toute la place qui doit leur
revenir.
Le numérique permet également l’amélioration constante de la qualité de
l’image et du son : la haute définition devient le format de référence de la
télévision et demain la télévision en trois dimensions, déjà en train de
conquérir les salles de cinéma, pourrait se développer sur nos téléviseurs.
Le numérique, c’est aussi la dé-linéarisation des services. Le podcast - ou
plutôt la ballado-diffusion - des émissions mises en ligne par les éditeurs
vient de plus en plus compléter l’offre radio traditionnelle. Les téléviseurs
connectés font leur apparition et offrent un accès simplifié à la télévision de
rattrapage, à la vidéo à la demande. Demain, l’interactivité se généralisera
et donnera accès à de nouvelles formes de télévision qui restent à
inventer. Mettre fin à la diffusion analogique, c’est justement garantir
l’accès de chacun à ces nouveaux services, car cet arrêt va permettre de
libérer les fréquences nécessaires au développement de l’offre
audiovisuelle, à la fois en nombre et en qualité. C’est aussi, en termes de
développement territorial, se donner les moyens, en libérant de l’espace,
de déployer - avec le haut débit mobile - l’internet dans des territoires qui,
pour des raisons économiques, sont difficilement éligibles à l’internet haut
débit classique.
Si les avantages du numérique pour la télévision sont nombreux, le
passage à la télévision numérique peut néanmoins constituer une difficulté
pour un public peu familier de ces nouvelles technologies. C’est là que
l’Etat doit jouer pleinement son rôle d’accompagnement, afin de garantir
les solidarités nécessaires à cette transition. Je pense bien sûr aux plus
fragiles, notamment les personnes âgées qui ont besoin d’une assistance
technique, mais aussi aux foyers les plus modestes qui peuvent avoir
besoin d’un soutien financier à l’équipement, notamment pour ceux qui
habitent des zones non couvertes par la diffusion hertzienne terrestre.
Cette solidarité est bien sûr pilotée par l’Etat, puisque c’est là l’une de ses
principales missions. C’est également l’engagement, bien sûr, de tous les
acteurs concernés dans le GIP France Télé Numérique. Mais c’est aussi
une solidarité vécue sur le terrain, entre voisins et entre générations, avec
l’action des centaines de bénévoles qui parcourent les régions pour
délivrer l’assistance technique à ceux qui en ont besoin. C’est aussi grâce
à eux que d’ici fin 2011, 100% des foyers français auront accès à la
télévision numérique.
De son côté, le Gouvernement est loin d’être en reste, puisqu’il a prévu un
effort financier majeur : ce sont plus de 300 M en 3 ans, € dont plus de 100
M€ au Projet de Loi de finances pour 2011, qui sont destinés à garantir
l’accès de tous à la télévision numérique.
Ces crédits permettent notamment de financer les trois dispositifs d'aide
prévus par la loi :
- Un fonds d’aide à destination des foyers résidant dans des zones qui ne
seront pas couvertes par la TNT. Les foyers résidant dans ces zones et qui
dépendent de la voie hertzienne terrestre analogique pour la réception de
la télévision pourront ainsi bénéficier d’une aide à l’achat et à l’installation
d’un équipement de réception de la télévision numérique gratuite par
satellite ou de toute autre solution disponible. Ce fonds d’aide est ouvert à
tous ces foyers sans condition de ressources.
- Un dispositif d’assistance technique au bénéfice des foyers âgés ou
handicapés, qui permet notamment de les aider à brancher leur
équipement numérique de télévision et à effectuer le réglage des chaînes.
- Une aide financière à l’équipement des foyers dans les zones couvertes
par la TNT destinée aux foyers à faibles ressources dégrevés de
contribution à l’audiovisuel public.
Je sais l’effort qui est fait, notamment par le Groupement d'intérêt public
France Télé numérique, son président, M. Louis de Broissia, et son
directeur général, M. Olivier Gérolami, pour aider les personnes isolées, le
monde rural, les banlieues, les personnes les moins au fait des évolutions
technologiques et des offres culturelles, et je veux leur rendre hommage.
Dix régions, représentant environ un tiers de la population, sont déjà
passées à la télévision tout numérique. Ces opérations ont donné de
nombreux motifs de satisfaction. Les foyers concernés se sont
massivement équipés pour la réception de la TNT ; ils ont bénéficié d'un
très bon niveau d'information et de compréhension du processus, et cela
est dû en très grande partie à l'efficacité de l'action du Groupement
d'intérêt public France télé numérique.
Les succès enregistrés ne doivent toutefois pas entraîner un relâchement
de notre vigilance. Le passage au numérique des dix premières régions a
pu connaître certaines difficultés, circonscrites localement. Elles ont permis
aux pouvoirs publics d’en tirer les leçons pour la suite. France Télé
Numérique et le CSA ont renforcé dans ce sens leur suivi technique des
régions. Les dispositifs d’aide à la réception à hauteur de 250€ par foyer
ont également été prolongés pour les quelques zones qui connaissent
encore un brouillage persistant.
La vigilance dont nous devons faire preuve concerne également
l'accompagnement des personnes âgées, qui doit rester l'une des priorités
des actions du groupement d'intérêt public France télé numérique. Les
seniors expriment en effet un fort besoin d'accompagnement et
d'assistance dans le cadre de ce processus.
Une attention particulière doit également être portée aux immeubles
collectifs. Je pense tout particulièrement au passage prochain passage au
numérique en Île-de-France. Les syndics et bailleurs doivent en effet bien
vérifier que l’antenne collective de leur immeuble est prête pour la TNT
avant et après le passage au tout numérique.
Je sais que les équipes du Groupement d'intérêt public France télé
numérique, celles du Conseil supérieur de l'audiovisuel, mais aussi les
élus, les acteurs sociaux, les médias, l'ensemble des acteurs impliqués
sont entièrement mobilisés sur ces questions, et je leur apporte tout mon
soutien.
C’est justement toute la vertu des groupements d’intérêt public que de
permettre à l’Etat d’assumer ses tâches de développement territorial dans
des enceintes modernisées qui rassemblent tous les acteurs concernés,
les chaînes privées comme le Conseil Supérieur de l’audiovisuel, autour
d’un objectif commun. Grâce au groupement d’intérêt public France Télé
Numérique, le média de masse caméléon va pouvoir se doter de nouvelles
couleurs.
Grâce à la TNT, la petite lucarne à laquelle tous les Français sont si
attachés a un bel avenir devant elle, où la popularité et la qualité viendront
encore mieux servir sa capacité à nous lier et à nous faire rêver.
Je vous remercie.