Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de Grèce,Mesdames et Messieurs,Chers amis,

Au Palais Royal, que ce soit dans ses cours, ou dans son jardin, la
sculpture monumentale est chez elle.

Depuis plusieurs décennies, les oeuvres de Takis peuplent tous les hauts
lieux de l’art contemporain. Dans sa longue carrière, l’artiste aura déployé
un monde de spirales, de boules et d’antennes, de performances et de
mises en scènes, de New York à Hanovre, de Kassel à Saint-Paul-de-
Vence, de la porte d’Hadrien, à Athènes, au siège de l’UNESCO, du
théâtre d’Epidaure à La Défense. Cette fois, c’est au coeur du Paris
historique, autour du bassin du Palais Royal, que son oeuvre vient capter
les vents de l’histoire. Des « totems du XXIème siècle », pour reprendre les
propos de Melina Mercouri ; des mobiles pour une pensée musicale du
monde.

Pour ceux qui connaissent son histoire, les Jardins du Palais Royal
résonnent encore du tumulte des fêtes, des harangues des
révolutionnaires qui, suspendus aux grilles, annonçaient aux passants les
vents nouveaux de l’histoire. Aujourd’hui, c’est l’art cinétique d’un Athénien
à l’écoute de la musique des sphères qui prend place au jardin. Takis, avec
ses antennes à la fois telluriques et aériennes qui se jouent de l’aléatoire,
nous fait voir l’invisible du vent, les courants qui traversent notre cosmos,
les estafilades de nos mémoires.

Un artiste dont la trajectoire a développé de longue date un lien intime
avec la France : c’est à Paris que Panayotis Vassilakis a commencé à se
mesurer avec le fer et les tiges métalliques dans l’atelier de Brancusi, à
explorer les mondes possibles avec William Burroughs et Allen Ginsberg.

De commandes publiques en rétrospectives, l’oeuvre de Takis a toujours
reçu en France un accueil privilégié. Il fait partie de cette galaxie grecque
de grands créateurs qui auront marqué en profondeur les liens culturels
étroits entre la France et la Grèce, aux côtés par exemple de Yannis
Xenakis, ou de Constantin Costa-Gavras, pour lequel Takis aura réalisé la
musique magnétique qui accompagne les images de son sombre Section
Spéciale - coécrit avec le très regretté Jorge Semprun, qui vient de nous
quitter.

Au vu des difficultés que traverse aujourd’hui la Grèce, en regard des
surfaces du conjoncturel, les Signaux Eoliens de Takis, dans cette
exposition placée sous le regard éclairé de Solange Auzias de Turenne,
nous renvoient aux fondamentaux de nos liens culturels. Ils me donnent
une très belle occasion de marquer notre solidarité et notre profonde amitié
au peuple grec, au nom de notre destinée européenne commune.

Je vous remercie.