Très prisés du public, les festivals, qui scandent notre agenda culturel, retrouvent dès à présent leur public. Troisième volet de notre série #VivreLaCulture (3/4).

Peut-on évoquer certaines villes, comme Avignon, Bourges, Arles ou Aurillac, sans mentionner le festival qui leur est attaché ? Si la réponse semble aller de soi, c’est que, depuis plusieurs années, la question des territoires est devenue déterminante dans l’écosystème des festivals. Derrière un festival, c’est en effet tout un ensemble de retombées sur lesquelles misent les territoires : retombées économiques, bien sûr, mais aussi retombées en termes d’emploi et d’attractivité. Plus un festival réussit à polariser une activité culturelle, plus les bénéfices en terme de développement local, mais aussi de notoriété, sont importants pour l’espace qui l’accueille. Le cas de la petite commune de Marciac, devenue, grâce au succès du festival « Jazz in Marciac », l’une des capitales mondiales du jazz, est à cet égard parlant.

Alors que la deuxième édition des Etats généraux des festivals va se tenir le 28 juin en clôture du Printemps de Bourges, la reprise progressive des festivals constitue une excellente nouvelle, tant pour les amateurs de festivals que pour les localités accueillant ces événements. Les festivals se tenant en intérieur pourront accueillir un public assis suivant les mêmes conditions que les théâtres et autres salles de spectacle. Ceux qui se tiennent en extérieur seront également en mesure d’accueillir du public dès le 19 mai - à condition, là encore, qu’il soit assis - dans la limite de 35% de leur plafond de jauge habituel et de 1000 festivaliers. Ces restrictions seront assouplies à compter du 9 juin : les festivals en extérieur pourront alors accueillir 5000 spectateurs, toujours en configuration assise, avec une jauge s’élevant à 65% de leur plafond habituel. Enfin, à partir du 1er juillet, les festivals en plein air en configuration debout pourront reprendre, selon une jauge de 4 m2 par festivalier et dans une limite qui sera définie par le préfet en fonction des circonstances locales. 

Des festivals qui renouent dès à présent avec leur public

La 10e édition du festival de l’Ircam, ManiFeste-2021, mettra à l’honneur dès le 31 mai la vitalité de la création musicale en général et de la nouvelle génération artistique en particulier. ManiFeste-2021 fera à ce titre partie des premiers festivals à reprendre contact avec son public. Plus de 30 représentations auront lieu, principalement au Centre Pompidou mais aussi dans d’autres établissements partenaires du festival tels que le Centquatre ou la Cité de la musique. Comme de coutume, cette édition associera la musique à d’autres disciplines artistiques. Le film fantastique muet de René Clair, Paris qui dort, sera ainsi projeté à la Cité de la Musique, au contact de la musique dynamique de Yan Maresz. Flûte clarinette, accordéon, violon, trombone, percussion, clavier maître et électronique accompagneront en temps réel, le 2 juin prochain, cette œuvre d’inspiration surréaliste pour former un ensemble atypique et puissant.

Placé cette année sous le double thème du Japon et du plaisir, le Festival de l’histoire de l’art s’apprête également à accueillir un large ensemble de festivaliers au sein duquel se mêlent spécialistes et néophytes. Les 4, 5 et 6 juin prochain, il rassemblera au Château et dans la ville de Fontainebleau plus de 300 invités comprenant des historiens de l’art, des artistes, des architectes, des cinéastes, des écrivains, des comédiens ainsi que des musiciens. L’objectif ? Croiser les regards d’intervenants de différents milieux pour proposer au public un riche panorama sur l’histoire de l’art et le patrimoine. Plus de 200 événements sont prévus, allant de l’exposition photo à la projection du film, en passant par des visites filmées. Des conférences sont également au programme, à l’instar de celle dédiée, le 4 juin, aux femmes peintres de l’époque Edo. Cette dernière présentera le parcours original de Shozan Gen’yo, artiste et huitième fille de l’empereur Go-Mizunoo, ainsi que celui de Yuyjo Kanko, peintre de l’école Kano, née dans une famille de samouraïs de bas rang.

Dans le registre de la création française, le Printemps de Bourges a décalé sa date de lancement habituelle pour s’adapter au contexte sanitaire. Il aura donc lieu cette année du 22 au 27 juin - cinq jours au cours desquels la chanson française sera mise à l’honneur, dans toute la diversité de ses genres musicaux. Au programme de cette édition 2021 figurent notamment Jean-Louis Aubert & les sculpteurs de vent, Philippe Katerine, Pomme, Tryo, Alain Souchon, Feu! Chatterton et Gaël Faye. Au total, pas moins de 100 artistes défileront sur scène. La jauge sera réduite, en accord avec le protocole sanitaire, et les concerts seront exceptionnellement assis.

 

L’été sera scandé à nouveau par « la saison des festivals »

Dédiées à l’opéra et à la musique classique, Les Chorégies d’Orange ouvriront, dans un second temps, la bien nommée « saison des festivals ». Cette année, elles innovent en proposant une scène émergente pour les artistes de la nouvelle génération lyrique française dans le but de faire découvrir au public trois jeunes solistes de talent : Solen Mainguené (Soprano), Marion Lebègue (Mezzo-Soprano) et Jean Miannay (Ténor). Plusieurs stars du classique seront par ailleurs au programme du 18 juin au 31 juillet 2021, dont Nemanja Radulovic, lauréat du Prix Echo Klassik du « Meilleur espoir violon de l’année » en 2015. Le violoniste franco-serbe interprétera, le 2 juillet prochain, Les quatre saisons de Vivaldi, Spring in Japan de Sedlar et Suite symphonique Shéhérazade, opus 35 de Rimsky-Korsakov avec l’ensemble Double sens.

Les amateurs du 6ème art pourront quant à eux profiter de la 41e édition du festival Montpellier Danse, qui aura lieu du 23 juin au 16 juillet, pour assister aux créations des plus grands noms de la danse internationale. « Nous avons préparé une véritable édition, tout aussi prometteuse que les précédentes. Seule concession au contexte sanitaire : nous recentrons le festival sur sa maison naturelle, l’Agora, avec un maximum de pièces programmées sur la scène à ciel ouvert », a déclaré Jean-Paul Montanari, directeur du festival, dans une interview accordée au Métropolitain. L’œuvre intimiste et narrative Yag du célèbre chorégraphe israélien Ohad Naharin, interprétée le 23 et 24 juin par la Batsheva Dance Company, constituera l’un des temps forts de cette édition 2021.

L’été 2021 signe également le retour de l’une des plus importantes manifestations internationales du spectacle vivant contemporain : le Festival d’Avignon. Du 5 au 25 juillet, les arts du spectacle essaimeront de nouveau la ville en investissant une trentaine de lieux, incluant, outre la Cour d’honneur du Palais des Papes, des cloîtres, des chapelles, des jardins, des gymnases… Le Festival sera ouvert par une création de l’autrice, metteuse en scène et cinéaste brésilienne Christiane Jatahy, inspirée du film Dogville de Lars Von Trier. Intitulée « Entre chien et loup », cette pièce s’appuie sur l’œuvre du réalisateur danois pour mieux mettre en lumière les rouages du fascisme, le tout suivant un dispositif inventif, caractéristique du travail artistique de Christiane Jatahy.

Enfin, du 4 juillet au 26 septembre, les Rencontres de la Photographie d’Arles proposeront, cette année encore, une programmation de qualité. « Cette année sera comme une constellation, faite de mille feux illustrant la diversité des regards, la polyphonie des récits et symbolisant la survivance à travers l’image des espoirs et des prises de conscience », a annoncé Christoph Wiesner. Le directeur des Rencontres d’Arles a également précisé que le festival, non content d’investir les lieux historiques et patrimoniaux du centre-ville, l’atelier de la Mécanique du parc des Ateliers, le Monoprix et Croisière, irait jusqu’à habiter plusieurs jardins de la ville. L’exposition « Masculinités, la libération par la photographie » fera partie des projets présentés. Son ambition ? Etudier la manière dont la masculinité a été codée, interprétée et construite socialement des années 1960 à aujourd’hui, par le biais du cinéma et de la photographie. Les œuvres de plus de 50 artistes seront ainsi rassemblées pour mettre en lumière les représentations complexes et parfois contradictoires de la masculinité au fil du temps, en incluant des thèmes tels que le pouvoir, la perception des hommes par les femmes, les stéréotypes hypermasculins ou encore la tendresse et la famille.