Première capitale française de la culture, Villeurbanne mobilise toutes les énergies au service de la plus belle des causes : la vitalité culturelle. Cinquième volet de notre feuilleton : retour sur l'effervescence de la scène chorégraphique locale avec le festival « Chaos danse ».
Les rues qui quadrillent le campus de la Doua, véritable ville dans la ville, n’ont pas toujours eu de noms. Imaginez un quartier d’une centaine d’hectares, comprenant les nombreux bâtiments d’une université scientifique (Claude Bernard Lyon 1), trois écoles d’ingénieurs, l’école des sciences de l’information et des bibliothèques, plusieurs IUT et une implantation du CNRS...
Le site, hérité d’un champ de manœuvres pour la cavalerie s’est ouvert peu à peu sur la cité. On a d’abord déraciné ses clôtures, puis on a fait passer le tramway. Vous êtes au cœur de l’agglomération lyonnaise, à Villeurbanne, sur le campus de la Doua : vingt-cinq mille étudiants.
L’Astrée, une expérience culturelle déjà ancienne
En 2013, soucieux d’encourager son intégration dans la ville, le ministère de la Culture a voulu donner toute sa légitimité culturelle à Lyon 1, l’université scientifique de la Doua, en l’instituant « lieu de culture ». C’était reconnaître un très beau travail commencé déjà depuis plusieurs années par la Mission culture de l’université. Dès 1997, elle fondait un théâtre tout neuf, l’Astrée, de 450 places. Avec, à sa tête à partir de l’an 2000 et jusqu’en 2006, Gérard Maimone, compositeur bien connu pour avoir écrit les musiques de scène de Georges Lavaudant de Grenoble à l’Odéon, en passant par le TNP de Villeurbanne. Depuis, toujours résolument tournée vers les étudiants, les personnels de l’université et les villeurbannais, la mission organise une programmation de spectacles vivants, d'expositions et d'ateliers de pratique artistique. Elle a eu même la chance d’accueillir une troupe de théâtre et de danse en résidence pendant plusieurs années. Celle-ci lui a fait présent d’une petite merveille : le festival Chaos danse.
« Le label Capitale française de la culture nous donne la dynamique indispensable pour approfondir nos relations avec l’équipe municipale et avec les autres institutions culturelles de Villeurbanne. De nouvelles perspectives de travaux en commun, à plus long terme, se dessinent. On sent la possibilité de développer et pérenniser nos initiatives. On sent aussi le désir de passer à une étape supplémentaire vers un avenir plus riche, plus audacieux », nous explique Stéphan Meynet, programmateur du théâtre Astrée.
Ouvrir le théâtre sur le campus et la cité
Ancien étudiant de mathématiques à la Doua, Stéphan Meynet, également mordu de théâtre, a participé à l’épopée de l’Astrée dès sa fondation. Embauché par Gérard Maimone comme directeur technique en 2000, il est, depuis un an, chargé de mission spectacle vivant à l’université, et à ce titre coordonne la programmation collégiale de Chaos danse. « Cette année, poursuit-il, nous nous sommes associés à l’INSA (Institut national des sciences appliquées) , qui comprend une section art-étude très dynamique, ce qui nous a conduit, pour la programmation, à constituer un comité de pilotage, avec notamment deux chorégraphes associées : Natacha Paquignon et Annabelle Bonnery, qui à elles deux ont une connaissance fine des compagnies aussi bien locales qu’internationales. »
On l’aura compris : une équipe de passionnés enracinés, bien entourés, professionnels, et ouverts sur le monde, qui a commencé la saison 21-22 en recevant le ballet Preljocaj.
Accueillir au festival de jeunes danseurs et danseuses
Le label Capitale française de la culture se devait de parachever cette belle dynamique. Stéphan Meynet : « Le théâtre Astrée est un lieu de programmation inscrit dans un lieu de vie et d’étude rempli de jeunes gens : d’emblée nous sommes au cœur de la thématique choisie par Villeurbanne, « place aux jeunes ! », et de fait toute notre programmation pouvait se ranger sous les couleurs du label. Pour autant, nous avons choisi d’aller un peu plus loin en recevant au festival Chaos danse les écoles, conservatoires et centres de formation, pour une semaine « Pratique jeunes danseurs », début avril 2022. » Une occasion rêvée, pour les jeunes danseurs en formation, de se produire sur une scène dans une ambiance professionnelle et festive, propice aux échanges et aux rencontres.
« On attaquera ce temps fort avec le jeune ballet du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (CNSMD), poursuit Stéphan Meynet, et on le terminera par l’ensemble chorégraphique des élèves du Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR). » Le jeune ballet du CNSMD est une véritable mise en situation professionnelle des étudiants de dernière année du Conservatoire national, amenés, grâce à cette expérience, à s’engager dans un processus de création auprès de chorégraphes confirmés (à ne pas manquer le 15 mars 2022 !). A l’autre bout de la chaîne des études, le Conservatoire régional présentera ses grands élèves de Parcours préparatoires aux Ecoles supérieures (PPES), dans de courtes pièces chorégraphiques de différents styles.
« On verra aussi, notamment, le jeune ballet Désoblique, le jeune ballet Calabash et les étudiants de la section danse-études de l’INSA, encadrés par Julie Desprairies. » L’association Désoblique, c’est une compagnie de danse contemporaine qui comprend un centre de formation professionnelle et fait partie aussi du collectif Le Croiseur, implanté dans une ancienne usine lyonnaise. Six à huit danseurs partent pour deux ans d’immersion au sein d’un jeune ballet qui travaille avec des chorégraphes invités et se produit pour une quinzaine de dates. Le jeune ballet Calabash est une formation d’un an qui propose elle aussi une immersion aux portes de la vie professionnelle à des danseurs plus spécifiquement orientés vers le jazz. Quant aux étudiants danseurs de l’INSA, ils présenteront un projet chorégraphique hors les murs : un parcours déambulatoire dans le quartier des Buers de Villeurbanne, sur un site nommé joliment « le terrain des sœurs ». Quoi de plus simple, sensible et beau que d’appréhender la question de l’urbanisme avec le jeu des corps ?
Eh bien dansons maintenant !
Les élèves du département de musique ancienne de l’École nationale de musique de Villeurbanne (ENM) vont animer de leurs instruments, le 19 mars 2022, un bal Renaissance auquel sont conviées les familles de la cité pour une joyeuse soirée festive.
Festive, mais pas uniquement : les participants bénéficieront des conseils bienveillants de deux maîtres à danser !
Et, parce que l'étrangeté délicieuse ne serait pas complète s'il en allait autrement, aux danses de la Renaissance s'ajouteront des danses traditionnelles suédoises. Une belle découverte en perspective, alliant le voyage dans l'espace et le voyage dans le temps.
Attention, il n'y aura pas de places pour tout le monde pour cette soirée unique et décapante, gratuite sur réservation le 19 mars 2022.