A l'occasion de la "Paris Game Week" qui a été inaugurée mardi 29 octobre par Franck Riester, retour sur Romanica, le premier jeu vidéo conçu par le ministère de la Culture pour permettre à chacun d’explorer le potentiel plurilingue qui sommeille en nous. Article initialement publié le 18 mars 2019.

Il faut sauver Romanica ! Tel est en tout cas le mot d'ordre du premier jeu vidéo conçu par la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture. Romanica ? C'est le nom d'un monde imaginaire, qui dépérit depuis que l’on n’y parle plus qu’une seule langue. Pour aider les habitants en détresse à réinvestir leurs cités, le scénario prévoit de lancer le joueur dans une quête initiatique : retrouver la signification des mots que les habitants emploient au quotidien.

Un format original

On l'aura compris, ce jeu vidéo est en relation directe avec notre univers linguistique. Mais pourquoi ce format inédit de la part d'un ministère ? « A ma connaissance, c'est en effet la première fois qu'un ministère conçoit un jeu vidéo. Pour être véritablement innovants, on a fait le choix délibéré de se placer dans une optique de sensibilisation, plus que dans une optique éducative », plaide Thibault Grouas, responsable de la mission des langues et du numérique au sein de la DGLFLF. « C’est une manière de renouveler les pratiques, de montrer qu’on peut s’adresser au public de manière différente, et notamment aux jeunes usagers », ajoute-t-il.

« Le jeu prendra la forme d’une application mobile, qui pourra être téléchargée gratuitement sur Google Play, l’App Store, Androïd et iOS », détaille Jordy Embun, chef de projet au sein du studio de jeu vidéo CCCP. L’application, réalisée en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Association internationale pour la promotion de l’intercompréhension (Apicad) est à la hauteur des meilleures productions de l’industrie du jeu vidéo en France, renommée mondialement pour sa créativité et sa capacité d’innovation. « C'est une véritable expérience ludique, insiste Jordy Embrun. Je pense que ce jeu peut toucher toute personne qui apprécie de jouer sur son téléphone ou qui est intéressé par les langues ».

Langues et diversité

D'un point de vue linguistique aussi, les enjeux sont à la hauteur des ambitions de la DGLFLF, notamment en ce qui concerne la diversité linguistique. « Ce média nous donne l’opportunité de faire passer un message sur la diversité des langues que l’on retrouve dans l’espace européen. Il s’agit de montrer que le français fait partie d’un vaste ensemble – les langues romanes – ayant de nombreux éléments de syntaxe et de vocabulaire en commun », souligne Thibault Grouas. 

Parler une langue romane revient à disposer d’un potentiel plurilingue qui, bien souvent, demeure insoupçonné. « Face à un interlocuteur italien ou un roumain on a tendance à rapidement basculer sur l’anglais. Pourtant, si on prenait le temps d’écouter attentivement ce qui nous est dit on se rendrait compte que l’on comprend une très grande partie du propos. Et que l’on peut également, en parlant lentement et distinctement, se faire entendre », souligne Thibault Grouas. Une clé pour sauver Romanica ?

Romanica et la Saison France – Roumanie : diversité linguistique et liens culturels

Le jeu vidéo Romanica est au cœur de multiples enjeux, politiques, culturels et francophone. Sa réalisation s’inscrit à la fois dans la mise en œuvre du Plan du Président de la République « une ambition pour la langue française et le plurilinguisme » et dans le cadre de la Saison culturelle France-Roumanie, qui coïncide avec la présidence roumaine de l’Union européenne.

Cette Saison a pour vocation de renouveler l’image et la perception que la France et la Roumanie ont l’une de l’autre, tout en renforçant les liens économiques, scientifiques et culturels qui les unissent. Elle témoigne également du dynamisme et de l’imagination des créateurs de ces deux nations.

Plus de 400 événements verront donc le jour autour du cinéma, de la photographie, des arts numériques… et de bien d’autres champs culturels.« Des Dans le domaine des arts numériques, nous avons de très beaux projets avec Arty Farty et le Festival Mirage à Lyon, l’espace Stereolux à Nantes, ou encore la Halle Tropisme à Montpellier », détaille Jean-Jacques Garnier, le commissaire de la Saison.