Jusqu’au 28 mai, le festival de Cannes fait son retour avec une 75e édition en prise avec l’actualité la plus brûlante. Tour d’horizon.

​C'est un invité-surprise on ne peut plus symbolique. Lors de la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes, mardi 17 mai, le président ukrainien, Volodomir Zelenski, est apparu sur l’écran du Palais des Festivals, suscitant une ovation du public. « Il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n’est pas muet », a-t-il plaidé, faisant allusion au conflit qui oppose son pays à la Russie.

De fait, le festival de Cannes a promis cette année que l'Ukraine serait « dans tous les esprits », en accueillant dans sa sélection deux générations de cinéastes ukrainiens :  Sergei Loznitsa pour The Natural History of Destruction, un film qui porte sur la destruction des villes allemandes par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi le jeune Maksim Nakonechnyi pour Butterfly Vision, sélectionné pour « Un certain regard ». Le festival a ajouté en dernière minute la présentation de Mariupolis 2, le dernier film du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, tué début avril en Ukraine.

Le modèle français de soutien aux auteurs de cinéma

Le festival de Cannes, c’est aussi des propositions cinématographiques inédites sur les sujets les plus actuels (mais pas seulement), comme l’indique la sélection officielle qui s’annonce passionnante. Parmi les films annoncés, on retiendra des réalisations prometteuses soutenues par le Centre national du cinéma, dont Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi, Frère et sœur d’Arnaud Desplechin, Pacifiction, tourment sur les îles d’Albert Serra, Stars at Noon de Claire Denis ou Tori et Lokita des frères Dardenne.

A travers de nombreux dispositifs d’aide, le ministère de la Culture et son opérateur, le Centre national du cinéma, apparaît comme une véritable plaque-tournante du modèle français de soutien à l’industrie cinématographique, qui permet au CNC de défendre, au sein de la sélection officielle, la jeune garde du cinéma français, avec Un petit frère de Léonor Serraille, mais aussi des auteurs reconnus de la scène internationale, comme le Japonais Kore-Eda (Broker), le Canadien David Cronenberg (Crime of future), le Roumain Cristian Mungiu (RMN) ou le Russe Kirill Serebrennikov (Tchaikovski’s wife).

Cinéma, audiovisuel, jeu vidéo... retour sur l'année 2021

Selon le bilan 2021 du CNC présenté en marge du festival de Cannes, les industries cinématographique, audiovisuelle et du jeu vidéo ont poursuivi leur reprise en 2021. Un maintien de l'activité dû entre autres à un soutien massif de l'action publique à l'occasion de la crise sanitaire, notamment à travers les investissements du ministère de la Culture par le biais du dispositif France Relance.

Parmi les principaux résultats, on retiendra une nette reprise de la fréquentation des salles (+ 46,3 % par rapport à 2020) pour un nombre de films en première exclusivité de 455 titres (+24,7 %). Côté exportation, l’audiovisuel atteint son deuxième plus haut niveau historique de ventes de programmes (+0,7 % par rapport à 2019) avec l’animation qui reste le premier genre à l’export et des ventes records pour le documentaire. Enfin, le marché de la vidéo progresse de façon significative (+7,3 % par rapport à 2020). Lupin : dans l’ombre d’Arsène est la série française la plus vue sur les plateformes et le deuxième programme au global, toutes nationalités confondues.

Événement : la restauration de « La Maman et la Putain » à Ciné Classics

Créée en 2004, une section a acquis depuis cette date ses lettres de noblesse : Cannes Classics. Destinée à présenter une version restaurée des films du patrimoine, cette section a permis de revoir des chefs d’œuvre et des curiosités qui retrouvent une deuxième jeunesse.

Parmi les séances mémorables, citons la présentation en 2018 et en 2019 de deux chefs d’œuvre de Stanley Kubrick : 2001 l’Odyssée de l’espace et Shining. Cannes Classics a également fêté les restaurations de deux films culte : Easy Rider de Dennis Hopper, qui embrasa la Croisette en 1969, et La Cité de la peur d’Alain Berberian avec Les Nuls.

Cette année, La Maman et la putain, le chef d’œuvre de Jean Eustache, fêtera ses 50 ans dans une version restaurée en présence de Jean-Pierre Léaud, Françoise Lebrun et Boris Eustache, le fils du réalisateur.