Proposer, chaque année, une
liste de « célébrations nationales » oblige
à faire des choix, souvent difficiles, afin de mettre l’accent
sur les faits majeurs propres à -éclairer la réflexion
contemporaine et sur des personnalités, des œuvres, des
événements, qui paraissent devoir être mis particulièrement
en valeur comme les repères d’une mémoire nationale.
Mais d’autres anniversaires, dont la -notoriété
n’est pas forcément moindre, ont aussi, pour certains d’entre
nous, une valeur affective, pour tous une portée éducative.
Cette rubrique en signale quelques-uns, qui font incontestablement partie
de notre culture, de notre -histoire et de notre patrimoine.
Les notices de cette rubrique ont pour auteurs
Charles-Louis Foulon, Arlette Grimot, Patrick Micaud, Anne Reboul aidés
ponctuellement par Danièle Neirinck.
> programme
des manifestations
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Merleau-Ponty
« Trombinoscope » de l’ENS, 1926
bibliothèque des lettres de l’ENS – Fonds photographique
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Vie politique et institutions
Lanfranc : Pavie, v. 1005 - Canterbury,
24 mai 1089
Cet Italien pouvait-il, enfant, penser qu’il finirait sa vie archevêque
de Canterbury et légat du Saint-Siège ? Avocat, il enseigne
le droit à Bologne et à Pavie. Il passe les Alpes, fonde
une école à Avranches puis, vers 1042, se fait moine bénédictin
à -l’abbaye du Bec, récemment fondée par
Helluin. Il en devient prieur et en fait un des foyers intellectuels
les plus actifs de l’Occident. Il a comme élèves
Yves de Chartres, saint Anselme et le futur pape Alexandre II. En 1049,
il contribue à la condamnation des doctrines de Béranger
de Tours.
Il devient un proche conseiller de Guillaume le Bâtard qui le
nomme abbé de Saint-Étienne de Caen puis, après
la conquête de l’Angleterre, archevêque de Canterbury
(août 1070). Il entreprend une vaste réforme de l’Église
d’Angleterre qu’il place sous un épiscopat normand
et crée là encore de nombreuses écoles et des hôpitaux.
Il meurt au comble des honneurs, peu après avoir couronné
roi d’Angleterre Guillaume II le Roux, en 1087.
Jeanne de France (sainte) : Lignières,
23 avril 1464 - Bourges, 4 février 1505
Curieuse destinée que celle de la deuxième fille de Louis
XI, de cette femme qui fut reine et sainte. Infirme de naissance, Jeanne
est victime de la raison d’État. À douze ans son
père, le roi de France, la marie avec son cousin, Louis d’Orléans,
dont la maison rivalisait avec la branche aînée. Louis
XI pense ainsi mettre fin à la lignée des Orléans.
Retournement de situation, son petit frère Charles VIII meurt
-prématurément en 1498 et Louis -d’Orléans
devient roi sous le nom de Louis XII. Il veut une descendance et épouse
la veuve de Charles VIII, la duchesse Anne de Bretagne. Après
un -procès éprouvant, le mariage est cassé par
le pape pour défaut de consentement. Leur union avait duré
22 ans.
Devenue duchesse apanagiste de Berry, Jeanne se retire à Bourges,
y fonde l’ordre de l’Annonciade (1501), fait profession
de foi en 1504 et meurt l’année suivante. Déclarée
bienheureuse dès 1614, elle est canonisée par Pie XII
en 1950.
La paix d’Augsbourg - 1555
Consentie par Charles Quint pour mettre un terme à la guerre
civile qui déchire -l’Allemagne sur fond de dissensions
religieuses, la paix d’Augsbourg (25 septembre 1555), à
la différence de l’Édit de Nantes (1598) qui reconnaîtra
la liberté de conscience individuelle, accorde aux princes le
droit de choisir entre catholicisme et luthéranisme, seules doctrines
concernées par cet accord, et d’imposer ce choix à
leurs sujets selon l’adag
e « cujus regio, ejus religio
». Font exception les villes gouvernées directement par
l’empereur et les principautés ecclésiastiques où
l’évêque, s’il se convertit au protestantisme,
ne peut y contraindre la population. Cette paix, qui heurte les convictions
de Charles Quint, est l’un des éléments qui le conduiront
à abdiquer en 1556 après avoir partagé l’empire
entre son frère Ferdinand et son fils Philippe II. Elle devait
en outre s’avérer précaire et la persistance des
tensions entre catholiques et luthériens conduira, à peine
quelques décennies plus tard, au déclenchement de la guerre
de 30 ans.
Villegagnon installe une colonie française
dans la baie de Rio de Janeiro : 10 novembre 1555
Nicolas Durand de Villegagnon, chevalier de l’ordre de Malte,
aime l’aventure et -participe en 1541 à l’expédition
de Charles Quint en Afrique puis au voyage qui amène Marie Stuart
en France (1548). En 1551, il tente sans succès de défendre
-Tripoli contre les Turcs. Nommé vice--amiral de Bretagne et
converti au protestantisme, il reçoit le commandement de la flotte
que Henri II met à la disposition de Coligny pour installer une
colonie protestante de peuplement au Brésil. En novembre, il
arrive dans la baie de Guanabara (aujourd’hui Rio de Janeiro)
avec 600 colons. Il construit le fort Coligny et projette d’en
faire la capitale d’une « France Antarctique ». Désireux
de peupler l’île, il prie Calvin de lui envoyer des ministres
protestants mais, revenu à la foi catholique, il entreprend des
disputes théologiques avec eux. Le récit de cette expédition
a été écrit par l’étudiant en théologie
et passager Jean de Léry : Histoire d’un voyage fait en
terre de Brésil. Il rentre en France où il meurt en 1571.
Fort Coligny tombera aux mains des Portugais dès 1560.
Décret relatif au numérotage
des immeubles à Paris : 4 février 1805
Par un décret de 1790, l’Assemblée nationale avait
aboli l’ancien système de numérotage des maisons
à Paris et avait institué un dispositif destiné
à faciliter le recensement des citoyens pour la répartition
de l’impôt foncier. Très complexe, ce nouveau système
ne fut pas appliqué.
Le décret impérial du 4 février 1805 met fin à
ce désordre et institue un système de numérotage
applicable à toutes les rues de Paris, fondé sur des principes
qui n’ont pas été modifiés jusqu’à
ce jour.
Chaque rue se voit attribuer une série numérique propre,
même si elle traverse plusieurs arrondissements. Alors que le
dispositif précédent attribuait un numéro à
chaque porte, un numéro correspond désormais à
une maison. Les nombres pairs sont donnés au côté
droit de la rue, et les nombres impairs au côté gauche.
Ce système de numérotage, mis en place sans difficulté
dès l’été 1805 et accepté par la population,
fut étendu à toutes les -communes de France par ordonnance
royale du 23 avril 1823.
La Capricieuse arrive à
Québec : 13 juillet 1855
Après avoir participé à Halifax aux fêtes
en l’honneur de la reine Victoria, la Capricieuse, corvette commandée
par le capitaine de -Belvèze, marin et diplomate, entre à
la veille du 14 juillet en rade de Québec, où aucun navire
de guerre français n’avait mouillé depuis le traité
de Paris (1763), grâce à -l’entente retrouvée
entre la France et -l’Angleterre. Accueillie dans l’enthousiasme
et l’émotion, accompagnée de réceptions officielles
solennelles et -somptueuses, la visite donne lieu à la pose de
la 1re pierre d’un monument « Aux braves », dédié
à Montcalm. La visite se poursuit par Montréal, Ottawa,
Toronto, les chutes du -Niagara, Trois-Rivières, et Belvèze
peut ainsi renouer le contact avec les populations -indigènes.
Articles de presse, poèmes et œuvres d’art, entre
autres un célèbre daguerréotype, illustrent cette
mission, dont le succès scelle l’établissement à
-Québec d’un consulat général de France.
Le « Coup de Tanger » : 31 mars 1905
Au début du vingtième siècle, le Maroc était
gouverné par un Sultan, aucune puissance européenne n’ayant
pu y établir une présence coloniale. C’est dans
le cadre du traité dit de « l’Entente cordiale »
que -l’Angleterre accepta en 1904 de laisser la France y instaurer
un protectorat. Cette nouvelle alliance avec l’Angleterre, qui
suivait celle signée en 1891 avec la Russie, renforçait
la position de la France. C’est pour contester cet accord qui
l’isolait en Europe et contrariait ses ambitions coloniales que
Guillaume II, empereur d’Allemagne, tenta un coup de force.
Le 31 mars 1905, il débarqua théâtralement à
Tanger, prit la tête d’un cortège qui -traversa la
ville et prononça un discours par lequel il assurait le Sultan
de son appui pour la défense de l’indépendance marocaine
et exigeait la réunion d’une conférence internationale.
Il reprit ensuite la mer.
Cette crise entraîna en France la chute de Delcassé, le
ministre des Affaires étrangères qui avait négocié
l’accord franco-anglais de 1904, mais la conférence d’Algésiras
qui eut lieu au début de 1906 confirma les alliances conclues
par la France.
Adoption de la loi limitant à 8
heures le temps de travail quotidien dans les mines : 29 juin 1905
En France il fallut attendre l’année 1900 pour que, pour
la première fois, une loi limite la durée journalière
maximale du temps de travail des travailleurs adultes. C’est en
effet une loi du 30 mars 1900 qui a limité cette durée
à 10 heures par jour.
Cinq ans plus tard, une autre loi, promulguée le 29 juin 1905,
abaissait à 8 heures la durée du temps de travail quotidien
dans les mines et les secteurs assimilés. La pénibilité
et la dangerosité du travail minier furent prioritairement invoquées
pour faire adopter ce régime dérogatoire mais d’autres
facteurs justifiaient cette grande avancée sociale. Le fait principal
était que le niveau de salaire des mineurs, -complété
par un système de prestations et d’avantages sociaux favorable,
se situait très au-dessus du revenu moyen des autres travailleurs
manuels français. Cette situation particulière explique
que les revendications des syndicats miniers -portaient autant sur l’amélioration
des conditions de vie que sur le niveau des rémunérations.
En outre, du côté patronal, d’importants gains de
productivité avaient pu être obtenus grâce à
l’utilisation de l’électricité et de l’air
comprimé.
Vote de l’état d’urgence
en Algérie : 1er avril 1955
Un semestre après la trentaine d’attentats de la Toussaint
rouge, les troubles dans les Aurès font estimer que la législation
est
« insuffisante pour faire face à une guerre civile ».
En fonction depuis le 24 février 1955, le gouvernement d’Edgar
Faure, qui vient d’obtenir des pouvoirs spéciaux en matière
économique et sociale, est autorisé à -proclamer
l’état d’urgence pour six mois en Algérie.
Par 379 voix contre 219, -l’Assem-blée nationale légalise
perquisitions, interdictions de séjour et assignations à
résidence contre « toute personne cherchant à entraver
l’action des pouvoirs publics ».
Les tribunaux militaires auront compétence pour juger de crimes
et délits qui relevaient des cours d’assises. Une députée
communiste d’Oran dénonce cette loi -permettant d’instaurer
« un régime politique précurseur des régimes
fascistes ». Mais le gouvernement Faure s’affirme a contrario
décolonisateur en Tunisie et signera, au moment de la conférence
afro-asiatique de Bandoeng, un protocole -d’accord avec Habib
Bourguiba.
Rappel sous les drapeaux des réservistes
: 24 août 1955
La crise s’amplifie en Afrique du Nord : les 20 et 21, simultanément
à une insurrection au Maroc – provoquée par la déposition
du sultan Ben Youssef –, 123 personnes dont 73 Européens
meurent dans les émeutes du Constantinois ; une forte répression
fait 1273 victimes.
Le demi-contingent libéré en avril est rappelé
avant que, le 29, ne soit annoncé le maintien sous les drapeaux
du premier contingent 1954. Mais, le 18 octobre, 308 députés
contre 254 exprimeront leur confiance dans la politique algérienne
du gouvernement Faure : chasse aux rebelles et anéantissement
des foyers d’insurrection.
Des manifestations, des articles de presse reflèteront l’opposition
à la sale guerre ; la censure des médias débouchera
sur des saisies de journaux au premier rang desquels le jeune hebdomadaire
l’Express dont le fondateur, Jean-Jacques Servan--Schreiber, sera
aussi rappelé en Algérie.
Les effectifs militaires dans les départements français
d’Algérie passeront de 100 000 hommes en mai 1955 à
600 000 en septembre 1956. L’allongement jusqu’à
28 mois du service militaire et l’accroissement du nombre de blessés
et de morts vont peu à peu modifier l’opinion publique
en métropole.
Lancement de la politique des grands ensembles
: Septembre 1955
Les grands ensembles sont apparus comme la meilleure solution à
la crise massive du logement que n’avaient résolue ni le
plan Courant1 ni la construction de cités d’urgence2.
Le développement de procédés industriels dans la
construction ainsi que l’élaboration de plans-types ont
permis l’édification rapide de groupes d’immeubles
rassemblant mille logements ou plus, gérés à 75
% par des sociétés de HLM. Sarcelles a été
le premier exemple de ce type d’urbanisation. La construction
de 10 000 logements y fait passer la population de 8 000 à 40
000 habitants. La ville est ainsi devenue le symbole de ces villes construites
dans -l’urgence, réponse rapide et efficace pour offrir
un toit et de meilleures conditions de vie.
Mais le vieillissement des équipements est allé de pair
avec la paupérisation des résidents et cet urbanisme a
généré plus tard les crises que
l’on connaît.
La contestation urbanistique des grands ensembles a par ailleurs déclenché
des campagnes de dynamitage de ces barres d’immeubles.
Jean Monnet lance le Comité
d’action pour l’Europe : 13 octobre 1955
Inspirateur de la déclaration de Robert Schuman du 9 mai 1950
qui prônait la construction de l’Europe « par des
réalisations concrètes, créant d’abord une
solidarité de fait » et premier président de la
communauté européenne du charbon et de l’acier de
1952 à 1955, Jean Monnet veut faire progresser l’idée
des États-Unis d’Europe et d’une délégation
de pouvoirs des États à des institutions fédérales
européennes.
Après l’échec de la communauté européenne
de défense, il veut contribuer au succès du mémorandum
Spaak adopté, le 2 juin 1955, à la conférence de
Messine. Pour l’ancien secrétaire général
adjoint de la Société des nations (1921-1922), premier
commissaire français au Plan, il s’agit d’ouvrir
la route au Marché commun qui sera institué en 1957 par
le traité de Rome.
En 1960, Jean Monnet plaidera pour une confédération européenne
puis, en 1962, pour des relations de partenaires d’égal
à égal entre l’Europe et les États-Unis.
Littérature et
sciences humaines
Jean de Meun ou de Meung : Meung-sur-Loire,
vers 1240 - Paris, vers 1305
Jean de Meun, dit aussi Jean de Meung, dont le nom véritable
était Jean Chopinel ou Jean Clopinel, est essentiellement connu
pour avoir été le second auteur, après Guillaume
de Lorris, du célèbre Roman de la rose.
Clerc érudit et docteur en théologie, Jean de Meun se
fait d’abord connaître par des -traductions d’auteurs
latins. C’est en 1275 qu’il reprend le poème de 4
000 vers laissé interrompu après le décès
de son premier auteur et, se consacrant à ce travail durant cinq
années, il termine l’œuvre en y ajoutant 18 000 vers.
La seconde partie du Roman de la rose s’oppose totalement à
la première, écrite quarante ans plus tôt, tant
par son esprit que par sa morale. N’hésitant pas à
introduire dans le poème des digressions qui lui permettent de
prendre position sur toutes les questions philosophiques et scientifiques
qui opposent les universitaires et les savants de l’époque,
il tente également de démontrer le caractère factice
et hypocrite de l’amour courtois et affirme un antiféminisme
virulent qui sera fermement contesté par Christine de Pisan un
siècle plus tard.
Œuvres de Louise Labé : Août
1555
« La belle cordière », fleuron de l’école
lyonnaise de la première moitié du XVIe s., publie chez
Jean de Tournes ce petit recueil qui fait honneur à la Renaissance
en cette ville, un des principaux centres de la Renaissance française
avec Maurice Scève1, Pontus de Tyard et Pernette du Guillet.
Le volume contient le Débat de la folie et de l’amour,
trois élégies et vingt-quatre sonnets. Ce sont ces derniers
surtout qui ont rendu Louise Labé célèbre. Son
œuvre est vouée à l’amour et à la passion
amoureuse exprimée du point de vue féminin. Les -élégies
proclament la fatalité de l’amour
et les sonnets éclairent une série des moments de l’amour
: souffrance, joie, volupté …
On ne sait pratiquement rien de la vie de Louise Charly, sauf qu’elle
fut mariée au cordier Ennemond Perrin après avoir reçu
une éducation exceptionnellement soignée pour une jeune
fille de sa condition car elle avait une parfaite connaissance de la
culture antique.
François L’Hermite, dit Tristan
L’Hermite : Château de Soliers, 1601 - Paris, 7 septembre
1655
Existence picaresque s’il en fut que celle de Tristan L’Hermite
: page à la cour d’Henri IV, puis de Louis XIII, un duel
trop heureux le contraint à l’exil en Angleterre. Las de
la précarité, il tente de rejoindre un parent en Espagne
mais, en route, accepte par nécessité des emplois subalternes
qui lui permettent toutefois de se rapprocher des grands et d’obtenir
sa grâce. Au service de Gaston d’Orléans, puis du
duc de Guise, il consacre ses loisirs à la littérature
où, à l’abri des aventures décevantes, il
explore la variété des registres. Ses contemporains apprécièrent
ses tragédies (Marianne, 1637 ; La mort de Sénèque,
1645 ; …) à l’égal de celles de Corneille
; son autobiographie, Le page -disgracié, révèle
un personnage attachant, et sa poésie lyrique (le recueil des
Amours, …) peut encore charmer par la fluidité des vers
et l’inventivité des images. Il entre à l’Académie
en 1649, mais c’est désenchanté qu’il meurt
en l’hôtel de Guise en 1655.
Marie-Catherine le Jumel de Barneville, comtesse d’Aulnoy : Barneville,
v. 1650 Paris, 14 janvier 1705
Si les romans et mémoires de la comtesse d’Aulnoy, inspirés
par les péripéties d’une jeunesse aventureuse, sont
complètement oubliés, elle initie dans les 8 volumes de
contes qu’elle publie entre 1696 et 1699 (les Contes de ma mère
l’Oye de Perrault sont de 1697) une veine littéraire qui
-permet à la fois d’échapper à la tristesse
d’un règne qui s’assombrit d’année en
année et de hasarder des critiques (sur le mariage forcé…)
qui, ouvertement, ne seraient pas tolérées. Son style
rutilant, une inventivité flamboyante, contribuent au dépaysement
du lecteur et les personnages, confrontés à des situations
romanesques, intéressent par des caractères qui traduisent
une connaissance subtile des bons et mauvais penchants du cœur
humain. La Harpe écrivait à son sujet :
« On peut mettre de l’art et du goût jusque dans les
frivolités. Mme d’Aulnoy est celle qui paraît y avoir
le mieux réussi. »
Jean-Pierre Claris de Florian : Château
de Florian (près de Sauve), 6 mars 1755 - Sceaux, 12 septembre
1794
Florian passe toute son enfance dans les Cévennes. Voltaire,
son grand-oncle, -l’encourage dans ses premiers essais -littéraires.
Il vient à Paris où il débute une carrière
militaire au service du duc de Penthièvre qui sera son protecteur
et lui permettra de se consacrer totalement à la création
littéraire. Il écrit d’abord pour le théâtre
des comédies dans le genre « arlequinade » ; il publie
ensuite des romans chevaleresques et pastoraux souvent inspirés
par l’œuvre de Cervantès. C’est en 1792 qu’il
publie les Fables qui sont aujourd’hui considérées
comme son œuvre la plus intéressante.
Une autre création de Florian a traversé les siècles
: il est en effet l’auteur des paroles de l’une des chansons
françaises les plus connues et chantées dans le monde,
la romance Plaisir d’amour, publiée en 1785 sur une musique
de Martini.
Emprisonné sous la Terreur et sauvé de l’échafaud
par le 9 Thermidor, Florian est mort le 12 septembre 1794. Il n’avait
que trente-neuf ans.
Eugénie de Guérin : Château du Cayla (Andillac),
19 janvier 1805 – 31 mai 1848
Investie à 13 ans par sa mère mourante de la responsabilité
de son frère Maurice (1810-1839), les deux enfants, isolés
dans leur vieux château, tissent une relation -privilégiée,
Eugénie se consacre entièrement à son frère,
renonce pour lui à sa vocation religieuse, et ne quitte la demeure
ancestrale qu’en une seule occasion : le mariage de Maurice à
Paris en 1838. Elle trouve ses seules distractions dans des -lectures
qui reflètent ses convictions religieuses et le sérieux
de son caractère, et dans une communion avec la nature qui la
renvoie à sa propre spiritualité. Le frère et la
sœur s’écrivent longuement, dialogue de deux âmes
qui se fond en une même fugue, et rédigent chacun un journal
qui, dans son essence, est destiné à l’autre. Celui
d’Eugénie, dont Mauriac dira : « On ne peut avoir
poussé plus loin qu’elle le parti de vivre cœur à
cœur avec quelqu’un qui n’est pas là »,
est publié pour la 1re fois en 1855 sous le titre Reliquiae et
une -édition conjointe de leurs œuvres est publiée
en 1869.
Émile Verhaeren : Saint-Amand (près
d’Anvers), - 21 mai 1855 - Rouen, 26 novembre 1916
Émile Verhaeren fut l’un des plus célèbres
poètes d’expression française de son temps. Malgré
ce large succès, il resta fidèle à la Flandre de
son enfance et y trouva une riche source d’inspiration.
Après la publication de ses deux premiers recueils influencés
par le naturalisme, Émile Verhaeren devra affronter, à
l’âge de trente ans, une grave crise spirituelle et existentielle.
Il surmontera cette épreuve et y puisera une inspiration renouvelée
marquée par une vision plus lucide et plus -fraternelle. Il découvre
alors la beauté du monde moderne et la grandeur de l’effort
humain, mais il évoque également les difficultés
sociales liées à l’exode rural et au déracinement
du monde ouvrier. Il transmet à ses nombreux lecteurs l’énergie
de ce nouveau monde, transformé par le développement des
villes et l’apparition des paysages industriels et il exalte avec
lyrisme l’espoir d’une société plus humaine
et plus solidaire.
Très affecté par la Première Guerre -mondiale qui
contredisait sa vision -optimiste de l’avenir, il connaît
une mort tragique, écrasé par un train en gare de Rouen.
Emmanuel Mounier1 : Grenoble, 1er avril
1905 - Châtenay-Malabry, 22 mars 1950
Né à Grenoble en 1905, agrégé de philosophie
en 1928, Emmanuel Mounier a -marqué la vie intellectuelle française
-jusqu’à sa mort en 1950.
S’inscrivant dans la lignée d’Henri Bergson, de Charles
Péguy et de Jacques Maritain, il fonde la revue Esprit en 1932
et lui donne pour mission de réconcilier christianisme, démocratie
et modernité. En 1934, il -commence à formaliser la doctrine
à laquelle son nom reste attaché : le personnalisme. La
publication, en 1936, du Manifeste au service du personnalisme constitue
la base de cette nouvelle philosophie qui accorde une place centrale
à la notion de personne, opposée à celle d’individu,
et qui formule des propositions pour définir, en rupture avec
l’ordre ancien, ce que pourrait être une nouvelle conception
de la société et de la politique.
Rejetant systèmes et idéologies, l’œuvre d’Emmanuel
Mounier propose et définit un nouveau modèle de société
où chaque homme pourrait librement décider de s’engager
au service de la communauté. Aujourd’hui encore de nombreux
intellectuels et hommes politiques, en France et dans le monde, se rattachent
à ce courant de pensée.
Albert Dauzat : Guéret, 4 juillet
1877 - Paris, 30 octobre 1955
Docteur en droit en 1899 avec une thèse « Du rôle
des Chambres en matière de traités internationaux »,
docteur ès lettres avec un « Essai de méthodologie
linguistique », diplômé de l’École pratique
des hautes études pour ses travaux sur le patois de la région
de Vinzelles, A. Dauzat est d’abord tenté par le journalisme
et le roman. À partir de 1910, il remplace Paul Passy au cours
de philologie de l’EPHE. Il joue un rôle prépondérant
au cours de la 1re moitié du XXe siècle en toponymie et
en onomastique en attirant l’attention du monde universitaire
sur ces disciplines qu’il vulgarise avec intelligence dans des
ouvrages accessibles au grand public comme L’Histoire de la langue
française et Les patois.
Il fonde deux revues : Le français moderne en 1935 et Onomastica
qui devient en 1947 La revue internationale d’onomastique.
En mémoire de ce grand linguiste, le prix Albert Dauzat a été
créé en 1971 pour récompenser tous les deux ans
des travaux de toponymie et d’anthroponymie.
Maurice Druon commence la publication
de son cycle Les rois maudits - 1955
Après la publication de la trilogie de La fin des hommes dont
le premier volume, intitulé Les grandes familles, avait reçu
le Prix -Goncourt en 1948, Maurice Druon décida de renoncer à
traiter de personnages contemporains et de se lancer dans l’écriture
d’un grand cycle romanesque inspiré par l’histoire
des derniers Capétiens directs.
Publiés de 1955 à 1960, les six volumes formant la série
des Rois maudits attirèrent un grand nombre de lecteurs et remirent
à la mode un genre littéraire illustré au XIXe
siècle par Alexandre Dumas et Victor Hugo, le roman historique.
L’évocation des vies de Philippe IV le Bel et de ses fils
sert de trame à cet ensemble romanesque, plein d’intrigues
et de conflits publics et privés. La construction littéraire
en est très élaborée et le style parfaitement adapté
pour -restituer la singularité des nombreux -personnages qui
ont marqué cette période troublée de l’histoire
de France.
La publication en format de poche ainsi qu’une adaptation très
réussie pour la télévision ont permis aux Rois
maudits d’être l’un des plus grands succès
littéraires de la seconde moitié du XXe siècle
en France.
Maurice Merleau-Ponty publie Les Aventures de la dialectique - 1955
Condisciple de Sartre à l’École normale de 1926
à 1930, fondateur avec lui des Temps modernes en 1945, Merleau-Ponty
publie en 1955 l’ouvrage de la prise de distance philosophique
et de la rupture avec -l’orthodoxie marxiste : Les aventures de
la -dialectique. La dialectique lui paraît être en effet
une notion où se dissout l’honnêteté intellectuelle.
Refusant l’inflexibilité d’une démarche dogmatique,
il voit un mythe dans l’idée de résolution ultime
des antinomies qui, selon lui, loin d’être de simples séquelles
du capitalisme, constituent au contraire la trame même de l’histoire.
S’il continue à penser que celle-ci a un sens, il y reconnaît
cependant un fond de non-sens, où règne une nécessité
qui échappe aux entreprises humaines. Cette analyse se double
d’une critique de l’étude de Sartre sur « Le
communisme et la paix », parue dans Situations.
Arts
Louis Testelin : Paris, 1615 –
19 août 1655
Artiste peintre comme son père Gilles (v. 1590 – 1632)
et son frère Henri 1616 – 1695), Louis Testelin achève
sa formation dans l’atelier de Simon Vouet. Il y rencontre Le
Brun avec qui il sera l’un des fondateurs de l’Académie
royale de peinture et de sculpture. Apprécié pour ses
décors de couvents, hôtels et châteaux, il travaille
avec Philippe de Champaigne aux appartements d’Anne d’Autriche
au Palais-Royal, avec Le Brun au Val-de-Grâce, et peint à
deux reprises (1652 et 1653) le Mai traditionnellement offert par la
corporation des orfèvres à Notre-Dame de Paris. Recherchant
dans ses compositions la rigueur et l’équilibre (La résurrection
de Tabitha, 1652, …), parfois au détriment de l’émotion,
il jette les bases d’une doctrine esthétique qui s’épanouira
dans la grande peinture classique et dont il se repose par des dessins
satiriques sur les événements du temps.
Jacques-François Blondel : Rouen,
17 janvier 1705 - Paris, 9 janvier 1774
Neveu de François Blondel, théoricien du classicisme,
pénétré d’une conception du beau en soi,
universel et rationnel, Jean-François Blondel ouvre en 1734 une
école privée d’architecture et publie des ouvrages
où il condamne les fantaisies et fioritures du rocaille pour
prôner la sobriété et l’élégance
des lignes pures, l’harmonie des proportions, contribuant ainsi
à l’élaboration du style Louis XVI : De la distribution
des -maisons de plaisance et de la décoration en général
(1737) et son Cours d’architecture civile, qui paraît à
partir de 1771. Architecte notamment de Metz, on lui doit les plans
d’aménagement de cette ville, où il élève
le parlement, le palais de l’archevêché et -l’hôtel
de ville. Il embellit également Strasbourg et Cambrai, où
il est l’architecte du palais archiépiscopal. Sa carrière
de peintre, marginale et effacée, a en revanche complètement
glissé dans l’oubli.
Jean Gilles : Tarascon, 1669 - Toulouse (Avignon ?), 5 février
1705
« Eh bien ! Elle servira pour moi » aurait lancé
Jean Gilles aux conseillers au parlement de Toulouse qui lui avaient
-commandé une messe de requiem pour les obsèques de collègues
et en discutaient le prix. Répartie prémonitoire : c’est
bien pour lui que son œuvre est exécutée pour la
1re fois, sous la direction de son ami Campra, avant de l’être
aux funérailles de Rameau (1764) et de Louis XV (1774).
Elle séduit par la synthèse qu’elle opère
entre la tradition française (récits et chœurs s’inscrivent
dans l’héritage du Grand Siècle versaillais) et
le style italien marqué par la souplesse et la fraîcheur
de l’invention mélodique. Elle est, par son élégante
et puissante gravité, la création maîtresse de celui
qui, comme maître de chapelle à Agde, puis Toulouse, laisse
un important ensemble de musique d’église (motets, trois
Magnificat, un Te Deum, …). Une belle orchestration moderne est
basée sur la confrontation des différents manuscrits.
Carle van Loo : Nice, 15 février 1705 - Paris, 15 juillet 1765
Issu d’une dynastie de peintres flamands, Carle van Loo est initié
très jeune à la -peinture et à la sculpture ; il
est lauréat du premier prix de peinture de l’Académie
Royale en 1724. Il travaille ensuite à Rome pour le pape et,
à Turin, pour le prince de Savoie, avant de s’installer
définitivement à Paris en 1734. Il y est rapidement reconnu
comme l’un des meilleurs et cumule postes et honneurs. Reçu
à l’Académie en 1735, il y sera professeur avant
d’être nommé -Premier peintre du roi en 1762 et directeur
de l’Académie l’année suivante.
L’œuvre de van Loo est représentative du goût
de l’époque. Il produit de nombreux portraits, des scènes
de genre d’inspiration galante ou mythologique ; les dessus de
portes qu’il réalise pour la décoration intérieure
de l’hôtel de Soubise sont conservés in situ. Il
est aujourd’hui surtout admiré pour ses grandes compositions
sur des sujets historiques ou religieux, tels les six grands panneaux
illustrant la vie de saint Augustin réalisés en 1753 pour
Notre-Dame-des-Victoires à Paris.
René-Michel, dit Michel-Ange Slodtz
: Paris, 27 septembre 1705 - 26 octobre 1764
Issu d’une famille de sculpteurs, surnommé Michel-Ange
à l’École de l’Académie royale, il
est en 1728 désigné pour l’Académie de France
à Rome, ville où il réalise des œuvres d’inspiration
essentiellement religieuse, telles sa Transverbération de sainte
Thérèse et, pour Saint-Pierre du Vatican, Saint Bruno
refusant les honneurs de l’épiscopat. Pour son art du drapé,
son sens du symbole métaphysique, il est aussi très sollicité
pour des monuments funéraires.
De retour en France en 1740, il parvient malgré les intrigues
à faire reconnaître l’éminence de son talent.
Il exécute le -mausolée de Longuet de Gergy, curé
de Saint-Sulpice, dont il sculpte aussi les grands reliefs du porche.
Surtout, il crée avec Coustou le décor des hôtels
de la place Louis XV (de la Concorde), où le monarque traduit
les aspirations du temps en matière d’urbanisme. Inspiré
par son expérience romaine, il fonde en France un nouveau style
où la rigueur classique équilibre la profusion du baroque.
Charles de la Fosse termine la décoration
de la coupole de l’église du Dôme des Invalides -
1705
Élève de Charles Le Brun, Charles de la Fosse (1636-1716)
est un peintre français qui, opérant au tournant de deux
siècles, a joué un rôle majeur en renouvelant le
style de la peinture classique du XVIIe et en ouvrant une voie nouvelle
qui sera suivie par les peintres français du siècle suivant.
Charles de la Fosse a en effet effectué -plusieurs séjours
en Italie, notamment à Venise, où il a appris l’art
de la couleur et de la fresque.
En 1700, la décoration de la coupole et des quatre pendentifs
de l’église du Dôme des Invalides lui est confiée.
La réalisation fut longue et ce n’est qu’en 1705
que l’on put admirer l’œuvre terminée. La coupole
est décorée par une immense fresque représentant
saint Louis dans la gloire, présentant ses armes au Christ en
présence de la Vierge et des anges. Cet ensemble célèbre
la victoire de la religion catholique sur les infidèles, le triomphe
de l’orthodoxie sur l’hérésie. Les quatre
pendentifs représentent les quatre évangélistes.
Cet ensemble a été conservé dans son état
d’origine et a été récemment restauré.
La Nouvelle Méthode du blason,
de Claude-François Ménestrier - 1705
Jésuite, savant, historien et grand héraldiste, Ménestrier
est né le 9 mars 1631 à Lyon. Il professe les humanités
et la rhétorique dans plusieurs établissements de son
ordre. -Travailleur infatigable, il assume également la fonction
de bibliothécaire à Lyon et est chargé en 1658
d’organiser les fêtes données par la ville en l’honneur
de Louis XIV. Après avoir voyagé en Europe, il se fixe
à Paris en 1670 et se fait le renom d’un bon prédicateur.
C’est surtout par son œuvre héraldique qu’il
marque le XVIIIe siècle. Il éclipse les innombrables auteurs
de manuels sur les blasons. Entre 1659 et 1705, il écrit
16 ouvrages qui traitent des blasons, des emblèmes, des tournois,
de la chevalerie, de l’origine des armoiries. La Nouvelle Méthode
du Blason remporte, en particulier, un succès considérable,
attesté par la trentaine de rééditions dont elle
fait l’objet. Elle reste une référence jusqu’au
XIXe siècle.
Joseph Bodin de Boismortier : Thionville,
23 décembre 1689 - Roissy-en-Brie, 28 octobre 1755
Rival de Rameau dans le domaine de l’opéra-ballet (Les
Voyages de l’Amour, 1736, Daphnis et Chloé, 1747, …),
l’œuvre vocale de Boismortier comporte aussi des motets,
des cantates profanes, des airs à boire, … Ses concertos
(il est l’auteur du 1er concerto français pour basson)
et sonates privilégient la flûte et les instruments pastoraux
alors en vogue. Il laisse une grande liberté à la mélodie
et construit parfois plusieurs mouvements sur un même thème,
sorte de préfiguration du « cyclisme », et concrétise
son apport à la théorie musicale en publiant Quinque sur
l’octave ou Espèce de dictionnaire harmonique (1734). Admiré
pour sa fécondité, on a pu lui reprocher sa facilité,
reflet de la Régence, où le gracieux l’emporte sur
le sublime, où la sensibilité change de ton et se fait
volontiers élégiaque. Victime à la fin de sa carrière
de la Querelle des Bouffons, il est redécouvert à partir
des années 1970, bénéficiant à juste titre
du retour en grâce de la musique baroque.
1re représentation de Fidelio de
Beethoven - 20 novembre 1805
Représenté pour la 1re fois à Vienne le 20 novembre
1805, le Fidelio de Beethoven s’inspire d’un ouvrage de
Bouilly, le « poète lacrymal », administrateur d’Indre-et-Loire
et accusateur public de 1793 à 1797 : Léonore ou l’amour
conjugal, transcription de l’héroïsme d’une
Tourangelle pendant la Terreur. C’est un échec, soit que
le public soit surpris par les innovations d’un opéra qui
ne s’abrite derrière aucun alibi mythologique, féerique
ou antique, soit qu’il n’apprécie pas qu’il
exalte les idéaux de la Révolution véhiculés
par l’armée française installée à
Vienne après Ulm le 20 octobre. Mais le compositeur tient à
une œuvre qui reflète ses convictions : il la remanie à
plusieurs reprises pour aboutir, en 1814, à la version définitive.
Des différentes ouvertures, on retient la superbe Léonore
III, désormais jouée en pièce de concert, et la
postérité a rendu justice à cet opéra, dont
l’architecture musicale répond à la générosité
des sentiments évoqués.
Michel Écochard : Paris, 11 mars
1905 – 24 mai 1985
M. Écochard étudie à l’École des beaux-arts
de Paris (1925-1931) avant d’être attaché au service
des antiquités de Syrie et du Liban en 1932. Il est profondément
-marqué par sa découverte de la civilisation islamique,
comme le montre Filiation des monuments grecs, byzantins et islamiques
: une question de géométrie qu’il publie …
en 1978.
C’est un architecte et urbaniste très influencé
par les idées de Le Corbusier. Il bâtit le musée
de Damas puis fait œuvre d’urbaniste à Beyrouth (1943)
et à Damas (1963). Nommé directeur de l’urbanisme
au Maroc par le Résident général de France (1946-1953),
il résorbe les bidonvilles de Fès, Meknès et Rabat.
Il conçoit un plan d’aménagement de Casablanca qui
vise à décongestionner la ville en définissant
de nouvelles zones d’extension vers l’est -jusqu’à
Mohammedia.
Imprégné des recommandations de la charte d’Athènes,
il souhaite un « habitat pour le plus grand nombre ». C’est
dans cet esprit qu’il travaille à Dakar et à -Conakry
mais aussi à la ZUP de Martigues.
Pierre-Louis Corentin Jacob dit Tal-Coat
- Clohars-Carnoët, 12 décembre 1905 - Saint-Pierre-de-Bailleul,
12 juin 1985
Né en 1905 dans le Finistère, Pierre-Louis Jacob a une
enfance difficile car il est pupille de la Nation. D’abord clerc
de notaire, il se consacre totalement à la -peinture dès
1924 et prend le pseudonyme de Tal-Coat, soit
« Front de bois » en -breton.
Jusqu’en 1939, ses œuvres sont figuratives. Il peint de nombreux
portraits dans le style expressionniste ; celui de Gertrude Stein lui
vaut le prix « Paul Guillaume ». En 1940, Tal Coat se réfugie
à Aix-en--Provence. Son style de peinture évolue, devient
de plus en plus fluide et minimaliste.Grand admirateur de Cézanne,
ami d’Alberto Giacometti et d’André Masson, il cherche
son inspiration dans l’observation de la nature, étudiant
particulièrement -l’influence des mouvements des éléments
sur la lumière.
Dessinateur infatigable, Tal Coat est également un créateur
d’estampes très original ainsi qu’un grand illustrateur
de textes -littéraires et poétiques.
En 1964, Aimé Maeght lui demande de réaliser une grande
mosaïque pour l’un des murs du bâtiment qu’il
construit pour -installer sa fondation.
Artiste reconnu et célébré de son vivant, Tal-Coat
meurt en 1985.
Scandale des « Fauves » au
Salon d’automne - 1905
C’est au Salon d’automne de 1905 que des tableaux d’un
nouveau groupe de jeunes artistes inconnus, qui s’appelaient Matisse,
Derain, Marquet et Vlaminck, furent exposés pour la première
fois. Ces œuvres furent particulièrement remarquées
car elles manifestaient avec une certaine -violence la même volonté
d’exaltation des couleurs pures et d’affranchissement des
règles de la perspective et du modelé des formes.
À l’exception de quelques rares visiteurs, le public et
les critiques crièrent au sacrilège et dénoncèrent
avec véhémence cette nouvelle forme de peinture qu’ils
assimilèrent à des bariolages barbares et enfantins, des
juxtapositions de taches de couleurs crues disposées sans rigueur.
Ce scandale eut pour effet de mettre en lumière de jeunes artistes
qui, en raison de leur volonté affirmée de tuer ceux qui
les avait précédés, revendiquèrent fièrement
la -qualité de « fauves ». Ce groupe ne resta uni
que quelques années mais l’audace de son inspiration a
profondément influencé la peinture européenne du
vingtième siècle.
Décès de quatre gloires
de la sculpture : Barrias, Crauk, Guillaume, Thomas - 1905
L’année 1905 fut marquée par la disparition de quatre
sculpteurs qui avaient occupé une place éminente dans
le monde de l’art français durant la seconde moitié
du XIXe siècle. Le souvenir de ces quatre artistes, aujourd’hui
un peu oubliés, mérite d’être rappelé.
Il s’agit de :
– Louis-Ernest Barrias (Paris,1841-1905)
– Gustave Crauk (Valenciennes, 1827- Meudon,1905)
– Eugène Guillaume ( Montbard, 1822- Rome,1905)
– Gabriel-Jules Thomas (Paris, 1824-1905)
Formés tous les quatre à l’École des beaux-arts
de Paris et tous lauréats de Prix de Rome, ils purent séjourner
à la Villa Médicis, au contact direct avec la sculpture
antique qui les marqua profondément. Cette même solide
formation explique probablement qu’ils purent tous devenir de
véritables artistes officiels. Ils exposèrent régulièrement
au Salon, bénéficièrent d’importantes commandes
publiques liées aux grands chantiers du Second Empire
et du début de la IIIe République. Ils reçurent
de leur vivant toutes les distinctions et honneurs auxquels seuls les
plus grands artistes peuvent prétendre.
Les œuvres d’Eugène Guillaume et de Gabriel Thomas
se caractérisent par la fidélité au style néoclassique
qui avait marqué l’art de la sculpture durant la première
moitié du XIXe siècle. Elle est inspirée par la
même recherche de la beauté idéale, la même
rigueur austère dans le traitement et le choix des sujets, la
même sincère et respectueuse fidélité aux
dogmes de l’art classique.
L’œuvre de Gustave Crauk est moins originale, elle se situe
entre tradition et réalisme. Au contraire, le style du plus jeune
de ces quatre sculpteurs, Louis-Ernest Barrias, s’inscrit résolument
dans le courant réaliste et naturaliste de l’époque.
Les réalisations de ces quatre sculpteurs sont aujourd’hui
encore très présentes dans le paysage parisien et méritent
d’être redécouvertes. À titre d’exemple,
nous nous limiterons à signaler que c’est Louis-Ernest
Barrias qui remporta le concours lancé en 1879 par le préfet
de la Seine pour un monument symbolisant la défense de Paris
pendant la guerre franco-prussienne de 1870. Ce groupe dénommé
« La défense de Paris » fut érigé en
1881 sur une colline de Courbevoie et est à l’origine du
nom de ce quartier, devenu le centre d’affaires que l’on
connaît. On peut aussi rappeler que le célèbre «
Monument à l’Amiral de Coligny » que l’on peut
voir rue de Rivoli, en face du Louvre, est l’œuvre de Gustave
Crauk. On peut enfin découvrir des œuvres de ces quatre
artistes au musée d’Orsay.
Suicide de Nicolas de Staël - 16
mars 1955
Né à Saint-Pétersbourg en 1914, fils d’aristocrates
russes devenu élève de l’Académie royale
des Beaux-Arts de Bruxelles en 1932, Nicolas de Staël rencontre
Georges Braque en 1944. L’influence cubiste marque beaucoup de
ses œuvres mais il peint aussi dans le goût de l’école
de Paris.
Soutenu par Jeanne Bucher et le collectionneur J. Bauret, s’il
est conduit vers l’abstraction, il produit également des
natures mortes et il retrouve le réel avec ses toiles sur le
Parc des Princes et les footballeurs. Selon André Fermigier,
il a le don de « rendre sensible à la fois la substance
et l’apparence ».
Il superpose et juxtapose les couleurs, cherchant le dialogue de la
couleur et du dessin, confronté avec des maîtres, «
Cézanne et Bonnard dans les pattes à chaque virage ».
Installé à Antibes en 1954, il s’y défenestre
dans son atelier, mettant fin à des années de création
picturale fécondes – un millier de toiles en dix ans –
et scellant, à la -charnière du figuratif, son destin
de peintre angoissé par son art.
Georges Enescu dit Enesco : Liveni-Virnav, 19 août 1881 - Paris,
4 mai 1955
Roumain de naissance, français d’adoption, applaudi sur
les grandes scènes musicales d’Europe et d’Amérique,
Enesco fut de ceux qui étendirent leur faculté créatrice
jusqu’à être aussi des passeurs de talent, mentor
entre autres de C. Ferras et de Y. Menuhin. Élève de Fuchs
à Vienne, de Fauré et Massenet à Paris, violoniste,
chef d’orchestre, compositeur, il retient dès 1897 l’attention
de Colonne, qui crée l’année suivante le Poème
roumain du jeune musicien. Ses œuvres, relativement peu nombreuses
en raison peut-être de la -multiplicité même de ses
dons, réconcilient une écriture classique et la chaude
ampleur du folklore roumain, réinventé pour intégrer
la modernité. Sa musique de chambre, rhapsodies, quatuors, sonates,
en reste la part la plus jouée, mais ne doit faire oublier ni
ses symphonies, ni son opéra, Œdipe, d’une orchestration
plus dépouillée, sévère dans le choix des
voix : créé en 1936 à Paris, il traduit une confiance
en l’homme qui reflète l’élévation
de la pensée du compositeur.
Consécration de Notre-Dame de Ronchamp
- 25 juin 1955
La reconstruction de la chapelle de Ronchamp, détruite pendant
la 2e Guerre mondiale, s’inscrit dans le courant qui place les
édifices religieux dans le mouvement de la création artistique.
Chagall, Léger, Lurçat ont laissé leur empreinte
au plateau d’Assy, Matisse à Vence, … C’est
à Le Corbusier1, père des « cités radieuses
», qu’est confié le site de Ronchamp ; il y -réalise
une chapelle qui inaugure de nouvelles potentialités dans son
œuvre. Tout en restant fidèle à son matériau
de prédilection, le béton, il renonce à l’abrupt
des angles droits pour privilégier des formes douces, arrondies,
maternelles et crée une continuité en réutilisant
pour partie des pierres de l’église détruite. Le
subtil emboîtement des volumes, l’intégration dans
le paysage en font, comme l’avait voulu Le Corbusier, «
un lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure
». En 1975, Jean Prouvé complète l’édifice
par un campanile et une pyramide commémorant les combats de 1944.
Création de l’association
des cinémas d’art et d’essai - 1955
Neuf ans après la création du Centre national de la cinématographie
et deux ans après l’actualisation de la loi sur l’aide
publique à la création de films, l’association des
cinémas d’art et d’essai se constitue.
Elle obtiendra un abattement fiscal de 20 % sur la « jeune »
TVA1 au bénéfice de salles programmant, en proportions
-données, des films de qualité peu connus, des films ayant
un caractère de recherche et de nouveauté, des classiques
de l’écran.
Mais, si elles ont renforcé l’action des 14 850 associations
de ciné-clubs projetant des films ayant terminé leur carrière
commerciale (à leur apogée – 1964 –, 8 200
000 entrées), ces salles n’ont pas enrayé le déclin
de la fréquentation des salles de cinéma, parallèle
à la croissance du nombre des téléspectateurs.
Sortie du film Lola Montès de Max
Ophuls - 1955
Né en 1902, Max Ophuls débuta sa -carrière cinématographique
en Allemagne. Il dut se réfugier en France en 1933, puis aux
États-Unis en 1940. Resté très profondément
européen, il revint en France en 1950 et y réalisa ses
quatre derniers films qui sont unanimement considérés
comme ses œuvres majeures. Ces films sont, par ordre chronologique,
La Ronde, Le Plaisir, Madame de et Lola Montès. Ce film, sorti
en 1955, sera son dernier. Ces films sont tous marqués par la
même nostalgie d’un monde disparu où la sensualité,
la légèreté et l’élégance masquaient
une dure réalité sociale.
Le film Lola Montès n’eut pas à sa sortie le succès
qu’il méritait. Cette injustice est désormais réparée
car il est unanimement considéré comme une grande œuvre
du septième art. Martine Carol y trouva son meilleur rôle
en incarnant le rôle-titre, personnage mythique d’aventurière
fatale dont le pouvoir de séduction est directement lié
à celui de détruire. Le dernier message de Max Ophuls
est pessimiste : le monde se réduit à une piste de cirque
où des personnages, programmés par une main invisible,
jouent leur destin de vie et de mort devant un public indifférent.
Sciences
et techniques
Vauban est nommé ingénieur
du roi - 1655
Né à Saint-Léger de Foucheret (actuellement Saint-Léger-Vauban,
Yonne) en 1633, Sébastien le Prestre de Vauban est issu de la
petite noblesse rurale. Après une éducation sommaire et
chaotique, il s’engage à 17 ans dans le régiment
du prince de Condé, en rébellion contre Louis XIV. Il
y fait ses premières armes et révèle des dons exceptionnels
pour la prise et la défense de positions militaires. Il prend
part aux sièges de Clermont-en-Argonne et de Sainte-Menehould.
En 1653, il tombe dans une embuscade et est capturé par -l’armée
royale. Mazarin a déjà remarqué ses qualités
et lui propose de changer de camp. Vauban accepte, Mazarin l’envoie
au service du chevalier de Clerville, alors commissaire général
des fortifications. Il y apprend le métier d’ingénieur
militaire. En 1655, âgé de 22 ans, il reçoit son
brevet d’ingénieur ordinaire du roi. Il prendra part à
presque tous les sièges du règne de Louis XIV et construira
les forteresses que l’on admire encore aujourd’hui.
1er voyage à Paris de Huygens -1655
Remarqué dès 13 ans par Descartes, les études et
les voyages de Huygens l’ancrent d’emblée dans le
réseau international de la vie scientifique du temps. Il relève
des défis mathématiques et s’investit dans le polissage
des lentilles et la construction de télescopes. En 1655, c’est
grâce à un instrument de sa propre fabrication qu’il
détecte le 1er des satellites de Saturne, découverte dont
il fait part aux mathématiciens de Paris lors du voyage qu’il
y effectue la même année, au cours duquel il est quant
à lui informé des travaux de Pascal et de Fermat, échanges
qui favorisent -l’association de l’observation et du calcul.
Dès l’année suivante, il découvre la véritable
forme des anneaux de Saturne, mystère que l’insuffisance
de ses instruments avait empêché Galilée d’élucider.
Élu en 1663 à la Royal Society de Londres, il -s’appuie
sur cette expérience lorsqu’en 1666 Colbert l’invite
à mettre en place l’Académie royale des sciences.
Delambre rend hommage à Pierre
François André Méchain - 24 juin 1805
Pierre Méchain, né à Laon le 16 août 1744,
ingénieur et astronome, commence sa carrière comme cartographe
pour la Marine et collabore avec Lalande, à qui il succédera.
Il découvre 12 comètes et démontre que l’
« astre » découvert par Herschel en 1781 est en fait
la planète qui sera plus tard nommée Uranus. Membre de
l’Académie des sciences en 1782, il est en 1788 chargé
de la Connaissance des temps puis, en 1792, en application de l’adoption
deux ans plus tôt par la Convention du système métrique,
du -prolongement jusqu’à Barcelone du méridien Dunkerque
– Rodez, afin d’établir la mesure exacte du mètre.
Élu à la nouvelle Académie des sciences à
son retour en 1795, nommé en 1798 directeur du Bureau des longitudes,
il reste préoccupé par des écarts qui tiennent
aux conditions de l’expérience et non à la validité
des -calculs. La mission qu’il entreprend en 1803 lui sera fatale
: il succombe à la fièvre jaune le 20 septembre 1804 à
Castellon de la Plane et Delambre lui rend un vibrant hommage le 24
juin 1805.
Jean-Eugène Robert-Houdin : Blois, 7 décembre 1805 - Saint-Gervais,
13 juin 1871
Jean-Eugène Robert Houdin dit Robert-Houdin est issu d’une
famille d’horlogers. Initié aux secrets de l’art
familial, il élargira ses connaissances en étudiant la
mécanique et il mettra en œuvre toutes ses connaissances
en fabriquant des automates. Il eut ensuite l’idée de concevoir
des petits spectacles associant la démons-tration de ses étranges
machines avec la présentation de tours de magie.
Reconnu comme le premier prestidigitateur moderne, il s’installe
à Paris en 1845 et y organise des « soirées fantastiques
» dans un théâtre qui portera son nom et deviendra
un des lieux les plus fréquentés de la capitale. Sa célébrité
dépasse les -frontières et devient internationale, tous
les souverains de passage à Paris souhaitant découvrir
ce nouveau type de spectacle artistique qui associe subtilement les
technologies les plus modernes à la poésie de la magie
traditionnelle.
Robert-Houdin renonce au spectacle en pleine gloire en 1856 et consacre
les -dernières années de sa vie à des recherches
scientifiques dans des domaines divers.
1805-1905, bicentenaire de la route Paris-Milan par le col du Simplon
et centenaire de la voie de chemin de fer
Pour mieux surveiller la République -italienne, Bonaparte annexe
en 1802 le Piémont à la France et, détachant le
Valais de la République helvétique, il fait -commencer
la route du Simplon destinée à relier directement Paris
à Milan par le Valais, la rive sud du lac Léman et le
col du Simplon, choisi pour sa faible altitude et sa position stratégique.
Les travaux débutent en 1801 sous la direction de l’ingénieur
Céard. 30 000 ouvriers et 18 millions
de francs sont nécessaires à la réalisation de
cet ouvrage grandiose qui comporte 613 ponts, des galeries de protection
contre les avalanches, des refuges et un hospice. Le chantier se termine
en 1805 ; mais les facilités de transport ne seront assurées
qu’en 1810. Cent ans plus tard, c’est dans un tout autre
contexte que le tunnel du Simplon est décidé. La France
doit attendre l’accord de la Suisse et de l’Italie, donné
en 1898, pour relier Paris, Lausanne et Milan par le chemin de fer.
Ce projet, devenu réalité en 1905, symbolise l’effacement
des distances et la multiplication des échanges entre l’Europe
du Nord et l’Italie.
Nomination de Claude Bernard au Collège
de France - 1855
Docteur en médecine depuis 1843 et en sciences naturelles depuis
18531, Claude Bernard mène activement, depuis 1847, des recherches
sur la physiologie humaine dans le laboratoire du docteur Magendie2
au Collège de France. Il a déjà fait d’importantes
découvertes, notamment en démontrant que le pancréas
produit des -substances qui détruisent les molécules de
graisse et en ce qui concerne le fonctionnement du système nerveux.
Ces découvertes justifient qu’il soit élu, dès
1854, à l’Académie des sciences et que, cette même
année, une chaire de physiologie expérimentale soit spécialement
créée pour lui à la Sorbonne.
François Magendie décède en 1855 après avoir
exprimé le vœu que Claude Bernard lui succède à
la tête du laboratoire du -Collège de France. Cette volonté
sera -respectée et cette nomination constitue une étape
essentielle dans la carrière du « père de la physiologie
moderne ».
Flourens découvre le rôle
du cervelet dans la coordination des mouvements - 1855
Né dans l’Hérault en 1794, Pierre Jean-Marie Flourens,
disciple de Cuvier, est un physiologiste reconnu pour ses recherches
sur les localisations cérébrales, la composition des os
et les fonctions du système -nerveux. Ses découvertes
lui valent un poste de professeur au Collège de France, où
il est chargé de la chaire d’histoire naturelle des corps
organisés.
Les travaux de Flourens influencent durablement l’anatomie, la
chirurgie et la -physiologie. Son mémoire Recherches expérimentales
sur les propriétés et les fonctions du système
nerveux (chez les vertébrés), publié en 1824, conclut
que la masse cérébrale comporte quatre parties, ayant
chacune des fonctions spécifiques. Il contredit ainsi Gall et
alimente la polémique sur les localisations cérébrales.
Il explique également les fonctions de la mœlle épinière
et celles du cervelet, siège des forces qui coordonnent et règlent
le mouvement, l’équilibre et la station. Précurseur
de Leriche, il s’intéresse au contrôle de la douleur
et prône les effets anesthésiques du chloroforme. À
sa mort, en 1867, Claude Bernard, son -successeur à l’Académie
française, lui rend un vibrant hommage.
Bunsen invente le brûleur à gaz - 1855
Lorsque, vers 1855, Bunsen définit le principe du brûleur
qui porte son nom, il est déjà une sommité reconnue
en matière de chimie organique, titulaire depuis 1852 d’une
chaire de chimie à Heidelberg. Loin d’être un jouet
scientifique pour les TD de physique-chimie, cet instrument, grâce
au mélange, antérieurement à la combustion, de
l’air et du gaz, permet d’obtenir une très haute
température tout en maintenant le caractère non lumineux
de la flamme, spécificités nécessaires à
l’étude du spectre révélé par la décomposition
de la lumière à travers un prisme. Cette découverte
devait conduire Bunsen à interrompre sa collaboration avec Roscoe
sur les propriétés -chimiques de la lumière pour
fonder avec Kirchhoff une discipline nouvelle : la spectroscopie, moyen
de connaître la composition des étoiles ou de tout autre
corps par l’analyse de la lumière qu’ils émettent,
ouvrant ainsi une ère révolutionnaire dans l’exploration
de l’univers.
Expérience de télémécanique
au Trocadéro par Édouard Branly - 29 juin 1905
Après les recherches menées dans les années 1890
sur la conductibilité des corps et la mise au point du «
cohéreur », instrument de la T.S.F. naissante, Branly est,
au tournant du siècle, le 1er à s’inté-resser
à la télémécanique. En 1905, il publie -Distribution
et contrôle d’actions -produites à distance par les
ondes électriques, où il -présente les résultats
obtenus grâce à un appareil de son invention qui utilise
autant de roues animées par un mouvement d’horlogerie,
selon le principe de l’arbre à cames, qu’il y a d’éléments
à -mouvoir. Le 25 juin, il fait une communication devant l’Académie
des sciences et, le 29, a lieu une démonstration publique organisée
à l’initiative de la comtesse Greffulhe, dont la correspondance
avec Branly compte plus de 150 lettres ou billets. Elle a lieu dans
la grande salle de l’ancien -Trocadéro, devant des ambassadeurs,
des -personnalités politiques, des membres de l’Institut,
… Elle permit au grand public de découvrir la -réalité
de la T.S.F. et consacra la gloire de Branly.
Premier vol de la Caravelle - 27 mai 1955
Premier avion disposant de deux réacteurs placés à
l’arrière de l’appareil, le prototype SE-210 Caravelle
effectue son premier vol un peu moins de deux ans après le lancement
des études. Son brevet pour la disposition des réacteurs
sera exploité à la fois en U.R.S.S. (Iliouchine II-62
en 1963) et aux États-Unis (DC-9, 1965).
Le 12 mai 1959, Air-France lance l’exploitation sur la route Paris-Rome-Istanbul
pendant que Sud-Aviation développe la Caravelle III disposant,
avec ses deux turbo-réacteurs Rolls-Royce, d’une autonomie
de 1 640 kilomètres pour trans-porter de 64 à 99 passagers,
à une vitesse de croisière de 779 km/h.
En 1964, la Super-Caravelle aura une -autonomie de 2650 km à
une vitesse de 835 km/h mais sa charge utile restera -limitée
à 105 passagers. Elle est alors, avec les Boeing 707 et 720,
parmi les avions de transport les plus importants.
La production des Caravelle a été arrêtée
après la livraison de son 280e exemplaire. Leur bruit au décollage
(104 décibels) ne respectait pas les nouvelles normes.
Un hélicoptère Alouette II établit le nouveau record
mondial d’altitude - 6 juin 1955
Grâce à sa turbine Artouste II de 530 chevaux, développée
sur une idée de Charles Marchetti, une Alouette II atteint l’altitude
de 8 209 mètres le 6 juin 1955 ; elle bat le record de 7 472
m détenu depuis le 17 octobre 1954 par l’hélicoptère
américain Sikorski qui utilisait la même turbine française.
En juin 1958, une Alouette II équipée d’un moteur
Artouste III atteindra 9 583 m puis 10 984 m. Le premier sauvetage héliporté
à plus de 4 000 mètres d’altitude fut effectué
par une Alouette II.
Disposant d’une vitesse maximale de 185 km/h et d’une autonomie
d’environ 560 kilomètres, les hélicoptères
Alouette II, très utilisés pendant la guerre d’Algérie,
furent produits jusqu’en 1975, en version civile (342 unités)
et en version militaire (963 unités).
Fabriqués sous licence aux États-Unis et en Suède
(22 appareils) mais surtout exportés dans 46 pays, au bénéfice
de 126 clients pour des missions militaires ou civiles, les hélicoptères
de Sud-Aviation ont préludé aux succès de l’Aérospatiale,
tant avec ses Airbus qu’avec ses fusées.
Présentation de la DS 19 Citroën - Octobre 1955
Le 5 octobre 1955, dans le cadre du salon de l’Auto, la firme
Citroën présente le -nouveau modèle qui remplace
la célèbre Traction avant. Cette nouvelle automobile conserve
le moteur de 1934, poussé à 1911 cm3, d’où
le nom de DS 19.
Le premier projet pour remplacer les Tractions datait de 1938 mais les
études n’avaient réellement commencé qu’en
1946, sous l’égide du styliste Bertoni et des ingénieurs
Lefebvre et Magès.
La DS 19 utilise en série la suspension hydropneumatique des
dernières Traction avant 15/six ; elle se distingue par l’aéro-dynamisme
de sa carrosserie, son pare-brise bombé, son volant mono-branche,
son embrayage semi-automatique.
De 1934 à l’été 1957, Citroën avait
vendu 758 857 tractions ; en vingt ans, 1 455 746 exemplaires de DS
19, d’ID et de DS 21 puis DS 23 seront écoulés,
hommage au modernisme que saluait Roland Barthes : « un nouveau
Nautilus (permettant de -passer) d’une alchimie de la vitesse
à une gourmandise de la conduite ».
Maurice Gignoux Lyon, 19 octobre 1881 - Grenoble, 20 octobre 1955
Géologue réputé pour ses travaux de stratigraphie,
Maurice Gignoux est à l’origine d’une nouvelle approche
de la géologie. Auteur en 1913 d’une thèse remarquée
sur les anciens rivages de la Méditerranée occidentale,
il débute sa carrière comme assistant de Wilfrid Kilian,
à Grenoble. Il organise ensuite le service de géologie
de l’université de Strasbourg et participe à la
fondation de l’école du pétrole. Il publie en 1926
Géologie stratigraphique, ouvrage réédité
quatre fois. Mais les Alpes l’attirent. Il obtient la chaire de
géologie de Grenoble. Là, aux côtés de Léon
Moret, il -étudie le front des zones internes des Alpes et développe
sa théorie de l’écoulement par gravité des
roches au cours des plissements. Cette découverte lui vaut la
Penrose Medal de la société géologique des U.S.A.,
distinction rarement attribuée à un Européen.
Il prend également une part importante à l’étude
des barrages dans l’immédiat après-guerre. Il publie
Géologie des barrages en collaboration avec R. Barbier en 1954.
Première retransmission d’une rencontre internationale
de football - 1955
Un an après la première transmission en direct d’un
match de rugby (France-Angleterre, 10 avril 1954) et un an avant les
débuts de la première émission télévisée
hebdomadaire Sport-Dimanche, une rencontre internationale de football
est retransmise pour la première fois.
S’il n’y a encore qu’environ 260 000 téléviseurs
en France alors que 64 % des foyers américains en sont équipés,
c’est le début de la médiatisation des grands événements
sportifs internationaux. Avec les jeux olympiques, les coupes du monde
de football et les coupes d’Europe attireront bientôt un
grand nombre de téléspectateurs.
Les droits des retransmissions ont explosé au fil des décennies.
En contre-partie, la Ligue de football professionnel s’est engagée
par contrat avec la Fédération française de football,
pour contribuer aux investissements en faveur des clubs amateurs.
Création du mot Ordinateur - 1955
Le stade de la mécanographie et des
cartes perforées étant dépassé grâce
aux -premières mémoires de masse à tores de ferrite,
la société I.B.M. commence à -commercialiser des
machines où se développe le langage fortran.
Pour désigner ces machines automatiques permettant de conserver,
élaborer ou restituer des données en fonction de programmes
enregistrés à base d’opérations arithmétiques
et logiques, à la demande d’I.B.M., Jacques Perret conçoit
le mot ordinateur.
Un an avant le Tradic, premier ordinateur à transistors et trois
ans avant les discussions américano-européennes sur le
langage universel Algol, sont aussi posées les bases d’Arpanet,
premier réseau d’ordinateurs et ancêtre d’Internet.
Il faudra attendre 1962 pour que Philippe Dreyfus invente le mot informatique
pour désigner la science du traitement de l’information.
Paris – Milan par le Simplon
Paris – Milan par le Simplon Champs
s/Marne (77) 14 – 22 novembre 2005 : En hommage aux ingénieurs
des Ponts et Chaussées, 1ère étape à Champs
s/Marne d’une exposition rappelant le bicentenaire de la 1ère
route transalpine moderne, le centenaire du 1er tunnel ferroviaire international
et la 1ère traversée des Alpes en avion. École
nationale des Ponts et Chaussée, cité Descartes, 6-8,
avenue Blaise Pascal.