Lundi 4 juin, la ministre de la Culture a présenté son scénario pour réformer l'audiovisuel public. "Mon ambition est de créer un média à vocation universelle", a-t-elle assuré.

© Thibaut Chapotot / Ministère de la Culture

"Anticiper", "oser", "s'engager" : ce sont les dimensions essentielles qui ressortent du "scénario d'anticipation" pour la réforme de l'audiovisuel public, qui a été présenté lundi 4 juin par la ministre de la Culture. "Mon ambition est de créer un média à vocation universelle", a assuré Françoise Nyssen, en revenant sur les fondements, lers orientations et la méthode de cette transformation.

"Les synergies entre sociétés devront être développées, pour permettre à l’audiovisuel public d’innover, de gagner en performance et en visibilité. Il faudra également qu’elles dégagent des gains d’efficience et des économies pour financer les priorités", a-t-elle souligné, avant de préciser le calendrier du gouvernement, qui présentera, en 2019, trois projets de loi portant sur la réforme de la gouvernance, la régulation à l’heure du numérique et la réforme de la contribution à l'audiovisuel public.

"Anticiper", "oser", "s'engager" : ce sont les dimensions essentielles qui ressortent du "scénario d'anticipation" pour l'audiovisuel public

Un média engagé, qui mise sur la proximité, l'information et l'éducation

"Notre service public apporte ce que les médias privés laissent de côté et que les Français réclament : la proximité". Pour renforcer cette dimension, la ministre a indiqué que France 3 et France Bleu, déjà au cœur de cet enjeu des territoires, devront, dans le cadre de la réforme, "combiner leurs forces respectives", pour devenir un véritable "média global de la vie quotidienne". "Je souhaite que l’identité de France 3 soit recentrée sur cette mission", a-t-elle souligné, en indiquant que son offre de programmes régionaux sera renforcée, passant à terme de 2 à 6 heures par jour.

Côté information, l'audiovisuel public a d'importants atouts, notamment  des journaux d’information "qui font référence", des émissions d’investigation "sans tabou" et une information internationale "sans équivalent". Il faut amplifier l'offre d'information et de débat d'idées, et la présenter "autrement", a souligné Françoise Nyssen, en s'attachant à "lutter contre la désinformation". "Une offre commune de décryptage, qui sera hébergée sur le site de franceinfo, sera lancée mercredi 6 juin".

Un média "engagé", c'est aussi un média qui, assure la ministre, "doit parler à tous et de tous". A commencer par la jeunesse, grand absent de l'audiovisuel public. "L’investissement dans les contenus jeunesse, connaissance, éducation sera amplifié, mais en repensant l’équilibre entre les offres linéaires et numériques", a-t-elle indiqué, en précisant qu'une "offre commune en matière d’éducation grand public sera lancée pour en finir avec l’éparpillement et gagner en visibilité". Parler à tous, cela signifie également mieux prendre en considération la diversité de la société. "Avec une volonté politique sans ambiguïté, notre média engagé changera les mentalités", a poursuivi Françoise Nyssen, en indiquant la mise en place d'un comité pour l'égalité et la diversité dans l'audiovisuel public.

Un média qui ose la création

Avec la "sanctuarisation" de 560 M€ investis chaque année, Françoise Nyssen a également fait le pari de la création audiovisuelle. "Les médias du service public resteront les premiers partenaires de la la création", a-t-elle affirmé, en annonçant le lancement de deux nouvelles plateformes :

> un nouveau média des arts et de la culture, qui sera lancé fin juin 2018, rassemblant des centaines d’heures de captations, des podcasts, des webseries, à partir des offres des six sociétés ;

> une offre « jeunesse » commune à Radio France, France Télévision et France Médias Monde, avec des formats courts et innovants. "C’est un des enjeux majeurs de la réforme afin de reconquérir les jeunes publics".

Un média tourné vers l'innovation

Aujourd'hui, le développement numérique de l'audiovisuel public doit changer d'échelle, notamment pour répondre à l'enjeu des jeunes publics. "Nous allons bâtir un champion industriel du numérique", a assuré la ministre, en indiquant que "les sociétés vont décupler et regrouper leurs efforts : elles investiront 150 millions d’€ supplémentaires dans le numérique d’ici 2022, et elles développeront les nouvelles offres en ligne".

Pour cela, "France Télévisions libérera au moins le canal hertzien de France 4 et il faudra interroger nos concitoyens d’Outre-Mer et leurs élus pour déterminer si l’avenir est au maintien de France O sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières".

 

Mission de concertation : consulter et proposer

"J’ai nommé une mission pour mener à bien la concertation", a indiqué le 4 juin la ministre de la Culture, en précisant que celle-ci avait "vocation à être garante de la consultation de tous les partenaires de l’audiovisuel public et de la mise en place du débat citoyen que les entreprises vont engager". Concernant les objectifs de la réforme, le mission devra "approfondir trois sujets en lien avec les entreprises : les enjeux autour de l’Outre-Mer, l’audiovisuel extérieur et les modalités de coopération entre France Télévisions et Radio France, notamment pour le développement de l’offre de proximité".

La mission est composée de cinq membres : Isabelle Giordano, journaliste, directrice générale d'Unifrance ; Frédéric Lenica, conseiller d'Etat, ancien directeur général du CSA et ancien directeur de cabinet d'Audrey Azoulay, ministre de la Culture et de la Communication ; Claire Leproust Maroko, ancienne directrice des productions numériques de CAPA ; Marc Tessier, inspecteur des finances, ancien directeur général du CNC et ancien président de France Télévisions ; Catherine Smajda-Froguel, directrice des projets stratégiques à la BBC entre 2006 et 2017, sera secrétaire générale de la mission.