4.Le triptyque dit "du Maître de Moulins" : son histoire, sa restauration
Le triptyque dit « du Maître de Moulins » (aujourd’hui attribué au peintre flamand Jean Hey), propriété de l’État et affecté au culte, est un chef-d’œuvre de la peinture occidentale à la charnière entre Moyen Âge et Renaissance, réalisé vers 1500 pour les ducs de Bourbons Pierre II et Anne de Beaujeu.
Constitué de panneaux de chêne peints, il représente en position fermée (ce qui était le cas la majeure partie de l’année) une Annonciation en grisaille ; et en position ouverte (pour les grandes fêtes liturgiques) la Vierge couronnée sur le panneau central et les commanditaires présentés par leurs saints patrons respectifs (saint Pierre et sainte Anne) sur les volets latéraux.
Destiné initialement soit à la chapelle du château des ducs (actuel musée Anne-de-Beaujeu), soit au chœur de la collégiale (devenue cathédrale en 1822 et agrandie dans la seconde moitié du XIXe siècle), l’œuvre a été retrouvée en trois parties et identifiée par l’écrivain et inspecteur des monuments historiques Prosper Mérimée en 1837.
Après avoir été rassemblés, les panneaux ont été accrochés en plusieurs endroits de la cathédrale avant de rejoindre, au moins depuis les années 1880, la sacristie des évêques où on l’admire encore aujourd’hui.
Présentée dans plusieurs expositions universelles, à l’exposition des Primitifs français au Louvre en 1904 ou encore à Londres en 1932, l’œuvre a acquis une réputation mondiale et fait partie du corpus restreint d’une vingtaine d’œuvres de Jean Hey conservées dans les plus grands musées du monde (musée du Louvre, National Gallery de Londres, Art Institute de Chicago, musées royaux de Bruxelles, Met de New York).
Pendant son absence, un fac-similé sera présenté dans une chapelle du chœur de la cathédrale de Moulins, avec des panneaux présentant l’actualité de la restauration et les éventuelles découvertes faites au fil de ce chantier exceptionnel.
Œuvre fragile par la sensibilité de son support aux variations hygrométriques, le triptyque a fait l’objet depuis le milieu du XXe siècle d’une dizaine de restaurations partielles, dont l’accumulation est devenue préjudiciable à sa conservation et à son esthétique. Par ailleurs, la sacristie des évêques de la cathédrale de Moulins n’offre plus des conditions climatiques satisfaisantes à sa conservation.
En concertation avec le clergé affectataire, l’État (ministère de la culture – DRAC Auvergne-Rhône-Alpes), propriétaire de la cathédrale et des œuvres qu’elle contient, va donc mener deux importants chantiers en parallèle : la restauration du chef-d’œuvre du Maître de Moulins et le réaménagement de la sacristie qui lui sert d’écrin depuis un siècle et demi.
Un comité scientifique international, comprenant le clergé affectataire (évêque, recteur de la cathédrale), la maîtrise d’ouvrage (DRAC), l’Inspection des monuments historiques et une quinzaine de personnalités (président du Centre des monuments nationaux, directrice du Laboratoire de recherche sur les monuments historiques, directeur du Centre de recherche et de restauration des musées de France) et de spécialistes du sujet (conservateurs du Louvre, universitaires, restauratrice des musées royaux de Belgique, etc.), a été constitué pour orienter la restauration.
en 2018-2019, une campagne d’imagerie (UV, infrarouge,etc.) et une étude préalable à la restauration ont été commandées pour faire un état sanitaire détaillé des panneaux peints et des cadres, ainsi que des tests de nettoyage et des propositions de restauration.
Le comité scientifique international a tranché en faveur d’une restauration fondamentale de l’œuvre.
Partager la page