L'exposition « Arts de l'Islam. Un passé pour un présent » aura lieu du samedi 20 novembre 2021 au dimanche 27 mars 2022 à la Maison Folie Hospice d’Havré. Elle est organisée et coproduite par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais et le musée du Louvre, avec le soutien de la ville de Tourcoing.
Exposition de l’Hospice d’Havré à Tourcoing
L’exposition met en relief un patrimoine régional qui suit trois histoires différentes. La plus significative est peut-être celle des collections de manuscrits orientaux aujourd’hui conservés à la bibliothèque universitaire de Lille III. Ils rappellent que la connaissance livresque des savants européens pour les langues et savoirs orientaux fut dès la Renaissance, d’une certaine manière, la première forme de fascination de l’orient sur l’occident, comme ce fût le cas à l’université créée à Douai en 1559.
Les deux ouvrages présentés sont très différents. Le joli manuscrit persan reproduisant les poèmes du fameux Saadi a été copié en Inde en 1733. Il révèle ainsi l’influence de la culture iranienne sur l’art de l’empire islamique indien des moghols. L’ouvrage en arabe et produit en Turquie ottomane reprend un recueil de prières du célèbre mystique marocain du XVIIe siècle Al-Jazuli. Traditionnellement, le recueil contient deux illustrations de La Mecque et de Médine. Ces deux œuvres témoignent donc des influences interculturelles à l’intérieur même du monde islamique entre les cultures arabe, turque, iranienne et indienne.
La deuxième histoire régionale du patrimoine islamique est représentée par le reliquaire en cristal de roche de l’abbaye de Saint-Riquier. Cette abbaye qui connut sa première heure de gloire à l’époque de Charlemagne, fut reconstruite dans la deuxième moitié du XIIIe siècle. C’est à cette époque que le trésor de l’abbaye a pu être enrichi de ce reliquaire qui correspond à la mode artistique de l’époque. Le cristal de roche était sculpté au Caire et orné des éléments métalliques en Italie. Ces objets se sont diffusés dans toute l’Europe jusqu’en Angleterre.
Enfin, une troisième histoire est racontée à travers les œuvres du musée Vivenel de Compiègne. Les peintures miniatures de scènes de cour de l’Iran du XIXe siècle et la main de procession chiite correspondent au goût des collectionneurs européens dès cette époque. Ces objets circulaient donc beaucoup sur le marché de l’art européen.
Ces histoires sont complétées par des prêts du musée du Louvre, du musée du Quai Branly et du musée de l’Armée qui révèlent des œuvres peu connues de l’Egypte ou de la Turquie d’époque ottomane. L'extraordinaire tapis de selle brodé de parade militaire forme avec le caftan d’apparat de Fès, deux exemples spectaculaires de l’art du textile islamique. Enfin, l’artiste iranienne Fariba Hajamadi tente de comprendre la manière dont sont perçues et regardées aujourd’hui ces cultures ancestrales.
Sensibiliser à l’histoire multiculturelle de la civilisation islamique
A la suite du discours consacré au respect des principes de la République prononcé par le Président de la République, le 2 octobre 2020 aux Mureaux, et pour affirmer que l’éducation et la culture sont de puissants vecteurs de rencontre, de partage et de pédagogie, le Premier ministre a chargé le musée du Louvre de concevoir une opération nationale d’expositions ayant pour objectif de sensibiliser à l’histoire multiculturelle de la civilisation islamique. Face au fanatisme religieux qui se réclame de l’islam, le rôle de la culture est plus que jamais, de donner à chacun des clefs de compréhension de l’autre, de remettre en perspective les influences croisées de l’art islamique et de la culture française.
Le commissariat général de l’opération a été confié à Yannick Lintz, directrice du département des arts de l’Islam du musée du Louvre, lequel fut souhaité dès 2003 par Jacques Chirac et ouvert en 2012. Le portage administratif et opérationnel du projet (et notamment de la scénographie) a été assuré par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais. Particulièrement tourné vers la jeunesse, ce projet a également mobilisé le Ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports pour la conception du dispositif de médiation, ainsi que la Fondation de l’islam de France, chargée par le Président de la République, à l’occasion du discours des Mureaux de développer des initiatives en matière de culture, d’histoire et des sciences pour faire de la France un pays d’excellence dans l’étude des civilisations musulmanes.
L’exposition « Les arts de l’Islam. Un passé pour un présent » a pour ambition d’apporter au grand public les éléments d’une connaissance objective de la civilisation islamique et de ses relations avec l’Europe, tirant le fil d’un dialogue des cultures qui s’enrichissent mutuellement depuis plus de 13 siècles. Elle se déroulera simultanément dans 18 villes de métropole et d’Outre-Mer, du 20 novembre au 27 mars 2022.
Dans chacune d’elles seront présentées une dizaine d’œuvres (7 à 8 œuvres des collections locales, 1 œuvre d’art contemporain provenant des FRAC, 2 à 3 œuvres provenant du Louvre ou d’autres institutions culturelles nationales). A travers cette sélection d’œuvres, se reflète la diversité culturelle et confessionnelle de l’islam, celui-ci pouvant être arabe, turc, iranien, indien, asiatique ou africain, ainsi que les formes multiples (religieuses et civiles), les motifs décoratifs, les matériaux de fabrication qui témoignent de la circulation des hommes et des idées dans la civilisation islamique. Sont aussi évoqués les échanges séculaires avec l’Europe, cette culture n’ayant cessé de fasciner les rois, les princes, les savants et le clergé de la chrétienté, et plus près de nous, les écrivains, artistes et collectionneurs de l’Orientalisme du XIXe et XXe siècle. L’inclusion d’œuvres d’artistes contemporains issus du monde islamique permet également d’apporter un nouvel éclairage sur l’Histoire et de révéler leur regard sur le monde contemporain.
Le dossier de presse souligne la mise en œuvre de la territorialisation de la culture, à laquelle le Premier ministre est très attaché, à travers cette opération, ainsi que le cadre collaboratif et participatif atypique qui l’a portée, associant de nombreux partenaires. On peut ainsi rappeler l’implication de la Fondation de l’islam de France, des partenaires dans chacune des villes concernées, la collaboration avec le Ministère de l’Education nationale pour l’accompagnement culturel et éducatif des expositions (plan de formation à destination des DAAC, inspecteurs et formateurs du second degré d’une part, des professeurs d’autre part ; conception d’un site internet de ressources ; série de webinaires…). Mais aussi la participation de l’Ecole du Louvre (cycle de 70 conférences sur les arts islamiques données gratuitement dans les 18 villes pendant la période de l’exposition), de l’Institut du Monde arabe (offre aux partenaires régionaux de ses éditions en art pour compléter leur documentation et bibliothèques, ainsi que de formations et médiations), et de Platform, le réseau des FRAC, dont la base nationale des collections fut une aide précieuse pour le montage des expositions.
18 expositions 18 villes : Angoulême, Blois, Clermont Ferrand, Dijon, Figeac, Limoges, Mantes-la-Jolie, Marseille, Nancy, Nantes, Narbonne, Rennes, Rilleux-la-Pape, Rouen, Saint-Denis, Saint-Louis ( la Réunion ), Toulouse et Tourcoing.
Partager la page