Monumenta. Le ministère de la Culture et de la Communication propose à chaque édition de Monumenta à un artiste contemporain de renommée internationale de créer une œuvre spécialement conçue pour être exposée dans le cadre des 13 500 m2 de la Nef du Grand Palais à Paris.
Après le succès des deux premières éditions de Monumenta confiées à Anselm Kiefer en 2007, puis au sculpteur américain Richard Serra en 2008, qui attirèrent chacune plus de 140 000 visiteurs en cinq semaines, l’édition 2010 a été confiée à Christian Boltanski. Monumenta 2010, qui accueillera le public jusqu’au 21 février, est inaugurée le 12 janvier par Frédéric Mitterrand.
« Personnes ». Christian Boltanski a intitulé « Personnes » l’œuvre qu’il a imaginée pour Monumenta 2010. Il l’a conçue comme une métaphore sur l'inéluctabilité de la mort et sur la part de hasard qui préside au destin de chacun. C’est selon la volonté expresse de l’artiste que cette troisième édition de Monumenta se tient en janvier et non en juin comme prévu. « Il va faire très froid, j'espère », expliquait en novembre dernier Christian Boltanski à l'AFP. « Il faut que le corps soit perdu. Cela fait partie de l'œuvre ».
En entrant, le visiteur se trouve d'abord devant un mur métallique qu’il doit contourner pour « entrer » dans l'œuvre. Il découvre alors une immense grue métallique et des poutrelles d'acier tandis que se fait entendre le son très puissant de l’enregistrement de centaines de battements de cœur. Avec sa pince, la grue ne cesse de prélever des vêtements sur une montagne de tissus et de les rejeter plus loin.
« Pour moi, précise Boltanski, c'est le doigt de Dieu qui prend la vie, qui tape au hasard… C'est très lié à Dante et aux cercles de l'enfer ».
« Personnes » est une création à caractère éphémère. Selon la volonté de l’artiste, les éléments qui la constituent seront recyclés à l’issue de l’exposition.
Les « Archives du cœur ». Dans le cadre de Monumenta, Christian Boltanski poursuit la collecte d’enregistrements de battements de cœurs qu’il a commencée en 2005 pour la réalisation de ses « Archives du cœur ». Il s’agit pour l’artiste de rassembler tous les cœurs des hommes. Les visiteurs de Monumenta sont invités à leur tour à enregistrer le son des battements de leur cœur et à en faire don à l’artiste, participant ainsi réellement à son œuvre. A partir de 2010, les Archives du cœur seront conservées à l’abri du temps dans l’île japonaise de Teshima, mise à la disposition de Christian Boltanski par un mécène.
Christian Boltanski . Né à Paris en 1944, Christian Boltanski commence à peindre en autodidacte dès l’âge de 14 ans avant de s’initier à l’actualité de l’art contemporain. En 1968, il réalise sa première exposition à Paris, où il présente des saynètes qui mettent en scène des marionnettes grandeur nature, ainsi qu’un film intitulé « La vie impossible de C. B »., dans lequel il détourne le genre du film autobiographique.
Durant les années 1970, il approfondit cette veine d’autobiographie fictive. Il dresse un inventaire tout à la fois réel et réinventé de son enfance, compilant photographies, souvenirs et objets prétendument retrouvés. D’autres types d’inventaires collecteront les albums photographiques ou les objets de la vie quotidienne de personnes anonymes. En 1976, avec les Images Modèles, Christian Boltanski introduit une réflexion sur le « goût moyen », caractérisé par la mise en scène du banal.
Après un détour par les Compositions Photographiques, dans lesquelles il élève les clichés de la photographie amateur à la dimension du tableau, Boltanski renoue avec les compositions aléatoires de ses premières œuvres pour évoquer explicitement la Shoah. La série des Monuments débute ainsi en 1985 : installations de photographies de visages sauvés de l’oubli, présentées dans des compositions murales en forme d’autels, ou constellations d’images éclairées par de petites lampes.
Dans les séries qui se succèdent (Reliquaires, Réserves, Véroniques, Vêtements, etc.), l’artiste travaille avec des photographies d’école ou d’identité, des boîtes de biscuits et, à partir de 1988, des vêtements. Nommer tous les hommes, dans la singularité qui les distingue de la masse, est le but principal que poursuit Boltanski depuis ces dix dernières années.
Pédagogie. L'artiste, selon Boltanski, est celui qui dévoile au spectateur « une chose qui était déjà en lui, qu'il sait profondément; il la fait venir à hauteur de la conscience ».
Pour que l’œuvre soit accessible au plus large public, le Centre national des arts plastiques a mis en en place un vaste dispositif d'accueil et d’accompagnement des publics. Des médiateurs spécialisés orientent gratuitement les visiteurs individuels dans un souci d'échanges et de dialogue. Le public scolaire est l'objet d'une attention particulière. De nombreux types de visites et d'ateliers, du CM2 au lycée, ont été mis au point avec diverses institutions et l’Éducation nationale. Les clés de compréhension de l'œuvre sont aussi données aux élèves grâce à des ateliers de théâtre et d’écriture.
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