Pour cette 3e édition, 12 expositions gratuites et ouvertes à tous s’installent dans les communes de Cramoisy, Creil, Montataire, Nogent-sur-Oise, Rousseloy, Saint-Leu-d’Esserent, Saint-Maximin et Villers-Saint-Paul.
Cette édition de la Biennale Usimages s’attache à explorer les relations qu’entretient la photographie à la commande d’entreprise. Elle soulève également la question de pouvoir témoigner ou non aujourd’hui des réalités du monde du travail. La programmation se veut être un espace de recherche qui interroge dans les expositions historiques et contemporaines sur le rapport des artistes à la commande industrielle. Dans un monde qui accélère la production et de transmission des images, il est étonnant de constater cette difficulté à exercer la liberté du regard au sein des entreprises.
Même si les questions de sécurité ou de secret de process empêchent bien souvent la réalisation de photographies, l’entreprise semble ne vouloir garder ni la mémoire des hommes, ni celle des images.
Comme si cette amnésie organisée permettait une gestion plus facile du démantèlement et de la disparition en cas de crise.
La programmation s’articule autour d’expositions de photographes internationaux contemporains qui nous plongent chacun à leur façon, dans l’univers plus ou moins humanisé des entreprises.
C’est le cas pour les images de Michele Borzoni de call centers ou de centres logistiques qui nous poussent à imaginer ce que l’image ne représente pas : la consommation à flux tendu avec d’un bout à l’autre de la chaine le consommateur et le robot préparateur de la commande.
On retrouve ce même sentiment dans le travail d’Edgar Martins sur l’usine BMW de Munich. Ici les espaces de production sont cliniques, aseptisés, robotisés, et les humains réduits à des mannequins utilisés pour les crash tests.
Ces nouvelles représentations du travail sont bien loin des photographies qui ont construit l’idéologie des Trente Glorieuses et de l’après-guerre, où l’ouvrier et son outil de production étaient au service d’un progrès qui améliore les conditions de vie.
En se plongeant dans les archives de la CGT, et en particulier dans les couvertures de La Vie Ouvrière, on traverse cette période avec l’angle du regard syndicaliste. Réalisées par des photographes professionnels, ces photographies de commande servent à la dénonciation, et aux revendications défendues par le syndicat.
À cette même époque, entre 1956 et 1966, Jean-Pierre Sudre travaille dans de grandes entreprises pour lesquelles il réalise des albums photographiques. La diversité de ses clients l’amène à prendre des images chez de nombreux sous-traitants pour lesquels il s’exerce à une photographie appliquée.
Présenté pour la première fois dans une grande exposition, on découvrira un photographe curieux et attentif à la fois aux formes industrielles et aux travailleurs, laissant bien souvent libre court à son regard dans le cadre contraint de la commande.
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